jeudi 29 mars 2012

Les Brics s'imposent peu à peu sur la scène internationale


Dilma Rousseff (Brésil), Dmitri Medvedev (Russie), Manmohan Singh (Inde),
Hu Jintao (Chine) et Jacob Zuma (Afrique du Sud)
dirigent des pays émergents à forte croissance.

Même s'il n'a pas donné lieu à d'annonces spectaculaires le 4e sommet des Brics, à New Delhi, a souligné l'envie croissante des pays émergents de travailler entre eux, notamment en matière de changes.

Ce n'est pas encore l'influence du G20 ou du G8. Mais petit à petit le sommet des Brics creuse son sillon sur la scène internationale. Les chefs d'État du Brésil, de Russie, d'Inde, de Chine, et d'Afrique du Sud se sont réunis ce jeudi matin à New Delhi pour leur quatrième sommet. L'occasion pour les pays émergents en forte croissance, à défaut de faire des annonces spectaculaires, de poser une nouvelle pierre dans la difficile construction d'un édifice commun. Pour la première fois, les chefs d'État ont ainsi lancé des travaux concrets en vue de la préparation de leur prochain sommet, prévu en 2013, signe de l'émergence d'une forme de coordination. Ils ont chargé leurs ministres des Finances respectifs de créer un groupe de travail conjoint qui leur présentera, l'année prochaine en Afrique du Sud, un projet de création d'une banque de développement «sud-sud» consacrée au financement des infrastructures et de l'innovation dans les pays en développement.
Plus qu'un projet réellement abouti, il s'agit pour les Brics de manifester leur agacement à l'égard de la gouvernance du FMI - «qui doit mieux refléter la voix et le poids de ses membres les plus pauvres». Mais aussi vis-à-vis de la banque mondiale. Car les Brics ont beau n'avoir toujours pas réussi à présenter un candidat commun au poste de président de l'institution, qui sera renouvelé en juin, ils ont appelé avec une fermeté accrue à ce que la présidence de cette banque soit accordée dans le cadre d'une procédure «ouverte» à tous les pays «et basée sur le mérite». Sous-entendu, que le poste ne soit plus réservé seulement aux Américains.

La politique de change en question

Les pays des Brics, qui représentent 43% de la population mondiale et assurent actuellement l'essentiel de la croissance du monde hésitent de moins en moins à donner des leçons aux pays développés. La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, a une nouvelle fois appelé à des politiques de change moins déséquilibrées, une allusion au dollar que les brésiliens jugent notoirement sous-évalués par rapport au réal. Quant aux Européens, ils doivent eux aussi apporter leur pierre à l'édifice: «l'accroissement de la dette souveraine et les ajustements budgétaires à moyen terme qu'ils impliquent dans la zone euro créent une incertitude sur la croissance globale», lit-on dans le communiqué final. Mais surtout, «la liquidité excessive due aux actions très agressives des banques centrales pour stabiliser leur économie domestique se répand sur les marchés émergents, générant une volatilité excessive des capitaux et sur les marchés de matière première». Un pavé dans la mare de la BCE et de la banque d'Angleterre, au moment où la Fed américaine réfléchit elle aussi à lancer une nouvelle séquence de «quantitative easing», équivalente à faire marcher la machine à billets.
Loin de se remettre eux même en cause, les Brics en appellent au G20 pour s'assurer de la mise en oeuvre d'une coordination macro-économique globale permettant d'assurer la reprise mondiale.

Enfin, les Brics ont fait une timide mais importante avancée en matière de changes. Les cinq banques de développement publiques de ces pays ont signé entre elles «un accord de crédit multilatéral», nom barbare pour désigner un dispositif permettant de faciliter la mise à disposition de devises locales entre ces banques, ce qui rendra plus aisé le commerce entre ces pays en monnaies sans avoir forcément recours aux grandes monnaies internationales convertibles. Un coup de canif encore symbolique dans l'hégémonie du dollar.

