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mardi 4 décembre 2012

L'Iran intercepte un drone américain au-dessus du golfe Persique

 
Téhéran a annoncé, ce mardi 4 décembre 2012, avoir capturé un drone américain de surveillance, au-dessus du golfe Arabo-persique. Mais la marine américaine dément avoir perdu un appareil dans ce secteur.
 
La télévision iranienne a montré longuement tous les détails du drone américain capturé au-dessus du golfe Persique. Selon les Gardiens de la Révolution, le drone de type ScanEagle, long d'un mètre et d'une envergure de trois mètres, a été capturé immédiatement après son entrée dans l'espace aérien de l'Iran.

C'est la deuxième fois en un an que l'Iran annonce la capture d'un drone américain au-dessus de son territoire. Les Iraniens affirment qu'ils neutralisent le système de contrôle américain et prennent ensuite les commandes de l'appareil. Le 4 décembre 2011, l'Iran avait déjà capturé un drone américain d'observation à longue portée et haute altitude RQ-170 qui effectuait une mission d'espionnage au-dessus de l'Iran. Le président américain Barack Obama avait demandé en vain à Téhéran de restituer l'appareil, ce que l'Iran avait refusé. Les responsables militaires iraniens avaient également affirmé qu'ils étaient en train de décoder les systèmes du drone pour en reproduire des copies.

L'Iran a un programme important pour construire des drones, notamment des drones d'attaque. Début octobre, un drone d'observation de construction iranienne utilisé par le Hezbollah libanais a été envoyé depuis le Liban au-dessus d'Israël. Il a survolé le territoire israélien pendant une demi-heure avant qu'il ne soit abattu.

Par Siavosh Ghazi le 04/12/2012 sur www.rfi.fr

jeudi 11 octobre 2012

Avion intercepté en Turquie : un avertissement à Moscou

La Russie demande des explications à Ankara après l'interception d'un avion de ligne en provenance de Moscou par des chasseurs turcs.

L'interception mercredi soir d'un Airbus syrien A-320 par deux avions F-4 de l'armée de l'air turque envenime les relations déjà tendues entre Moscou et Ankara. Qu'y avait-il dans les soutes de l'appareil, qui reliait Moscou à Damas? Du matériel de communication militaire et des pièces de missiles, avancent des officiels turcs. «Ni armes, ni composants pour des armements à bord de l'appareil», répond une source anonyme dans les services d'exportation d'armes russes. «S'il avait fallu livrer à la Syrie des équipements militaires ou des armes, cela aurait été fait en bonne et due forme, et non par voie illégale, d'autant plus avec des civils à bord de l'appareil», a ajouté ce responsable à l'agence Interfax.

En fait, l'appareil transportait une demi-douzaine de conteneurs sur lesquels avait été apposé un tampon diplomatique, selon la version livrée par la compagnie aérienne turque. Des médias turcs précisent que «des récepteurs radio, des antennes et des équipements pouvant servir à des missiles» se trouvaient dans ces conteneurs.

La Turquie a agi après avoir obtenu un renseignement sur une cargaison suspecte, mais on ignore qui a fourni cette information aux services turcs. L'interception aurait été menée en concertation avec la base de l'OTAN à Incirlink dans le sud de la Turquie. En riposte, Damas a accusé son voisin «de comportement hostile» et d'avoir commis «un acte de piraterie aérienne». Pour lever l'incertitude, les autorités turques devraient exposer leur prise de guerre. Le feront-elles?

Une visite de Poutine en Turquie annulée

Une chose est sûre: cette affaire va encore détériorer les relations entre Damas et Ankara. Depuis une semaine, l'aviation turque multiplie les raids contre des cibles militaires syriennes, en représailles à des tirs de mortier syrien, qui ont tué cinq civils dans un village frontalier turc. D'ores et déjà, la visite que le président russe Vladimir Poutine devait effectuer les 14 et 15 octobre a été annulée.

Moscou a-t-il été pris en flagrant délit d'aide à son allié syrien? Un piège lui a-t-il été tendu? Ou la Turquie et ses alliés occidentaux veulent-ils surtout adresser un nouvel avertissement à Damas?
La Russie souligne qu'elle n'a pas interrompu sa coopération militaire avec son allié, depuis le début de l'insurrection sévèrement réprimée par l'armée de Bachar el-Assad, il y a dix-huit mois. Mi-juin, un navire, battant pavillon des Antilles néerlandaises, avait déjà été intercepté au large de l'Ecosse, et avait dû retourner en Russie. Selon des experts russes, des systèmes de défense antiaérienne type SA-117 Grizzly, capables d'abattre simultanément 24 cibles, étaient inclus dans la cargaison controversée. Des hélicoptères d'attaque - rénovés en vertu d'un contrat de maintenance - auraient également été acheminés vers Damas au cours des ces derniers mois.

Depuis le début de la crise en Syrie, les Occidentaux dénoncent l'appui diplomatique que Moscou fournit à Damas, en empêchant le vote d'une résolution de l'ONU prévoyant un recours à la force contre le régime de Bachar el-Assad. En réponse, Moscou réaffirme régulièrement que les pressions occidentales ne les feront pas changer de position vis-à-vis de la Syrie.

Par Georges Malbrunot sur www.lepoint.fr le 11/10/2012
 

mardi 25 septembre 2012

Mer de Chine : la guerre menace

Le 10 septembre, répondant à la décision de rachat des îles Senkaku à leur propriétaire privé par le gouvernement japonais, le ministère chinois des affaires étrangères a publié un communiqué en forme d'ultimatum faisant porter à Tokyo la responsabilité de "toutes les conséquences qui pourront s'ensuivre". Pékin rappelle que la Chine n'acceptera plus d'être "intimidée" et défendra le territoire "sacré" de la patrie. Le risque est désormais de voir le piège d'un engrenage incontrôlable se refermer en mer de Chine.
 
Condamnées à agir face à une opinion publique chauffée à blanc, les autorités chinoises ont dépêché une dizaine de bâtiments de surveillance et levé le moratoire sur la pêche dans la zone revendiquée par Pékin. Des centaines de bateaux pourraient se diriger vers les eaux territoriales japonaises, dans une exploitation des moyens civils au service d'un objectif militaire, selon les principes de la stratégie chinoise qui prône une "guerre sans limite". D'ores et déjà, les menaces de rétorsions économiques et de boycottage des produits japonais ont été utilisées sur Internet ou dans la presse chinoise. On se souvient qu'en 2010 la Chine avait utilisé l'arme du contrôle des exportations des terres rares - vitales pour l'industrie nippone de haute technologie - pour faire pression sur Tokyo alors que les tensions s'accumulaient en mer de Chine orientale.
 
Dans le même temps, des manifestations violentes accompagnées de pillages, autorisées, si ce n'est organisées par les autorités chinoises, se sont produites sur le territoire. Les biens et les personnes originaires de l'Archipel sont menacés et de grandes entreprises japonaises parlent à nouveau de quitter un territoire chinois où l'instabilité et les risques deviendraient trop élevés.
 
Conséquence immédiate, la Bourse de Shanghaï s'est effondrée et certains, en Chine, commencent à redouter les effets sur la croissance de cette stratégie de la tension. Si la Chine est devenue le premier partenaire commercial du Japon, l'Archipel contrôle des technologies vitales pour l'économie chinoise et demeure l'un des principaux investisseurs étrangers en Chine devant les Etats-Unis et l'Union européenne.
 
Les tensions autour de l'archipel des Senkaku-Diaoyu en mer de Chine orientale, administré par le Japon mais revendiqué par Pékin depuis 1971, ne sont pas isolées. Elles s'inscrivent dans un triple phénomène de manipulation des sentiments nationalistes en Chine depuis le milieu des années 1990, d'émergence décomplexée d'une puissance chinoise qui a semblé triomphé seule de la crise de 2008, mais aussi de développement d'un sentiment paradoxal de fragilité du régime chinois confronté à des tensions économiques, sociales et politiques. Ce sentiment de fragilité est encore accru par les incertitudes de la transition politique que le 18e congrès du Parti communiste devrait entériner au mois d'octobre.
 
Le nationalisme, qui contribue à la légitimité du Parti, a pour principal objet le Japon, ennemi d'hier, puissance rivale aujourd'hui, allié des Etats-Unis et catalyseur de toutes les frustrations d'une puissance chinoise qui cherche à s'imposer dans sa zone. Au lendemain du 36e anniversaire de la mort de Mao, le premier ministre, Wen Jiabao, rappelait - à nouveau - le "siècle d'humiliation " que la Chine a traversé il y a peu, nourrissant un peu plus un sentiment de revanche très présent dans la population. "L'éducation patriotique" et sa dimension antijaponaise ont pris une part croissante dans la jeunesse et ont accompagné la reprise en main idéologique qui a suivi les événements de Tiananmen dans les années 1990. Alors que des réformes politiques graduelles apparaissent comme la seule stratégie viable de survie à long terme du régime, la crainte d'une "évolution pacifique" qui viendrait limiter l'influence des réseaux qui contrôlent le pouvoir chinois pousse au contraire au repli idéologique et à l'exploitation des sentiments nationalistes les plus exacerbés.
 
De leur côté, depuis 2008, les Etats-Unis ont été très touchés par la crise et Pékin a cru avoir le champ libre en Asie pour "saisir les opportunités" et imposer son leadership de puissance "émergente" face à une puissance "en déclin".
 
Les avancées de Pékin en mer de Chine depuis 2009, la constante mise en avant des "intérêts vitaux" - dont la mer de Chine semble faire partie - que le régime doit être prêt à défendre, y compris par la force, témoignent de cette assurance nouvelle du régime chinois en Asie.
 
