samedi 30 avril 2016

Apport de l'Expo 2017 pour Astana

Chaque année, le Kazakhstan, en plein développement de son Etat, essaye d'agir de plus en plus en tant que participant actif dans le système des relations internationales. Il a présidé plusieurs organisations internationales, un sommet de l'OSCE, les Jeux asiatiques 2011, et l'année prochaine les Universiades d'hiver. Et la même année, Astana accueillera l'EXPO 2017.

Une attention particulière est accordée à la dernière épreuve. Après tout, le coût de l'Expo est si élevé que la marge d'erreur est faible. En règle générale, l'organisation de tels événements requiert une économie avancée et un système politique stable, cependant cela ne constitue pas une garantie de succès. Ce type d’événement a sa propre logique interne et les lois qui déterminent le succès sont assez difficile à identifier à l'avance.

La mise en œuvre de l'exposition internationale spécialisée EXPO 2017 à Astana est l'un des projets clés du Kazakhstan. L'initiative d'organiser un tel événement à grande échelle dans la capitale du "léopard" de l'Asie centrale appartient au chef de l'Etat.

Le Président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbayev, n'a pas manqué de noter que le but de l'"EXPO 2017" comprend une démonstration des réalisations du pays et la présentation de la communauté mondiale de ses capacités.

Beaucoup de gens connaissent cette république comme un acteur majeur de l'énergie, l'un des principaux pays pour l'extraction du minerai d'uranium, l'exportation de blé, et propriétaire de vastes ressources naturelles. Le monde a besoin de démontrer qu'un nouveau pays s'est tourné vers l'avenir.

Le président Noursoultan Nazarbayev voit en chaque nouvel événement, un bénéfice d'image pour son pays. Il a demandé aux architectes, artistes et designers de venir au Kazakhstan à l'exposition d'un chef-d'œuvre architectural unique qui ne deviendra pas seulement un symbole de "EXPO 2017», mais entrera aussi parmi les trésors du monde urbain, tel la Tour Eiffel à Paris ou le Crystal Palace à Londres.

L'"EXPO 2017" est un projet national et la plus grande opportunité du Kazakhstan pour faire avancer les nouvelles énergies et les technologies vertes. L'exposition affectera positivement l'image du pays, son développement économique, ainsi qu'elle mettra en lumière l'un des problèmes les plus urgents qui concernent la communauté internationale, «L'énergie de l'avenir» que sont les sources alternatives et renouvelables.

Cela permettra aux visiteurs de se concentrer sur les avantages de l'énergie de l'avenir que sont le respect de l'environnement et son faible coût d'exploitation.

Les avantages de l'organisation et de la réalisation de tels événements importants et significatifs sont évidents. Pendant les trois mois de "EXPO 2017" seront présents environ 100 pays participants et 10 organisations internationales. Selon les prévisions du comité d'organisation de "EXPO 2017", durant l'exposition, la capitale kazakhe sera visitée par environ 3 à 4 millions de personnes.

L'exposition donnera également une puissante impulsion à la diversification économique et à la modernisation technologique des capacités de production et de la base scientifique du pays. La préparation d'un tel événement d'envergure impliquera les petites et moyennes entreprises locales, y compris pour la construction des installations et de l'infrastructure de l'exposition.

En conséquence, l'exposition améliorera considérablement l'infrastructure de la ville. Sa construction, qui est déjà en plein essor, non seulement contribue directement au développement du secteur de la construction, mais améliore aussi le secteur correspondant de la formation. A son tour, cela implique l'augmentation de l'emploi.

Si l'EXPO internationale à Astana va devenir une plate-forme pour l'innovation dans le monde de l'énergie et contribuera au développement et à l'utilisation de sources d'énergie alternatives et renouvelables. Le pays profitera d'effets socio-économiques à long terme, qui donneront une puissante impulsion à la poursuite de la diversification et la modernisation de l'économie, et assureront la transition du Kazakhstan vers une économie «verte».

Ce grand élan profitera également à l'industrie du tourisme, des affaires et des services, ainsi qu'au développement des petites et moyennes entreprises et donc de nouveaux emplois.

Pour le Kazakhstan, "EXPO 2017" sera un événement marquant : jamais une exposition internationale de cette ampleur ne s'est tenue dans les pays d'Asie centrale et de la CEI. Et l'exposition est un grand pas en vue de transformer le Kazakhstan en plate-forme d'exposition et d'information de niveau mondial.

C'est une occasion unique pour un grand saut vers le développement technologique de ce pays. Et ce ne sera pas seulement lié aux bâtiments modernes et aux installations d'infrastructure pour la mise en œuvre d'idées novatrices qui seront laissées après l'exposition dans le secteur d'Astana. Il est également important que ces nouvelles technologies et ces innovations puissent entrer qualitativement dans la vie de toute cette république.

Tenant compte de l'expérience internationale, tous les pavillons, les bâtiments culturels et résidentiels et les bâtiments associés sont construits en tenant compte de leur exploitation la plus efficace après l'exposition. Après 2017, la zone d'exposition, avec ses bâtiments uniques et innovants deviendra le nouveau centre financier d'Astana. La majorité des sites utiliseront l'énergie verte, y compris l'énergie éolienne et solaire. Une partie du complexe servira de base pour l'extension de l'"Université Nazarbayev", dont les étudiants et jeunes scientifiques seront en mesure de poursuivre le développement de technologies nouvelles.

