jeudi 29 janvier 2015

Ruée chinoise sur l’immobilier international

En 2015, les investissements chinois à l'étranger vont atteindre, pour le seul secteur de l'immobilier, la somme de 20 milliards de dollars. C'est en tout cas la prévision du cabinet Jones Lang LaSalle, qui note que l'année 2014 a déjà été l'occasion d'un véritable boom dans ce domaine, avec une hausse de 46% et une somme de 16,5 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année. Les deux tiers de ces sommes concernent l'immobilier commercial.  

Derrière ce vaste mouvement, plusieurs phénomènes sont à l'œuvre. L'un est réglementaire : une loi, passée en 2012, a permis aux assureurs chinois d'acquérir des immeubles à l'étranger. Les grandes sociétés d'assurance sont donc les premières à investir massivement dans la pierre à l'étranger. Mais c'est aussi l'évolution de la situation économique chinoise qui pousse les groupes chinois à lorgner sur des bâtiments prestigieux en Occident. Car l'immobilier chinois ne se porte pas bien. Ce sont donc également les grands promoteurs qui se tournent vers ces sources de revenus potentiellement moins risquées.  

La preuve vient encore d'en être fournie ces tout derniers jours. Ce lundi, le numéro un du secteur immobilier, Wanda, a annoncé qu'il allait investir 1 milliard de dollars pour mettre la main sur deux immeubles à Sidney, en Australie. Ce matin, c'est une alliance entre un gestionnaire de fond, Propertylink, et Fosun, le conglomérat connu en France pour ses liens avec Club Med, qui a annoncé un investissement de 92 millions de dollars, à Sydney également.

Par Gabriel Gresillon sur www.lesechos.fr le 27/01/2015

En Chine, le spectre du « cash crunch »

Pendant que les dirigeants chinois font étalage de sérénité à Davos, le risque d’un « cash crunch », c’est-à-dire d’une brusque crise de liquidité dans leur pays, est à la hausse. C’est en tout cas ce qu’affirment les économistes d’Euler Hermes, le géant de l’assurance crédit basé à Paris. Pour Euler Hermes, il faut s’attendre à ce que les sociétés chinoises augmentent leurs délais de paiement en 2015, tandis que les défauts de paiement vont très probablement progresser de 5%.

« Le marché chinois présente sans aucun doute des signaux d’alarme à tous les niveaux, macroéconomique comme microéconomique, et nécessite d’être suivi de très près en 2015 », préviennent les auteurs qui pointent, en outre, le fait que les autorités chinoises ont commencé à s’attaquer sérieusement à la finance informelle, un secteur qui était en plein boom, et dont les nouvelles restrictions vont peser sur la capacité de financement des sociétés chinoises. Cette mise en garde intervient quelques jours après l’annonce d’une progression sans précédent, depuis dix ans, des obligations douteuses dans le bilan des banques chinoises.

Quoique leur montant reste officiellement raisonnable en valeur absolue, leur évolution apparaît comme un symptôme de la dégradation actuelle. Au même moment, les taux auxquels empruntent les sociétés chinoises à l’étranger sont en nette hausse, à la suite notamment des problèmes financiers rencontrés par des promoteurs pris dans les filets de la campagne anti-corruption dans la ville de Shenzhen.

Ce contexte pousse les économistes des Bank of America Merril Lynch à écrire que selon eux, « une crise de liquidité en Chine est un événement hautement probable, quoique l’échéance soit difficile à prédire ». Et le pouvoir lui-même se met à déployer des moyens nouveaux pour tenter d’appréhender correctement le risque. Il vient de conduire de nouveaux « stress tests » sur ses banques, et cible plus particulièrement les prêts au secteur immobilier.

Par Gabriel Gresillon sur www.lesechos.fr le 27/01/2015

Samsung se fait rattraper par Apple

Fin 2011, Samsung Electronics débordait Apple pour s’imposer comme le plus grand constructeur mondial de smartphones. Sa suprématie n’avait depuis jamais été contestée. En élargissant ses gammes d’appareils, alors qu’Apple se concentre sur le haut de gamme, le géant sud-coréen avait même ensuite creusé l’écart avec son concurrent californien et les autres producteurs asiatiques.

