lundi 29 juin 2015
Un haut responsable chinois appelle à une coopération sino-espagnole renforcée dans le cadre de l'initiative "Ceinture et Route"
Le programme anti-corruption du Kazakhstan
Boule de feu dans un parc à Taiwan : décès d'une jeune femme, plus de 500 blessés
Fondation à Pékin de la Banque asiatique d'investissement, outil du «rêve chinois»
La BAII constitue de facto un contrepoids au contrôle exercé par les États-Unis sur la Banque mondiale (BM) et – aux côtés du Japon – sur la Banque asiatique de développement (BAD). Et la Chine ne cache pas son intention d'en faire un instrument de «soft power», dont pourraient profiter à plein ses entreprises en quête de débouchés internationaux.
dimanche 28 juin 2015
L’Occident impuissant face à Daech
jeudi 25 juin 2015
Mer de Chine et cyber-espace: Washington met en garde Pékin
Pour la 7e édition de leur "dialogue stratégique et économique" annuel, les Etats-Unis et la Chine ont mis sur la table cette semaine leurs multiples contentieux tout en vantant leurs coopérations, en premier lieu sur le changement climatique.
Côté américain, les discussions étaient pilotées par le secrétaire d'Etat John Kerry et le secrétaire au Trésor Jacob Lew et, côté chinois, par le vice Premier ministre Wang Yang et le conseiller d'Etat Yang Jiechi qui a la main sur la politique étrangère de son pays. La partie chinoise a été reçue mercredi Barack Obama pour préparer la visite d'Etat de Xi Jinping en septembre.
M. Obama "a évoqué les inquiétudes des Etats-Unis concernant le comportement de la Chine dans les domaines maritime et informatique et a appelé la Chine à prendre des mesures concrètes pour faire baisser les tensions", selon la Maison Blanche.
Les ambitions territoriales de Pékin en mer de Chine méridionale, auxquelles s'opposent des pays d'Asie du Sud-Est soutenus par les Etats-Unis, sont source de tensions récurrentes dans la région. Les zones maritimes disputées sont stratégiques pour le commerce mondial et recèlent potentiellement d'importantes réserves d'hydrocarbures.
Piratage sur la table
Le piratage informatique est aussi source de vifs échanges entre Washington et Pékin. Des médias américains et des responsables ont vu la main de la Chine derrière la récente cyber-attaque ayant visé les données de millions de fonctionnaires américains. En mai 2014, cinq militaires chinois avaient été inculpés aux Etats-Unis pour "piratage informatique" et "espionnage économique".
John Kerry s'est dit "profondément préoccupé par les questions de cyber-sécurité, évoquant des discussions "franches" avec ses interlocuteurs chinois, mais "sans que l'on s'accuse ou l'on se montre du doigt". Il s'est plaint des "dommages causés aux entreprises américaines".
M. Lew avait été plus accusateur mardi, dénonçant "le vol électronique, parrainé par le gouvernement chinois", d'informations économiques confidentielles et de technologies brevetées. "La Chine exhorte les Etats-Unis à s'en tenir aux faits", a rétorqué le conseiller d'Etat Yang, dont les propos étaient traduits.
Climat et taux de change
Les deux géants, présentés comme des rivaux voire des adversaires en Asie-Pacifique, se sont aussi efforcés d'afficher leur bonne entente sur des problématiques mondiales: changement climatique, nucléaire iranien et nord-coréen, guerres au Moyen-Orient ou aide humanitaire.
Sur le climat, les deux pays, liés depuis novembre par un accord sur la réduction de leurs émissions, ont affirmé "leur détermination à obtenir un accord ambitieux et mondial en décembre à Paris". Washington et Pékin ont également annoncé une initiative commune en vue de protéger les océans, notamment par la lutte contre la surpêche et la création de zones marines.