Ainsi, l'EXPO à Astana sera un héritage qui restera dans le pays et contribuera à son développement et à la prospérité à venir.

vendredi 29 avril 2016

La capitale nord-coréenne viendrait d’entrer dans une phase d’hibernation sécuritaire.

La capitale nord-coréenne vient, selon les média Sud-Coréens, d’entrer dans une phase d’hibernation sécuritaire.

A une semaine de l'ouverture à Pyongyang d'un exceptionnel Congrès du Parti du travail, qui doit permettre de consolider l'autorité du jeune dictateur Kim Jong-un sur le régime paléo-stalinien, la capitale nord-coréenne vient, selon les médias sud-coréens, d'entrer dans une phase d'hibernation sécuritaire. Le pouvoir paranoïaque voulant s'assurer qu'aucun incident ne viendra gâcher la première grande réunion depuis 1980 des cadres du Parti qui règne sur la nation isolée depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Citant des sources étatiques à Séoul, l'agence de presse sud-coréenne Yonhap assure que le deuxième bureau du ministère de la Sécurité publique nord-coréen aurait récemment ordonné une interdiction des mariages et des funérailles dans Pyongyang. Tout regroupement de population pouvant être source d'inquiétude pour le pouvoir autoritaire.

La dictature aurait également suspendu l'émission des cartes d'autorisation de voyages que les Nord-coréens doivent habituellement négocier pour voyager d'une région à l'autre. Il serait désormais impossible aux habitants de province d'espérer rentrer dans la capitale dans les prochains jours. Par ailleurs, la police aurait commencé les contrôles pour s'assurer que toutes les personnes étant récemment venues dans la ville pour des affaires personnelles ou professionnelles sont bien reparties dans leurs régions d'origine.

Les contrôles du trafic, dans les entreprises et dans les foyers par des agents du ministère de la Sécurité publique ont également été renforcés et les verbalisations se sont multipliées dans les rues, dans les entreprises ou encore dans les foyers. Les autorités nord-coréennes avaient décrété à la mi-février une « bataille de 70 jours », durant laquelle les voyages et les déplacements étaient interdits après 22h.

Les autorités, qui devraient réunir 3.000 délégués du Parti du travail, n'ont pour l'instant pas communiqué sur le calendrier exact du Congrès, qui pourrait donner lieu à un remaniement au sein des élites entourant Kim Jong-un. Guettant cette réunion pour percevoir d'éventuelles tensions ou évolutions au sein du régime, les grandes capitales de la région craignent l'organisation, dans les jours qui viennent, de nouveaux coups d'éclat militaires destinés à nourrir le culte de Kim Jong-un. Hier, le pays a ainsi encore tenté de tirer, sans succès, deux missiles Musudan, potentiellement très dangereux pour les nations de la zone. Et un nouvel essai nucléaire serait imminent , assure Séoul.

Par Yann Rousseau sur www.lesechos.fr le 29/04/2016

lundi 25 avril 2016

L'Europe, l'Asie centrale et le Caucase ont éradiqué le paludisme

La région Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui comprend l'Europe, l'Asie centrale et le Caucase, est la première au monde à être parvenue à interrompre la transmission indigène du paludisme.


De 90.712 cas en 1995 à... 0 cas en 2015. La région Europe de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est la première au monde à réussir cet exploit : réduire le nombre de cas de paludisme autochtone à zéro, ce paludisme étant transmis localement, et non importé par des patients en provenance de régions infectées. "Il s'agit d'un jalon capital pour l'éradication du paludisme à l'échelle mondiale. J'applaudis ce succès, qui est le fruit d'un engagement politique résolu de la part de dirigeants européens, avec le soutien de l'OMS", a déclaré le docteur Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l'OMS pour l'Europe.

Un seul cas peut entraîner la résurgence du paludisme

Cette région comprend l'Europe, l'Asie centrale et le Caucase. "Elle a été déclarée exempte de paludisme sur la base de la situation actuelle, mais aussi de la probabilité d'un maintien de l'élimination. Cela signifie que nous ne pouvons pas nous permettre de baisser notre garde face à cette maladie", a pour sa part assuré Nedret Emiroglu qui dirige la division des maladies transmissibles et de la sécurité sanitaire au Bureau régional de l'OMS pour l'Europe. "L'expérience montre en effet que le paludisme peut se propager rapidement et si les pays d'Europe ne sont pas vigilants et prêts à réagir, un seul cas importé peut entraîner la résurgence du paludisme", a-t-elle ajouté. 

Il est vrai que le paludisme, qui touche 214 millions de personnes dans le monde et en a tué 438.000 en 2015 - la plupart en Afrique sub-saharienne - est très difficile à éradiquer. "2011 et 2012 ont vu une résurgence de la transmission en Géorgie (cas isolés), en Grèce et en Turquie (des épidémies localisées) du fait de l'importation depuis des pays où la maladie est endémique (Afghanistan, Inde et Pakistan)", a ainsi expliqué l'OMS. "Cette résurgence a été contenue et, en 2014, la transmission indigène était confinée au Tadjikistan", a-t-elle rappelé.

Par Marc Gozlan sur www.sciencesetavenir.fr le 25/04/2016

dimanche 24 avril 2016

Encore une proposition du Kazakhstan pour le désarmement nucléaire

La Russie et les États-Unis ont déclaré qu'ils étaient prêts à négocier une réduction de leurs arsenaux nucléaires. Les principaux rivaux géopolitiques, dont les armes nucléaires ont toujours été un outil important pour dissuader l'autre, de toute évidence, se rendent compte que l'atome dans les conditions actuelles d'augmentation des menaces à la sécurité internationale, doit être exclusivement pacifique.