Mais depuis l’an dernier, le leader est malmené sur plusieurs marchés et divers segments. Il souffre notamment de la popularité soudaine des fabricants chinois de larges smartphones Android low-cost, tels que Xiaomi, Lenovo ou Huawei qui ont déployé des réseaux de ventes jusqu’en Asie du Sud-Est et de la pression des producteurs indiens comme Micromax. Et selon le cabinet d’études Canalys, ce ralentissement de la croissance des ventes de Samsung va permettre à Apple de regagner du terrain sur le groupe sud-coréen et peut-être de le rattraper dans les prochains mois.

“Ca va être plus serré que jamais”, a confié Chris Jones, un analyste de Canalys au Wall Street Journal. Sur le dernier trimestre de 2014, Apple, qui dévoilera ses résultats aujourd’hui, aurait vu ses ventes bondir de plus de 30%, en glissement annuel, grâce au succès des différentes versions de son iPhone6, et notamment à sa version large baptisée “Plus”. Il aurait ainsi vendu, au total, sur les trois derniers mois de l’année, plus de 70 millions d’appareils.

Samsung qui n’a pas encore dévoilé ses chiffres pour le dernier trimestre de 2014 avait vendu 78 millions de smartphones à l’échelle planétaire sur la séquence allant de juillet à septembre mais son rythme de croissance est désormais très inférieur à celui d’Apple.

Par Gabriel Gresillon sur www.lesechos.fr le 27/01/2015

jeudi 22 janvier 2015

Le procès d'Aliyev est programmé

Bientôt commencera à Vienne un procès très médiatisées. Devant la justice, comparaîtra Rakhat Aliyev, l'ex-ambassadeur du Kazakhstan en Autriche. L'instruction de son affaire dure depuis 2007. Depuis, le Kazakhstan cherche à obtenir son extradition. L'ancien fonctionnaire est accusé de meurtres, d'enlèvements, d'extorsion et de fraude financière.


Rakhat Aliyev est une personne connue au Kazakhstan et en Europe exclusivement à cause de scandales. Il qualifie systématiquement toute tentative visant à le punir de "pression politique".

 

Il y a peu, la presse a reçu des informations sur le contenu de l'acte d'accusation du procureur à Vienne sur l'affaire Aliyev.  Aucun lien à la politique n'y apparaît. Il ne s'agit que d'actes criminels tout le long du document. Aliyev est accusé d'enlèvement, de torture et d'assassinats en 2007, de Joldas Timraliyev et Aybar Khasenov deux cadres supérieurs de l'une des plus grandes banques du Kazakhstan, la "Nurbank". Ils ont disparu à Almaty le 31 Janvier 2007. Il est apparu plus tard grâce aux recherches de la police du Kazakhstan (tous les éléments de l'enquête ont été présentés au  procureur autrichien, vérifiés et confirmés), que les cadres ont été enlevés par Aliyev, qui à cette époque était le propriétaire de la banque. Ils ont été enlevés, maintenus en captivité pendant quelques jours, torturés et brimés. Leurs cadavres n'ont été retrouvés qu'en 2011.

 

Selon le bureau du procureur autrichien, la raison de l'assassinat de Timraliyev et de Khasenov pourrait être en relation avec un prêt de 30 millions de dollars, qui a été donnée par la « Nurbank » à une société de Khasenov. Les enquêteurs ont trouvé qu'Aliyev voulait vendre sa banque. A la veille de la vente, un audit a révélé que la "Nurbank" a attribué des prêts de plusieurs millions de dollars à des entreprises dont les responsables étaient des salariés ou anciens salariés de la banque. Aliyev a soupçonné que ces employés menaient un «double jeu», et désirait ainsi s'enrichir à son insu. Il est présumé que les cadres supérieurs ont été enlevés afin de les amener à reconnaître ces faits. Toutefois, cela a fini par un banal assassinat.

