jeudi 31 août 2017

Asie : une saison des moussons meurtrière

Au Bangladesh, cette année les inondations battent des records. Des millions de personnes sont exposées aux maladies transmises par l'eau. "Cette année la mousson est plus terrible que les précédentes. Ma ville est sous l'eau depuis plusieurs jours" explique Hasan Ali, un habitant bangladais.

Des millions de personnes sont affectés par la montée des eaux

Au nord de l'Inde, des pluies incessantes ont dévasté les récoltes, résultat : une pénurie alimentaire. "Nous devons nous organiser pour prendre immédiatement en charge les enfants que la catastrophe a rendu orphelins. Il faut à tout prix réussir à faire parvenir de la nourriture aux familles dans le besoin", a déclaré Yogi Adityanath, ministre en chef de l'état d'Uttar Pradesh (Inde). Au Népal des glissements de terrain ont ravagé 80 000 habitations. "On dort sur le bas-côté de la route, on meurt sur le bas-côté de la route" témoigne Mohammad Sahi Muddin, habitant népalais. Des millions de personnes sont affectés par la montée des eaux en Asie. 
Sur www.francetvinfo.fr le 31/08/2017

Démonétisation en Inde: un rapport d'étape réservé



En Inde, la banque centrale a indiqué ce jeudi 31 août dans son rapport annuel que la mesure de démonétisation instaurée par le gouvernement indien en novembre dernier s'était avérée globalement inefficace et coûteuse. Selon la Banque de Réserve indienne, près de la totalité des coupures de 500 et 1000 roupies qui avaient été retirées de la circulation du jour au lendemain on réintégré le système bancaire du pays. Le rapport dresse un bilan globalement négatif de cette réforme économique draconienne qui avait paralysé le pays pendant plusieurs semaines.
Le gouvernent de Narendra Modi avait annoncé que cette mesure servirait à lutter contre la fraude fiscale et éliminer l'argent non-déclaré. Mais pour la banque centrale indienne, la « démonétisation », comme elle est appelé en Inde a globalement été un échec.
Selon son rapport annuel, près de 99% des anciennes coupures de 500 et 1000 roupies (6,5 et 13 euros), d'une valeur totale de 200 milliards d'euros ont été déposées à la banque.
La retrait de ces coupures a également affecté les finances de la banque centrale. Ses coût d'impression ont plus que doublé par rapport à l'année dernière, avec l'introduction de nouvelles coupures.  
Cette mesure draconienne annoncée dans la nuit de 8 au 9 novembre 2016, a provoqué une chute de 2% de la croissance du PIB indien. Plusieurs secteurs dont l'agriculture et l'immobilier, et le vaste secteur informel, dans lesquels une grande partie des transactions se fait en liquide, ont été affectés par la démonétisation.
Le gouvernement continue de défendre cette mesure bec-et-ongles. M. Modi a affirmé ce mois-ci que près de 40 milliards d'euros avait été injectés dans le système bancaire et que 1,8 millions de fraudeurs présumés avaient été détectés grâce à la démonétisation.