À l'heure actuelle, il y a tellement d'armes nucléaires, que ce serait suffisant pour détruire la planète entière. Et pas une seule fois. Les bombes nucléaires sont puissantes et capable en quelques secondes de balayer des millions de villes. Par conséquent, à un moment où les armes nucléaires pourraient tomber entre les mains de terroristes, la question du désarmement est plus pertinente que jamais. Et elle est entendue par tous. Voilà pourquoi le Sommet sur la sécurité nucléaire à Washington, a réuni les dirigeants de près de cinquante pays du monde. Tout d'abord, les représentants de ce forum ont donné la parole au Président du Kazakhstan. Ce pays montre aujourd'hui l'exemple sur la façon d'exploiter le potentiel de l'atome.

Le Kazakhstan est le leader mondial des réserves et de la production de minerai d'uranium, qui, à travers un processus complexe et extrêmement coûteux d'enrichissement, peut potentiellement servir de base pour la création d'armes nucléaires. Mais dans le cas du Kazakhstan, la communauté internationale n'a aucune crainte. Durant son histoire, ce pays a eu des armes nucléaires, ni plus ni moins que le quatrième plus grand arsenal du monde dont il a hérité après l'effondrement de l'Union soviétique. Mais le Kazakhstan a volontairement refusé de le conserver, bien qu'il avait les experts, et toutes les infrastructures nécessaires à la réalisation d'un programme d'armes nucléaires. Mais le président du Kazakhstan, Nursultan Nazarbayev, croyait et croit encore maintenant que le seul développement socio-économique durable peut offrir de réelles garanties sur la sécurité d'un pays, pas le "bouton rouge".

Il faut admettre que la pratique internationale a prouvé la justesse de cette position. Dans l'histoire contemporaine, la présence d'armes nucléaires dans un ou dans deux côtés d'un conflit n'a jamais aidé à sauvegarder la paix. Et encore plus quand il s'agit de conflits ethno-nationaux et de lutte contre le terrorisme. Ainsi, le potentiel nucléaire n'a pas assuré la sécurité au Pakistan, un pays qui depuis près de 18 ans est dans le «club nucléaire». Le niveau de la menace terroriste, enfle toujours plus. Avec l'Irak et l'Afghanistan, le Pakistan est le pays qui a subit le plus grand nombre d'attaques terroriste. La dernière attaque date du 27 Mars à Lahore, où 70 personnes ont été tuées et environ 300 autres blessées. La plupart des victimes sont  des femmes et des enfants. Les terroristes ont bombardé directement un parc d'enfants. En raison de ces attaques, le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a annulé un voyage au sommet à Washington, bien qu'il y était très attendu. Le Pakistan, ayant une capacité nucléaire solide, refuse toujours de participer à des accords internationaux importants qui se rapportent à la portée de l'atome. Comme l'Inde et Israël, le Pakistan a refusé de signer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. A Islamabad, apparemment, peu sont pleinement conscient que dans l'environnement actuel, les armes nucléaires du pays présente plus un risque que l'assurance de la sécurité. Surtout dans le cas où le niveau de menace terroriste atteint de telles proportions.

La menace d'une utilisation terroriste d'armes de destruction massive est en train de devenir une réalité, exigeant une action concrète des dirigeants mondiaux, vient de dire le Président du Kazakhstan lors du sommet de Washington. Nursultan Nazarbayev a réitéré son idée de créer un réseau mondial de lutte contre le terrorisme, avec la participation de tous les pays. Par ailleurs, le leader a pour la première fois parlé de cette initiative Kazakhe en septembre l'année dernière à l'ONU, avant même les attentats terroristes à Paris et à Bruxelles. C'est seulement Mais seulement après ces attentats sanglants dans le cœur de l'Europe,  que les autres dirigeants du monde ont commencé à parler de la nécessité de se joindre à la coalition.

Dans son discours, Nursultan Nazarbayev met en avant un nouveau paradigme dans le domaine de la sûreté nucléaire, qui implique l'arrêt de l'ancien système. Le fonctionnement de celui-ci est régi par un certain nombre de documents dans le domaine des armes atomiques, qui ne fonctionne pas correctement. Nazarbaïev a proposé de les combiner en un seul document, soit un nouveau traité universel sur la non-prolifération général et complet et l'élimination des armes nucléaires. Un tel contrat pourrait exclure l'application de «doubles standards» et de fournir des mécanismes efficaces de sanctions envers les contrevenants. En outre, Astana propose officiellement de prévenir le processus de création d'armes nucléaires et d'interdire l'utilisation des découvertes scientifiques qui peuvent y contribuer.

Il est important de noter que dans le même temps, le Kazakhstan ne demande pas d'abandonner l'atome complètement. Au contraire, Astana soutient activement le développement de l'énergie nucléaire comme domaine important de l'approvisionnement énergétique mondial. Aujourd'hui, environ un tiers de la population mondiale n'a pas accès à l'électricité. Dans ce cas, le besoin de la planète devraient croître. En un peu plus de 20 ans, de la consommation d'énergie va augmenter d'au moins deux fois. Par conséquent, les progrès dans le domaine de l'énergie nucléaire semble un facteur essentiel du développement durable mondial.

Astana a non seulement compris le problème, mais aussi mis en œuvre son initiative de fourniture du combustible nucléaire nécessaire, soit de l'uranium faiblement enrichi, sans craindre qu'un pays ne dépasse les limites et commence à enrichir le minerai au point où il puisse être utilisé pour créer des armes. À cette fin, le Kazakhstan a accepté d'accueillir le premier uranium faiblement enrichi de l'AIEA Banque. À l'avenir, tous les pays qui voudraient utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, seront en mesure de tirer parti de ses ressources. Ensuite, il ne sera tout simplement pas nécessaire de développer et de créer un enrichissement indépendant.