 

Le contenu de l'avis de mise en accusation des procureurs autrichiens répète partiellement les accusations portées contre Aliyev par le coté Kazakh. Dans son pays, il a non seulement été condamné à 40 ans de prison pour avoir tué des gens, mais il a également été reconnu coupable d'actions visant à s'emparer du pouvoir et d'un certain nombre d'autres crimes.

 

Il faut avouer qu'Aliyev a écrit très habilement des "articles politiques". Pendant près de cinq ans, il s'est présenté comme un «dissident ». Ayant échappé en Autriche à la justice du Kazakhstan, Aliyev a même essayé de se blanchir à travers l'écriture de son livre "la créativité condamnée". Cependant, il a laissé planer un silence diplomatique sur son propre rôle dans des «querelles mafieuses». Mais si vous croyez non seulement le bureau du procureur Kazakhstanais, mais aussi les histoires de personnes qui ont eu affaire à lui (ce qui a été beaucoup écrit sur internet peu de temps après les condamnations judiciaires kazakhstanaises), Aliyev était plus terrible que n'importe quelle Cosa Nostra.

 

L'achat forcé d'entreprises est devenu un moyen naturel pour développer ses affaires. À l'époque, c'est de cette manière que le très lucrative pour le Kazakhstan, consortium « Centre du sucre », est passé en sa possession. Sous couvert de son poste au Comité de sûreté nationale du Kazakhstan (analogue au KGB soviétique) Aliyev a même pratiqué le racket. Il a promis un «toit» pour les entrepreneurs individuels, pour lesquels il a reçu de bonnes quantités d'argent. Par la suite, l'argent a été détourné par le biais de sociétés écrans. Cela a été fait par le biais, entre autres, de la compagnie du mari de sa sœur, l'homme d'affaires palestinien Issam Salah Horani. En fait, Horani est devenu l'intermédiaire principal entre les fraudes financières d'Aliyev et le blanchiment d'argent.

 

Par ailleurs, grâce à l'aide d'Aliyev, l'entreprise familiale d'Horani «Karatyube International Oil Company LLP» (CIOC) a remporté un contrat pour l'exploration et la production d'hydrocarbures dans le domaine pétrolier de Karatyube. La société devait investir dans le domaine, mais ne l'a pas fait. En outre, quelques années après le début de la procédure contre Aliyev, CIOC a engagé des  poursuites à l'encontre le Kazakhstan, exigeant le retour de l'investissement (1,2 milliards de dollars) qui aurait été fait dans le domaine Karatyube. Le centre international pour le règlement de l'investissement a rejeté les revendications des demandeurs et a condamné la compagnie CIOC à payer en faveur du Kazakhstan 3,2 millions de dollars en compensation des frais d'arbitrage.

 

Cependant, ces faits n'ont pas été pris en considération par le bureau du procureur autrichien. Il en a été de même pour l'implication d'Aliyev dans une autre affaire retentissante de meurtre au Kazakhstan. Dans cette affaire,  Altimbek Sarsenbayev a été reconnu coupable et a avoué au printemps dernier qu'Aliyev était le principal commanditaire. Même si le tribunal autrichien reconnait la culpabilité d'Aliyev dans cette affaire, il risque déjà jusqu'à 10 ans de prison.
Toutefois pour Aliyev, même si 10 ans d'emprisonnement c'est long, cela reste toujours la meilleure option. S'il peut encore accuser la justice kazakhstanaise de partialité, contre les procureurs autrichiens il a décidé de ne pas résister.

 

Rappelons qu'un mandat d'arrêt a été publié à Vienne en mai 2014. Après cela Aliyev a été forcé de se rendre aux autorités et à coopérer avec les enquêteurs. Le mandat suggère qu'une personne qui est dans la zone de l'Union européenne peut être appréhendée dans ne importe quel pays de l'UE et transférée en Autriche pour complément d'enquête. En fait, Aliyev n'avait pas d'autre choix que de venir lui-même en Autriche et comparaître devant les autorités. Cela lui donne théoriquement la possibilité d'éviter une condamnation à perpétuité.