Au plan économique, alors que les Etats-Unis souffrent d'un déficit commercial record de plus de 342 milliards de dollars en 2014, dû en partie à une sous-évaluation du yuan, le secrétaire au Trésor s'est félicité que "la Chine se soit engagée à n'intervenir qu'en cas de nécessité sur le marché des taux de change".
"La Chine a un rôle important dans l'économie mondiale et l'architecture financière", a loué M. Lew. John Kerry a lui réaffirmé que "les Etats-Unis saluaient l'émergence d'une Chine stable, pacifique et prospère".
Birmanie : revers pour Aung San Suu Kyi
A l’issue de trois jours de débats, le Parlement birman a rejeté, jeudi 25 juin, un projet de loi visant à réduire le poids de l’armée en son sein. Une décision qui anéantit tous les espoirs de l’opposante et Nobel de la paix Aung San Suu Kyi de pouvoir un jour changer la Constitution de 2008, qui l’empêche toujours d’accéder à la présidence.
Impasse
mercredi 24 juin 2015
L'Australie adhère à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures
jeudi 18 juin 2015
Gaz: l'Europe trouve une alternative à l'Ukraine
Gazprom est aujourd'hui prêt à toutes les concessions pour ne pas faire traîner les négociations avec les autorités turques. La perspective de rediriger le gazoduc vers la Bulgarie pourrait changer cette posture défavorable.
Rappelons que le projet Nabucco prévoyait un approvisionnement en gaz contournant la Russie: du Turkménistan et de l'Azerbaïdjan via la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie vers l'Autriche et l'Allemagne. Cependant, le projet a été abandonné en 2013 à cause de problèmes de financement et de l'absence de garanties des fournisseurs de gaz.
La Russie souhaite aujourd'hui cesser le transit via l'Ukraine et tente de construire un itinéraire alternatif pour les livraisons en Europe — il s'agissait d'abord du projet South Stream, dont la destination finale était l'Autriche mais qui avait été stoppé en raison de divergences avec l'UE. Le holding russe construit actuellement le gazoduc Turkish Stream pour acheminer le gaz jusqu'à un hub à la frontière gréco-turque. Toutefois, aucun contrat contraignant n'a encore été signé.
Dans le même temps, la Turquie ne s'empresse pas de signer un accord avec la Russie. Et ce n'est pas étonnant: les positions d'Ankara sont bien plus fortes aux négociations que celles de Moscou. Et plus la Turquie fera traîner la signature des accords, plus de concessions et de remises elle obtiendra de Gazprom. La Russie ayant annoncé la cessation du transit ukrainien, elle est ainsi dépendante des décisions d'Ankara. Cependant, la relance de Nabucco pourrait constituer un atout inattendu pour la Russie.
A moyen terme, la Russie pourrait partager le nouveau Nabucco avec d'autres exportateurs, par exemple l'Iran, qui était étudié comme fournisseur via ce gazoduc. Après tout, les fournitures de gaz iranien en Europe pourraient reprendre prochainement avec la levée des sanctions économiques internationales contre Téhéran.
La quantité annuelle de gaz russe acheminé par Nabucco pourrait avoisiner les 30 milliards de mètres cubes. Sachant que la capacité potentielle du Turkish Stream s'élève à 63 milliards de mètres cubes, dont 47 milliards sont prévus pour être livrés en Europe.
À l'heure actuelle, la Russie est effectivement prête à rejoindre tout projet pouvant au moins partiellement réduire le transit ukrainien — ainsi, fin mai, l'ambassadeur de Russie auprès de l'UE Vladimir Tchijov n'a pas écarté la possibilité d'une participation de Moscou au gazoduc transadriatique.
Sur fr.sputniknews.com le 17/06/2015
mercredi 17 juin 2015
Vers la fin du système Erdoğan
Échec aux élections législatives
Le résultat des élections législatives turques ne menace pas simplement les projets de Recep Tayyip Erdoğan, qui se voyait déjà en nouveau Sultan, mais le pouvoir même de son parti, l'AKP. Chacun des trois autres partis (MHP conservateur, CHP socialiste et HPD gauche) a indiqué refuser de former un gouvernement de coalition avec lui et souhaiter, au contraire, former une coalition à trois. Dans le cas où ils n'y parviendraient pas d'ici 45 jours, il conviendrait alors soit de confier aux socialistes le soin de former une coalition gouvernementale –une option déjà écartée par l'AKP–, soit de convoquer à nouveau des élections législatives.