Par Antoine Guinard sur www.rfi.fr le 31/08/2017

mercredi 23 août 2017

Inondations en Asie : 24 millions de personnes menacées


Genève - Quelque 24 millions de personnes au Népal, au Bangladesh et en Inde sont menacées par les inondations liées à la mousson, a indiqué mardi à Genève la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Selon un bilan dressé lundi par les autorités indiennes, ces inondations ont déjà fait plus de 750 morts. 
"La situation ne cesse d'empirer. Au Népal, où les eaux commencent à refluer, nos équipes font face à des communautés qui ont perdu leur maison, leurs papiers d'identité, tout, et au Bangladesh et en Inde, le nombre de personne affectées croît d'heure en heure, alors que les eaux montent", a déclaré Jagan Chapagain, sous-secrétaire général pour les programmes et opérations auprès de la Fédération. 
Selon lui, il s'agit des "plus graves inondations en Asie du Sud depuis plusieurs décennies. Des communautés entières sont coupées de tout, le seul moyen de venir en aide à ces villages est le bateau, et beaucoup n'ont presque plus de vivres". 
Au Bangladesh, le Croissant-Rouge local a qualifié les inondations de pires jamais enregistrées dans le pays. 
"Les eaux se répandent du nord du pays vers le centre, recouvrant des villages entiers, beaucoup de communautés sont isolées, et n'ont aucun accès par la route", selon M. Mozharul Huq, secrétaire général du Croissant-Rouge du Bangladesh. 
La Fédération et le Croissant-Rouge du Népal ont lancé un appel à l'aide global d'environ 3,5 millions de francs suisses (3 millions d'euros) pour venir en aide à 81.000 personnes vivant dans les régions les plus touchées. 
Au Bangladesh, la Fédération et le Croissant-Rouge du pays devraient lancer un appel similaire dans les prochains jours. 
Enfin, pour l'Inde, la Fédération a débloqué une aide d'urgence de 320.000 francs suisses (281.000 euros) fin juillet. Un deuxième versement est prévu dans les prochains jours. 
Une série d'inondations et de glissements de terrain frappe le sous-continent depuis la deuxième semaine d'août, au moment où la mousson fait sentir ses effets sur les parties nord et est de la région. 
Chaque année, des centaines de personnes meurent dans les glissements de terrain et les inondations provoqués par la mousson, qui frappe début juin le sud de l'Inde et balaie l'Asie du Sud durant quatre mois.
Sur www.lexpress.fr le 22/08/2017

mardi 22 août 2017

Hajj 2017 : quels sont les pays d'Asie qui envoient le plus de pèlerins à La Mecque ?


L'Asie est la région qui envoie le plus de pèlerins au Hajj chaque année. Dans un continent qui abrite la plus forte concentration de musulmans au monde, particulièrement en Asie du Sud-Est, la restauration des quotas de base opérée en 2017 était grandement attendue. Voici le top 10 des pays du continent asiatique (hors Arabie Saoudite) aux quotas de pèlerins les plus élevés.

Par Hanan Ben Rhouma sur www.saphir news.com le 22/08/2017

jeudi 17 août 2017

L'EXPO 2017 à Astana confirme son succès

L'EXPO au Kazakhstan a commencé le 10 Juin et durera jusqu'au 10 Septembre. Le thème de l'exposition est consacré cette année à l'utilisation efficace de l'énergie du futur. Les chercheurs disent d'une seule voix, que la société doit aller à la recherche d'énergies alternatives. Les scientifiques parlent de la production d'énergie par des courants océaniques sous-marins, des vagues et des vibrations ... voire par la poussière cosmique. Et tout cela avec l'aide des technologies modernes, qui, pendant 1 minute, permettent de générer avec une centrale solaire d'une surface de 10 mètres par 10, la même quantité d'électricité donnant une centrale nucléaire moderne.

Pour un tel événement Kazakhstan construit une ville avec des pavillons de verre spéciaux et boule de pavillon futuriste aussi haut qu'un immeuble de 20 étages de verre et de métal avec huit niveaux de la spirale ascendante. Exposition accompagnée d'un laser différent, exposition technique et informatique.

Ici chaque pays, et il y en a 115, présente son exposition. Les riches participants, Allemagne, Grande-Bretagne, Chine, France ont loué jusque trois « emplacements » à la fois.

Au centre de presse de l'Expo se trouve Anastasia Nogai, une bénévole qui est née à Astana. Quand nous parlons des changements que l'exposition apportera à la ville, elle dit: « L'EXPO rend notre ville encore plus belle. Merci à l'Expo, nous voyons dans les rues de plus en plus de gens étrangers. Cela me donne fierté et excitation. Nous espérons que notre ville, inspirée par le thème « Energie du future » deviendra encore plus belle ».

Les Coréens ont présenté un plan de batteries solaires, ainsi que leur vision de l'avenir de la technologie. Selon eux, la technologie intelligente sera bientôt disponible à tout le monde. Les Chinois, à leur tour, ont montré un véritable train volant. Sur le pavillon de la Chine, on peut voir un soleil comme symbole de l'énergie éternelle. Les Japonais ont ouvert au monde la smart grid pour les ménages, dont l'énergie sera générée, presque par les réfrigérateurs et les fers à repasser. Dans la liste des pavillons, ce sont ceux des pays asiatiques qui sont les plus visités du salon.