Le 29/03, par Cyrille Lachèvre sur http://www.lefigaro.fr/

mercredi 28 mars 2012

Que font les animaux dans la fosse ?

"La guerre est  juste une lâche fuite des problèmes de temps de paix". T. Mann
Aux États-Unis, leader incontesté de l'Occident, l'État ne peut plus fournir de réponses aux questions de la population. Entre autre, il demeure des questions des plus sérieuses : Que va t-il arriver à la valeur du dollar ? Quel est le sort de dizaines de millions de personnes recevant des coupons alimentaires du gouvernement ? Comment mettre fin à la dette astronomique des ménages, des entreprises et de l'État ? La liste est longue. En réponse, des représentations exagérées de la Syrie et de l'Iran ont émergées. Toutefois, la présence du "democratisator" en Syrie, pourrait avoir facilement des implications tectoniques pour le monde moderne.
Les Etats-Unis, sont traditionnellement une vache qui broute dans le monde entier, mais dont le lait ne profite qu'à eux seuls. Pendant un certain temps, le monde avait assez de ressources pour un tel modèle de développement. Toutefois, l'épuisement des ressources naturelles et la croissance de la population dans les pays non-occidentaux a mis à l'ordre du jour la question de la révision des règles existantes. La puissance militaire de Washington est colossale. Il est très difficile de se battre avec un dragon si féroce.
Les cupides banquiers de Wall Street ont construit un système économique prédateur. Celui qui se positionne contre le système bancaire ne survivra pas. Toutefois, l'avidité rapace endémique a entraîné tous les pays du monde dans un gouffre. Et comme dans le conte "Les animaux dans la fosse" le moment est venu pour quelqu'un de se repaître. Les maîtres de ce processus sont les États-Unis, lesquels sont activement engagé dans la recherche de nouvelles victimes.
En théorie, Washington serait le principal coupable de "la création de la fosse», cependant il est armé jusqu'aux dents. En outre, la Maison Blanche est le chef de file du troupeau de prédateurs lesquels sont habitués à lui obéir. En géopolitique, cette situation conduit inévitablement à la redistribution du monde, ce qui par nature ne peut pas être indolore et sans effusion de sang.
Pour retarder sa fin, l'Occident a pris des positions qui lui correspondaient. L'Arabie saoudite et le Qatar n'ont pas été touchés car ce sont des monarchies qui sans l'aide des Etats-Unis et des dirigeants européens sont condamnées à mort. Cependant, beaucoup d'autres ont été envoyés à l'autel du sacrifice.
Le chaos contrôlé est une «astuce» de la politique américaine. Avec l'aide de cette technique, les pays concurrents descendent dans l'abîme, et se défient. Avec cependant un coût élevé pour l'armée américaine, qui soit dit en passant, est allé engraisser le complexe militaro-industriel, L'Irak est passé sous le contrôle de l'Occident. C'est-à-dire que ses ressources pétrolières circulent dans les zones choisies par Washington, avec des prix qui sont dictées par Washington.
En Afghanistan, la situation est quelque peu différente, car il n'y a pas de pétrole. Mais la production a augmenté de plusieurs dizaines de fois, en particulier celle de l'héroïne. Cette drogue a une importance géostratégique, car elle permet d'accumuler des capitaux destinés à la corruption (un homme est faible devant un beaucoup d'argent et les perspectives qu'il lui offre), et l'héroïne affaiblit le fond génétique de l'homme sur une échelle de plusieurs millions de personnes. Encore une fois, cela se fait sous les ordres du Pentagone au détriment de l'Afghanistan.
La Syrie est une cible naturelle. Avant la Syrie, c'était la Libye. Même le prédateur le plus paresseux ne pouvait pas ne pas s'en occuper. Cet Etat avec une petite population et de vastes réserves pétrolières s'est livrée sur un plateau. Et qu'il est bien le pétrole là-bas! Dans un certain nombre de champs on peut remplir de cet « or noir » le réservoir d'une voiture diesel directement à partir des puits, et elle roulera.