Le procès d'Aliyev est susceptible de commencer dans la première moitié de 2015.

Il ne reste pas longtemps à attendre ...




L'absence de virus dans ce courrier électronique a été vérifiée par le logiciel antivirus Avast.
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jeudi 15 janvier 2015

Astana : Réunion internationale au format "Normandie" reportée

 
Le président ukrainien Petro Porochenko avait annoncé lundi 29 décembre lors d'une conférence de presse à Kiev qu'il rencontrerait Angela Merkel, François Hollande et Vladimir Poutine le 15 janvier 2015 à Astana, au Kazakhstan, pour évoquer la crise dans le sud-est de l'Ukraine. Le président ukrainien avait alors précisé que les ministres des Affaires étrangères des pays participant à la rencontre prépareront l'ordre du jour de la réunion et élaboreront une série de solutions. Il devait s'agir de la troisième rencontre au « format de Normandie ». La première s'était tenue le 6 juin 2014 en France, lors de la célébration du 70ème anniversaire du débarquement sur les plages de Normandie. La chancelière allemande et le président français ont alors assumé la médiation entre Moscou et Kiev. La France est attachée au format dit « de Normandie ». Après son déplacement à Moscou le 6 décembre, le président de la République a eu des entretiens téléphoniques les 16 et 22 décembre avec la chancelière Merkel, le président Porochenko et le président Poutine, afin d'évoquer la situation en Ukraine. M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, s'est entretenu par téléphone le 2 janvier avec ses homologues allemand, ukrainien et russe. D'autres contacts étaient prévus.
 
Au début, Paris et Berlin avaient émis des doutes sur l'utilité d'une telle rencontre et posé des conditions pour qu'elle ait lieu. Lors de son intervention sur France Inter lundi dernier, le président français a déclaré : « Je vais à Astana le 15 janvier à une condition, c'est qu'il puisse y avoir de nouveaux progrès. Si c'est pour se réunir, se parler, sans qu'il y ait des avancées, ce n'est pas la peine. Mais je pense qu'il y en aura », a-t-il conclu avec optimisme, tout en soulignant que les sanctions pesant sur Moscou devront être levées s'il y a des progrès. Berlin exprime également des conditions. « Une telle réunion n'a de sens que si nous pouvons faire de réels progrès », a dit le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, tout en précisant : « nous avons une idée très claire de ce qui constitue de réels progrès: il s'agirait d'abord et avant tout de parvenir à la mise en œuvre complète de l'accord de paix de Minsk et d'un cessez-le-feu véritable et durable, d'une ligne de contact entre les zones contrôlées par l'Ukraine et par les rebelles et d'un retrait des armes lourdes ».
 
«La question la plus importante, c'est qu'il faut parler clairement au président Poutine. Il faut lui dire ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas. Et lui-même doit savoir s'arrêter, il le paie suffisamment cher», a ajouté le président de la République. «Mais si la Russie a une crise, ce n'est pas forcément bon pour l'Europe. Je ne suis pas pour la politique du pire, je pense que les sanctions maintenant doivent s'arrêter. Elles doivent être levées s'il y a des progrès, s'il n'y a pas de progrès, elles demeureront», a-t-il encore déclaré.
 
Conclu le 5 septembre dernier, l'accord de paix de Minsk était censé mettre fin aux affrontements entre l'armée ukrainienne et les séparatistes, qui ont fait 5 000 morts depuis avril. Mais il y a peu de progrès sur le terrain et des combats meurtriers ont eu lieu à plusieurs reprises. Paris et Berlin insistent donc sur la mise en place d'un cessez-le-feu véritable et durable, et sur le retrait des armes lourdes.
 