Parmi les européens ... les Italiens ont montré comment utiliser l'énergie des débits d'eau entrant et sortant. C'est leur point fort. L'Allemagne a introduit une façade de maison faite à partir d'algues vivantes. Vous pouvez apprendre comment la technologie de « maison intelligente » permet d'économiser de l'énergie, ainsi que devenir une source d'énergie à l'aide d'une clé interactive. Les Allemands ont amené à l'exposition d'une véritable voiture de sport qui fonctionne grâce à un moteur électrique.

Presque chaque jours il a été organisé à l'exposition une journée nationale d'un pays, où les délégués tentent de réaliser non seulement un tour pour les invités de l'exposition, mais aussi de faire un vrai spectacle.

Les chants et danses vantent le pavillon de la Russie, et promettent de donner un peu de fraîcheur dans les mois d'été. En arrière-plan, les technologies énergétiques de pointe russes ont choisi l'Arctique russe.

Le plus grand pavillon de la zone est celui du Kazakhstan. Dans le domaine de « Nur Alem », le pays d'accueil a présenté presque toutes sortes de sources d'énergie alternatives. Les organisateurs ont tenté de diluer la science avec du divertissement, de sorte que les nouvelles connaissances soient données de manière très accessible.

Officiellement, on trouve aujourd'hui plus de 50 projets dans le pays se trouvant à différentes étapes de mise en œuvre, ouvrant une capacité d'énergie renouvelable de près de 2000 mégawatts. Ce qui fait de ce pays un leader incontesté, au moins en Asie centrale.

Au cours des cinq dernières années, les institutions financières de l'Union européenne ont investi jusque 500 millions d'euros dans des projets du domaine de l'énergie « verte » au Kazakhstan.

« Nous essayons de nous éloigner de la fourniture exclusive du pétrole et de l'uranium (le Kazakhstan approvisionnement environ 21% de l'uranium totale nécessaire à l'Union européenne). Nous prévoyons de développer des sources d'énergie renouvelables. Bien sûr, beaucoup de projets sont déjà en œuvre, d'autres sont en cours. Au cours des cinq dernières années, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque européenne d'investissement ont financé à hauteur de 500 millions d'euros pour le développement de l'énergie propre et des projets d'énergie renouvelable. À l'heure actuelle, l'UE se concentre sur la construction de bâtiments économes en énergie », a déclaré le directeur général adjoint de la Direction de l'énergie de l'UE, Gerasimos Thomas, en marge du forum dans le cadre de l'exposition EXPO-2017 à Astana.

En règle générale, les participants à l'EXPO tentent de montrer leurs meilleures réalisations. Ainsi, sur l'« Exposition universelle » à Paris en 1878, Thomas Edison a montré un porte-voix et un phonographe de sa propre invention, Aleksandre Bell un modèle amélioré du téléphone, et l'ingénieur russe Pavel Nikolayevich, une « bougie électrique », qui rappelle le samovar.

L'intérêt pour l'exposition et pour le Kazakhstan en général, a augmenté parmi les partenaires étrangers. L'Expo, visitée chaque jour par environ trente mille personnes, facilite la signature des contrats, attire les investissements et permet plus simplement de se familiariser avec l'hospitalité, la culture, les traditions et le mode de vie du peuple kazakh. Jusqu'à l'expo, à Astana on construisait essentiellement des complexes résidentiels. Mais ce n'est un secret pour personne que l'Expo a été le plus important projet de construction à Astana, qui de plus, a commencé dans les années de crise. Ses travaux de construction ont donné une impulsion à l'économie de la ville.