Dans ce contexte, la stratégie de réengagement des Etats-Unis dans la zone, confirmée par le secrétaire d'Etat américain Leon Panetta, à l'occasion du dialogue Shangri-La qui s'est tenu à Singapour en juin, constitue pour la Chine un autre motif de déception et de frustration. La tentation est grande à Pékin, alors que les Etats-Unis entrent dans la dernière phase de leur période électorale, et que la relation avec la Chine constitue aussi un enjeu de la rivalité entre le président Barack Obama et Mitt Romney, de tester la réalité de cette volonté de réengagement de la puissance américaine en Asie.
Mais dans le même temps, en dépit de cette assurance nouvelle, le pouvoir chinois est conscient de ses faiblesses et de ses divisions. L'affaire Bo Xilai a révélé la corruption profonde du système. Signe de ce très grand sentiment d'incertitude, la "disparition" du vice-président Xi Jinping, pendant plus de deux semaines, a donné lieu, sur Internet, aux spéculations les plus folles.
 
Longtemps facteur de satisfaction pour le régime, le contexte économique est plus incertain alors que les effets de la crise mondiale se font sentir sur une économie très dépendante des exportations. Le rééquilibrage de la croissance est un échec. La consommation intérieure ne représente que 35 % du PIB, dix points de moins qu'en 2000, et l'indice Gini, indicateur des inégalités, est l'un des plus élevés au monde. Signe inquiétant pour le régime, comme à l'époque des Boxers lorsque la dynastie des Qing finissante tentait de manipuler le mécontentement populaire contre les étrangers, comme en 1919 lorsque le mouvement patriotique s'élevait contre une puissance japonaise à qui le traité de Versailles avait attribué les possessions allemandes du Shandong, certains des slogans utilisés dans les manifestations aujourd'hui dénoncent la corruption et l'inefficacité du pouvoir en place.
 
C'est dans ce contexte que, depuis 2009, les incidents et les provocations se multiplient en mer de Chine, face au Japon, mais aussi face aux Philippines, au Vietnam ou à l'Indonésie et même face aux Etats-Unis. Alors qu'en Asie du Sud-Est la Chine pouvait apparaître comme le moteur d'une régionalisation économique réussie, la multiplication des incidents sur mer, le caractère de moins en moins "pacifique" de l'émergence de la puissance chinoise la font apparaître aujourd'hui comme une menace fédérant dans une même inquiétude la quasi-totalité de l'Asie du Pacifique à l'océan Indien.
 
Face à cette menace, accrue par l'opacité du système politique chinois et les interrogations sur le rôle des éléments les plus radicaux - militaires ou civils - dans les prises de décision, la volonté de "retour vers l'Asie" des Etats-Unis a été très appréciée dans la région. Loin de la fin de l'histoire, ce sont des rapports de force proches de ceux de la guerre froide ou de l'Europe à la veille de la première guerre mondiale qui se mettent en place en Asie.
 
Aux Philippines, au Vietnam, des manifestations antichinoises sont organisées à chaque nouvelle crise, et Hanoï et Washington jettent les bases d'une coopération militaire. Au Japon, on veut croire aux déclarations de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton en 2010 plaçant l'archipel des Senkaku dans le périmètre couvert par l'accord de défense unissant Tokyo et Washington.
 
Dans la région, le développement des capacités militaires s'accélère. Alors que la Chine exhibe son nouveau porte-avions, le Vietnam achète des sous-marins à la Russie et les Etats-Unis annoncent l'élargissement de leur système de défense antimissile en Asie. Face à Pékin, Washington est confronté à un dilemme difficile à résoudre. Jouer l'apaisement et rester en marge serait donner carte blanche à un régime chinois qui ne raisonne qu'en termes de jeux à somme nulle. Ce retrait, en minant la confiance des alliés et partenaires des Etats-Unis, aurait des effets déstabilisateurs et pourrait précipiter une crise plus grave encore. A l'inverse, le jeu des alliances pourrait déclencher un conflit majeur dans la région.
 
D'ores et déjà, certains analystes en Chine tentent d'appeler les Etats-Unis "à la raison" et de persuader Tokyo de la fragilité de l'alliance de défense nippo-américaine. Il n'est pas certain que l'Europe ait pris la mesure de ces défis cruciaux dans une région qui voit transiter une part majeure du commerce mondial et concentre trois puissances nucléaires, sans compter les Etats-Unis et la Russie. Dans le contexte d'une crise économique, la tentation de la réduction des budgets de la défense est grande. Celle du retrait aussi. Pourtant, en dépit de l'éloignement géographique, les préoccupations des autres puissances asiatiques doivent être prises en compte face à une Chine dont les orientations stratégiques inquiètent. Dans un monde aussi globalisé, la montée des tensions en Asie aura des conséquences considérables sur nos propres équilibres et nos propres choix.
 
Spécialiste des relations internationales et des questions stratégiques en Asie, Valérie Niquet est depuis 2010 responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique. Elle est également membre de l'Académie des sciences d'outre-mer et rédactrice en chef de la revue "Monde chinois-Nouvelle Asie". On lui doit une traduction critique en français de "Deux commentaires de Sun Zi" (Economica, 1994). Parmi ses nombreux articles et ouvrages, "Chine-Japon : l'affrontement" a été publié en 2006 chez Perrin.
 
Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la FRS sur www.lemonde.fr le 24/09/2012

jeudi 6 septembre 2012

Bruxelles part en guerre commerciale contre Pékin

 
La Commission européenne a lancé jeudi une enquête antidumping contre la Chine visant sa production de panneaux solaires subventionnés. La Chine se prépare à répliquer.
 
L'Europe s'engage sur le sentier de la guerre commerciale avec la Chine. Bruxelles a lancé jeudi une enquête antidumping contre plusieurs géants chinois des panneaux solaires, et la République populaire menace déjà l'UE de rétorsions spectaculaires. «La Commission européenne a lancé aujourd'hui une enquête antidumping concernant les importations de Chine de panneaux solaires et de leurs principaux composants (...)», indique-t-elle dans un communiqué.
 
Sous l'apparence d'une querelle d'entreprises, c'est un énorme bras de fer politico-commercial qui se dessine. La Chine aussi bien que l'Europe ont misé des milliards de fonds publics sur l'essor de l'électricité photovoltaïque, à coups de subventions et d'investissements. À Pékin, le quotidien du Parti communiste China Daily s'inquiétait mercredi «du contentieux commercial le plus lourd» jamais infligé à l'industrie chinoise.
 
Le pouvoir chinois a fait du secteur photovoltaïque le fer de lance d'une conquête planétaire. L'Europe, qui représente les deux tiers du marché mondial, veut à l'inverse contraire garder son avance technologique et surtout protéger l'une de ses dernières bases industrielles.

Plainte collective déposée à Bruxelles

«C'est la dernière chance pour l'Europe de tenir tête à un État chinois qui subventionne sa propre industrie, ce qui lui permet de vendre en dessous du coût de revient et de mettre les Européens à genoux», assure Milan Nitschke pour le groupe allemand Solarworld, chef de file de la plainte collective déposée à Bruxelles. Une vingtaine de firmes françaises, italiennes et espagnoles s'y sont associées en juillet. Elles ont préféré rester anonymes par crainte, déjà, de contre-mesures chinoises.
 
Après bien des hésitations, la commission Barroso part à l'offensive face à la concurrence jugée déloyale des grands pays émergents. Elle a ouvert mardi soir une première enquête formelle contre le russe Gazprom, soupçonné depuis des lustres de manipulation de prix dans les huit pays de l'UE qu'il approvisionne *. Là encore, l'affaire est politique. Mardi soir à Münich, le commissaire à l'Énergie, Günther Oettinger, a accusé publiquement Vladimir Poutine «de chercher à reconstruire la puissance de l'URSS par le biais de sa politique énergétique». Le Kremlin n'a pas daigné réagir….
 
(*) Pologne, République tchèque, Slovaquie, Bulgarie, Hongrie, Lituanie, Lettonie et Estonie

Par jean-Jacques Mevel sur www.lefigaro.fr le 06/09/2012
 

lundi 3 septembre 2012

PAKISTAN. Attentat près des bureaux de l'ONU à Peshawar

Un attentat suicide à la voiture piégée ciblant des diplomates américains a fait au moins quatre morts et de nombreux blessés, incluant deux Américains dont le sort restait incertain, lundi 3 septembre à Peshawar, ville troublée du nord-ouest pakistanais, considéré comme un sanctuaire des talibans.
"Deux employés américains et deux Pakistanais membres du personnel du consulat [de Peshawar] ont été blessés et reçoivent des traitements médicaux. Aucun employé du consulat n'a été tué, mais nous cherchons à savoir s'il y a eu d'autres victimes de cet acte haineux", a indiqué lundi 3 septembre l'ambassade américaine à Islamabad dans un communiqué.

Le véhicule diplomatique, la vraie cible

Mian Iftikhar Hussain, le ministre de l'Information de la province locale de Khyber Pakhtunkhwa, avait d'abord annoncé que "l'explosion avait tué deux Américains". Après la diffusion du communiqué de l'ambassade américaine, il a confirmé sa déclaration et précisé que l'attaque avait tué quatre personnes.
L'ambassade américaine n'évoque dans son communiqué que le sort de ses employés du consulat, laissant ouverte la possibilité que des ressortissants américains non diplomates [CIA, contractants privés ou autres...] aient été tués ou blessés.
Les autorités américaines ont néanmoins confirmé qu'un véhicule du consulat avait été la cible de ce "qui semble être une attaque terroriste".