Ce scénario semble encore improbable, comme le résultat de l'élection paraissait impossible à la quasi-totalité des commentateurs politiques jusqu'au scrutin du 7 juin. Cependant, en signant le 1er décembre 2014 un accord économique avec Vladimir Poutine pour lui permettre de contourner les sanctions de l'Union européenne (Turkish Stream), M. Erdoğan a défié les règles implicites de l'Otan. Ce faisant, il est devenu l'homme à abattre à la fois pour Washington et pour Bruxelles. Les États-Unis ont donc largement influé en sous-main durant la campagne électorale pour rendre possible le renversement de l'AKP.
Pour cette élection, M. Erdoğan s'était fixé comme objectif de remporter 400 sièges sur 550. En réalité, pour faire adopter une constitution taillée sur mesure qui lui accorde les pleins pouvoirs exécutifs, il espérait 367 sièges. À défaut, il se serait contenté de 330 sièges, ce qui lui aurait permis de convoquer un référendum qui aurait adopté le projet de constitution à la majorité simple. De toute manière, il lui en fallait 276 pour disposer de la majorité parlementaire, mais il n'en aura que 258, ce qui est insuffisant pour conserver seul le pouvoir.
La domination de l'AKP, depuis 2002, s'expliquait à la fois par ses bons résultats économiques et par la division de son opposition. Or, l'économie turque est en pleine déroute : le taux de croissance qui flirtait avec les 10 % pendant une décennie a chuté lors de la guerre contre la Libye, puis lors de l'opération secrète contre la Syrie. Il est actuellement de 3 %, mais pourrait rapidement devenir négatif. Le chômage se développe soudainement et atteint les 11 %. Ces guerres ont en effet été conduites contre des alliés de la Turquie et des partenaires économiques indispensables. Quant à la division de l'opposition, la CIA qui l'avait envenimée par le passé s'est empressée d'y remédier.
La chose était facile compte tenu de la kyrielle de griefs que l'autoritarisme de M. Erdoğan a suscitée. L'union de l'opposition avait déjà eu lieu, à la base, en juin 2013, lors des manifestations du parc Taksim Gezi. Mais le mouvement avait échoué, d'abord parce qu'à l'époque M. Erdoğan était soutenu par Washington, et parce qu'il était resté un soulèvement urbain. À l'époque, les manifestants protestaient certes contre un projet immobilier, mais principalement contre la dictature des Frères musulmans et la guerre contre la Syrie.
Constatant que ce mouvement n'avait pas pu le renverser, l'AKP se pensait, à tort, indétrônable. Il a donc tenté de faire passer en force son programme islamiste (foulards pour les femmes, interdiction de cohabitation pour les célibataires de sexe opposé, etc.). Et ce, alors que l'image pure du Sultan se trouvait soudainement remise en cause par la révélation de la corruption de sa famille. En février 2014, on entendait, sur ce qui paraît être une interception téléphonique, M. Erdoğan demander à son fils de cacher 30 millions d'euros en liquide avant une perquisition de la police [1].
Tout ceci sans parler de la purge contre les fidèles de son ancien allié, Fethullah Gülen [2], de l'incarcération massive de généraux, d'avocats et de journalistes [3], du non-respect des promesses faites aux Kurdes, et de la construction du plus grand palais présidentiel au monde.