Et, enfin, le problème de l'utilisation des bâtiments et des structures construits spécifiquement pour l'exposition a été résolu. Les mètres carrés actuels des pavillons d'exposition accueilleront le Centre financier international "Astana". Cela donnera un autre puissant élan à l'économie du pays. De l'autre côté de la place se trouve l'Université Technopark de Nazarbayev qui servira de nouveau catalyseur pour résoudre des projets décisifs dans la vie scientifique et pratique du pays.

lundi 14 août 2017

La frontière Inde-Pakistan, balafre de l'Asie du Sud depuis 70 ans


Chaque fin d'après-midi, des milliers de personnes assistent à la cérémonie militaire haute en couleurs de fermeture de la frontière entre les deux pays à Wagah (nord). Mais cette semaine, les parades millimétrées et les claquements de bottes auront un écho particulier alors que les deux nations marquent le 70e anniversaire de la Partition de 1947. 
Cet événement, l'une des plus importantes migrations humaines de tous les temps, a laissé un traumatisme durable dans les esprits du sous-continent. Entre un et deux millions de personnes ont perdu dans la vie dans le démantèlement de l'empire colonial britannique des Indes en deux nations distinctes, l'une à majorité hindoue et l'autre à majorité musulmane. 
À Wagah, à proximité de la ville d'Amritsar dans le Pendjab indien, la discorde entre New Delhi et Islamabad est illustrée chaque soir par la confrontation théâtrale entre soldats indiens et pakistanais. 
Au coucher du soleil, sous les vivats d'un public surchauffé, les militaires des deux armées s'affrontent. 
À tour de rôle, soldats indiens et pakistanais, parés de coiffes traditionnelles, démontrent leur agilité en termes de levers de jambes, gonflent les muscles et la poitrine, le tout les yeux dans les yeux. 
Les drapeaux nationaux sont abaissés, deux soldats se serrent la main avec un sourire forcé. Les portes se referment. 
Si cette cérémonie, malgré son côté martial, reste somme toute inoffensive, plus au nord, la mort poursuit en revanche son oeuvre. 
Au Cachemire, région himalayenne disputée dont les deux pays revendiquent l'intégralité et divisée de facto entre eux, la ligne de cessez-le-feu est en état d'alerte permanente. Bombardements et tirs transfrontaliers y font ces temps-ci des victimes presque quotidiennement. 
Quelques jours à peine avant l'anniversaire de la Partition, côté pakistanais, une femme de la famille de Muhammad Haseeb a ainsi été abattue alors qu'elle travaillait dans un champ de le secteur de Nakyal. 
"Nous ne savons pas quand nous tomberons sous une balle", raconte le jeune homme de 28 ans. 
Côté indien, ce sont des dizaines de milliers de civils qui ont perdu la vie depuis trente ans dans la vallée du Cachemire, agitée par une insurrection séparatiste qui découle du conflit indo-pakistanais. 
Rien que cette année, 40 insurgés ont été tués - selon les autorités indiennes - en tentant de s'introduire clandestinement dans la partie indienne du Cachemire. New Delhi accuse Islamabad de soutenir en sous-main la rébellion armée dans cette région poudrière, ce que dément le pouvoir pakistanais. 
Nouvelle génération
Depuis un an et demi, les relations indo-pakistanaises sont particulièrement exécrables et aucune amélioration ne semble en vue. 
Le mandat du Premier ministre indien Narendra Modi, élu en 2014, avait pourtant commencé par un réchauffement des liens avec Islamabad, culminant avec une visite surprise du leader nationaliste hindou au Pakistan à Noël 2015. 
Mais une attaque contre une base militaire par un groupe jihadiste basé au Pakistan puis une série de crises ont fait s'effondrer les fragiles avancées entre les deux pays. 
Symbole de ces tensions: les équipes indienne et pakistanaise de cricket, sport roi dans cette partie du monde, ne se sont pas affrontées en test-match de cinq jours depuis 2007. 
"Tant qu'il y aura une Inde hindoue qui se pose miroir d'un Pakistan musulman, je ne vois aucune chance de réconciliation", estime Mani Shankar Aiyar, un ex-diplomate indien qui a été en poste au Pakistan. 
Pour l'analyste politique pakistanais Hasan Askari, les relations indo-pakistanaises ont atteint un plus bas. 
"La crispation actuelle entre l'Inde et le Pakistan est contre nature. Donc je ne pense pas qu'elle se maintiendra ainsi dans le futur", dit-il à l'AFP. 
D'après lui, le blocage actuel vient de la fixation de l'Inde sur le dossier des mouvements jihadistes basés au Pakistan, qui empêche le règlement de tous les autres points de contention. 
"Cela signifie qu'il n'y a presque aucune possibilité de dialogue dans un futur proche car le gouvernement pakistanais est incapable d'assurer à ses propres citoyens qu'il n'y aura pas d'activité terroriste (sur son sol), donc impossible de parler d'engagement envers l'Inde", juge-t-il. 
Loin de la politique et des postures diplomatiques, Guneeta Singh Ballah, fondateur de l'ONG 1947 Partition Archive, place elle son espoir dans les jeunes générations des deux côtés de la frontière. 
"La génération qui n'a pas connu la mort et la destruction (de 1947) nourrissait plus de haine envers l'autre camp que leurs parents", explique cette femme qui a recueilli le témoignage de milliers de survivants de la Partition. 
Mais, "je pense que la nouvelle génération est plus résolue à tourner la page du passé", pondère-t-elle. 
Sur www.lexpress.fr le 14/08/2017