Attentat à la voiture piégée

L'attentat est survenu lundi matin à Peshawar près des bureaux du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) et d'un quartier résidentiel où sont installés des employés du consulat américain et des bureaux d'ONG étrangères.
Quatre policiers pakistanais en service ont été blessés lors de l'attaque, selon les autorités pakistanaises. "Aucun de nos employés n'a été blessé", a dit Duniya Aslam Khan, porte-parole du HCR pour le Pakistan.
Selon des premières indications, un véhicule avec une bombe à l'intérieur était stationné en bordure de la route à 25 mètres des bureaux du HCR avant d'exploser. Mais d'après de nouvelles informations, un kamikaze a foncé sur le véhicule du consulat américain qui circulait sur la route.
"Le kamikaze a foncé avec sa voiture dans le véhicule d'une mission étrangère", a dit le chef de la police de Peshawar, Imtiaz Altaf. "Le véhicule contenait entre 100 et 110 kilos d'explosif, incluant plus de dix obus de mortiers", a-t-il ajouté.
L'explosion a presque complètement détruit le 4 x 4 diplomatique américain et laissé un cratère d'environ 30 centimètres de diamètre dans la route, selon un journaliste de l'AFP sur place. Les autorités ont aussi retrouvé un passeport américain à moitié brûlé dans la carcasse du 4 x 4.

Aucune revendication

L'attentat n'a pas été officiellement revendiqué par les insurgés talibans qui sont la cible répétée d'attaques de drones américains dans des zones tribales du nord-ouest pakistanais, près de la frontière afghane.
Le Pakistan estime que ces attaques constituent une violation de sa souveraineté nationale et attisent des sentiments anti-américains déjà très forts dans la population de ce pays musulman de plus de 180 millions d'habitants.
Des analystes et des médias pakistanais estiment toutefois qu'il y a un accord tacite sur le sujet entre Washington, premier bailleur de fonds du Pakistan, et son allié Islamabad, qui a vu nombre de ses ennemis du Mouvement des talibans pakistanais (TTP) périr ces dernières années dans ces attaques de drones.
Washington ne compte toutefois pas renoncer à ces opérations destinées notamment à éviter que des talibans et combattants d'Al-Qaïda ne se regroupent pour échafauder des attaques en Afghanistan ou en Occident.
Le 03/09/2012 sur http://tempsreel.nouvelobs.com 

dimanche 19 août 2012

Senkaku: Pékin proteste

Pékin a "protesté fortement" auprès du Japon après une visite de Japonais nationalistes sur un archipel qui fait l'objet de contestations entre les deux pays, a rapporté l'agence Chine nouvelle.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a répété également que le Japon devait cesser toute action portant atteinte à sa souveraineté territoriale. Des manifestations ont eu lieu en Chine dimanche pour protester contre ce débarquement de Japonais dans une île de l'archipel Senkaku, revendiqué à la fois par la Chine et le Japon.

Vers 07h40, le président de l'association "Gambare Nippon" (En avant le Japon!), Satoru Mizushima, a sauté à l'eau et nagé avec une corde jusqu'au rivage rocailleux d'Uotsurijima, la principale île de ce petit archipel nommé Diaoyu par la Chine. Les suivants se sont accrochés à la corde pour le rejoindre. Les nationalistes qui avaient pris pied sur l'île n'ont finalement pas atteint le sommet escarpé et ont planté des drapeaux japonais à flanc de montagne et sur le rivage.

"C'est un territoire indiscutablement japonais. A flanc de montagne, on a trouvé des maisons de style japonais, avec les séchoirs à poisson, alors vous voyez! ", exulte Eiji Kosaka, un élu de la région de Tokyo. Il "regrette" toutefois que le gouvernement japonais "n'ait pas d'activité ici, en tout cas ce voyage est une grande réussite".

Les garde-côtes japonais qui surveillaient la flottille depuis son arrivée (Tokyo avait interdit de débarquer) n'ont procédé à aucune arrestation, notamment du fait de la présence d'élus à bord.
Sur www.lefigaro.fr le 19/08/2012

vendredi 10 août 2012

Problématique de la répartition de l'eau en Asie centrale

Les problèmes énergétiques et ceux liés à l’eau pourraient déclencher une nouvelle source d'instabilité en Asie centrale. L'eau, qui chaque année devient une ressource de plus en plus rare, est une pierre d'achoppement dans les relations entre les anciennes républiques soviétiques.
Ce problème est particulièrement préoccupant, et aboutit à un conflit larvé entre  l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan. La situation est mûre pour un haut degré de confrontation, de sorte que même les militaires russes ont exprimé de sérieuses préoccupations quant à la probabilité de conflits armés locaux.
En particulier, c’est ce qu’affirme le commandant des forces terrestres de la Russie, Vladimir Chirkin. La Russie n'a pas besoin d'une nouvelle zone de tension à l'intérieur de leurs frontières, particulièrement pendant le retrait des forces de la coalition d’Afghanistan, ce qui fait de ce problème une question primordiale pour Moscou.
De même, les analystes occidentaux n'excluent pas la possibilité d'une confrontation militaire entre les pays d'Asie centrale. La présidente du Groupe International sur la Crise, Louise Arbour, a publié en Décembre 2011 dans Foreign Policy l’article classant "10 guerres en 2012", dans lequel l'Asie centrale se trouve à la sixième place. Une vision similaire est parue sur le site internet américain «EurasiaNet».
Quel est le problème? Est-il trop tard pour qu’un dialogue pacifique ne puisse s’installer ? Pour répondre à cette question, nous devons commencer par comprendre le conflit.
Tout a commencé il y a deux décennies avec la parade des déclarations d’indépendances. Avec l'effondrement de l'Union soviétique, les liens économiques se sont brisés, les secteurs économiques de l’eau et de l’énergie en Asie centrale se sont disloqués. Nous en connaissons  le résultat. Le Kirghizistan et le Tadjikistan, situés dans la partie amont des deux principaux fleuves, le Syr-Daria et l’Amou-Darya, ont pensé qu’il serait intéressant d’utiliser plus fortement leur potentiel hydroélectrique. De leur coté, le Kazakhstan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan, ont principalement mis l’accent sur l'irrigation pour l'exploitation agricole sur la base des réseaux construits pendant la période soviétique et ont prévu de construire de nouvelles centrales hydroélectriques.
Hélas, les négociations intergouvernementales sur la question ont été extrêmement contreproductives. En conséquence, le régime de répartition d’eau existant était cassé. Par exemple, aux dépends des intérêts du Kazakhstan, le Kirghizistan a commencé à accumuler de l'eau dans la saison de croissance des cultures pour la relâcher au cours de l'hiver afin de générer de l’électricité.
Durant l'été, cette politique a conduit les agriculteurs à souffrir d'un manque d'eau, et en hiver, l'augmentation du ruissellement a provoqué de nombreuses inondations. Dans l'ensemble, cette situation a fait souffrir le cours inférieur de la rivière Syr-Daria, dans le sud du Kazakhstan. En fait, Astana était l'otage de la politique énergétique de Bichkek. Afin de protéger son territoire contre les pertes de plusieurs milliards de dollars liés aux catastrophes naturelles, le Kazakhstan a mis en place un projet de construction d'envergure, le barrage de régulation de Koksaray.
Il est à noter que ces dernières années, à travers de nombreuses négociations, le Kazakhstan et le Kirghizistan ont quand même réussi à trouver des solutions aux nombreuses questions litigieuses. En particulier, en 2011, il a été convenu des dispositions relatives à la fourniture de gaz, d'eau et d'électricité dans le cadre d’un accord sur l'échange mutuel de ressources.
Selon l’avis des experts de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe, les expériences du Kazakhstan et du Kirghizistan peuvent aussi être utiles à d'autres pays d'Asie centrale.
L'exemple du dialogue constructif entre Astana et Bishkek, montre clairement qu’avec une volonté politique, le consensus peut être trouvé à tout moment. Mais malheureusement, une toute autre relation est observée entre l'Ouzbékistan et le Tadjikistan, lesquels se trouvent dans une impasse.
Les contradictions s'accumulant depuis plus d'un an, ont abouti à une opposition sans compromis quand le Tadjikistan a commencé à construire le barrage hydroélectrique Rogun.
Faute de réserves de pétrole et de gaz, le gouvernement tadjik mise sur le développement rapide de l'énergie hydroélectrique. A l’horizon 2015, il a  non seulement l'intention de se débarrasser de sa dépendance énergétique à Tachkent, mais aussi d’exporter activement de l'électricité vers l'Iran, le Pakistan et l'Inde.
L’Ouzbékistan, à son tour, a déclaré que le lancement du projet de construction de la centrale hydroélectrique de Rogun, aura pour conséquence de baisser de 18% le niveau de l'Amou-Daria en été et de l'augmenter de 54% en hiver. Par conséquent, le printemps sera une période de sécheresse, l'hiver une saison d’inondations.
Le journal officiel ouzbek «La Vérité de l'Est» fait remarquer que la construction de la centrale hydroélectrique Rogun place à une échelle sérieuse, les risques technologiques, sociaux, environnementaux et socio-économiques. Les experts soutenus par des études scientifiques tadjikes et des sismologues prédisent s'attendre à de puissants tremblements de terre destructeurs dans cette chaîne de montagnes, dans les dix prochaines années.
Toutefois, le Tadjikistan dit que tout ira bien. La construction du barrage hydroélectrique de conception soviétique, permettrait de résister aux séismes allant jusqu'à la magnitude 7,5 dans l’échelle de Richter. Et s’il ne résistait pas ? Dans ce cas, un tsunami  recouvrira le cours inférieur et pourrait créer une véritable apocalypse.
En bref, les motifs des deux parties sont compréhensibles. Il est également clair qu'elles persistent, chacun insistant sur son point de vue. A cette occasion, les médias se livrent une guerre médiatique amère. Par ailleurs, ils en sont presque arrivés au conflit armé. Le Tadjikistan et l'Ouzbékistan en sont venus à s’opposer au printemps de cette année au sujet de la concentration de troupes à la frontière.
Heureusement, l’effusion de sang ne s'est pas produite, mais les parties continuent le rapport de force. Le risque de conflit local persiste donc. La calme guerre diplomatique s’est transformée en sanctions sévères contre le difficile voisin de Tachkent.
A ce jour, non seulement la frontière est minée, mais un blocus des transports du Tadjikistan a été décidé. Le tronçon de chemins de fer de Hashadi à Amuzang, dans le sud du pays a été entièrement démantelé et vendu.
Le 10/08/2012