Cet échec est la conséquence de sa politique étrangère
L'échec de Recep Tayyip Erdoğan ne provient pas de décisions intérieures, c'est la conséquence directe de sa politique étrangère. Les résultats économiques exceptionnels de ses premières années n'auraient pas été possibles sans l'aide en sous-main des États-Unis qui voulaient en faire le leader du monde sunnite. Ils ont été stoppés, en 2011, par le ralliement d'Ankara à l'opération de destruction de la Jamahiriya arabe libyenne qui était jusque là son second partenaire économique. La Turquie a réveillé les liens historiques qu'elle avait avec la tribu des Misratas, principalement des Aghdams, c'est-à-dire des juifs turcs convertis à l'islam et installés en Libye au XVIIIe et XIXe siècle.
La Turquie avait conscience qu'en attaquant la Libye, elle perdrait un très important marché, mais elle espérait prendre la tête des gouvernements tenus par les Frères musulmans, déjà en Tunisie, puis probablement en Libye, en Égypte et en Syrie. Ce qui a effectivement eu lieu dans les deux premiers États en 2012, mais n'a pas duré.
Ankara s'est engagé dans la guerre contre la Syrie. C'est sur le sol turc que l'Otan a installé le quartier général de coordination des opérations. Durant la première guerre (celle de 4ème génération), allant de février 2011 à la conférence de Genève I de juin 2012, l'Otan transférait en Turquie les combattants d'al-Qaïda en Libye de manière à créer « l'Armée syrienne libre ». M. Erdoğan se contentait de fournir des bases arrières camouflées en « camps de réfugiés », tandis que la presse occidentale aveuglée ne voyait qu'une « révolution démocratique » (sic) dans la lignée du « printemps arabe » (re-sic).
En juin 2012, la victoire électorale des Frères musulmans en Égypte pouvait laisser penser à un avenir radieux de la Confrérie. Aussi M. Erdoğan suivit-il le projet d'Hillary Clinton, du général David Petraeus et de François Hollande de relancer la guerre contre la Syrie, mais sur le mode nicaraguayen cette fois. Il ne s'agissait plus de soutenir une opération secrète de l'Otan, mais de jouer un rôle central dans une guerre classique de très grande ampleur.
Recep Tayyip Erdoğan, coordinateur du terrorisme international
Lorsque, en juillet 2012, l'Axe de la Résistance réagissait à l'assassinat des membres du Conseil de sécurité national syrien en tentant d'assassiner le prince saoudien Bandar ben Sultan, Recep Tayyip Erdoğan saisit sa chance. Il substitua la Turquie à l'Arabie saoudite dans la manipulation du terrorisme international.
En deux ans, plus de 200 000 mercenaires, venus des quatre coins du monde, transitèrent par la Turquie pour faire le jihad en Syrie. Le MIT —les services secrets turcs— mirent en place un vaste système de circulation d'armes et d'argent pour alimenter la guerre, principalement payée par le Qatar et supervisée par la CIA.
M. Erdoğan installait trois camps d'entrainement d'al-Qaïda sur son sol à Şanlıurfa (frontière syrienne), à Osmaniye (à côté de la base de l'Otan d'Incirlik), et à Karaman (près d'Istanbul) où il organisa une académie du terrorisme dans la tradition de l'École des Amériques [4] [5].
La police et la Justice turque ont montré que M. Erdoğan était —comme l'ancien vice-président états-unien Dick Cheney— un ami personnel de Yasin al-Qadi, le « banquier d'al-Qaïda ». C'est en tous cas ainsi que le FBI et les Nations unies l'avaient identifié jusqu'à ce qu'il soit retiré de la liste internationale des terroristes, en octobre 2012. Durant la période où il était mondialement recherché, Yasin al-Qadi se rendait secrètement à Ankara, en avion privé. Les gardes du corps de M. Erdoğan venaient le chercher à l'aéroport, non sans avoir d'abord désactivé les caméras de surveillance [6].
Le 18 mars 2014, un enregistrement diffusé sur YouTube laissait entendre un directeur de Turkish Airlines, Mehmet Karataş, se plaindre auprès d'un conseiller de M. Erdoğan, Mustafa Varank, que sa compagnie ait été utilisée par le gouvernement pour transférer secrètement des armes à Boko Haram au Nigéria. Le haut-fonctionnaire ne s'inquiétait pas d'avoir violé le droit international, mais déplorait que ces armes puissent servir à tuer non seulement des chrétiens, mais aussi des musulmans.