vendredi 11 août 2017

Face à Pyongyang, l'Asie sur le pied de guerre nucléaire


Le poker nucléaire dans la péninsule coréenne va-t-il accélérer la course aux armements en Asie ? La région est déjà la plus militarisée et la plus nucléarisée au monde avec quatre des neuf puissances atomiques. Toutes sont lancées dans des programmes de modernisation qualitative ou quantitative de leurs arsenaux, rappelait en juillet le Sipri, institut de recherche basé en Suède qui fait autorité en matière d’armement et de prolifération.
Sur les 14 935 têtes nucléaires déployées sur la planète, au moins 400 sont aux mains de la Chine, du Pakistan, de l’Inde et de la Corée du Nord. La dynastie des Kim est le dernier Etat en date à avoir rejoint en 2006 le club très fermé de ceux dotés de la bombe. Depuis, elle a procédé à plusieurs dizaines de tirs de missiles et à cinq essais nucléaires, dont trois exécutés sous la férule de Kim Jong-un. Dans cette région sous tension, le Japon et la Corée du Sud sont les seules grandes puissances économiques à ne pas être dotées de la bombe atomique. Elles doivent s’en remettre à l’allié américain qui leur offre son parapluie nucléaire. Depuis 1951 (pour le Japon) et 1953 (pour la Corée du Sud), Tokyo et Séoul sont protégés par la dissuasion américaine qui reste donc plus que jamais d’actualité.
Mais avec le feu d’artifice à répétition de la Corée du Nord et la probabilité d’un désengagement de l’armée américaine en Asie évoquée par Donald Trump pendant la présidentielle, les Japonais et les Sud-Coréens redoutent de se retrouver privés de bouclier. Ces dernières années, ils ont investi dans la modernisation de leurs armées. Si l’effort déployé n’est plus comparable à celui des années 90, le budget sud-coréen augmentera tout de même de 4 % cette année par rapport à celui de 2016. Il sera consacré en partie au perfectionnement des systèmes de missiles pour tenter de faire face à la menace du Nord.
Un danger «majeur et imminent»

De son côté, le Japon multiplie également les dépenses, en hausse pour la cinquième année consécutive en 2017. S’il déplore un «nouveau degré de menace» causé par le programme balistique nord-coréen, Tokyo s’alarme aussi des ambitions militaires de Pékin en mer de Chine méridionale et près de l’archipel des Senkaku. Dans un livre blanc publié mardi, le nouveau ministre de la Défense japonais, Itsunori Onodera, qualifie la Corée du Nord de danger «majeur et imminent»«Il est probable qu’au fil du temps augmente le risque du déploiement de missiles balistiques dotés d’ogives nucléaires capables d’atteindre notre pays», insiste le document.