mardi 31 juillet 2012

L'ère de l'extravagance est terminée

L'utilisation des fleuves transfrontaliers est l'un des principaux problèmes environnementaux en Russie, au Kazakhstan et en Chine. Disons le franchement, selon les experts c'est une véritable guerre hydrotechnique.
Pour la Chine, chaque année, l'eau est une ressource de plus en plus précieuse, qui par l'influence de facteurs anthropiques et de la croissance rapide de l'économie, devient une denrée rare. Selon les prévisions pour 2030, l'Empire Céleste devra importer environ 240 milliards de mètres cubes d'eau par an.
A ce jour en Chine, on compte 2100 mètres cubes d'eau par habitant et par an, soit environ 28% de la moyenne internationale. Plus de 400 villes souffrent d'un manque vital d'eau. Plus d'une centaine connaissent une grave pénurie d'eau potable. En particulier, à Pékin en 2011, le niveau d'eau est tombé à 120 mètres cubes par habitant et an.
Selon les experts, les ressources en eau de la Chine sont en diminution à cause de systèmes d'irrigation inefficaces, de la forte croissance industrielle et de l'expansion incontrôlée des zones cultivées.
La situation de l'approvisionnement en eau est particulièrement aiguë dans les régions occidentales du pays où les autorités de la Chine s'occupent activement de cette question grâce à l'utilisation des ressources des rivières transfrontalières avec la Russie et le Kazakhstan.
Le programme de développement du Xinjiang, province la plus occidentale de la Chine, occupe une place particulière. Donnant accès à l'Est, le Xinjiang projette de se transformer en un centre commercial régional en Asie centrale. L'industrie pétrolière et l'agriculture sont en plein essor, et ce malgré le fait que la réserve de ressources en eau de la province soit l'une des plus pauvres de Chine.
Ces quelques données permettent de mieux comprendre la situation : le Xinjiang dispose d'environ 26,3 km cubes d'eau par an. Cela est suffisant pour fournir de l'eau à 18 millions de personnes. Cependant aujourd'hui dans la province, la population a dépassé les 20 millions et ce chiffre ne fera que croître alors que la Chine colonise délibérément cette province de Han (représentants de la nation titulaire) afin de diluer les minorités ethniques. Il s'agit de la politique d'assimilation la plus extrême de la Chine, qui consisterait à augmenter la population jusqu'à 60 à 100 millions d'habitants.
Afin d'assurer une production de nourriture suffisante pour ces zones peuplées, le gouvernement chinois a construit le canal "Irtych-Urumchi" destiné à l'irrigation dont la superficie est en augmentation rapide. Au Xinjiang, l'agriculture utilise déjà plus de six cent mille hectares, il est prévu de l'étendre à deux millions d'hectares.
Un autre facteur de déstabilisation de la situation de l'eau dans la région est la construction des trois cents kilomètres du canal noir Irtych-Karamay ayant une capacité nominale de 5 kilomètres cube d'eau par an.
Selon les scientifiques, dans le moyen terme, la Chine aura la possibilité d'augmenter la consommation d'eau à huit kilomètres cubes par an. Étant donné que le débit de l'Irtych noir formé sur le territoire de la Chine est d'environ 9 kilomètres cubes d'eau, ce projet pourrait se traduire dans les faits par un détournement de la rivière dans les zones Karamay et Urumqi. Dans ce cas, il ne reste même pas 30% du débit pour la réserve écologique protégée.
Les prévisions pessimistes, exprimées par les experts sur le suivi de la dynamique de la consommation d'eau par la partie chinoise suggère que si la Chine va poursuivre sa politique d'utilisation incontrôlée des ressources en eau des rivières transfrontalières, les zones en aval feront face à une catastrophe écologique.
À la suite de ces interventions sur l'équilibre hydraulique dans la région, le déficit d'écoulement pourrait croître et engendrer l'interdiction de la navigation, de la pêche et des difficultés à garantir un niveau minimum d'eau pour alimenter les zones naturelles protégées.
Pour comprendre l'ampleur des possibles conséquences, suivons le cours du fleuve sur la carte. Le canal Irtych Noir est l'un des principaux affluents du fleuve Irtych. Il parcourt le territoire de la Chine et se jette dans le lac Zaisan (Kazakhstan). Dans un scénario négatif, ce lac peut subir le sort de la mer d'Aral, car il n'a pas d'autres sources pour se remplir.
Même aujourd'hui, il y a lieu de s'inquiéter. Par exemple, dans le réservoir de Boukhtarma, situé à l'embouchure de l'Irtych au Kazakhstan, le niveau de l'eau a reculé ces dernières années de plus de 10 mètres. Le lac n'est rempli qu'à seulement 60%. L'isthme de Bay Turanga où précédemment le poisson frayait, a également tari. Selon des estimations récentes le niveau de l'eau dans l'Irtych est à 43% en dessous de la norme.
Des problèmes similaires sont rencontrés en Russie. À la suite de l'accroissement de la consommation d'eau par la Chine, un certain nombre de régions russes parcourues par l'Irtych, perd déjà plus de 2 milliards de mètres cubes d'eau par an. Par exemple, dans la région d'Omsk un processus de désertification a ​​commencé. De nombreuses espèces de la faune et de la flore disparaissent. Les régions de Kourgan et de Tioumen souffrent également.
Une autre situation critique est celle de la rivière transfrontalière Ili, qui forme ses eaux en Chine et  alimente le lac Balkhach, situé sur le territoire du Kazakhstan. Dans les années 70 il y a eu un précédent. En raison de l'activité économique en Chine, il y a eu une menace directe sur la profondeur du lac. Sous la pression de l'Etat soviétique, cette situation menaçante a été résolue. Cependant en ce moment, dans le bassin de la rivière Ili, la Chine met en œuvre de nombreux projets qui réduiront le débit du fleuve de 40% d'ici 2050.
En d'autres termes, la Russie et le Kazakhstan sont devenus les otages de la politique de la Chine relative à l'eau. Les négociations sur ces questions qui durent depuis plus d'une décennie n'ont apporté aucun résultat significatif. Tout d'abord, l'Empire Céleste refuse de négocier dans un cadre multilatéral. Il refuse de discuter de ces questions au sein de l'OCS. En outre, les accords qui ont été conclu n'ont fondamentalement rien changé.
En 2008, Moscou et Pékin ont signé un accord intergouvernemental sur une utilisation rationnelle des eaux transfrontalières et sur leur protection. Toutefois, il n'a pas tempéré l'appétit de Pékin, qui continue d'augmenter sa consommation d'eau.
Sur l'axe Astana-Pékin, il a également été signé de nombreux accords régissant l'eau.  Une commission sino-kazakhe a été créée, au sein de laquelle se réunit des groupes d'experts internationaux. Toutefois, si les documents signés sont bien sûr importants et nécessaires, ils n'ont pas touché une question clé : la partition de l'eau de l'Irtych. Selon les derniers rapports une décision est prévue pour 2014.
Ainsi, connaissant les tactiques chinoises de négociation sur les questions relatives à l'eau, la Chine tentera de retarder ce processus au maximum. Il est à craindre que la situation environnementale dans le bassin de l'Irtych soit en passe de devenir catastrophique. Au moment où la Chine sera "mûre" il se pourrait qu'il n'y ait plus rien à partager...
Par conséquent, tout comme pour la question russe, que faire? Faire appel au droit international?
En vertu du droit international, un pays dont le territoire est traversé par un cours d'eau international doit assumer l'obligation de ne pas causer de «dommage significatif» aux autres pays également parcourus par ce cours d'eau, et de conduire son développement de manière équitable et raisonnable. Si le mal est fait, il est déclaré l'ouverture "de négociations de dédommagement".
Mais ... pour que ces mesures soient prises en compte, la Chine doit respecter les deux principaux accords internationaux qui sont la Convention sur le droit relatif aux utilisations autres que la navigation des cours d'eau internationaux et la Convention sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontaliers et des lacs internationaux.
Pour des raisons évidentes, l'Empire Céleste ne veut pas signer ces Conventions. Par conséquent, nous devons convaincre la Chine de le faire. Selon les experts, cette démarche conduirait à un conflit diplomatique.
Pour assouplir la position de Pékin, la Russie et le Kazakhstan ont l'intention d'utiliser le potentiel de toutes les formes de contacts, y compris les sommets, la voie diplomatique et les accords intergouvernementaux.
En fin de compte, il est nécessaire de rappeler à la Chine les déclarations d'amitié et de bon voisinage mutuellement bénéfique et de partenariat équitable. Après tout, ce que nous voyons aujourd'hui, ne peut pas être appelé un partenariat. Il est donc nécessaire de combiner les efforts de la Russie et du Kazakhstan pour régler rapidement la question du statut juridique de l'Irtych. Ensemble, il sera beaucoup plus facile de trouver des arguments, qui orienteraient l'Empire Céleste vers une position plus conforme, et enfin commencer à vivre en tant que voisins.
Par Alexeï Vlassov le 31/07/2012

jeudi 12 juillet 2012

G-Global : Belle parole ou vrai tentative pour changer le cours de l'Histoire ?

Encore une fois, nous nous rencontrons à Astana, ce qui signifie que le rythme et la dynamique des interactions entre les experts est nécessaire afin de trouver des réponses adéquates aux défis d'aujourd'hui, non seulement pour les pays membres du projet eurasien, mais aussi pour les représentants de la région Asie-Pacifique, de l'Union européenne et des autres organisations régionales.

La raison de l'appel aux experts est très compréhensible car nous sommes confrontés à des risques et des défis communs dans la région, tant dans le domaine de la géo-économie que de la géopolitique. Par exemple, il y a un changement systématique des conditions et des règles de l'évolution des marchés mondiaux. Autrefois havres de paix pour les investisseurs internationaux, il est maintenant extrêmement difficile de déterminer la dynamique des fluctuations des grandes monnaies, des prix de l'énergie, ou de prédire les changements dans les marchés des valeurs mobilières.

