vendredi 8 juin 2012

Les tambours de guerre se font entendre

Les tambours de guerre se font à nouveau entendre à Washington. Cette fois-ci, c'est la Syrie qui semble être dans la ligne de mire, après qu'un massacre qui a entraîné la semaine dernière la mort d'une centaine de personnes. Comme nous pouvions nous y attendre, après l'annonce d'une politique de 'changement de régime' en Syrie, la réaction des Etats-Unis fut de blâmer le gouvernement Syrien pour la tragédie, de renvoyer les diplomates Syriens présents à Washington, et de menacer la Syrie d'une intervention militaire, que les Nations-Unies soient d'accord ou non. Il est clair que l'idée que l'administration des Etats-Unis soit encline à respecter la Constitution et soumettre sa décision d'entrer en guerre au Congrès paraît plus anachronique aujourd'hui qu'elle ne l'était sous la précédente administration.

Bien qu'il se pourrait que le gouvernement Syrien soit effectivement responsable des évènements s'étant déroulés la semaine dernière, il semblerait que les plus récentes attaques aient été portées par des rebelles armés liés à Al- Qaïda. Les enjeux sont tels qu'il serait selon moi bien plus sage d'attendre les résultats de l'enquête avant d'en dire plus – à moins que la vérité soit moins importante que la volonté de manipuler le public en faveur d'une attaque de la Syrie par les Etats-Unis.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles se montrer sceptique face aux déclarations faites par le gouvernement Américain dans les médias. Combien de fois a-t-il, jusqu'à présent, utilisé mensonges et exagérations afin de partir mener le combat en terres étrangères ? Il n'y a pas si longtemps, on nous disait encore que Kadhafi planifiait le génocide du peuple Libyen, et que le seul moyen d'y faire face était d'employer la force militaire.

Avant même que ces déclarations n'aient été prouvées comme étant totalement infondées, les Etats-Unis et l'OTAN avaient déjà bombardé le pays, détruit ses infrastructures, tué de très nombreux civils et laissé derrière eux la place à un groupe de violents bandits.

De la même manière, de nombreux mensonges ont été contés au peuple Américain en 2003 afin de gagner son support en faveur de la guerre en Irak – vous souvenez-vous de ces histoires faisant mention de drones transatlantiques et d'armes de destruction massive ? Les avocats de la guerre ne comprennent rien aux complexités de la société Irakienne, ni à ses différences tribales et religieuses.

En conséquence, l'Irak n'est plus aujourd'hui qu'un champ de bataille où le chaos est roi, sa population Chrétienne ayant été éradiquée, et son économie propulsée plusieurs dizaines d'années en arrière. Une guerre inutile menée grâce au pouvoir du mensonge et de la manipulation ne pourrait pas se terminer autrement.

Il y a un peu plus longtemps de cela, on nous récitait d'autres mensonges à propos du génocide et des massacres au Kosovo, simplement pour frayer un chemin à la campagne de bombardement menée par le président Clinton contre la Yougoslavie. Plus de 12 ans après les faits, cette région du monde est toujours aussi dangereuse et instable qu'elle ne l'était avant l'intervention des Etats-Unis – et des troupes militaires Américaines y sont toujours déployées.

L'histoire que l'on nous conte du massacre Syrien ne cesse de changer, ce qui devrait éveiller les soupçons. En premier lieu, nous avons pu entendre qu'il aurait été commandité par le gouvernement et que les dégâts auraient été causés par des tirs d'obus, avant qu'une enquête ne dévoile que la plupart des victimes avaient été abattues à bout portant ou à l'aide de couteaux et objets tranchants. Personne n'a pris le temps de nous expliquer pourquoi les forces gouvernementales se seraient personnellement rendues de maison en maison pour ligoter les mains de leurs habitants avant de les assassiner puis de laisser les rebelles se charger des pires barbarismes. Personne ne semble vouloir poser ni répondre à ces questions, mais il serait sage que nous nous demandions qui bénéficie réellement de ces mensonges.

Ces quelques dernières semaines, nous avons entendre dans les médias que l'administration Obama apporterait son assistance 'non-mortelle' directe aux rebelles Syriens en y facilitant le transfert d'armes depuis d'autres pays du Golfe. Cette assistance semi-secrète aux rebelles dont nous ne savons que trop peu de choses menace de se transformer en une intervention ouverte. La semaine dernière, le général Martin Dempsey, directeur de Joint Chiefs of Staff, déclarait à ce sujet que 'l'option militaire devrait être considérée'. Moi qui croyais que cette décision reposait entre les mains du Congrès…

Nous voici engagés dans une course folle vers une guerre contre la Syrie. Il est temps que nous donnions un grand coup de frein.

Par Ron Paul* sur www.dailypaul.com le 8 juin 2012

* Ron Paul a participé aux primaires du parti républicain pour les élections présidentielles des USA. Classé dans la catégorie des outsiders, il a néanmoins fait figure de "troisième homme" de ces primaires avec 15% des intentions de votes dans les sondages.

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