Publié tous les ans par le ministère japonais de la Défense, ce texte s’alarme pour la première fois de l’amélioration et de la précision des capacités opérationnelles de la Corée du Nord. Il évoque le scénario d’«attaque de saturation», au cours de laquelle un grand nombre de missiles seraient lancés simultanément pour traverser un bouclier de défense d’un pays ou d’une zone ciblée. Ces derniers mois, les autorités japonaises ont entrepris des exercices de simulation pour évacuer les populations et envisagent de construire des abris antinucléaires.

Ce livre blanc est dans la droite lignée d’un rapport d’experts et de parlementaires japonais, qui amorçait un tournant dans la politique sécuritaire de l’archipel. En mars, un groupe d’anciens ministres et d’élus du puissant Parti libéral-démocrate (PLD) avait remis au Premier ministre, Shinzo Abe, une série de «propositions urgentes» visant à renforcer la défense antimissile du pays et à muscler sa politique sécuritaire en passant clairement à l’offensive. Ils recommandaient au gouvernement de se procurer des missiles de croisière à longue portée, capables de frapper les engins et les sites nord-coréens. «La première attaque [de l’ennemi] peut être contrée avec notre défense antimissile [actuelle]. Pour ce qui est des frappes répétitives, il est important de mettre hors d’état de nuire les sites de lancement de l’adversaire et d’éviter d’autres tirs», expliquait en début d’année Itsunori Onodera.

Si cette recommandation ne fait pas franchement débat, il en va autrement de la question de l’arme nucléaire qui relève quasiment du tabou. A Séoul, et dans une moindre mesure à Tokyo, l’idée a refait surface ces derniers mois. Elle n’a jamais été absente des débats politiques. Les conservateurs sud-coréens, comme l’ancien candidat à la présidentielle Chung Mong-joon ou l’ex-leader du parti Saenuri Won Yoo-chul, martèlent depuis plusieurs années cette possibilité pour contrer la menace nord-coréenne. A en croire le Miami Herald, plusieurs dizaines d’élus du Liberty Korea Party soutiendraient le projet d’une Corée du Sud dotée de l’arme nucléaire. En septembre 2016, après le cinquième essai de Pyongyang, un sondage indiquait que le scénario du réarmement nucléaire était soutenu par 58 % des Sud-Coréens. Mais en 1975, sous pression américaine, Séoul a signé le Traité de non-prolifération (TNP). La ratification n’a pas empêché le dictateur Park Chung-hee de poursuivre un programme clandestin jusqu’à son assassinat, en 1979. Depuis, le président élu en mai, Moon Jae-in, s’est positionné sans ambiguïté comme un antinucléaire civil et militaire. Mais avec ses 25 réacteurs nucléaires, la Corée du Sud peut assez facilement s’engager dans un programme militaire.

Ballon d’essai ou maladresse ?

C’est du reste l’argument que les Etats-Unis avaient avancé l’année dernière au sujet de leur allié japonais, qui a pourtant subi leur feu nucléaire à deux reprises en août 1945. «Que se passerait-il si le Japon devenait une puissance nucléaire demain ? Ils ont la capacité de le faire pratiquement du jour au lendemain», avait dit l’ex-vice-président Joe Biden, lors d’une rencontre avec le président chinois, Xi Jinping, en juin 2016. Tokyo, qui n’a jamais ratifié le Traité de non-prolifération, avait répondu que «le Japon ne pourra jamais détenir des armes nucléaires».

Mais les Américains n’ont cessé d’alimenter ce débat tabou. Durant sa campagne, Trump avait soupesé l’idée que le Japon et la Corée du Sud se dotent de l’arme atomique. Surtout si les 80 000 GI présents dans la péninsule coréenne et l’archipel nippon devaient plier bagage. En mars, lors d’une de ses visites en Asie, c’est le secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, qui est revenu à la charge (ballon d’essai ou maladresse ?) pour évoquer la possibilité d’un Japon armé de l’atome. «Nous disons que toutes les options sont sur la table, expliquait-il alors que la crise avec Pyongyang s’envenimait, mais nous ne pouvons pas prédire l’avenir. Nous pensons donc qu’il est important que chacun dans la région comprenne bien que les circonstances pourraient évoluer jusqu’au point où, pour des raisons de dissuasion mutuelle, nous pourrions envisager cela.» «Cela» ne serait certainement pas en phase avec la très pacifiste Constitution japonaise.