La réunion du 15 janvier vient d'être reportée a une date qui reste à préciser. Le président du Kazakhstan, organisateur de cette réunion, reste un homme attaché à la paix dans cette région et demeure un intermédiaire fiable et de premier plan pour la recherche d'une issue pacifique dans le conflit du Dombass en Ukraine. Le président Nazarbaiev est actuellement particulièrement actif à ce sujet. Il est allé à Berlin le 9 janvier dernier pour y rencontrer la chancelière Merkel. Ensemble, ils ont abordé des mesures pour apaiser la situation à l'Est de l'Ukraine dans la perspective de la réunion d'Astana. « Les leaders des deux pays ont réitéré que toutes les parties impliquées dans le conflit, doivent respecter les accords de Minsk afin de rétablir la paix et le climat de confiance.» a rapporté le service de presse du président kazakh.
 
Il est à noter qu'un règlement de la situation ukrainienne pourrait ouvrir la voie de la livraison à la Russie, des navires de guerre français Mistral.
 
Le 14/01/2014

Le pape François attendu en Asie dans un contexte tendu

 
François se rend au Sri Lanka puis aux Philippines pour un voyage qui durera jusqu'au 19 janvier. Deux pays en crise sur les plans politique et religieux.
« Nous pouvons prier pour que, tout comme au premier millénaire la Croix, fut plantée sur le sol européen, au second millénaire sur les sols américain et africain, on puisse, au troisième millénaire, recueillir une grande moisson de foi sur ce continent asiatique si vaste et si vivant », déclarait Jean Paul II en 1995.
Comme lui, François regarde vers l'Asie. Après la Corée du Sud en août 2014, il a choisi deux pays sur ce continent pour son septième déplacement hors d'Italie. Par ailleurs, le 4 janvier, il a annoncé la création de trois évêques asiatiques : le Vietnamien Pierre Nguyên Van Nhon, archevêque de Hanoï, le ­Thaïlandais ­François-Xavier Kriengsak Kovithavanij, archevêque de Bangkok, et le Birman Charles Maung Bo, archevêque de ­Rangoun. Pour le pape argentin, qui a fait de la mission et de l'annonce de l'Évangile le cœur de son pontificat, ce tropisme oriental n'a rien d'étonnant. Certes, les catholiques n'y représentent que 3,2 % de la population globale, mais leur dynamisme est grand, et c'est là que l'on enregistre la plus forte augmentation du nombre de prêtres, de religieuses et de missionnaires, devant l'Afrique, seul autre continent en progression, quand en Europe, en Amérique et en Océanie les indicateurs sont à la baisse. Entre 2001 et 2011, la proportion de catholiques en Asie a augmenté de 32 %.
En visitant le Sri Lanka et les Philippines, François va embrasser deux nouveaux visages de ce continent. Au Sri Lanka, pays meurtri par la récente guerre civile, bouddhiste à 70 %, où les catholiques représentent la plus petite minorité (7 % de la population), derrière les musulmans et les hindous, il est attendu sur le terrain de la paix et de la réconciliation. Aux Philippines, pays catholique à plus de 80 %, ravagé par des catastrophes naturelles, il est attendu sur la famille, l'écologie et la pauvreté.
En ce jour où je commence mon voyage au Sri Lanka et aux Philippines, je vous demande de prier pour moi et pour les peuples de ces pays.
Contexte politique houleux au Sri Lanka
 