Nous observons des processus similaires dans le domaine de la géopolitique, où sous nos yeux les règles du jeu changent, formant de nouvelles configurations d'alliances de pays étrangers, qui souvent par leur nature tactique et momentanée, ne satisfont pas pleinement les intérêts des Etats-nations. Cela est particulièrement vrai dans les relations entre les grands centres de pouvoir et les pays en développement.

Au cours des 10 dernières années, les "jeunes" économies de la région Asie-Pacifique, dont un certain nombre des Etats postsoviétiques, se développent rapidement. Elles ont considérablement augmenté leur niveau de compétitivité, pris un rôle plus important dans l'élaboration des contours de l'avenir de l'économie mondiale. Cependant, elles sont toujours  exclues des mécanismes décisionnels définissant les règles du jeu dans le domaine de la géopolitique et de la géoéconomie. Cependant ces derniers ne reposent pas encore sur des bases stables et n'ont pas encore oublié leur passé. Mais stratégiquement parlant, cela ne change rien. En ce qui concerne les pays postsoviétiques, ils sont toujours dominés par les doubles standards.

Comme disaient les anciens, tout ce qui est possible pour Jupiter ne l'est pas pour un  taureau. Et ce qui est en jeu, les problèmes de la réglementation des changes ou le programme nucléaire iranien, n'est pas si important tant que les centres mondiaux de pouvoir n'ont pas jugé nécessaire d'aligner leurs actions avec les positions des pays qui ne sont pas présents dans les formats du G8 et du G20. Par conséquent, si l'on considère la proposition du Président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev sur la transition vers un nouveau format de type G-Global, nous devons analyser plus que soigneusement, les cinq principes qui forment la base fondamentale d'un plan anticrise.

Un des principes de base proposé par le Président du Kazakhstan est l'égalité et le consensus. Je pense que cette proposition stratégique du leader du Kazakhstan est la clé. Le monde moderne est multipolaire, mais la psychologie des élites est encore basée sur le principe de la division du monde en deux, l'un «majeur» et l'autre «mineur». Cette impasse psychologique empêche la formation d'un cadre équitable de l'économie et de la politique mondiales.

La Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie, qui construisent actuellement l'Union économique eurasienne ne doivent pas oublier ces circonstances. Une intégration réussie n'est possible que si nous pouvons trouver le format de l'interaction, dans lequel il n'y aura pas de doute que cette coopération est en effet égale, mutuellement avantageuse et tout à fait pragmatique.

Un autre principe proposé est de construire un modèle G-Global, c'est-à-dire tolérance et une confiance globale. Dans tous ses articles et publications récents, Noursoultan Nazarbaïev, est constamment attiré par la question de la confiance et ce n'est pas un hasard. En politique et en économie, il y a un manque de confiance mutuelle. Cela peut être une méfiance des déposants envers les banques ou de créanciers doutant de la capacité des emprunteurs à respecter leurs obligations. Concrètement, les investisseurs réalisent que les plans d'investissements proposés, tant au niveau des états-nations, et du point de vue la finance mondiale, ne fonctionne plus.

Nursultan Nazarbayev l'a déclaré à plusieurs reprises dans ses livres, en particulier, dans "La cinquième voie" et "Les clés de la crise". Mais dans la sphère des relations internationales, un manque de confiance conduit à une augmentation des conflits. Malgré ses efforts, la communauté internationale a jusqu'ici échoué à résoudre aucune  crise locale, y compris celle de l'ancienne Union soviétique.

Ni Haut-Karabagh, ni Abkhazie, ni Transnistrie ne sont devenues des exemples de médiation réussie, essentiellement à cause du manque de confiance entre les parties en conflit. A leur tour, celles-ci ont des doutes sur les médiateurs, qui, bien sûr, mettent un terme à tous les efforts visant à trouver un terrain d'entente et d'encourager au dialogue les parties en conflit.

Est-il possible de restaurer rapidement un espace de confiance mutuelle, au moins au niveau de l'architecture financière mondiale. Je pense que c'est un problème très complexe et multiforme, qui est à nouveau connecté avec le second principe de la G-Global. Refus des doubles standards et refus de la division des pays en groupe «Majeur» et « Mineur ». Quelle est la probabilité que les propositions du chef kazakhstanais soient prises en compte par les principaux centres de pouvoir? Je suis un optimiste, et je pense que la chance d'améliorer les choses demeurent, même si, bien sûr, du temps a été perdu, gaspillé stupidement au cours de la période comprise entre 2008 et 2011. Le programme pour discuter des solutions contre la crise lors du Forum mondial est clair, et beaucoup de ses dispositions ont été directement mises au point ici même au Kazakhstan, et, accessoirement, sur la base de l'expérience de la réforme nationale, qui je pense sont la base fondamentale de la stratégie mondiale, qui a été proposé par le Président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev.

Je veux croire qu'il est rationnel, pragmatique et raisonnable soit considéré comme un guide pour agir. Ainsi, ces stratégies avec lesquelles le Kazakhstan indépendant a vingt ans d'expérience, peuvent être projetées au niveau international. Cela signifie que la voie de mise à niveau traversée par le Kazakhstan contient les principes méthodologiques universels, qui visent précisément à atteindre cet objectif. C'est la cohésion sociale, la tolérance, la confiance au chef, et bien sûr, la responsabilité pour le pays et la société, qui tout au long de l'histoire de indépendance du Kazakhstan a été mis en œuvre par le leader national, Noursoultan Nazarbaïev.

Discours d'Alexeï Vlassov au Forum d'experts à Astana.
Par Alexeï Vlassov, 12/07/2012 sur http://ia-centr.ru

mardi 3 juillet 2012

Avion abattu par la Syrie : Bachar al-Assad regrette "à 100%"

Le président syrien Bachar al-Assad a regretté que la défense de son pays ait abattu, le 22 juin, un avion de combat turc, affirmant dans un entretien avec le journal turc Cumhuriyet publié mardi que l'appareil volait dans un espace utilisé dans le passé par des avions israéliens.

"L'avion volait dans un couloir aérien utilisé trois fois par le passé par l'aviation israélienne", a dit le président syrien, regrettant "à 100%" cet incident qui a fait monter d'un cran la tension entre la Turquie et la Syrie.
Le président syrien a rejeté les accusations de la Turquie selon lesquelles la défense syrienne a intentionnellement abattu le F-4 turc en mission d'entraînement au-dessus de la Méditerranée.

"Un pays en guerre agit toujours de cette façon, cet appareil volait à une très basse altitude et a été abattu par la DCA qui l'a pris pour un appareil israélien (...) Le soldat de la DCA ne disposait pas de radar et ne pouvait donc pas savoir à quel pays il (l'avion) appartenait", a affirmé al-Assad qui a présenté ses condoléances aux familles des deux pilotes de l'appareil qui n'ont pu être retrouvés.

"Si cet avion avait été abattu dans l'espace international (comme l'affirme Ankara), nous n'aurions pas hésité à présenter nos excuses" officielles, a-t-il ajouté.
Le régime de Bachar al-Assad est confronté depuis mars 2011 à une contestation populaire. En plus de 15 mois de révolte, la répression et, depuis quelques mois, les combats entre armée et rebelles ont fait environ 16.000 morts, en majorité des civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

Le président syrien a souhaité tourner la page de cet incident avec la Turquie qui a vu dans la perte de son avion un acte hostile et décidé de renforcer la sécurité à sa frontière avec la Syrie qui était autrefois son allié.

"Nous ne voulons pas même penser que cet avion a été envoyé délibérément dans notre espace aérien. Nous voulons penser qu'il s'agit d'une erreur du pilote et nous considérons cet événement comme faisant partie du passé et ne devant pas être exagéré (...) Nous n'avons rien à gagner à abattre un avion de combat turc", a-t-il estimé.

M. Al-Assad a aussi indiqué que son pays n'envisageait pas de mobiliser des troupes à la frontière turque. "Quoi que fasse le gouvernement (turc de Recep Tayyip) Erdogan nous ne procéderons pas à une concentration de troupes à la frontière. Le peuple turc est ami et nous comprendra", a-t-il ajouté.

Le quotidien Cumhuriyet qui a rencontré le président syrien à Damas prévoit de publier mercredi une deuxième partie de cet entretien.
Le 03/07/2012 sur www.leparisien.fr

mercredi 27 juin 2012

La Syrie quitte les débats au Conseil des droits de l'homme de l'ONU

La Syrie a quitté mercredi les débats au Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève dont les membres discutent du dernier rapport, critique pour Damas, de la Commission d'enquête internationale indépendante.

Prenant la parole devant les Etats membres du Conseil, l'ambassadeur syrien auprès de l'ONU, Faisal Khabbaz Hamoui, s'est d'abord félicité de ce que le rapport de la Commission d'enquête reconnaisse "l'existence de groupes armés qui bafouent les droits de l'homme" en Syrie.

Toutefois, il a souligné que le rapport des experts mandatés par l'ONU comptent des "exagérations qui touchent à l'imaginaire".

M. Khabbaz Hamoui a ensuite dit que la Syrie "poursuivra sa coopération avec toutes les bonnes volontés", "réitère son engagement à mettre en oeuvre le plan de Kofi Annan" mais "ne permettra pas aux fractions armées" de mener des "attaques".

"La Syrie est responsable de son peuple, de son intégrité, de la protection de tous ses citoyens", a-t-il ajouté.

L'ambassadeur a ensuite jugé "honteuse" la situation au Conseil des droits de l'homme, qualifiant de "stériles" ses différentes résolutions sur la Syrie.

Il a alors expliqué que la Syrie est prête "à cesser toute forme de coopération avec les instances concernées tant ces instances restent impuissantes à fournir des réponses constructives".