Dans ce contexte, vous savez que dans l'arène internationale, le Kazakhstan est appelé un modèle et un exemple dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération nucléaire. Ce n'est pas seulement un mot à la mode. Ce mot est soutenu par des faits que le Kazakhstan a réalisé au cours du dernier quart de siècle. Ce pays, étant après l'effondrement de l'Union soviétique, l'un des centres de la menace nucléaire mondiale, est devenu un centre mondial pour la sécurité et le développement de l'atome pacifique.

mardi 19 avril 2016

Le Proche-Orient orphelin


Le monde change soudainement, mais nous ne le percevons qu’avec un long retard. Thierry Meyssan qui annonçait en 2012 l’arrivée de la Russie en Syrie —qui ne fut visible que trois ans plus tard—, annonce aujourd’hui le retrait des deux Grands du Proche-Orient.

Dans les prochaines années, le Proche-Orient devra régler seul ses problèmes. Les États-Unis qui y imposent leur volonté depuis la Seconde Guerre mondiale et la Russie qui a lutté contre les jihadistes en Syrie n’entendent plus y jouer de rôle majeur. Les peuples de la région, que les puissances coloniales ont infantilisés durant des siècles et dressés les uns contre les autres, doivent aujourd’hui se comporter de manière adulte.

Les deux Grands sont simultanément victimes de graves problèmes économiques.
Washington qui, à l’époque de George W. Bush, avaient ambitionné que le XXIème siècle soit « américain », n’en a plus les moyens. Les États-Unis ont été contraints de laisser une place à la Russie et à la Chine. Ils doivent aujourd’hui concentrer leurs forces en Extrême-Orient, tant qu’ils le peuvent encore.
Le président Barack Obama et ses collaborateurs ont accordé de très longs entretiens à Jeffrey Goldberg qui les a synthétisés dans un interminable article publié par The Atlantic. Ils y exposent la quintessence des sept dernières années à la Maison-Blanche : retenir les Forces armées, ne plus s’engager au Proche-Orient sous aucun prétexte. Le pacte du Quincy, signé par Roosevelt en 1945 et renouvelé pour 60 ans par G.W. Bush en 2005, n’a plus de raison d’être : les États-Unis n’ont plus besoin du pétrole saoudien et perdent leur temps avec des wahhabites incapables de s’adapter au monde moderne. La doctrine Carter de 1980, selon laquelle le Pentagone doit contrôler les champs pétroliers du Proche-Orient et qui a abouti à la création du CentCom, est morte. Si la sécurité d’Israël sera toujours garantie, Tel-Aviv ne doit pas compter sur l’aide US pour tenter de s’étendre du Nil à l’Euphrate.
S’exprimant lors de son show-marathon Ligne directe avec Vladimir Poutine, le président russe a été tout aussi clair. Du fait des sanctions occidentales, son pays a connu l’année dernière une récession de 3,7 % et s’attend à environ 1,8 % l’année prochaine, avant de renouer peut-être avec la croissance. Sachant que la banque centrale n’a que 387 milliards de roubles de capitalisation, la Russie doit être le plus économe possible pour pouvoir survivre à cette tempête.
C’est pourquoi, elle a retiré ses bombardiers de Syrie et ne les y renverra pas. Avant de partir, elle a doté l’Armée arabe syrienne de matériels modernes et l’a formée pour les utiliser. Selon le président Poutine, elle a de quoi reconquérir seule le terrain perdu.
La seule chose qui retient encore la Russie dans la région, c’est la nécessité pour elle —comme pour les États-Unis— de renverser le président Erdoğan avant que sa politique suprémaciste et son instrumentation du terrorisme ne provoquent de catastrophe planétaire. Par conséquent, Moscou et Washington soutiennent aujourd’hui les Kurdes contre lui et si ceux-ci venaient à entrer en conflit avec la Syrie, aucun des deux Grands ne s’en mêlera.
Aussi imprévu et soudain qu’il soit, le départ des deux Grands est déjà un fait. Il laisse le Proche-Orient orphelin. La nature ayant horreur du vide, l’Arabie saoudite et l’Iran se battent désormais frontalement pour y étendre leur influence.
Par Thierry Meyssan sur www.voltairenet.org le 19/04/2016

lundi 18 avril 2016

L'Asie, eldorado nucléaire

Dans une enquête fouillée, le journaliste Mathieu Gaulène dresse un panorama inquiétant de l’omniprésence de l’atome dans une région marquée par la catastrophe de Fukushima et où les rivalités sont exacerbées.

L’Asie n’est pas seulement la région du monde la plus peuplée. Elle est également une «terre d’avenir pour le nucléaire». Les besoins en énergie y sont croissants et les «projets gigantesques de construction de centrales font saliver toute l’industrie nucléaire mondiale», écrit le journaliste Mathieu Gaulène dans une synthèse-panorama  claire et engagée qui tombe à pic. Cinq ans après la catastrophe de Fukushima au Japon et au moment où la Corée du Nord multiplie les essais de bombe et les tirs de missiles balistiques, l’ouvrage dresse un inventaire des programmes civils, rappelle les risques élevés de prolifération de l’arme nucléaire dans une région où les rivalités sont légion, où la guerre froide perdure. Et s’intéresse de près à la vigueur des mouvements antinucléaires japonais, taïwanais et indiens qui viennent contrarier les rêves des «nucléocrates».