Au Sri Lanka, le contexte politique est houleux. Et, comme l'analyse Régis Anouil, directeur de l'agence de presse Églises d'Asie (Eda), sa venue est désirée avec autant de joie que d'appréhension. Joie, « car la ­précédente visite d'un pape remonte à celle de Jean Paul II en 1995 et que le pape François vient conforter une communauté minoritaire qui a souffert, à l'image du pays tout entier, des années de guerre ayant opposé l'armée gouvernementale aux Tigres tamouls, jusqu'à la défaite de ceux-ci au printemps 2009 ». En effet, il existe des catholiques des deux côtés, cinghalais et tamoul. Sa venue suscite aussi l'appréhension « car le président sortant a convoqué une élection présidentielle pour le 8 janvier, à cinq jours seulement de l'arrivée du pape à Colombo et que beaucoup craignent que les violences qui entachent habituellement les périodes électorales dans ce pays ne viennent perturber une visite qui sera placée sous le signe de la paix et de la réconciliation ».
Car le président du Sri Lanka, Mahinda Rajapakse, qui termine son deuxième mandat, a décidé d'en briguer un troisième, après avoir fait modifier la Constitution. La date de l'élection a été avancée, et de nombreux observateurs dénoncent une manœuvre pour capter les voix des catholiques. Dans plusieurs villes du pays, des affiches présentant le président accueilli par François lors de sa dernière visite au Vatican ont été placardées, affiches dont la Conférence épiscopale sri lankaise et des associations ont demandé le retrait après avoir réclamé en vain le report de l'élection. Se montrer aux côtés du très populaire François apparaît comme une tentative pour Mahinda Rajapakse de récupérer, sur la scène internationale, une forme de respectabilité, très écornée depuis qu'il a refusé à plusieurs reprises la tenue d'enquêtes indépendantes sur les crimes de guerre commis lors de la guerre civile.
Sur place, des catholiques dont le militant cinghalais Ruki Fernando ont demandé au pape de reporter sa visite car ils craignent des violences ­post-électorales. Interviewé par Églises d'Asie, l'historien Éric Meyer explique : « Le facteur de risque est évident, et les violences ont déjà commencé en province. Elles peuvent s'étendre jusqu'à Colombo et prendre la forme d'affrontements entre les partisans du président et ceux de son principal rival. Ou la forme de violences religieuses, puisque, depuis quelques années, les musulmans et les chrétiens – les pentecôtistes et évangéliques d'origine américaine ou sud-coréenne, très implantés dans l'île – ont été la cible d'attaques de bouddhistes militants. »
Reconstruire après le typhon aux Philippines
 
Aux Philippines, qui comptent 85 % de catholiques, le contexte n'est pas aussi explosif. Cinq jours de vacances ont été décrétés à Manille, où 6 millions de personnes sont attendues pour la messe publique de François tandis que des affiches et des barrières de sécurité fleurissent dans la ville. Néanmoins, la corruption des milieux politiques est une préoccupation majeure pour le pays et pour l'Église, et là aussi, des tensions ont surgi entre l'épiscopat et le gouvernement quand celui-ci a fait expulser 250 familles victimes du typhon Yolanda de leur hébergement d'urgence, sous prétexte de mieux préparer la visite papale. « Il n'y a aucune raison de parler du pape quand il s'agit de justifier le retard pris dans la réinstallation des milliers de déplacés par le typhon Yolanda ! » a déclaré Amadeo Alvero, porte-parole de l'archidiocèse de Palo, très éprouvé par la catastrophe, comme le rapporte Eda.
Cet événement est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. En effet, alors que l'Église locale a déjà déboursé 9 millions de dollars et fait construire 1 600 logements pour aider les sinistrés, les promesses de relogement émises par le gouvernement tardent à être honorées. Une lenteur du plus mauvais effet, qui intervient six mois après un énorme scandale : l'arrestation de trois sénateurs pour détournement de millions de dollars de fonds publics vers des ONG fantômes.
Dans ce pays où 2015 a été déclarée Année des pauvres, de la compassion et de la lutte contre la corruption, le pape rencontrera aussi des familles durement éprouvées par la pauvreté. En effet, la précarité et le chômage entraînent un exode massif de la population, et il n'est pas rare que des mères (surtout) laissent mari et enfants pour trouver du travail à l'étranger, et permettre aux leurs de survivre et de faire des études. Lors du synode sur la famille, le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille, avait évoqué ces déchirures avec une immense émotion. Le thème devrait donc également être au cœur des discussions.
À la rencontre de l'Asie
 
Le pape décollera de Rome le 12 janvier en fin de journée et atterrira à Colombo, au Sri Lanka, le 13, à 9 h (heure locale), où il restera jusqu'au 15. Sur place, il participera à une rencontre interreligieuse avant de procéder le lendemain à la canonisation du bienheureux Joseph Vaz, missionnaire indien considéré comme l'« apôtre du Sri Lanka », envoyé clandestinement sur l'île, alors connue sous le nom de Ceylan, pour soutenir les catholiques persécutés par le pouvoir colonial hollandais.
Du 16 au 19, aux Philippines, il rencontrera des familles à Manille et déjeunera avec des survivants du typhon Yolanda, aux Philippines.
Par Marie-Lucile Kubacki, à Manille sur www.lavie.fr le 12/01/2015