"La Syrie prendra le moment venue sa décision qui s'adapte à ses intérêts nationaux", a-t-il dit, avant d'ajouter que "quant à la séance de ce moment (...) nous n'allons pas participer à cette séance de politisation flagrante".

Il s'est ensuite levé puis a quitté la salle sous les regards des caméras.

Interrogé par les médias, l'ambassadeur syrien n'a pas souhaité faire de commentaire sur sa participation à une éventuelle réunion internationale sur la Syrie.

L'émissaire international Kofi Annan souhaite rassembler le 30 juin à Genève, au niveau des ministres des Affaires Etrangères, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (les Etats Unis, la Russie, la Chine, la France et la Grande Bretagne) ainsi que les pays de la région.

Alors que Moscou a annoncé sa participation, l'ONU n'a pas confirmé la tenue de la réunion.

Sur www.lepoint.fr le 27/06/2012

lundi 11 juin 2012

Les tensions augmentent entre l'Iran et l'Azerbaïdjan



Les relations déjà tendues entre l'Iran et l'Azerbaïdjan qui opère comme un avant-poste des Etats-Unis et d'Israël dans la mer Caspienne, ont continué de se détériorer ces derniers jours.

Il y avait eu un durcissement de ton de part et d'autre suite au Concours Eurovision de la Chanson qui s'est tenu cette année à Bakou. Le 29 mai, l'Azerbaïdjan avait empêché un influent imam iranien d'entrer dans le pays après que les Islamistes iraniens ont qualifié le concours de la chanson de « parade pour homosexuels. » Il y a eu des protestations réciproques dans les deux pays durant le concours. Téhéran et Bakou ont depuis tous deux rappelé leur ambassadeur.

Le 30 mai, le gouvernement de Bakou avait aussi envoyé une note à Téhéran lui demandant des informations sur le lieu de séjour de deux écrivains d'Azerbaïdjan qui auraient disparu en Iran. Les médias russes parlent maintenant ouvertement d'une « guerre diplomatique. »

La raison de ces relations tendues est l'étroite collaboration de l'Azerbaïdjan avec les Etats-Unis et Israël dans les préparatifs de guerre contre l'Iran. Téhéran a accusé plusieurs fois le gouvernement de Bakou d'être impliqué dans les assassinats de scientifiques nucléaires iraniens qui ont été très probablement perpétrés par des agences du renseignement américain et israélien. L'Iran se sent à juste titre menacé par le réarmement systématique de l'armée d'Azerbaïdjan qui est assuré par Israël et les Etats-Unis.

Les Etats d'Azerbaïdjan, de Russie, du Turkménistan, du Kazakhstan et d'Iran se querellent depuis des années au sujet d'un relevé de frontière dans la mer Caspienne riche en pétrole dont le statut territorial n'a pour cette raison toujours pas été défini. Tahir Zeynalov, analyste de l'Académie diplomatique d'Azerbaïdjan, a dit au journal en ligne Eurasianet.org que l'Azerbaïdjan aura à se défendre contre d'éventuelles tentatives de l'Iran d'effectuer des forages d'exploration pétrolière dans la région que son pays pourrait revendiquer « comme étant le nôtre. »

Durant le récent Concours Eurovision de la Chanson, deux vaisseaux garde-côtes d'Azerbaïdjan ont patrouillé dans le port de Bakou et il y a des divulgations d'articles de presse associant cette manoeuvre à de prétendues menaces de l'Iran. En réaction à cette provocation ouverte, l'Iran a procédé à des exercices militaires impliquant six navires de guerre près de la frontière avec l'Azerbaïdjan.

L'armée de l'Azerbaïdjan, et particulièrement la marine, a été systématiquement réarmée ces dernières années par les Etats-Unis. Entre 2010 et 2011, les dépenses militaires de l'Azerbaïdjan sont passées de 3,95 pour cent à 6,2 pour cent du PIB, voire 3,1 milliards de dollars. Dans un télégramme de 2009 du gouvernement américain, publié par WikiLeaks, l'Azerbaïdjan est décrit comme « un partenaire important dans la guerre contre le terrorisme. » Les dirigeants de l'Azerbaïdjan avaient soutenu les guerres contre le Kosovo, l'Irak et l'Afghanistan.

La dépêche dit aussi: « En tant que partie intégrante du plan d'action individuel pour le partenariat de l'OTAN (NATO Individual Partnership Action Plan), l'Azerbaïdjan a promis d'accroître la capacité de ses forces navales pour empêcher les menaces dans la mer Caspienne et pour apporter sa contribution dans la lutte contre le terrorisme. A cette fin, le ministre de la Défense travaille en étroite collaboration avec le Département d'Etat à la Défense des Etats-Unis depuis deux ans … Les plongeurs et les commandos de la marine de l'Azerbaïdjan ont reçu un entraînement et de l'équipement de la part des Etats-Unis.

L'Azerbaïdjan est non seulement riche en pétrole et en gaz, qui est largement exporté vers les Etats-Unis et l'Union européenne, mais elle est aussi un important pays de transit pour des ressources provenant du reste du bassin Caspien et d'Asie centrale. La dépêche précitée l'indique clairement : « L'un des intérêts clé américain est ici la capacité de l'Azerbaïdjan à continuer à produire et à exporter des ressources en hydrocarbures provenant de réserves qui sont situées au large de la mer Caspienne. »

Israël est aussi directement impliqué dans l'armement de l'Azerbaïdjan. En février de cette année, Bakou a accepté d'acheter d'Israël des armes d'une valeur de 1,6 milliard de dollars. Les nouveaux systèmes d'armes commandés à Israël comprennent des missiles basés en mer et des drones. Grâce au soutien des Etats-Unis et d'Israël, Bakou dispose à présent d'une marine plus lourdement armée dans la région Caspienne que la Russie.

Selon un rapport publié par le magazine américain Foreign Policy, Israël a maintenant accès aux bases aériennes près de la frontière au Nord de l'Iran, d'où des frappes aériennes pourraient être lancées contre Téhéran.

On a aussi pu voir la semaine dernière à quel point l'Azerbaïdjan est impliqué dans les préparatifs de guerre contre l'Iran, dans un article du Washington Post détaillant la suggestion absurde d'une tentative d'assassinat présumé de l'Iran contre des responsables américains en Azerbaïdjan. (Voir : « Washington Post airs another unlikely Iranian assassination plot »)

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, est attendue à Bakou le 6 juin pour rencontrer le président d'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, et le ministre des Affaires étrangères, Elmar Mamedyarov. A l'ordre du jour figurera le conflit du Haut-Karabakh (Nargorny-Karabagh), une région au sujet de laquelle l'Azerbaïdjan a été en conflit pendant des années avec son voisin l'Arménie.

Le conflit territorial au sujet du Haut-Karabakh est un motif important pour le soutien que l'Azerbaïdjan apporte à présent aux Etats-Unis et à Israël. En cas de guerre au sujet du Haut-Karabakh, la Russie et l'Iran se rallieraient à l'Arménie tandis que l'Azerbaïdjan compterait évidemment sur un soutien de Washington.

La question de l'Iran est aussi d'une importance capitale. Selon le journal en ligne de l'Azerbaïdjan AKZ.az, les experts s'attendent à ce que Clinton discute du « programme de la guerre contre le terrorisme et de l'aide à l'Azerbaïdjan, » et du « rééquipement technique des services secrets de l'Azerbaïdjan. »

La Turquie qui appuie aussi une intervention militaire contre la Syrie, et qui joue actuellement un rôle de premier plan pour équiper les rebelles syriens, envoie quatre hauts responsables militaires comme occasion de manifester publiquement son soutien à Bakou, en soulignant les liens de longue date qui existent entre Ankara et ce pays de langue turque. L'agence d'information russe Regnum a cité une source anonyme proche de l'armée turque disant : « Par cette mesure, la Turquie veut faire comprendre à l'Iran qu'elle ne laissera pas l'Azerbaïdjan toute seule. »

Par Clara Weiss. Article original en anglais sur WSWS le 05/06/2012

lundi 4 juin 2012

Syrie: Assad nie tout lien avec le massacre de Houla et accuse de nouveau l'étranger


Le président syrien Bachar al-Assad a nié dimanche tout lien avec le massacre de Houla dans lequel 108 personnes dont 49 enfants ont péri le 25 mai, se disant déterminé à venir à bout de la révolte qui secoue son régime depuis près de 15 mois.

Resté sourd aux appels à cesser la violence, M. Assad a de nouveau accusé l'étranger de mener une "guerre" contre la Syrie et écarté tout dialogue avec l'opposition, dans un discours devant le nouveau Parlement.
La communauté internationale a multiplié ces derniers jours les mises en garde contre les risques d'une guerre civile en Syrie, même si elle est divisée sur la façon de régler le conflit alors que le cessez-le-feu préconisé par le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan est resté lettre morte.

Devant les députés issus des élections du 7 mai organisées en pleines violences et boycottés par l'opposition, M. Assad a rendu hommage à "tous les martyrs, civils ou militaires". Il a souligné que les auteurs du carnage de Houla (centre) étaient des "monstres".

La rébellion et le régime se sont rejeté la responsabilité du massacre, alors qu'un haut responsable de l'ONU a dit que "de forts soupçons" pesaient sur les milices pro-régime.

M. Assad a martelé que son pays faisait face à un "plan de destruction" et "à une véritable guerre menée de l'étranger". Ne reconnaissant pas l'ampleur de la révolte qu'il assimile à du terrorisme, il a d'autre part souligné que son régime avait en vain "essayé par tous les moyens politiques" de sortir de la crise et prévenu qu'"il n'y aurait pas de compromis dans la lutte contre le terrorisme, la sécurité de la nation étant une ligne rouge".

M. Assad a écarté tout dialogue avec les opposants "liés à l'étranger", en allusion notamment au Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, qui refuse à son tour tout dialogue avant un départ de M. Assad.