C’est au Japon que le livre démarre. Cinq ans après le 11 mars 2011 et le «désastre créé par l’homme» à Fukushima, Mathieu Gaulène tire les leçons de la catastrophe et revisite l’histoire du programme nucléaire nippon lancé avec la «bénédiction et l’aide des Etats-Unis, devenus les protecteurs de leur ancien ennemi […] à peine dix ans après Hiroshima et Nagasaki». Basé au Japon, Gaulène décrit comment la «machine à faire accepter le nucléaire» a acheté les oppositions et les silences, en partie avec le soutien des autorités françaises dont Areva. Des régions deviennent «droguées au nucléaire». Il fait état d’une vigoureuse «culture de la dissimulation», comme l’évoquait dans ces colonnes l’ex-Premier ministre Naoto Kan le 10 mars. Aujourd’hui, deux réacteurs seulement fonctionnent dans l’archipel, deux autres viennent d’être stoppés pour des raisons de sécurité.

Dorénavant, la Corée du Sud est le pilier principal du nucléaire civil en Asie avec 30% de son électricité produite par l’atome. Avec un parc de 24 réacteurs et 10 autres en projet, elle ambitionne de «porter la part du nucléaire à 59% d’ici à 2035», en dépit d’une méfiance croissante chez les Sud-Coréens. Dans le même temps, elle souhaite exporter 80 réacteurs et s’aligner comme une grande puissance du nucléaire à côté des Russes, des Américains et des Français.

Les ambitions chinoises et indiennes sont à la mesure de leurs besoins colossaux. Le nucléaire n’occupe pour l’instant qu’une faible part de leur mix énergétique. Et comme la République populaire de Chine «maîtrise l’ensemble de la technologie du cycle nucléaire», elle entend elle aussi «partir à l’export, notamment en développant des réacteurs low cost pour l’Amérique du sud ou les pays émergents d’Asie», note Gaulène.

La sécurité de ces futures centrales n’est pas le seul motif d’inquiétude en Asie. Cette zone de la planète, où s’est tenu un «immense marché noir de l’atome», abrite quatre puissances dotées de l’arme nucléaire : Chine, Inde, Pakistan et Corée du Nord. Et les agissements de Pyongyang, qui maîtrise mieux que jamais la logique de la dissuasion pour assurer sa survie, démontrent que la course à la bombe ne connaît pas la crise. 

Par Arnaud Vaulerin sur www.liberation .fr le 18/04/2016

Échec des négociations: le pétrole en baisse

Pas de panique pour le moment : certes le pétrole est en baisse mais il se maintient aux alentours des 40 dollars, ce qui permet de penser que le pire reste passé.

Barack Obama doit se rendre en Arabie saoudite dans les prochains jours, tout en sachant que les relations entre les deux pays sont particulièrement tendues notamment en raison de la pression des familles de victimes des attentats du 11 septembre. Bref, ce dossier est plus que compliqué et sensible.
À suivre donc avec attention.
Charles SANNAT
Les cours du pétrole plongeaient lundi matin en Asie, au lendemain de l’échec des grands producteurs réunis à Doha à se mettre d’accord sur un gel de la production pour soutenir les prix, sur fond de tensions entre Ryad et Téhéran.
Le pétrole a dégringolé depuis juin 2014, quand le baril se négociait 100 dollars, en raison d’une offre excédentaire que ne parviennent plus à absorber des économies en plein ralentissement, à l’instar de la Chine, rappelle l’AFP. Après avoir touché leurs plus bas niveaux en 13 ans en février, les cours étaient remontés, les investisseurs anticipant une décision dimanche à Doha, où 18 membres et non membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) étaient réunis, pour geler la production.
Mais après six heures de tractations, le ministre qatari de l’Énergie Mohammed ben Saleh al-Sada a annoncé que les pays concernés avaient besoin de “plus de temps”, douchant l’optimisme des acteurs du secteur. D’autant qu’aucune date n’a été fixée pour une nouvelle réunion, selon le ministre.
Les divergences entre l’Iran, qui a annoncé au dernier moment son absence à la réunion, et l’Arabie saoudite ont empêché les tractations d’aboutir. Vers 03h00 GMT lundi, le cours du baril de “light sweet crude” (WTI) pour livraison en mai reculait de 2,02 dollars, soit 5,00 % à 38,34 dollars dans les échanges électroniques en Asie.
Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en juin, abandonnait 1,97 dollar, soit 4,55 % à 41,13 dollars.
Par Charles Sannat, sur www.insolentiae.com le 18/04/2016

L'action du Kazakhstan pour la sauvegarde de la Mer d'Aral est déterminante

Le Kazakhstan collabore avec les institutions financières internationales sur le sujet de l'une des plus grandes catastrophes écologiques de notre temps : la restauration de la mer d'Aral. Le pays n'a pratiquement pas de sources propres en eau, il est totalement dépendant de cours d'eau transfrontaliers.

Le problème de la mer d'Aral est un problème aussi important pour l'écologie de la planète que le problème de la déforestation de la forêt amazonienne. Après 30 années de déclin, la mer d'Aral ne représente plus que 10% de sa taille initiale. Soulevé par les vents, le sel contenu dans son fond marin séché s'est répandu non seulement dans la région, mais aussi dans le monde entier, y compris l'Antarctique et le pôle Nord. Il a un effet important sur la fonte des neiges éternelles.