Pour être augmenté cette année, mieux vaut travailler... en Asie


Dans quels pays les cadres ont-ils intérêt à travailler pour espérer être augmentés cette année? Selon une étude du cabinet de conseil en management Hay Group, les hausses de rémunérations seront les plus fortes en Asie (6,8% au total, alors que l'inflation reste contenue à 3,7%). Les hausses réelles les plus importantes dans cette région seront enregistrées au Vietnam (6,6%), en Chine (5,7%) et en Indonésie (4,4%). A l'échelle mondiale, l'étude table sur des augmentations de 5,4%, soit 0,2 point de plus qu'il y a un an.
 
Aux Etats-Unis, la hausse sera stable à 0,7% (après inflation), alors qu'en Amérique latine, elles seront impactées par une inflation galopante, souligne le cabinet. Les prévisions tournent autour de 9,7% alors que la hausse des prix est en moyenne de 10,7%. D'une manière générale d'ailleurs, les marchés émergents souffriront, avec un ralentissement assez net des augmentations salariales, alors même qu'elles avaient été importantes les années précédentes. Au Brésil par exemple, les salaires devraient augmenter de 6% contre 6,5% l'année dernière.

En Europe, l'augmentation attendue est de l'ordre de 3,1% environ pour une inflation de 1,5%, soit une hausse réelle des salaires de 1,6%. Le parent pauvre de la zone euro reste la France, avec une hausse réelle de 1,3%, grâce à une inflation faible de 0,7%. dans d'autres pays de la zone en revanche, l'heure est à l'espoir. En Irlande par exemple, le retour à la croissance permet d'envisager une hausse des salaires de 1,1% cette année, contre 0,2% en 2014.

Ces prévisions recoupent l'étude mondiale sur les salaires du cabinet Robert Walters publiée mardi qui porte, elle, sur les progressions salariales enregistrées en 2014. Comme pour 2013, c'est en Chine que la plus forte croissance a été enregistrée (autour de 8%), mais c'est au Royaume-Uni que le plus fort redémarrage en comparaison de l'année précédente, a été observé, signe que la confiance en l'économie semble être revenue dans ce pays, estime Antoine Morgaut, CEO Europe continentale et Amérique latine. Deux autres pays de la zone euro enregistrent également de belles progressions, à savoir l'Irlande et l'Espagne.

Marché à deux vitesses en France

Le tableau est en revanche bien morose pour les cadres français puisque selon Robert Walters, les rémunérations n'ont pratiquement pas augmenté. Les professionnels qui peuvent aspirer à la plus forte hausse salariale lors d'un changement de poste sont les ingénieurs.

Plus que jamais, souligne Antoine Morgaut, le marché des cadres est à deux vitesses. Sur le marché passif, c'est à dire celui où les cadres restent en poste, l'évolution salariale est proche de 0%. Alors que sur le marché actif (il a représente quelque 165.000 recrutements en 2014), les cadres qui ont bougé, ont en moyenne enregistré une évolution salariale de 10%.

Mais selon les secteurs et les types de postes, les variations peuvent être assez larges. Les cadres du secteur IT privilégieront ainsi davantage le contenu du projet et l'environnement de travail à la revalorisation pécuniaire. . Quant aux commerciaux, ils sont capables de faire plus d'effort sur leur fixe à condition de se retrouver sur un marché plus vendeur. «C'est plus facile de bien gagner sa vie en vendant un produit qui marche», rappelle Antoine Morgaut. Pour l'année qui démarre, le responsable de Robert Walters attend un signal fort sur le front de l'emploi et des recrutements de la part des entreprises, poussées à investir davantage sur leurs cadres. Ce qui devrait donc se traduire par des revalorisations salariales plus conséquentes pour cause de mobilité.

Par Christine Lagoutte le 15/01/2015 sur www.lefigaro.fr