lundi 22 août 2016

Le Kirghizstan devient un foyer de déstabilisation en Asie centrale

Tout le monde est au courant que la Chine se développement tranquillement en Asie centrale (et pas seulement). Les relations commerciales avec le Kazakhstan n'arrive pas à se développer, la situation politique de ce pays est stable mais sous une forte influence de la Russie. Le Kirghizstan est devenu un morceau savoureux. Il y a encore des échos des révolutions de couleur dans ce pays, des conflits claniques à l'intérieur, et des organisations religieuses extrémistes occupent une position forte. En outre, ces derniers pratiquent un grand niveau de corruption.

À l'heure actuelle, il est prévu un couloir de transport majeur à travers le Kirghizstan qui permettra de relier la Chine au Moyen-Orient, la Turquie et l'Union européenne.

L'idée de construire un couloir de transit à travers l'Asie centrale est discutée depuis le milieu des années 90. Le flux de marchandises aller/retour entre la Chine et l'Europe est énorme, la route par la mer n'est pas chère, mais assez longue. Et, à une époque où le temps est de l'argent, chaque jour vaut de l'or. Le projet de chemin de fer "Chine-Moyen-Orient» fait partie d'une stratégie globale de développement de la "Route de la Soie" par la Chine. Au cours des 30 prochaines années, la Chine va élargir son impact économique, à la fois dans la région et plus loin dans le monde entier.

On suppose que le chemin de fer "Chine - Kirghizistan - Ouzbékistan - Turkménistan - Iran" va devenir une partie du lien "Chine – Proche-Orient - Europe", conditionnellement divisée en plusieurs parties. La première d'entre eux est la construction de la voie Chine-Kirghizistan. La ligne de chemin de fer sera de 472 kilomètres de long avec un écartement européen des rails de 1.435 mm. De plus, cette voie traversera les pays postsoviétiques (qui n'ont pas la même largeur, héritée de l'Union soviétique). Par ailleurs, la largeur de la voie a été l'un des points de négociation entre Bichkek et la Chine, au cours de la discussion des perspectives du projet. La discussion a duré longtemps et était très animée.

Le Kirghizistan n'a tout simplement pas d'argent pour mettre en œuvre ce niveau de projet à grande échelle : le coût de la construction du chemin de fer sur le territoire du Kirghizistan est estimé à près de 2 milliards $. C'est pourquoi la Chine va payer le prix de la construction. Le Kirghizistan, pour sa part, met à disposition son territoire à la Chine pour 50 ans pour la construction de routes et le développement de gisements. Ensuite, le chemin de fer doit passer par l'Ouzbékistan, le Turkménistan et l'Iran. Ce qui attire la Chine au Kirghizistan est clair : la situation géopolitique et les ressources naturelles.

Par ailleurs, la création d'un couloir à travers le Kirghizstan et l'Ouzbékistan porte d'énormes risques, à la fois logistiques et politiques.

Pour commencer, pendant le transport vers les ports du Moyen-Orient, les marchandises devront passer beaucoup de frontières : ils seront au nombre de quatre jusqu'en Iran. Ensuite, il y aura une autre frontière avec la Turquie, deux ferries sur le lac Van et à travers le Bosphore, et seulement après une arrivée en Europe. En d'autres termes, le transit serait trop cher et pas assez rapide.

Le deuxième risque est politique. La position actuelle du président Atambaïev n'est pas aussi forte qu'il veut le faire paraître. L'opposition a exprimé à plusieurs reprises des revendications aux autorités. Il ne faut pas exclure la possibilité d'un nouveau coup d'Etat militaire à Bichkek. D'autant plus qu'en principe, au Kirghizistan, avant les révolutions de couleur ce sont des scénarios similaires qui se développent.

La troisième menace est la croissance de l'islamisme et la transformation du Kirghizistan en un fief de l'Etat islamique sur le territoire de l'Asie centrale. Le Kirghizstan est le seul pays de la région, où est officiellement autorisé et même pris en charge par les autorités officielles, les activités de "Tablighi Jamaat" qui est une organisation constituant une base pour la formation des terroristes d'Al-Qaïda, des talibans et de l'Etat Islamique. Ces dernières années, les experts parlent de plus en plus de la menace croissante de forces déstabilisatrices, jouant la carte de la construction du Califat dans le pays.

L'Ouzbékistan se prépare également à repousser une attaque massive des islamistes, qui, selon les forces de sécurité ouzbèkes ont accumulé des dizaines de milliers de combattants dans le nord de l'Afghanistan. En cas d'actes de terrorisme sur le territoire d'un des pays de la région, il y aura automatiquement une propagation du feu un l'état «à risque» adjacent : l'Ouzbékistan et le Kirghizistan. Et le Kirghizistan, apparemment, est le premier à brûler.

Il y a une excellente alternative un peu plus au nord, à travers le Kazakhstan et la Russie, avec le même point d'accès à l'UE. Cette route est plus sûre, et il n'y a pas de frontières intérieures (les pays sont des adhérents à l'Union douanière).

La deuxième option est la route Kazakhstan/Turkménistan/Iran qui constitue un axe de transport international Nord - Sud. Par ailleurs, le projet chinois prévoit de connecter le Turkménistan à cet axe de transport, mais les chargements continueront d'avoir à se rendre en Iran pour la branche déjà construite. Aujourd'hui, il existe déjà un réseau de chemins de fer de la Chine aux frontières du Turkménistan.

Ces deux options sont très bénéfiques car elles impliquent des tarifs ferroviaires relativement faibles.

Et enfin, la troisième voie : l'autoroute Europe de l'Ouest/Ouest de la Chine.

Il se trouve que dans le cas de déstabilisation de la situation au Kirghizstan, la circulation des marchandises, qui passent par Bichkek, peut être suspendue, car il y a beaucoup de couloirs alternatifs sûrs. Mais le pays ne recevra plus les 200 millions de dollars en chiffre d'affaires annuel de transit. Il restera alors quand même au Kirghizstan à rembourser des milliards de dollars, qui lui avait été donné par la Chine pour la construction de la route et le développement de ses ressources naturelles.

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