Trump fait dans la surenchère

Alors que les appels au calme se multiplient à travers le monde, Donald Trump a de nouveau menacé vendredi d’intervenir contre la Corée du Nord. «Les solutions militaires sont maintenant complètement en place, et prêtes à l’emploi, si la Corée du Nord se comporte imprudemment», a tweeté le président américain. Un peu plus tôt, la Chine avait enjoint Washington et Pyongyang à «faire preuve de prudence dans leurs mots et leurs actions, et à agir davantage pour apaiser les tensions». La Russie s’est dite, elle, «très inquiète». «Les risques sont très élevés, surtout en prenant en compte la rhétorique employée», a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Par Arnaud Vaulerin sur www.liberation.fr le 11/08/2017

jeudi 10 août 2017

La Corée du Nord prête à s'attaquer à l'île de Guam


La Corée du Nord a poursuivi la surenchère avec les États-Unis, en présentant jeudi son plan d'attaque. Le royaume ermite menace donc de viser «mi-août» l'île de Guam, dans l'océan Indien, et ses deux bases américaines, avec quatre missiles intercontinentaux Hwasong-12 de portée intermédiaire, afin de «donner une leçon» à Donald Trump, accusé d'avoir «perdu la raison». Guam se trouve à quatorze minutes de vol pour les Hwasong qui survoleraient trois préfectures japonaises, dont celle de Hiroshima.

Aux États-Unis, c'est plus la réaction impulsive du président Trump, sommant Pyongyang de renoncer à ses menaces sous peine de subir «le feu et la furie», qui a surpris par son évocation d'une guerre nucléaire, autant que par son improvisation totale. Les conseillers de la Maison-Blanche semblent en effet avoir été pris de court par les propos martiaux de Trump, proférés lors d'une conférence de presse depuis son club de golf de Bedminster (New Jersey), et ce alors qu'il devait évoquer la crise des opiacés affectant l'Amérique profonde. Ni le général John Kelly, son chef de cabinet, ni Jim Mattis, secrétaire à la Défense, pas plus que H.R. 

McMaster, le conseiller à la sécurité nationale, ou le secrétaire d'État Rex Tillerson de retour d'Asie, n'auraient été mis dans la boucle. «À étudier le langage de la conférence présidentielle, commente Glenn Thrush, du New York Times, j'y vois plutôt la patte de Steve Bannon et de Stephen Miller», les deux scribes attitrés du président.

Jeudi, Donald Trump a défendu sa formule controversée, estimant qu'elle n'était «peut-être pas assez dure». «Il est grand temps que quelqu'un monte en première ligne pour les habitants de notre pays et les habitants d'autres pays», a-t-il déclaré.

Ce nouveau désordre au sein de l'exécutif américain vient contredire les assurances de Trump, affirmant que son Administration «maîtrise» collectivement le scénario nord-coréen. Or les Nord-Coréens «pourraient penser que (Trump) projette de frapper le premier, relève Jon Wolfsthal, un ancien du Conseil de sécurité nationale au sein de l'Administration Obama. Publiquement, nous devrions nous contenter de dire que nous allons nous protéger et nous défendre, ainsi que nos alliés. Aussi calmement que cela est possible. En coulisses, nous devrions dire très directement aux Nord-Coréens que leurs armes sont inutilisables et que la moindre attaque contre nos alliés ou nous-mêmes entraînerait la fin de l'État nord-coréen. Leur seule option est donc de ne pas utiliser ces armes et de retourner à la table des négociations».

C'est exactement ce qu'a fait le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, inaudible jusque-là. Dans un communiqué, mercredi, il recommandait au satrape nord-coréen de «cesser de s'isoler lui-même et de renoncer à sa quête d'armes nucléaires», ainsi «qu'à des actes qui précipiteraient la fin de son régime et la destruction de son peuple».