Réagissant au discours, un responsable du CNS joint par l'AFP a dénoncé des propos qui reflètent la volonté du président Assad de poursuivre la répression "dans le sang".

Les militants pro-démocratie ont riposté aux propos du président syrien sur leur page "Syrian Revolution 2011" sur Facebook: "Sortons tous, (...) pour répondre au bourreau, au meurtrier des enfants. Mettez-vous en colère, intensifiez la colère sur le terrain par tous les moyens".

La révolte s'est militarisée au fil des mois face à la répression. Les violences continuent de tuer malgré la présence de près de 300 observateurs de l'ONU censés surveiller un cessez-le-feu proclamé le 12 avril dans le cadre du plan Annan et systématiquement violé.

Samedi, 89 personnes ont été tuées, dont 57 soldats, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), le bilan le plus lourd pour l'armée régulière en une journée depuis mars 2011.

Dimanche, 39 personnes ont été tuées dans les violences à travers le pays, dont douze civils, 19 soldats, cinq combattants rebelles et trois déserteurs, selon l'OSDH.

Plus de 13.400 personnes ont été tuées en près de 15 mois, en majorité des civils morts dans la répression, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Manoeuvres"

Face à l'escalade, le chef de la diplomatie saoudienne Saoud Al-Fayçal a accusé M. Assad de "manoeuvrer" pour "gagner de temps" et affirmé que son pays "soutient la création d'une zone tampon en Syrie".

A son tour, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé M. Assad de conduite "autocratique": "Jusqu'à présent, je ne l'ai pas vu appréhender les réformes avec une compréhension démocratique. Il continue d'appréhender les problèmes avec une logique autocratique".

Human Rights Watch a appelé à "isoler" les groupes vendant des armes à Damas, comme la compagnie publique russe Rosoboronexport: "Fournir des armes à la Syrie alors que des crimes contre l'humanité y sont commis pourrait revenir à une assistance dans l'accomplissement de ces crimes".

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a pour sa part exhorté la Russie à soutenir une transition politique en Syrie, déclarant que le départ du président Assad n'était pas une condition préalable mais devait être "un résultat" de cette transition.

Lors de déplacements vendredi à Berlin puis à Paris, le président russe Vladimir Poutine était resté ferme sur ses positions sur la Syrie, écartant de nouveau toute sanction de l'ONU contre le régime de Damas de même que le départ du président Assad.

"Nous devons éviter un embrasement qui pourrait mettre le feu à toute la région", a par ailleurs déclaré au journal "Bild am Sonntag" le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle, qui entame lundi une tournée qui l'emmènera en Turquie, au Liban ainsi qu'au Qatar et aux Emirats arabes unis.

Au Liban où la révolte syrienne attise les tensions, le calme est revenu dans la ville de Tripoli (nord) où des affrontements entre Libanais pro et anti-Assad ont fait 14 morts la nuit de vendredi à samedi.

Sur www.liberation.fr le 04/06/2012

mardi 29 mai 2012

L'UE durcit le ton face à la Syrie


La plupart des capitales européennes ont décidé, ensemble, d'expulser leurs ambassadeurs syriens.

L'Union européenne hausse le ton face à Bachar el-Assad. La France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Espagne ont annoncé mardi l'expulsion des ambassadeurs syriens dans leur capitale en représailles au massacre de Houla, survenu ce week-end, qui a provoqué la mort de 108 personnes, dont 49 enfants.

C'est le nouveau président français, François Hollande, qui a initié le mouvement, annonçant l'expulsion de l'ambassadrice à Paris, Lamia Chakkour, et une réunion dans la capitale française début juillet du groupe des pays "amis de la Syrie".

Une décision concertée avec les partenaires européens

Le chef de l'Etat a tenu à préciser qu'il s'agissait d'"une décision non pas unilatérale de la France, mais d'une décision concertée avec (ses) partenaires". "J'ai eu une conversation hier (lundi) avec David Cameron, le Premier ministre britannique. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a eu une discussion avec le secrétaire général des Nations Unies et nous avons convenu d'un certain nombre de pressions à exercer sur la Syrie", a précisé François Hollande.

Quelques minutes plus tard, l'agence de presse allemande dpa annonçait la convocation de l'ambassadeur de Syrie en Allemagne où son expulsion du territoire allemand devait lui être signifiée. L'ambassadeur devra quitter l'Allemagne d'ici 72 heures.

Le chargé d'affaires syrien à Londres, déjà convoqué lundi par le Foreign Office, a appris également mardi l'annonce de son expulsion. Rome a également expulsé le représentant diplomatique syrien en Italie. Même chose en Espagne.

Ailleurs dans le monde, l'Australie et le Canada ont pris les mêmes sanctions. Ces expulsions concertées marquent une nouvelle phase dans les initiatives amorcées par la communauté internationale face à la crise en cours depuis plus de 14 mois en Syrie.

lundi 21 mai 2012

La contre-alliance russo-chinoise: l’Organisation de la Coopération de Shanghaï peut-elle émerger comme un contre-poids à l'OTAN


Il est impossible de ne pas remarquer que l'OCS est maintenant au-delà des problèmes régionaux. A la réunion de Pékin, le texte de la déclaration finale des états membres de l'OCS a été adopté. D'après les sources de Ria Novosti auprès de la délégation russe, le document condamne le programme du bouclier anti-missile américain. Une position consolidée de l'OCS sur les systèmes anti-missiles balistiques a le pouvoir potentiel de devenir un important contre-poids aux plans de l'OTAN dans ce domaine.

Bien que depuis des années l'OCS marchait sur des œufs en faisant certaines déclarations sur la politique étrangère, l'organisation change. L'OCS est pour des changements majeurs en jugeant par les résultats de la réunion des ministres des affaires étrangères de l'organisation dans la capitale chinoise avant le sommet de l'OCS programmé à Pékin les 6 et 7 Juin courant. L'OCS a été créée dans les années 1990 comme une institution devant servir à un regain de confiance entre la Russie, la Chine et quatre pays d'Asie centrale: le Kazakhstan, le Kyrgystan, le Tajikistan et l'Ouzebekhistan, ceci principalement dans le domaine de la coopération militaire.

Les états membres de l'OCS étaient unis par la menace commune que représentait le fondamentalisme islamique, représenté par la dominance des Talibans en Afghanistan. Mais aux début des années 2000, l'OCS a changé son objectif sur la lute contre le terrorisme international et contre le traffic de la drogue, ainsi que dans la coopération économique et humanitaire.

L'Organisation a tenu des positions équilibrées et raisonnables sur les évènements internationaux et a continué une politique très prudente, ne donnant jamais raison aux analystes de la considérer comme une alliance politique et militaire sérieuse. L'Inde, le Pakistan, l'Iran et la Mongolie rejoignirent l'organisation en tant qu'observateurs, tandis que la Biélorussie et le Sri Lanka devenaient des "interlocuteurs". Mais les temps ont changé et l'OCS a changé avec eux. Les crises au Moyen-Orient, incluant celles déclanchées par le "printemps arabe", le rôle des nations occidentales dans la situation et le retrait des troupes américaines de l'Irak et de manière plus importante d'Afghanistan, ont appelé à une révision de l'approche de l'organisation et de développer ses efforts de politique étrangère.

Comme l'indique le discours du ministre russe des affaires étrangères Sergeï Lavrov donné dans une réunion récente de l'OCS: à partir de dorénavant l'OCS formulera une politique commune pour tous ses participants si une crise doit apparaître dans la région. Il apparaît que le nouveau mécanisme de fonctionnement sera lancé dès le mois prochain, à la veille de la conférence internationale sur l'Afghanistan programmée pour le 14 Juin à Kaboul. "La situation en Afghanistan et ses alentours soulève des préoccupations majeures. Nous devrions participer activement à toutes les discussions internationales ayant trait à ces problèmes liés à l'Afghanistan en coordonnant nos positions", a dit Lavrov. L'OCS prendra évidemment en considération les décisions du sommet de l'OTAN qui se tiendra fin Mai à Chicago et qui adressera la situation dans ce pays.

Des déclarations antérieures du ministre russe des affaires étrangères ont clairifié que la nature de la présence militaire américaine et de l'OTAN en Afghanistan sera la priorité de l'agenda. Moscou et Pékin argumentent contre la présence continue de troupes étrangères en Afghanistan, présence qui va bien au-delà d'une question de sécurité et de police dans le pays. Moscou aimerait aussi entendre parler d'un rapport concernant l'application de la résolution de l'ONU qui a servi de base pour participer à cette campagne militaire en Afghanistan.

La position consolidée de l'OCS soutiendra de manière substantielle les efforts de la Russie et de la Chine dans ce domaine. Les demandes de Moscou et de Pékin seront même plus soutenues si le nombre d'états membres ou de pays associés augementent. Pendant la réunion récente, Lavrov a appelé à l'approbation des demandes d'intégration enregistrées pour l'Inde et la Pakistan. De plus, l'organisation est en faveur de donner à l'Afghanistan le statut d'observateur et de faire de la Turquie un interlocuteur. Il est donc impossible de ne pas noter que l'OCS est maintenant au delà de la portée des seuls problèmes régionaux.

A la réunion de Pékin, le texte définitif de la déclaration des états membres de l'OCS a été arrêté. D'après l'agence de presse Ria Novosti et de ses sources auprès de la délégation russe, le document condamne le programme de bouclier anti-missile des Etats-Unis. RIA Novosti cite une partie du document qui dit que l'expansion illimitée unilatérale du système anti-missile balistique pourrait endommager le sécurité et la stabilité stratégique internationales. Cette déclaration soutient clairement les efforts de Moscou à répudier les plans du système américain anti-missile, qui s'il est mis en application, pourrait dévaluer le potentiel stratégique russe. Quoi qu'il en soit, la Chine est également intéressée à désarmorcer le processus américain, alors que ses forces nucléaires sont même plus vulnérables (que les russes).