En mai 2014, le MIT transférait par train spécial à Daesh quantité d'armes lourdes et de pick-up Toyota neufs offerts par l'Arabie saoudite. L'Émirat islamique, qui n'était alors qu'un groupe de quelques centaines de combattants, se transformait en un mois en une armée de dizaines de milliers d'hommes et envahissait l'Irak.
Durant les quatre derniers mois de 2014, la Turquie empêcha les Kurdes du PKK de voler au secours des leurs à Kobané (Aïn al-Arab) lorsque la ville fut attaquée par Daesh. Au contraire, de nombreux journalistes ont attesté que les jihadistes pouvaient librement franchir la frontière [7].
Le 19 janvier 2015, la gendarmerie sur requête du parquet intercepta un convoi transportant des armes destinées à Daesh. Cependant, la perquisition fut interrompue lorsqu'on découvrit que le convoi était conduit par des agents du MIT. Par la suite, les procureurs et le colonel de gendarmerie furent arrêtés pour « trahison » (sic). Durant l'instruction de leur procès, un magistrat laissa fuiter que le MIT avait affrété au total 2 000 camions d'armes pour Daesh [8].
La colonne vertébrale du système terroriste turc est facilement identifiable : en 2007, l'Académie militaire de West Point a montré que les hommes de l'Émirat islamique en Irak provenaient d'al-Qaïda en Libye (GICL). Les mêmes mercenaires ont été utilisés pour renverser Mouamar el-Kadhafi en 2011 [9], puis pour former l'Armée syrienne libre (les « modérés ») [10]. Les membres syriens de l'Émirat islamique en Irak ont créé al-Qaïda en Syrie (Front al-Nosra). De nombreux combattants libyens et syriens sont revenus au sein de l'Émirat islamique en Irak lorsque celui-ci s'est renommé « Daesh » et a envoyé des cadres à Boko Haram (Nigéria).
L'implication publique de la Turquie dans le conflit
La Turquie tira un grand profit de la guerre contre la Syrie. D'abord en organisant le pillage de ses trésors archéologiques. Un marché public fut même installé à Antioche pour que les collectionneurs du monde entier puissent acheter les pièces volées et passer commande des œuvres à voler. Puis en organisant le pillage industriel d'Alep, la capitale économique de la Syrie. La Chambre de Commerce et d'Industrie d'Alep a montré comment les usines ont été systématiquement démontées, les machines-outil transférées en Turquie sous l'œil vigilant du MIT. Les Syriens ont porté plainte en Justice, mais leurs avocats turcs ont immédiatement été arrêtés par l'administration Erdoğan et sont toujours emprisonnés.
L'Armée turque n'a longtemps qu'envoyé des Forces spéciales en Syrie —plusieurs soldats turcs ont été faits prisonniers par l'Armée arabe syrienne—. Cependant, elle a coordonné l'attaque du village chrétien de Maaloula, en septembre 2013 ; un village qui n'offre aucun intérêt stratégique, mais qui est le plus ancien lieu de culte chrétien au monde. Surtout, en mars 2014, l'Armée turque entrait en Syrie pour escorter les jihadistes du Front Al-Nosra (Al-Qaïda) et de l'Armée de l'islam (pro-Saoudien) jusqu'à la ville arménienne de Kassab avec la mission de massacrer les habitants dont les grands-parents avaient fui le génocide perpétré par les ottomans [11]. Sans surprise, la France et les États-Unis s'opposèrent à une condamnation de cette agression par le Conseil de sécurité. Par la suite, l'Armée turque est entrée plusieurs fois en territoire syrien, mais n'y a jamais livré d'autres batailles.