Les Etats d'Asie centrale, où se trouve la mer d'Aral, ont essayé de régler le problème au cours des dernières années. En 1993, le Fonds international de secours (IFAS) relié aux institutions internationales, a été créé. En particulier, il apporte une aide financière.
Au total, les efforts cumulés pour permettre un sauvetage de la mer s'élève à environ 10 milliards de dollars. Toutefois, les Etats membres de l'IFAS voient différentes manières pour gérer cet argent. Aujourd'hui, en effet, seul le Kazakhstan fait des efforts pratiques pour remédier à ce problème environnemental mondial.

Aujourd'hui, la mer d'Aral est en fait divisée en deux parties, la Grande (Sud) et la Petite (Nord). La première est située sur le territoire de l'Ouzbékistan et alimentée par les eaux de l'un des plus grands fleuves de la région : l'Amou Darya. La seconde est sur le territoire du Kazakhstan et recueille les eaux d'un autre grand fleuve : le Syr Darya. Le premier fleuve traverse le territoire de l'Ouzbékistan, du Turkménistan et du Tadjikistan, et ses eaux sont largement utilisées pour l'agriculture. En fait, l'agriculture irriguée est devenue la principale cause de la disparition de la mer d'Aral.

Au début des années 1990, soit depuis le début de l'opération de l'IFAS, le Kazakhstan a dirigé ses efforts pour sauver sa partie de la mer. Il a été construit un barrage en terre afin d'empêcher l'écoulement de l'eau vers le sud, où elle est de toute façon perdue à cause de son évaporation. En dépit du fait que le barrage a été détruit suite à sa rupture en Avril 1999, cette tentative a montré la possibilité d'élever le niveau de l'eau et de réduire sa salinité.

Quelques années plus tard, la Banque mondiale a rejoint le projet avec une allocation de 85 millions de dollars, pour reconstruire un barrage. Le projet a été achevé à la fin de 2005. Le barrage fait 13 km de long et 6 mètres de haut. C'est un barrage en béton qui comprend une porte destinée à réguler l'eau qui passe de la partie Nord de la mer vers le Sud.

En fait, le Kazakhstan a donné naissance à un lac fermé dit Aral nord, qui s'est rempli avec de l'eau provenant de ses propres sources. En conséquence, en une seule année, le niveau de l'eau dans la petite Aral est passée à 40 mètres au-dessus du niveau de l'océan. La surface de l'eau a augmenté de 18%, et la salinité de l'eau qui était d'environ 20 g/litre, a diminué de façon constante et aujourd'hui est déjà inférieur à 10 g/l. Il faut savoir qu'avant la disparition de la mer d'Aral, elle ne dépassait pas 3 g / l. Avec le retour de l'eau, la vie de la population dans la région environnante a commencé à se rétablir et la pêche a repris. L'écologie des zones environnantes s'en est trouvée grandement améliorée.

Mais c'est seulement grâce au Kazakhstan.

Le débit d'eau de l'Amou Darya dans la grande Aral continue de diminuer. Aujourd'hui, les champs irrigués détournent 92% de l'eau de la rivière. Il n'y a pratiquement pas d'eau qui atteigne la Grande mer d'Aral (sud). Celle-ci n'est plus réapprovisionnée que par l'eau des petits déchargements du barrage de la Petite Mer d'Aral située au Kazakhstan. En outre, contrairement au Kazakhstan qui travaille activement sur la mise en place d'irrigation goutte à goutte et d'autres technologies d'économie d'eau dans l'agriculture, l'Ouzbékistan, le Turkménistan et le Tadjikistan ne prennent aucune mesure dans ce sens. Il serait possible d'améliorer de manière significative les canaux d'irrigation existants, dont bon nombre sont des tranchées ordinaires, d'où une énorme quantité d'eau suinte à travers les murs et se perd dans le sable. La modernisation du système d'irrigation entier permettrait de sauver environ 12 kilomètres cubes d'eau par an. Cependant, ceci est un projet coûteux d'environ 16 milliards de dollars. Mais ces pays ont une économie qui a été gravement touchée par la crise mondiale, elles n'ont pas d'argent.

En outre, l'Ouzbékistan et le Turkménistan continuent d'augmenter les surfaces de terres agricoles pour le coton, lequel a besoin de beaucoup d'eau pour fournir du coton à l'exportation. Ce qui affecte le niveau d'eau dans la rivière.

Au milieu de tout cela, il y a quelques années, le Président de l'Ouzbékistan, Islam Karimov, lors d'une réunion du Fonds international pour les Etats fondateurs « Saving Aral » a dit que sauver la mer d'Aral "est difficilement réalisable". Il a offert de guider le Fonds et les donateurs internationaux, non pas sur le sauvetage de la mer, mais pour « surmonter les conséquences de l'assèchement de la mer d'Aral ». C'est proposé pour traiter pas une maladie et ses symptômes.

L'an dernier, le gouvernement ouzbek a annoncé une allocation de 4,3 milliards de $ au cours des 4 prochaines années pour atténuer les conséquences de la catastrophe de la mer d'Aral, ainsi que la réhabilitation et le développement socio-économique de la partie ouzbèke de la région de la mer d'Aral.

Pendant ce temps, la partie kazakhe de la mer se remplit activement. Cela contribue à un certain nombre de projets en cours Kazakhstan. Y compris le nettoyage du Syr Darya. Selon les experts, en maintenant le volume actuel du débit d'eau dans la mer d'Aral, la partie nord de la mer  peut se remettre complètement à niveau d'ici les 10 à 15 prochaines années. Avec le remplissage de la mer, le Kazakhstan travaille à restaurer les systèmes lacustres dans le cours inférieur du Syr Darya. Il contribuera également à l'afflux de printemps de l'eau dans la mer.