La rumeur qui dit que Mouammar Kadhafi faisait porté un joug au peuple libyen et que ce dernier se leva comme un seul homme pour combattre ce régime détestable est grandement exagérée. Pendant les quarante ans de régime dictatorial libyen, un total d'environ 500 personnes ont été exécutées. Et dans la liste se trouvent tous les sadiques, meurtriers, et pédophiles. Il y a quelques opposants politiques, mais si vous comparez le nombre de victimes du colonel Kadhafi par rapport à ceux d'Islam Karimov, il prendra un statut de petite frappe.
L'histoire de la Libye a confirmé la déclaration faite par Adolf Hitler disant que personne ne demande au gagnant s'il avait dit la vérité. Les nombreux milliards d'investissement de l'ex Lybie dans l'économie de l'Union européenne sont soudainement apparus comme volés au peuple libyen. Et pourquoi ? Tout est comme prévu, les tampons, le bilan, les conditions, ainsi que la participation des avocats les plus chers de l'Ouest. Les Libyens, qui étaient reconnaissants à Kadhafi pour la gratuité du logement, des travaux publics, et des bons avantages sociaux, ont donc pris les armes pour sa défense. 
Pour la Syrie, presque tous les ponts de chemin de fer ont été dynamités, et les chemins de fer eux-mêmes sont minés. Les déplacements en voitures se heurtent au danger de nombreux points de contrôle tenus par de bandits. La Syrie s'appelle la République Arabe Syrienne, mais en réalité, sa population est une mosaïque sur le plan ethnique et religieux. Le pays a été fortement inondé d'armes, y compris d'armes lourdes (lances roquettes).
En raison des proportions prises par la crise mondiale, la défaite de la Syrie ne peut pas être objectivement le point final de la stratégie militaire de l'Occident. La prochaine étape, c'est l'Iran. A l'époque du Shah Mohammed Reza Pahlavi, l'Iran a connu une grande modernisation. Téhéran était occidentalisé, désislamisé et l'économie et la prospérité économique en croissance rapide. Avec l'aide de l'Occident a eu lieu la révolution islamique, qui, combiné avec l'agression de l'Irak pour une vingtaine d'années a arrêté le développement du pays.
Mais le puissant potentiel de l'Iran lui a permis par la suite à commencer à exercer son influence. Le pays a continué à s'industrialiser. Téhéran a construit une centrale nucléaire et est sur ​​le point d'adhérer à part entière dans le club des puissances nucléaires. Mais voici le problème : l'élite du pays ne conserve pas l'argent du pétrole dans les banques occidentales, mais dans les banques Iraniennes. Les compagnies pétrolières étrangères ne sont pas les maîtres en Iran. En conséquence, les États-Unis ont organisé un blocus économique et prévoient une agression militaire.
La guerre de l'Occident et de ses satellites tels que l'Arabie Saoudite et le Qatar, contre l'Iran, aura des répercutions régionales très importantes. L'Azerbaïdjan est prêt à faire la guerre sur le côté de l'Occident, mais serait alors la cible des bombes iraniennes.
Les guerres, en particulier les grandes, vont automatiquement catalyser une variété de processus dans les vastes régions. Ce qui prend plusieurs années en temps de paix se règle lors en quelques mois. Par conséquent, la région de l'Asie centrale dans le cas d'une guerre en Iran subira d'énormes dégâts. L'Ouzbékistan pourrait être facilement déstabilisée. 2 à 3.000.000 de réfugiés en provenance d'Ouzbékistan se dirigerait vers le territoire du Kazakhstan et pourrait faire dérailler le marché du travail et déstabiliser la situation politique dans le sud. Il n'y a pas de doute sur le fait qu'il n'y avait aucun plan de ce type à Astana. Le Kazakhstan a une position sur la vente de pétrole, mais aucune réponse sur le plan de la politique étrangère. Par conséquent, la situation avec l'Iran est inévitable, mais Astana se trouve dépourvue.
Le 28/03/2012, par Batyr Alekperov sur www.contur.kz