Le poids des crimes de Recep Tayyip Erdoğan
La presse turque a largement traité les crimes de l'administration Erdoğan, ce qui lui a définitivement aliéné les populations alévies (proches des alaouites) et kurdes. Les premiers soutiennent massivement le CHP et les seconds le HPD. Mais c'était insuffisant pour faire chuter le nouveau Sultan.
L'erreur est survenue le 1er décembre 2014, lorsque M. Erdoğan a signé un gigantesque accord économique avec le président Poutine, qu'il perçoit à tort comme un Tsar et donc comme un modèle. Peut-être a-t-il craint que les États-Unis se retournent contre lui, une fois la Syrie tombée, à la manière dont ils s'étaient retournés contre Saddam Hussein une fois l'Iran épuisée. Toujours est-il qu'en prétendant jouer sur les deux tableaux, l'Est et l'Ouest, M. Erdoğan a perdu le soutien que lui apportait sans défaillir la CIA depuis 1998.
Le parcours de Recep Tayyip Erdoğan
Adolescent, M. Erdoğan pensait entreprendre une carrière de footballeur. Meneur d'hommes, personnalité charismatique, il vécu dans la rue à tête d'un groupe de délinquants. Il rejoignit rapidement la Millî Görüş (littéralement : « Vision nationale », doit être compris dans le contexte de la censure comme « Islam politique ») de Necmettin Erbakan, dont le programme était la ré-islamisation de la société. Il milita dans un groupe d'extrême droite anti-communiste et participa à diverses manifestations anti-juives et anti-maçonniques.
Élu au Parlement en 1991, il fut interdit d'occuper ses fonctions en raison du coup d'État et de la répression qui s'abattit sur les islamistes. Élu maire d'Istanbul, en 1994, il exerça ses fonctions sans imposer sa vision islamiste. Cependant, au moment de l'interdiction de son parti, il fut condamné pour avoir récité lors d'un de ses discours un poème pan-turkiste. Il purgea 4 mois de prison et fut interdit de se présenter aux élections.
Libéré, il prétendit avoir rompu avec les erreurs du passé. Il abandonna sa rhétorique anti-occidentale, provoquant la division du mouvement de Necmettin Erbakan. Avec l'aide de l'ambassade US, il fonda alors l'AKP, un parti à la fois islamiste et atlantiste auquel il intégra non seulement ses amis de la Millî Görüş, mais aussi les disciples de Fetullah Güllen, et les anciens partisans de Turgut Özal. Ce dernier, était un kurde sunnite qui fut président de 89 à 93. L'AKP gagna les élections de 2002, mais celles-ci furent annulées. Il gagna également les élections de 2003, ce qui permit à Recep Tayyip Erdoğan de devenir enfin Premier ministre, son interdiction politique étant terminée.
Arrivé au pouvoir, M. Erdoğan oublia d'imposer ses vues islamistes. Il développa l'économie avec l'aide des États-Unis, puis à partir de 2009 mit en œuvre la théorie du professeur Ahmet Davutoğlu (un disciple de Fetullah Güllen) de « zéro problème avec nos voisins ». Il s'agissait de résoudre, avec un siècle de retard, les conflits hérités de l'Empire ottoman. Entre autres choses, il mit en place un marché commun, en 2009, avec la Syrie et l'Iran, provoquant un boom économique régional.
L'AKP et les Frères musulmans
Bien qu'ayant une histoire différente, la Millî Görüş manifesta toujours un intérêt pour les Frères musulmans égyptiens. Aussi traduisit-elle les œuvres d'Hassan el-Banna et de Saïd Qotb.
L'AKP se rapprocha officiellement des Frères musulmans lors de la guerre conduite par Israël contre les Gazaouites, en 2008-09. Ce qui conduisit le gouvernement Erdoğan à soutenir et à participer au projet de Flottille de la liberté organisé par les Frères sous couvert d'une association humanitaire, l'IHH, et sous l'oeil vigilant de la CIA [12].