Une position renforcée de l'OCS sur les systèmes anti-missiles a le potentiel de devenir en l'occurence un sérieux contre-poids aux plans de l'OTAN dans ce domaine. Néanmoins, d'après les documents et les déclarations publiés, il n'y a aucune provision pour donner à l'OCS des fonctions militaires et de défense. Il est pourtant possible, comme le dit le journal Kommersant, que quelques instruments additionnels soient contenus dans la stratégie de développement futur de l'organisation, ce qui devra être approuvé par les chefs-d'état des membres de l'organisation. L'essence même de la stratégie demeure inconnue, puisqu'elle est toujours sujette à négociation.

Article original en anglais sur www.globalresearch.ca par  Andreï Ilyashenko le 21/05/2012Traduction : Résistance 71

Bush condamné pour crimes de guerre par contumace

Kuala Lumpur. – C'est officiel : George Bush est un criminel de guerre. Dans ce qui est la première condamnation de ce type dans l'histoire, l'ex-président des USA et sept membres de son administration ont été condamnés hier (vendredi) pour crimes de guerre. Bush, Dick Cheney, Donald Rumsfeld et leurs conseillers juridiques Alberto Gonzales, David Addington, William Haynes, Jay Bybee et John Yoo ont été jugés par contumace en Malaisie.

Le procès qui s'est tenu à Kuala Lumpur a permis d'entendre les témoignages poignants de victimes de tortures subies par ces personnes alors qu'elles étaient aux mains des troupes américaines ou de contractants en Irak et en Afghanistan.

L'un d'eux est le témoignage d'un Britannique, Moazzam Begg, ex-détenu de Guantanamo et aussi celui d'une femme irakienne, Jameelah Abbas Hameedi qui ont été torturés dans la tristement célèbre prison d'Abu Ghraib.

À la fin des audiences qui ont duré tout le week-end, les 5 membres de la Cour ont prononcé à l'unanimité le verdict de culpabilité à l'encontre de Bush, Cheney, Rumsfeld et de leurs principaux conseillers juridiques, les condamnant tous pour crime de guerre en raison de tortures et de traitements cruels, inhumains et dégradants.

La transcription des accusations, les déclarations de témoins et d'autres documents du dossier seront transmis au Procureur général de la Cour Internationale de Justice, ainsi qu'aux Nations Unies et au Conseil de sécurité.

La Commission du Tribunal de guerre de Kuala Lumpur a également demandé à ce que les noms de Bush, Cheney, Rumsfeld, Gonzales, Yoo, Bybee, Addington et Haynes soient officiellement rajoutés au registre de la Commission pour les crimes de guerre.
Ce tribunal est né de l'initiative de l'ex-premier ministre malais, Mahathir Mohamad, qui s'est toujours opposé à l'invasion de l'Irak par les USA en 2003.

Il a assisté personnellement aux audiences où étaient évoquées les expériences personnelles de trois témoins, à savoir Abbas Abid, Moazzam Begg et Jameelah Hameedi. Le tribunal a aussi entendu deux autres déclarations statutaires de la part d'un citoyen irakien, Ali Shalal, et d'un Britannique, Rahul Ahmed.

Après que les cinq juges eurent prononcé la sentence de culpabilité, Mahathir Mohamad a déclaré : « Les États-Unis continuent impunément à commettre des meurtres. »

L'avocat et expert en crimes de guerre, Francis Boyle (ci-dessous), professeur en droit international à l'école de droit de l'université de l'Illinois, faisait partie de l'équipe de procureurs en charge de l'accusation.

Après le procès, il a déclaré : « C'est la toute première fois au monde que ces gens sont condamnés. »

Même si certains ne voient dans ce verdict qu'une mesure purement symbolique, le militant pour les droits de l'homme Francis Boyle a dit que Bush & Co allaient très certainement devoir faire face au même type de procès dans d'autres pays.

« Nous avons essayé par trois fois d'attraper Bush au Canada, mais le gouvernement canadien a fait échouer ces tentatives, puis nous l'avons dissuadé d'aller en Suisse. La démarche entreprise en Espagne a avorté à cause du gouvernement espagnol, et même résultat en Allemagne. »

Boyle a ensuite mentionné la Charte de Nuremberg qui a été utilisée comme support par le tribunal quand il s'est agi de justifier de la crédibilité de l'initiative malaise. Il rappelle que « les dirigeants, les organisateurs et les complices ayant participé à la formulation ou à l'exécution d'un plan commun ou d'un complot visant à commettre des crimes de guerre sont responsables de tous les actes perpétrés par quiconque met ces plans à exécution. »

Les USA sont sujets aux lois internationales communes et aux principes de la Charte de Nuremberg, a expliqué Boyle, qui pense également que le procès de ce week-end a été suivi de près par les responsables du Pentagone et de la Maison-Blanche.

Le professeur Gurdial Singh Nijar, qui présidait la Cour, a déclaré : « Le tribunal a porté une attention particulière au respect scrupuleux des principes dessinés par le tribunal de Nuremberg et les Cours internationales de justice. »

Il s'est aussi montré confiant sur le fait que le tribunal serait imité ailleurs dans le monde, « dans les pays qui ont le devoir de juger les criminels de guerre, » et il a cité le cas du dictateur chilien Augusto Pinochet, arrêté en Grande-Bretagne pour être extradé vers l'Espagne sur des accusations de crimes de guerre.

« Pinochet avait quitté son siège de Président depuis seulement 8 ans lorsque cela s'est produit. »

L'affaire Pinochet fut la première fois où plusieurs juges européens ont appliqué le principe de la juridiction universelle, se déclarant eux-mêmes compétents pour juger les crimes commis par l'ex-chef d'État, malgré les lois d'amnistie locales.

Tout au long de la semaine, la salle du tribunal était remplie d'experts juridiques et d'étudiants en droit écoutant les témoignages des témoins et les analyses croisées de la défense emmenée par l'avocat Jason Kay Kit Leon.

La Cour a entendu comment Abbas Abid, un ingénieur de 48 ans habitant Fallujah en Irak avait eu les ongles retournés à l'aide d'une pince.

•Ali Shalal était ligoté avec des fils électriques puis électrocuté alors qu'on le suspendait contre le mur. •Moazzam Begg a été battu, le visage encapuchonné, et maintenu en confinement. •Jameelah a été dénudé et humilié, et utilisé comme bouclier humain alors qu'il était transporté en hélicoptère. Les témoins ont également donné des détails sur les séquelles de leurs blessures qui perdurent encore aujourd'hui.

Moazzam Begg, qui travaille désormais comme directeur de l'association de défense des droits de l'homme basée à Londres, Cageprisoners, a dit être très satisfait du verdict, mais a ajouté : « quand les gens parlent de Nuremberg, il faut garder à l'esprit que les personnes jugées ont toutes été poursuivies après la guerre. »

« La prison de Guantanamo est toujours ouverte au jour d'aujourd'hui, des gens y sont toujours détenus et torturés. »

En réponse aux questions sur la différence entre les administrations Bush et Obama, il a ajouté : « Si le président Bush a été le président des tortures extrajudiciaires, alors le président américain Barack Obama est celui des assassinats extrajudiciaires, avec les frappes de drones. Notre travail ne fait que commencer. »

L'accusation s'est efforcée de montrer comment les décisionnaires au plus haut niveau, à savoir le président Bush, son vice-président Dick Cheney, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, aidés et secondés par leurs conseillers juridiques et d'autres hauts responsables, ainsi que des officiels de la CIA, avaient tous agi de concert. La torture était utilisée systématiquement et est devenue un standard de fait.

D'après l'accusation, les récits des témoins prouvent l'exercice continu contre eux de traitements brutaux, barbares et déshumanisants. Ces actes criminels ont été commis de façon cumulative afin d'infliger les peines et les souffrances maximales, ont expliqué les avocats.

Le président du tribunal, Tan Sri Dato Lamin bin Haji Mohd Yunus Lamin, (abrégé en « M. Lamin ») a statué que l'accusation avait établi au-delà de tout doute raisonnable que les personnes poursuivies, à savoir le Président George W. Bush et ses coaccusés, « avaient participé, à travers un ensemble d'instructions, de mémorandums, de directives, de recommandations et d'actions légales, à établir un plan d'ensemble et un objectif commun, ou encore une conspiration dans le but de commettre les crimes en relation avec la « Guerre contre la terreur » et avec les guerres lancées par les USA en Afghanistan et en Irak. »

Le président Lamin a précisé devant un parterre plein à craquer : « En tant que tribunal de conscience, la Cour n'a pas de pouvoir d'application de la loi (enforcement) ni celui d'imposer une sentence d'emprisonnement à l'une quelconque des 8 personnes condamnées. Ce que nous pouvons faire, au titre de l'article 31 du Chapitre IV de la 2e partie de la Charte, est de recommander à la Commission des Crimes de guerre de Kuala Lumpur qu'elle transmette le verdict d'accusation par le Tribunal, accompagné des documents attenants, au Procureur en chef de la Cour criminelle internationale, ainsi qu'aux Nations Unies et au Conseil de sécurité. »

« Le Tribunal recommande également à la Commission des crimes de guerre de Kuala Lumpur que les noms des personnes condamnées soient ajoutés au Registre des Criminels de guerre de la Commission, et que celui-ci soit communiqué au public. »

« Le Tribunal recommande également que la Commission des crimes de guerre de Kuala Lumpur diffuse le plus largement possible au niveau international l'information sur cette condamnation et sur les garanties de compensations, étant donné qu'il s'agit ici de crimes universels pour lesquels il est de la responsabilité de chaque nation de poursuivre juridiquement ces personnes si elles venaient à pénétrer sur le territoire où s'applique leur juridiction. »

Yvonne Ridley sur www.mondialisation.ca le 21/05/2012