Cependant, la réanimation complète de la mer d'Aral du Nord exige non seulement l'écoulement de l'eau, mais aussi l'expansion du barrage Kokral. Il est nécessaire d'augmenter la capacité d'accumulation de la mer d'Aral du Nord pour empêcher l'augmentation des volumes de pertes d'eau dues au ruissellement dans sa partie sud. Il est nécessaire de poursuivre les efforts visant au rétablissement de la mer d'Aral ce que, comme déjà mentionné, Tachkent, Achkhabad et Douchanbé ne comptent pas faire.

Pour la mise en œuvre du plan visant à rétablir la mer d'Aral du Nord, la Petite Aral, le Kazakhstan a besoin d'aide des bailleurs de fonds du monde. Tout d'abord, il y a eu la Banque mondiale pour la superstructure du barrage.

La réanimation de l'éco-système de la Petite Mer d'Aral a pu avoir lieu grâce aux efforts du Kazakhstan et des institutions financières internationales, et cela pas seulement pour réduire au minimum les conséquences de la catastrophe écologique. A l'avenir, cela permettra d'utiliser en plus des ressources,  l'expérience accumulée pour restaurer le l'écosystème de la région. Mais bien sûr, les Etats d'Asie centrale devront également faire des efforts pour la préservation de la mer d'Aral.

samedi 16 avril 2016

L'Arabie saoudite menace de retirer ses avoirs des États-Unis

L’Arabie saoudite a officiellement prévenu le gouvernement états-unien qu’en cas de vote d’une loi autorisant la poursuite d’États étrangers pour des actes de terrorisme commis sur le territoire US, elle retirerait tous ses avoirs investis dans le pays.

Riyad craint qu’une fois une telle loi promulguée, des familles de victimes du 11-Septembre poursuivent l’Arabie saoudite et qu’un juge bloque les avoirs saoudiens à titre conservatoire.

Les experts économiques font valoir que retirer les 750 milliards de dollars investis aux USA ne peut se faire rapidement et que, si ce devait être réalisé, cela aurait aussi des conséquences négatives sur la monnaie et l’économie saoudiennes. Ils en concluent que Riyad ne peut pas punir Washington sans se punir lui-même. Malheureusement, la famille royale affectionne un proverbe selon lequel la vengeance est encore plus belle lorsqu’elle exige que l’on se sacrifie.
Sur www.voltairenet.org le 16/04/2016

lundi 11 avril 2016

Un séisme de 6,6 a secoué l'Afghanistan

Un séisme de magnitude 6,6 a secoué dimanche plusieurs régions d'Asie du Sud (Pakistan, Afghanistan et Inde), selon l'Institut américain de géophysique (USGS). Plusieurs personnes ont été blessées à Peshawar, au Pakistan.
L'USGS a précisé que l'épicentre du séisme se trouvait à 40 km environ à l'ouest d'Ashkasham, dans le nord-est de l'Afghanistan, près de la frontière du Tadjikistan et non loin de la province pakistanaise de Chitral. L'institut a évalué sa profondeur à 210 km.
Des habitants de Kaboul et d'Islamabad ont quitté leur logement au moment où la terre s'est mise à trembler et dans les deux capitales, des immeubles ont été secoués pendant plus d'une minute. Des informations similaires ont été reçues d'autres villes du nord et du centre du Pakistan.
Un homme a été tué dans la région pakistanaise de Gilgit-Baltistan (nord), lorsqu'il a été heurté par des chutes de rochers dans la ville de Chilas.
Les autorités de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, ont indiqué que 28 personnes avaient été hospitalisées mais étaient sorties après avoir reçu les premiers secours. Selon un responsable de l'Autorité de gestion des catastrophes naturelles, 12 autres blessés ont été signalés à Swat, Bunair et les districts du haut Dir.
Aucune victime n'a en revanche été signalée en Afghanistan, selon une première évaluation, a indiqué Aslam Sayas, vice-directeur de l'Autorité de gestion des catastrophes naturelles du pays.
Jusqu'à New Delhi
A New Delhi, la capitale indienne, les immeubles ont vacillé et le métro a été arrêté par mesure de précaution.
Des habitants de Lahore, à 630 km de l'épicentre, ont également dit avoir ressenti les secousses. A Chitral, un journaliste de l'agence de presse Reuters a indiqué que les secousses étaient fortes mais qu'elles n'avaient pas provoqué de dégâts visibles.
A Kaboul, Omar Mohammadi, porte-parole de l'Autorité nationale afghane de gestion des désastres, a déclaré que les autorités s'employaient à rassembler des informations mais qu'aucune de celles disponibles pour l'instant ne mentionnait des victimes.
Le 26 octobre dernier, un tremblement de terre de magnitude 7,5 avait touché la région, tuant plus de 300 personnes et détruisant des milliers d'habitations.
Sur www.20mn.ch le 11/04/2016

vendredi 1 avril 2016

L'Asie, de « l'angle mort » à la diplomatie tous azimuts

Longtemps considérée comme un « angle mort » de la politique extérieure française, l’Asie est pensée en termes d’enjeu stratégique de premier ordre depuis les années 1990, malgré de maigres résultats dus à la persistance de tropismes européen et africain d’une part et aux faibles moyens alloués à cette ambition d’autre part.