Dès les premiers jours du printemps arabe, l'AKP soutenait Rached Ghannouchi en Tunisie, Mahmoud Jibril en Libye et Mohamed Morsi en Égypte. Le parti fournit des spécialistes en communication politique aux Frères musulmans et les conseilla pour imposer leur vision commune de l'islam dans leurs sociétés respectives.
Signe de cette alliance, M. Erdoğan facilita, en septembre 2011, la création à Istanbul du Conseil national syrien, appelé à devenir le gouvernement syrien en exil ; une instance entièrement contrôlée par les Frères musulmans [13].
En 2012, M. Erdoğan accueillit au congrès de l'AKP les leaders des Frères musulmans au pouvoir, l'Égyptien Mohamed Morsi et le Palestinien Khaled Meschal. De même, il organisa une conférence des Frères, le 10 juillet 2013, auquel participèrent Youssef Nada, Mohammad Riyad al-Shafaka (le guide des Frères en Syrie) et Rached Ghannouchi. Par précaution, ce sont ses anciens amis de la Millî Görüş et non l'AKP qui lancèrent les invitations.
Lorsqu'en septembre 2014, le Qatar évite une guerre avec l'Arabie saoudite en invitant les Frères musulmans à quitter l'Émirat, M. Erdoğan saisit à nouveau sa chance et se trouve seul parrain de la Confrérie au plan international.
L'avenir de la Turquie
C'est par facilité que l'on a considéré Recep Tayyip Erdoğan comme un néo-ottoman. Son projet n'a jamais été de reconstituer l'Empire, mais d'en créer un nouveau avec ses propres règles. Il a cru pouvoir s'appuyer alternativement sur le fantasme du Califat (avec le Hizb ut-Tahrir, puis avec Daesh) ou celui du pan-turkisme (« la vallée des loups »).
C'est également à tort qu'on l'a décrit comme un politicien autoritaire. En réalité, il s'est toujours comporté comme un chef de meute et l'on ne dit pas d'un caïd qu'il est autoritaire. Pris en flagrant délit, dans de nombreuses affaires criminelles, il a toujours réagi en niant les évidences et en limogeant ou en arrêtant les policiers et les magistrats qui appliquaient la loi.
Même si Recep Tayyip Erdoğan parvenait à soudoyer le MHP, ou tout au moins 18 de ses députés, pour former une coalition gouvernementale, son parti ne restera pas longtemps au pouvoir.
De manière à être certain de ne plus avoir à affronter l'AKP, les États-Unis devraient en favoriser la division en encourageant les disciples de Fetullah Güllen et les partisans de feu le président Turgut Özal à former leur propre parti.
Le gouvernement qui succédera à l'AKP devra rapidement libérer les prisonniers politiques et poursuivre les leaders islamistes corrompus, puis abroger diverses lois islamistes pour satisfaire l'opinion publique. Il mettra fin à l'implication de la Turquie dans la guerre d'agression contre la Syrie, mais devrait faciliter l'exfiltration des jihadistes par la CIA, d'Irak et de Syrie vers une autre destination. Il bénéficiera du soutien financier des États-Unis dès qu'il aura remis en question le Traité signé par le président Erdoğan avec le président Poutine.
La chute de l'AKP devrait provoquer un repli des Frères musulmans sur le Qatar, seul État qui leur soit désormais favorable. Elle devrait aussi éclaircir l'horizon en Tunisie et en Libye, et favoriser la paix en Syrie et en Égypte.
Par Thierry Meyssan sur www.voltairenet.org le 15 juin 2015
vendredi 12 juin 2015
La Chine teste avec succès un missile hypersonique
Un missile balistique Wu-14 a été tiré depuis une base militaire de l'Ouest de la Chine le 7 juin. Il s'agit du quatrième test effectué ces 18 derniers mois.
Le missile chinois, qui consiste en une sorte de planeur expérimental, est lancé avec un missile balistique traditionnel, dont il se détache lorsqu'il atteint la stratosphère. Il plane ensuite dans la stratosphère avant de s'abattre sur la cible désignée.
