vendredi 30 septembre 2016

Un accord pour l'eau en Asie centrale devient urgent.

En Asie centrale, des mesures sont nécessaires pour résoudre l'un des problèmes clés de la région : la gestion des ressources en eau. le Kazakhstan et le Kirghizstan ont déjà mis en place des accords bilatéraux. Mais si les cinq pays (Tadjikistan, le Kirghizistan, le Turkménistan, le Kirghizstan et le Kazakhstan) n'arrivent pas à se mettre autour d'une table de négociation et parvenir à un consensus sur l'eau dans la région, il est possible que des conflits pour l'eau en Asie centrale puissent éclater dans un proche avenir.

L'Asie centrale est une des régions pauvres en eau dans le monde. Dans le même temps, à l'intérieur de cette région, l'eau se répartit de manière très inégale. Deux Etats (Kirghizstan et Tadjikistan) se trouvent en amont, tandis qu'en aval, l'Ouzbékistan, le Turkménistan et le Kazakhstan, sont les principaux consommateurs de ressources en eau. Par ailleurs, le Kirghizstan et le Tadjikistan sont des pays déficitaires en énergie.

Cette répartition eau-énergie a déterminé un système de gestion de l'eau à l'époque soviétique : les pays amonts recevaient l'énergie qui leur manquait, et les pays avals, l'eau. Le schéma était simple. En hiver, le Tadjikistan et le Kirghizstan accumulaient l'eau dans les réservoirs  Nurek, Toktogul Kairakkum et l'été, la déversaient pour l'irrigation des terres arables en Ouzbékistan, au Kazakhstan et au Turkménistan. En échange le Tadjikistan et le Kirghizstan recevaient de l'électricité et du gaz.

Cependant, ce système d'échange s'est interrompu avec l'effondrement de l'Union soviétique. Les pays se sont conformés aux règles du marché. Et le Kirghizstan et le Tadjikistan se sont trouvées dès le début avec des conditions inégales, car ils devaient acheter l'électricité et donner l'eau gratuitement.

La construction de Rogun (sur la rivière Vakhsh) et de la centrale hydroélectrique Dashtijum (sur la rivière Panj) au Tadjikistan et Kambarata 2 (sur la rivière Naryn) au Kirghizstan est une réaction naturelle du Tadjikistan et du Kirghizstan dont le désir est d'assurer leur propre sécurité énergétique. Ceci, bien sûr, a provoqué de vives protestations de la principale consommatrice d'eau dans la région, l'Ouzbékistan. Tashkent craint sérieusement que les projets Kambarata et Rogun violent le droit international et se traduira par la réduction de l'accès à l'eau, qui par conséquent, peuvent causer des dommages écologiques et économiques importants. Pour l'environnement, c'est une réduction de l'apport d'eau vers la mer d'Aral, déjà faible du côté ouzbek. Du coté économique, c'est une perte dans la culture du coton en Ouzbékistan, qui est la culture majeure de ce principal pays consommateur d'eau. Cependant, il y a une autre version selon laquelle les centrales hydroélectriques construite au Kirghizistan et en particulier au Tadjikistan, seront en concurrence avec l'électricité ouzbèke pour l'exportation vers les marchés d'Asie du Sud.

Le fait marquant est qu'en dépit de cette perturbation, Tachkent ne cherche pas à s'asseoir à la table des négociations pour trouver un équilibre des intérêts mutuellement acceptable.

Toutefois, s'il y a des négociations dans la région aujourd'hui, elles se déroulent plus sur une base bilatérale entre États. Bien que chaque côté comprend que pour parvenir à une répartition raisonnable des intérêts et des régimes d'avantages de l'utilisation de l'eau, tous les acteurs devraient se trouver autour de la même table de négociation, soit les cinq États d'Asie centrale.

Par ailleurs, la qualité de l'utilisation de l'eau dans la région est également importante. En cas de pénurie d'eau dans le cours inférieur des rivières, les pays se réfèrent assez inconsidérément à l'utilisation de l'eau en amont. L'Asie centrale  consomment plus d'eau par habitant que les gens dans toute autre région de la planète. Le Turkménistan et l'Ouzbékistan consomment deux fois plus d'eau que les États-Unis. En terme de consommation d'eau, Ashgabat, ville de700.000 habitants, est comparable à Chicago qui a une population de près de trois millions de personnes.

Le Kazakhstan montre une approche plus raisonnable d'utilisation de l'eau ( nommée "fin de la voie d'eau» ou encore, « pour sauver chaque goutte »). Malgré un flux annuel en baisse du Syr Darya venant d'Ouzbékistan, le Kazakhstan a restauré la partie nord de la mer d'Aral. Dans les régions du sud de ce pays, est utilisé activement une irrigation goutte à goutte. En outre, le Kazakhstan a réussi à parvenir à un accord avec le Kirghizstan sur l'échange d'électricité « à un prix conventionnel ». En Août, le Kirghizstan a donné de l'énergie au Kazakhstan et en automne, il le récupérer. Dans le même temps, les lâchers d'eau de la centrale hydroélectrique Uch-Kurgkanskoy ont apporté un montant de 350 m3/s au profit des fermes du Kazakhstan.

Cela est en fait une restauration du système de troc : de l'eau en échange d'énergie. La récupération d'énergie du Kazakhstan, permet non seulement un volume favorable du réservoir de Toktogul pour l'automne et l'hiver, mais le plus important, elle a sauvé l'équilibre de l'eau et de l'énergie. Il est à noter que pour la première fois, le Kazakhstan et le Kirghizstan n'ont pas mené des négociations individuellement sur l'énergie et l'eau, mais sur les deux problèmes ensemble.

Curieusement, aucune approche similaire n'a encore été réalisé dans les négociations avec l'Etat voisin ouzbek. Tashkent préfère se cantonner à des notes de protestation ou à des épreuves de force. Comme cela a récemment eu lieu dans la zone Ungar-Too dans la région de Djalal-Abad du Kirghizstan, où sont postés des deux côtés des forces de police. Les tensions à la frontière entre les voisins ont alimenté le conflit non résolu sur les droits d'utilisation du réservoir Ortho-Tokoy (appelé Kasansay en Ouzbékistan), qui fournit de l'eau pour les deux républiques. Construit pendant les années soviétiques, ce réservoir est l'objet d'un différend entre le Kirghizstan et l'Ouzbékistan depuis l'indépendance de ces Etats.

Il est possible que des conflits similaires attendent Tashkent et Dushanbe, car aujourd'hui, le Tadjikistan met en œuvre activement un projet pour la construction de la centrale hydroélectrique Rogun. Et cela ne convient pas du tout à Tachkent.

En fait, c'est un indicateur de collision. Si les Etats d'Asie centrale ne siègent pas immédiatement à la table des négociations tous ensemble, dans un très proche avenir, on peut s'attendre à une guerre des ressources.

Enfin, ces pays doivent reconnaître l'interdépendance et utiliser leurs capacités au profit non seulement d'eux-mêmes, mais aussi de leurs voisins, pour assurer le développement de la région dans son ensemble.

En fait, cela encourage la création de l'Union des Etats d'Asie centrale, qui discutent des perspectives depuis ces dernières années. À l'heure actuelle, il peut devenir un sujet unique pour la recherche de consensus bénéfique à tous les pays. Et à en juger par le dernier quart du siècle, la situation commande pour commencer, à rétablir un système d'équilibre raisonnable entre l'eau et l'énergie.

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