mardi 27 mars 2012

Chroniques émergentes : la Chine malade de soif

Février 2010. Je suis au Vietnam ; je remonte en bateau le Mékong et ses affluents depuis son delta pour rejoindre Phnom Penh au Cambodge. Le fleuve, le plus grand d'Asie du Sud-Est, est couleur de boue. Mais ce qui me frappe, c'est son niveau manifestement très bas. Le Mékong est une artère de communication pour l'économie agricole et c'est lui qui permet les cultures grâce à l'irrigation.

Arrivé dans la capitale cambodgienne, il ne me faut pas longtemps pour constater l'extrême sécheresse qui sévit dans les campagnes autour de la ville. J'apprends que le ton monte entre d'une part les pays du bassin du Mékong (Vietnam, Laos, Cambodge, Thaïlande, faisant partie de la Commission du Mékong) et la Chine, cette dernière étant en train de construire jusqu'à huit barrages sur le cours amont du fleuve, qui prend sa source dans l'Himalaya chinoise.

Le mois suivant, le Bangkok Post titrait : "Les barrages chinois tuent le Mékong". Le programme des Nations unies pour l'environnement s'est emparé en vain du problème, avertissant que les projets hydrauliques chinois pourraient causer "une menace considérable" pour la rivière et ses richesses naturelles.

La Commission du Mékong, dont ne fait pas partie la Chine, progresse dans la coopération internationale des pays "aval". Ainsi, un accord a été trouvé pour suspendre la décision de construction d'un barrage au Laos afin de procéder à des études complémentaires sur les conséquences environnementales de ce projet controversé.

L'eau, pour l'instant, n'induit dans cette région du monde que des batailles diplomatiques ou d'experts.

Une Chine malade de la soif

C'est vrai qu'en Chine, la région du Yunnan est particulièrement touchée par la sécheresse. Le gouvernement a donc décidé la construction d'une série de barrages pour générer de l'électricité d'une part, et irriguer les terres agricoles d'autre part.

Les trois premiers barrages sont opérationnels, ils sont de taille moyenne pour ce qui est de la retenue d'eau, mais le quatrième est l'un des plus hauts du monde. Le remplissage de son lac de retenue a commencé et durera, tenez-vous bien, entre cinq et 10 ans pour contenir 15 milliards de m3 !

Comme d'habitude, la Chine a lancé ce programme sans concertation... Et les pays concernés découvrent les conséquences dramatiques sur les millions de gens vivant en aval – souvent des paysans, des pêcheurs, une population pauvre, avec comme corollaire un impact sur la production agricole, mais aussi sur les villes moyennes de la région. La Chine est donc invitée à coopérer dans la gestion de l'eau du Mékong, mais le fera-t-elle ?

La préoccupation pour la ressource hydrique est fondamentale en Chine et les projets hallucinants ne manquent pas. Il faut dire que la situation a de quoi inquiéter. Ainsi, 40% de la population vit dans les plaines du nord, lesquelles n'ont que 15% des ressources en eau, selon la Banque mondiale. Un projet pharaonique est en cours d'exécution pour détourner une partie des eaux du Yang Tsé vers le nord au moyen de trois canaux.

Mais la controverse fait rage car depuis, la sécheresse a frappé également le bassin du Yang Tsé. Les scientifiques pointent du doigt que l'eau du sud ne suffira pas à régler le stress hydrique du nord et ne fera que retarder l'arrivée de la crise de l'eau. Pékin hésite à poursuivre le projet...
D'autres idées incroyables sont sorties des cartons, comme celle de monter l'eau de mer à 1 200 mètres pour créer des lacs dont l'évaporation constituerait des nuages porteurs d'une pluie bienfaisante ! L'emballement de la créativité des technocrates et des ingénieurs montre bien que le sujet de l'eau est devenu essentiel. Si la guerre de l'eau n'est pas encore déclarée, la "chasse à l'eau" a bel et bien débuté.

