Pendant 20 ans d'indépendance, les pays de la région ont réussi à éviter les conflits de grande envergure dans le domaine du partage des ressources en eau. Cependant, le débat en cours sur la modification des régimes d’exploitation des fleuves transfrontaliers Amou-Darya et Syr-Darya crée un contexte inquiétant d'incertitude et une inquiétude pour l'avenir.
En général et à différents stades, l'humanité est constamment confronté au problème du manque de ressources en eau. Il convient de noter que 145 pays dans le monde utilisent avec leurs voisins les eaux des « bassins transfrontaliers ». En outre, le territoire de 21 Etats entrent pleinement dans les bassins internationaux. Lorsque les réserves d'eau sont limitées, la nécessité de coopérer conduit souvent à l'aggravation des relations entre les Etats.
Par ailleurs, le problème même de partage des fleuves transfrontaliers est principalement apparu au XXème siècle, lorsque les créations de réservoirs et de construction de canaux de dérivation et autres ouvrages hydrauliques se sont répandus à travers le monde.
La coopération transfrontalière pour l'eau est basée sur les principes du droit international et les ressources en eaux transfrontalières doivent être équitablement et rationnellement utilisées, et nul n'a le droit de polluer l'environnement et les pays côtiers. Chaque dirigeant politique a au moins une fois dans sa vie parlé de cela.
Une attention particulière devrait être accordée à l'amélioration les systèmes de gestion de ces ressources et intégrer des technologies modernes d'irrigation, économes en eau. Tout cela pour économiser l'eau! C’est ce dont ont besoin les pays d'Asie centrale pour le moment. En outre, il est important de réagir immédiatement aux répartitions inéquitables, aux prélèvements des eaux ou à la violation des droits et intérêts d’autrui. Entre temps, il n’existe aucun mécanisme international pour la gestion des ressources naturelles et des écosystèmes en Asie centrale. Cela a été reconnu plus d’une fois du coté ouzbek et tadjik, sur le territoire desquels prennent source les principales rivières d’Asie Centrale, l'Amou-Darya et Syr-Darya. Mais malheureusement pour le moment, chaque pays utilise les ressources en eau à sa seule discrétion, car il y a 20 ans, la gestion de la distribution de l'eau d'irrigation du fleuve Syr-Darya était plus ou moins stable.
En Asie centrale, la répartition des ressources en eau est effectuée conformément à la Déclaration de Noukous. La limite annuelle de prélèvement d'eau du Tadjikistan pour les deux fleuves transfrontaliers (Amou-Darya et Syr-Darya) est de 13,2 kilomètres cubes. Aujourd'hui, selon le ministère de la bonification des terres et des ressources en eau du Tadjikistan, le quota d'utilisation des cours d'eau transfrontaliers du Tadjikistan pour l'Amou-Darya, est de 9,5 kilomètres cubes. Cependant, la République du Tadjikistan n’utilise annuellement que 7,5 kilomètres cubes. De 1992 à 2010, le Tadjikistan n’exploitait pas en moyenne 1,8 kilomètres cubes d'eau qui sont utilisés par les pays en aval de la rivière Amou Darya, à savoir l'Ouzbékistan.
La situation est légèrement différente pour le Syr-Darya. La limite de prélèvement du Tadjikistan est de 3,6 kilomètres cubes, mais ce pays prélève 2,1 kilomètres cubes d’eau de la rivière, soit une part considérable du débit initial. D’autre part, le flux principal de l'Amou-Darya se forme au Tadjikistan (80%) et en partie dans le nord de l'Afghanistan. La rivière coule ensuite le long de la frontière entre l'Afghanistan et l'Ouzbékistan, traverse le Turkménistan, retourne en Ouzbékistan et se jette dans la mer d'Aral. Actuellement, l'eau de la rivière ne parvient même pas jusqu’à la mer d'Aral, à cause des prélèvements pour l'irrigation. Ce fut l'une des principales causes de diminution de la profondeur de la mer d'Aral, qui est située à la frontière du Kazakhstan et de l'Ouzbékistan. Ainsi, à partir des années 1960, le niveau de la mer et son volume d'eau ont diminué rapidement en raison de détournement de l'eau des principales rivières d’alimentation, l’Amou-Daria et le Syr-Darya. Auparavant, la mer d'Aral était le quatrième plus grand lac au monde. Les prélèvements d'eau excessifs pour l'irrigation des terres agricoles ont transformé cette étendue d’eau en un désert aride. L'ensemble de la mer d'Aral ne pourra pas être reconstituée à cent pour cent. Il faudrait pour cela quadrupler le flux annuel des eaux du Syr-Darya et l'Amou-Darya. Ceci est un véritable exemple de l'utilisation non concertée des ressources en eau des rivières transfrontalières.
La controverse au sujet de cette situation entre pays avals et amonts aboutit à des accusation mutuelles sur l’apparition du problème de la mer d'Aral.
Il faut penser aux conséquences futures des actions d'aujourd'hui. La particularité de l’Asie centrale est une distribution très inégale de ses plans d'eau, dont les deux principales sources se trouvent dans deux des cinq républiques d'Asie Centrale.
Les pays d'Asie centrale devraient combiner les réserves d'eau des rivières Amou-Daria et Syr-Darya, ainsi que les infrastructures hydrauliques, barrages, canaux et réservoirs. Dans les conditions actuelles, une pénurie d'eau peut arriver dans l'un des pays d'Asie centrale et cela sera perçu comme une menace directe pour ses intérêts nationaux et sa sécurité. De plus, il faut optimiser les systèmes fluviaux pour permettre l’exploitation simultanée des industries de l’irrigation et de l'énergie, ce qui si elles appartiennent à différents pays, semble être une tâche insurmontable. Les perspectives d'intégration en Asie Centrale dépendent en grande partie de la façon dont la région sera en mesure de résoudre efficacement les problèmes de ressources en eau et d'énergie.
Il existe ainsi de sérieux risques pour la stabilité de l'Asie Centrale à cause du problème des ressources en eau transfrontalières pour un certain nombre de raisons, dont :
- L’absence de cadre juridique adéquat nécessaire à l'exploitation en commun des réserves d'eau,
- La priorité des républiques donnée à leurs propres intérêts,
- Les différences dans le développement sociopolitique et économique des pays de la région,
- Le besoin croissant pour les ressources en eau.
Peut-être que la situation actuelle n’aurait pas été si négative, si les l'état-utilisateurs (en particulier ceux de la partie amont) possédaient une économie forte, des produits compétitifs et pouvaient donc allouer des fonds suffisants pour le maintien des volumes d'eau dans leurs territoires respectifs.
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