Le missile peut contenir une charge militaire ordinaire, mais aussi une ogive nucléaire. Suite au détachement, la vitesse du bloc atteint près de 12.300 km par heure.
Selon le portail d'information numérique Washington Free Beacon, le missile a montré une meilleure capacité de manœuvre que lors des tests précédents. Ceci confirme qu'il est en mesure de pénétrer le système de défense antimissile américain.
Rick Lehner, porte-parole de la Missile Defense Agency des Etats-Unis, s'est abstenu de tout commentaire concernant les capacités du Pentagone à abattre de tels missiles hypersoniques avec les systèmes utilisés actuellement par le département de la Défense US, a fait savoir Washington Free Beacon.
Entretemps, la commission exécutive du Congrès américain sur la Chine a souligné dans son rapport du novembre 2014 que "les missiles hypersoniques peuvent rendre les systèmes de défense antimissile moins efficaces et potentiellement démodés".
"Compte tenu des résultats des quatre tests que la Chine a effectué ces 18 derniers mois, il est possible que la production de la première version du missile soit bientôt terminée et que dans un ou deux ans l'appareil soit mis en service", a estimé Rick Fisher, expert du Centre international pour la stratégie et l'évaluation.
Le premier test du missile hypersonique Wu-14 s'est déroulé le 9 janvier 2014, le deuxième et le troisième ont eu lieu le 7 août et le 2 décembre respectivement.
A présent quatre pays travaillent sur l'élaboration de l'arme hypersonique: les Etats-Unis, la Russie, la Chine et l'Inde.
Sur http://fr.sputniknews.com le 11/06/2015
lundi 1 juin 2015
Scandale dans l'affaire Aliyev
Un des plus grands journaux autrichiens «Osterreish», a critiqué de façon cinglante l'ensemble du système judicaire : « les étudiants en droit ont expliqué que le droit pénal autrichien est l'un des meilleurs dans le monde, mais il n’est pas aussi logique qu'il n'y paraît. Preuve en est, le procès de l’affaire Aliyev ».
Les représentants de la justice se moquent ouvertement des témoins. En particulier, lors de l'interrogatoire du conducteur Sapojhnikov, M. Böhm, a dit que s’il avait été lui-même forcé à transporter des personnes recouvert d’un masque, il se serait immanquablement demandé ce qui se passe. Le juge a apparemment oublié que l'accusé représentait les forces de sécurité et pouvait, sans qu’aucune question ne lui soit posée, réquisitionner n’importe quel transport.
Un exemple frappant de double standards est en évidence dans le cas présent. Le Juge Böhm, essayant apparemment de transférer l'affaire au plan politique, a appelé à témoigner Rysbek Sarsenbayev, frère du politicien Altynbek Sarsenbayev au Kazakhstan, qui a été tuée en février 2006.
Pourquoi le juge Böhm a tant insisté, au mépris du bureau du procureur ? Son intérêt pour le témoin R. Sarsenbayev s’est, de façon spectaculaire, immédiatement refroidi. Il a interrompu ses mots: "C’est une autre affaire, laquelle ne nous concerne pas."
Cette affaire fait grand bruit. Pour être honnête, tout est empêtré par le mensonge. Les défenseurs tentent d'éviter leur responsabilité, et pour être tout à fait honnête, ils exploitent l’égocentrisme européen. En particulier, nous parlons de l'absence totale de confiance vers les pays de l'Est de Vienne, utilisés par les voleurs et les criminels fugitifs. Le statut de combattant de la liberté d'une part et un gros portefeuille prévoyant une couverture juridique totale, de l'autre, et il est possible de vivre heureux pour toujours. Les affaires de ce genre, comme le montre la pratique, sont retardées pendant des années.
Pour faire un portrait de Musayev, il suffit d’avoir assez de ces matière, lesquels sont maintenant considérés par la justice autrichienne. La chose principale est qu'elle soit vraiment objective et impartiale.