L'eau plus précieuse que jamais

L'eau et sa disponibilité pour les sept milliards d'êtres humains est évidemment un des plus grands défis de notre temps. Cela avait d'ailleurs été le thème que j'avais choisi pour la toute première lettre de Défis & Profits il y a quatre ans.

Et vous vous en doutez, la situation ne s'est pas améliorée depuis 2008... Deux facteurs contribuent à cette détérioration :
- l'augmentation de la population mondiale, dont je vous parle régulièrement, et qui est pour moi la mère de tous les grands défis ;
- les changements climatiques qui d'ailleurs n'y sont pas totalement étrangers. Le problème de l'eau est indissociable des évolutions climatiques. Tenez, à la sécheresse de 2010 au sud-est asiatique, évoquée ci-dessus, ont répondu les terribles inondations de 2011 en Thaïlande et au Cambodge.


Le phénomène de La Niña vient lui aussi perturber la vie des Sud-Américains. Mais ne partons pas dans tous les sens et laissons de côté le sujet du climat pour cette fois. Sachez seulement qu'aujourd'hui, plus d'un milliard d'hommes n'a pas accès à l'eau potable.
Combien faut-il d'eau et où la trouver ?

C'est la FAO (Food Agriculture Organisation, agence de l'ONU) qui diffuse les statistiques mondiales des ressources en eau pour l'ONU. Il faut toujours se méfier des statistiques et les prendre avec précaution. Pour les eaux de surface, l'estimation de la FAO est de 40 000 milliards de m3 en circulation. Mais pour des raisons de neutralité politique et, sauf en cas de traité spécifique, sachez que lorsqu'un fleuve traverse plusieurs pays, son débit est compté autant de fois qu'il y a de pays ! De quoi générer de sérieux problèmes pour une gestion intelligente de l'eau !

Quoi qu'il en soit, le point positif est que l'eau est abondante sur notre planète ; mais, vous le savez, 97% de cette eau est salée ! Dans les 3% d'eau douce, 70% sont dans les glaciers et les neiges permanentes. Sur les 30% liquides restants, 75% sont pollués et impropres à la consommation, ce qui au final permet à l'être humain de n'utiliser que 0,25% de cette énorme masse d'eau de la planète. Un comble, non ?

L'eau potable est rare sur la planète et inégalement répartie. Les précipitations sur les zones terrestres sont estimées à 110 000 milliards de m3 par an, de manière évidemment très inégalement répartis dans le monde. 64% de ces précipitations sont reprises par évaporation, les 36% restants alimentent les rivières et les nappes souterraines. Les régions arides qui en reçoivent peu sont en état de pénurie physique (Asie centrale, Maghreb et Moyen-Orient, sud de l'Inde, sud-ouest des Etats-Unis et une partie du Mexique, sud-est de l'Australie).

La pénurie d'eau peut avoir aussi une origine économique : ce sont les pays correctement arrosés qui souffrent d'un déficit d'infrastructures hydrauliques (Colombie, Equateur, Pérou, Afrique sub-saharienne, Birmanie, Laos, Cambodge, centre de l'Inde).

Pour d'autres pays enfin, la pénurie est imminente en raison du fort prélèvement des eaux des rivières pour les besoins humains. La consommation de l'eau a été multipliée par neuf depuis 1900 : la population continue de croître, elle se concentre dans les zones urbaines et l'amélioration du niveau de vie stimule la demande par habitant. Ce qui fait que la situation actuelle n'est véritablement pas tenable.

L'agriculture consomme 70% de l'eau, devant l'industrie (20%) et les municipalités (10%). Mais cette répartition va évoluer avec par exemple une industrie plus consommatrice et une agriculture plus économe. Le secteur de l'industrie en particulier va voir sa demande en eau s'apprécier de plus en plus en raison de l'équipement des pays émergents.