Diversifier la présence française en Asie-Pacifique

Sommairement, de Gaulle pose quelques jalons avec le discours de Phnom Penh qui critique l’intervention américaine au Vietnam, et l’établissement de relations diplomatiques avec la Chine dès 1964. François Mitterrand s’adonna également à quelques actes marquants, en 1991 avec les Accords de Paris sur le Cambodge et en 1993, avec la première visite d’un président français au Vietnam depuis 1945 alors que le pays vit toujours sous embargo américain. Féru de cultures asiatiques, le président Chirac lance avec l’ancien premier ministre de Singapour, Lee Kuan Yew, le dialogue Asie-Europe (ASEM), censé contrebalancer le Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC), dominé par les États-Unis. À cette époque, Jacques Chirac s’efforce de construire des liens privilégiés avec la Chine, après des années de rupture suite à Tian’anmen et les affaires de ventes d’armes françaises à Taïwan. Sa vision politique court jusqu’au Japon où il parvient à entretenir des relations ambitieuses, malgré le tollé provoqué localement par la reprise des essais nucléaires en 1995. Les relations avec Pékin se compliquent sous la présidence de Nicolas Sarkozy du fait de la crise de 2008, lors des révoltes au Tibet, du fiasco diplomatique né du passage de la flamme olympique à Paris et, enfin, de l’implication directe de la France dans l’intervention libyenne. Ce dernier tente alors une politique de rééquilibrage vers les pôles émergents, Inde et Indonésie en tête.



Lors de son accession à la présidence de la République, François Hollande n’a pas caché sa volonté de diversifier la présence française en Asie-Pacifique quitte à entrer en concurrence directe avec la stratégie américaine de « pivot » vers l’Est qui vise à contrebalancer l’influence de la Chine dans son environnement régional. Pour marquer ce tournant, Laurent Fabius fut le premier ministre des affaires étrangères français à se rendre au siège de l’Association des nations de l’Asie du sud-est (ASEAN), en août 2013. Lors de son discours, il met en exergue cette nouvelle stratégie et le rôle prépondérant joué par l’Asie dans l’économie mondiale : « ce pivot français n’est pas principalement militaire, comme pourrait l’être le pivot américain, même si la France est présente dans la région [...]. Notre pivot est davantage diplomatique. Le nouveau gouvernement français a fait du développement de nos liens avec l’ensemble de l’Asie une priorité. »

Le traité transpacifique
Ce repositionnement français intervient dans un contexte où les traités de libre-échange se multiplient. Le plus important d’entre eux demeure le traité transpacifique qui, s’il est ratifié par les parlements concernés, accouchera de la plus vaste zone de libre-échange mondiale. Le Traité Transpacifique concerne les États-Unis, le Canada, le Mexique, le Chili, le Pérou, le Japon, la Malaisie, le Vietnam, Singapour, Brunei, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Soit 40 % du PIB mondial. Cette vaste zone de dérégulation est également une voie de contournement des cycles mondiaux de discussions sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), après l’échec de Doha en 2006.
L’Asie est le deuxième partenaire économique de la France et abrite 18 % de ses implantations au niveau mondial. Le Japon, l’Australie, Singapour et Hong Kong concentrent à eux seuls 80 % de l’établissement des filiales françaises. Ainsi, tout en pérennisant le « partenariat global » instauré par Jacques Chirac avec la Chine en 1997, François Hollande entendait-il s’affranchir d’une focalisation considérée comme trop importante alors que la deuxième puissance économique mondiale est l’objet d’une compétition accrue de nos partenaires européens, en particulier allemands, et que le déficit commercial reste un point d’achoppement. Pour ce faire, l’exécutif programme une série de déplacements en Inde, au Japon, en Corée du Sud, à Singapour, au Vietnam. Dans le cadre de cette diplomatie essentiellement économique, Paris n’a pas négligé les économies émergentes de « second rang » telles que les Philippines et le Laos.
De la consultation stratégique à la coopération de défense
Au-delà des traditionnelles exportations, l’Élysée vise à renforcer les partenariats basés sur les besoins des pays concernés mais aussi la coopération dans le domaine de la défense. La France a ainsi développé un rare volontarisme en matière de ventes d’armes. La moitié de ces contrats sont destinés à l’Asie et l’Inde y tient une place de premier rang. De la consultation stratégique à la coopération de défense, Paris cherche à diversifier ses capacités de projection en Indonésie, en Malaisie, en Mongolie et au Vietnam et participe désormais au Dialogue de Shangri-La, le forum annuel sur la sécurité régionale, alors que l’Asie est parcourue par des tensions multiformes.
En tant que puissance moyenne, la France a-t-elle les moyens de se mesurer aux États-Unis en Asie ? Face à l’évidence, Paris choisit la stratégie du contournement, même timide. Sur fond d’aggravation de la crise du capitalisme, la France rejoint, contre l’avis de Washington, la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), levier financier du projet de ceinture économique de la Route de la Soie entre la Chine et les marchés européens en passant par la Russie, l’Asie centrale, le Moyen-Orient et l’Europe de l’Est. Projet ambitieux également porteur d’une « vision politique, qui entend combattre le terrorisme par le développement », comme l’a souligné à juste titre l’ancien premier ministre Dominique de Villepin, les Routes de la soie pourraient également se constituer en une nouvelle plateforme multilatérale qui permettrait à la France d’investir le champ politique, et pas simplement économique et militaire, et faire de l’Asie, un enjeu de premier ordre.
Lina Sankari (journaliste à L’Humanité) sur https://blogs.mediapart.fr le 01/04/2016.