Le département d'État, lui, paraît hors-jeu, au grand dam des alliés asiatiques de l'Amérique. Six mois après l'investiture du président Trump, aucun ambassadeur n'a toujours été nommé en Corée du Sud. En outre, la représentante permanente auprès des Nations unies, Nikki Haley, vient de perdre son directeur de cabinet, Steven Groves, et son porte-parole, Jonathan Wachtel, démissionnaires sans préavis, invoquant de concert «des raisons familiales».

État de crise permanent

Un tel état de crise permanent, véritable ADN de l'ère Trump, n'autorise cependant pas de conclusions hâtives sur les risques accrus d'une réaction en chaîne après une impulsion présidentielle ou un incident en haute mer. «En politique internationale, les mots importent, certes, mais les actes plus encore», insiste Max Fisher, dans le New York Times, relevant quelques évidences parlantes: un, il n'y a aucune mobilisation militaire du côté américain, que ce soit à Guam ou dans les eaux coréennes ; deux, Séoul est calme, indifférente aux élucubrations venues de Bedminster comme de Pyongyang. La capitale sud-coréenne serait pourtant la première à céder à la panique, ses 25 millions d'habitants se trouvant à portée de tir de l'artillerie nord-coréenne. Les marins pêcheurs de Guam et les «aoûtiens» d'Hawaï peuvent, comme le disait Tillerson à Guam mercredi, «dormir sur leurs deux oreilles».

Par Maurin Picard le 10/08/2017 sur www.lefigaro.fr  

mercredi 2 août 2017

La chaleur extrême risque de rendre l'Asie du sud invivable d'ici 2100


La chaleur extrême provoquée par le réchauffement climatique risque de rendre l'Asie du sud -où vit un cinquième de l'humanité- inhabitable d'ici la fin du siècle si rien n'est fait pour réduire les gaz à effet de serre, selon une étude publiée mercredi.

"L'augmentation des températures et de l'humidité en été pourrait atteindre des niveaux excédant la capacité de l'organisme humain à survivre sans protection", ont déterminé ces chercheurs dont les travaux paraissent dans la revue Science Advances.
Des vagues de chaleur mortelle d'ici quelques décennies

"Ces vagues de chaleur mortelle pourraient même se produire d'ici seulement quelques décennies dans des régions d'Inde, du Pakistan et du Bangladesh, y compris dans les bassins fertiles de l'Indus et du Gange, d'importantes régions de production agricole", préviennent aussi ces scientifiques.
En 2015, la cinquième vague de chaleur la plus mortelle de l'histoire avait frappé une grande partie de l'Inde et du Pakistan faisant environ 3.500 morts. De nombreuses études en Asie du sud ont établi un lien entre le changement climatique et la fréquence des canicules et leur impact sur la santé humaine.
Mais, expliquent ces chercheurs du Massachusetts Institute of Technology et de l'Université Loyola Marymount à Los Angeles, on n'avait pas fait auparavant de prévisions de "chaleur humide" étouffante et ses effets sur la capacité de l'organisme humain de s'y adapter. Pour ces projections, l'étude utilise deux simulations climatiques basées sur les derniers modèles mathématiques de circulation des courants mondiaux.
Dans quelques endroits la chaleur excédera les 35 degrés

Les auteurs ont constaté que sans réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2), les températures médianes de chaleur humide approcheront en été les 35 degrés Celsius dans la plus grande partie de l'Asie du sud d'ici la fin du siècle, soit un seuil au-delà duquel l'organisme humain peut avoir les plus grandes difficultés de survie.
Avec le scénario prévoyant une réduction des émissions de CO2 similaire à celle sur laquelle se sont engagés les pays signataires de l'Accord de Paris sur le climat en 2015, les températures dépasseront encore les 31 degrés Celsius, considérés comme dangereux pour la santé.
"Nous espérons qu'il sera possible d'éviter que ces projections de vagues de chaleur meurtrières se concrétisent en réduisant suffisamment les émissions de gaz à effet de serre pour contenir le réchauffement climatique", souligne Elfatih Eltahir, professeur d'ingénierie environnementale au MIT, l'un des principaux auteurs de la recherche. "Ce n'est pas un scénario inévitable", insiste-il.
Sur www.huffingtonpost.fr le 02/08/2017