mardi 5 mars 2013

Une nouvelle génération prend les commandes de la Chine

Le nouvel exécutif chinois sera désigné à l'issue de l'Assemblée nationale populaire qui s'ouvre aujourd'hui.Pour redonner un coup de fouet à la croissance du pays, le nouveau pouvoir devra dynamiser sa consommation intérieure,

Dix ans après avoir pris ses fonctions en tant que Premier ministre chinois, Wen Jiabao s'apprête à quitter la scène en prononçant, aujourd'hui, son dernier grand discours, à l'occasion de l'ouverture de l'assemblée nationale populaire. Un événement annuel que suivra de très près la planète entière, car c'est au cours de ces deux semaines que sera annoncée la composition du nouvel exécutif chinois.

 

De cette équipe, on connaît déjà les deux têtes d'affiche, appelées à tenir les rênes du pays pendant dix ans. Conformément à l'usage chinois, c'est en effet à l'automne dernier, lors d'un congrès du PC sous haute tension, qu'ont été nommés les sept membres du Comité permanent du bureau politique. Le numéro un de cette liste, Xi Jinping, doit donc, sous peu, succéder à Hu Jintao au poste de président de la République, tandis que le numéro deux, Li Keqiang, remplacera Wen Jiabao à la tête du gouvernement.

La pression qui repose sur ces deux hommes, et sur l'ensemble de la nouvelle administration chinoise, est immense. Après trois décennies de croissance fulgurante, l'équation chinoise se complique. Même si l'atterrissage brutal que redoutaient certains analystes a pour l'instant été évité, grâce à un rebond économique en fin d'année 2012, l'impératif des réformes ne fait plus de doutes. Pour redonner un coup de fouet à sa croissance, la Chine doit dynamiser sa consommation intérieure, un voeu exprimé par Pékin depuis des années mais qui ne s'est toujours pas matérialisé. Au contraire, la part de celle-ci dans le PIB a eu tendance à diminuer depuis dix ans.

Un ton neuf et proche du peuple

Si les mots n'ont pas été suivis d'actes, c'est que la plupart des mesures à mettre en oeuvre sont sensibles. Elles impliquent, d'une part, de libéraliser l'économie, ce qui nécessite de s'attaquer à une somme d'intérêts particuliers qui se confondent bien souvent avec le pouvoir politique. Et d'autre part, il faut faire disparaître plusieurs injustices ancrées dans le système. L'une des principales est le mécanisme de dédommagement des populations rurales lorsque celles-ci doivent céder leurs terres à des promoteurs. Cause de la majorité des troubles sociaux, ces indemnisations souvent dérisoires incarnent les dérives d'une organisation politique peu conforme à un Etat de droit et dépourvue de contre-pouvoirs. A la barre en tant que patron du PC, Xi Jinping a eu le temps, en moins de quatre mois, d'insuffler une dose d'espoir sans précédent face à ce qui s'annonce comme un périlleux casse-tête. Avec un ton neuf et proche du peuple, il a fait la preuve, dans son discours, de son souhait de s'attaquer à tous les sujets sensibles. Li Keqiang, lui, a martelé son projet pour le pays, centré autour de l'urbanisation. Il semble donc y avoir une volonté et un cap. L'assemblée qui s'ouvre aujourd'hui doit conférer au nouvel exécutif chinois les moyens de passer aux actes. 

Par Gabriel Gresillon le 05/03/2013 sur www.lesechos.fr

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