L'eau s'affirme donc de plus en plus comme un enjeu crucial des décennies à venir, et en particulier dans les Emergents. Les entreprises qui offrent des biens et des services liés à l'eau (approvisionnement, traitement, distribution, assainissement) rencontrent une vive demande et par voie de conséquence, des taux annuels de croissance pouvant atteindre 15%.
Ce mois-ci, dans Défis & Profits, Jean-Claude vous propose d'investir dans une entreprise d'infrastructures liées à l'approvisionnement en eau : puits, barrages, pompes, usines de traitement des eaux en surface ou enfouies, stockage d'eau, usines de retraitement des eaux usées, et des tuyaux. Un titre qui devrait rapidement s'apprécier de 12% à 15%. Et à plus long terme, Jean-Claude vise une hausse de 45%. Une valeur à découvrir dans Défis & Profits.

Le 27/03/2012, Jean-Claude Périvier, rédacteur de Défis & Profits

Obama, l'homme qui murmurait à l'oreille de Medvedev

Le président américain a demandé à son homologue russe de lui laisser une certaine marge de manoeuvre sur la question du bouclier antimissile en Europe. Un micro resté ouvert a capturé l'échange, vivement dénoncé par les adversaires républicains d'Obama.
Penchés l'un vers l'autre, ils se regardent dans les yeux. Le président des Etats-Unis Barack Obama pose la main sur le bras de son homologue russe, Dmitri Medvedev. Ces signes d'entente ont été immortalisés par les photographes et caméramen invités à la fin de leur tête-à-tête, en marge du sommet sur la sécurité nucléaire à Séoul. Mais les objectifs n'étaient pas seuls: des micros se sont aussi glissés dans la pièce... et certains sont restés ouverts. 
Avec le son, l'accord entre les deux hommes semble encore plus manifeste. "C'est ma dernière élection. Après mon élection, j'aurai plus de flexibilité", murmure Obama, demandant "plus d'espace" au président de la Fédération de Russie. Réponse de Medvedev: "Je comprends. Je vais transmettre l'information à Vladimir". C'est-à-dire Poutine, son prédécesseur et successeur à la présidence russe, qui doit être investi le 7 mai prochain. 

Cette discussion portait surtout sur la question du bouclier antimissile en Europe. Lancé en 2010, ce projet est devenu l'un des principaux sujets de discorde entre l'Otan et la Russie. Conçu par l'Alliance atlantique comme une protection contre une menace venant du Moyen-Orient, en particulier d'Iran, ce bouclier est considéré par Moscou comme une menace pour la sécurité de la Russie. Moscou menace d'activer un système d'alerte antimissile à Kaliningrad, enclave russe aux portes de l'Union européenne, si les Etats-Unis poursuivent sa mise en place sans faire de concessions. 

Concessions qu'Obama serait trop enclin à accorder, selon les républicains qui ont immédiatement rebondi sur cet échange. Mitt Romney, probable adversaire d'Obama en novembre prochain, a dénoncé le double jeu du président démocrate. "La Russie est notre ennemi géopolitique numéro un, dans la mesure où elle soutient les pires acteurs dans le monde, comme l'Iran ou la Syrie", a-t-il affirmé sur CNN. "C'est très troublant, très inquiétant de voir ce président chercher davantage de flexibilité, et qu'il n'ait pas à rendre des comptes aux Américains pour ses relations avec la Russie", a-t-il ajouté, faisant aussi référence au "redémarrage" des relations bilatérales mis en place depuis 2009. 

Obama a repoussé ces critiques, faisant valoir que rien, en la matière, ne pouvait se faire sans un large consensus politique à Washington. "La seule façon pour moi d'avancer sur ces questions est de consulter le Pentagone, le Congrès et d'obtenir le soutien des deux partis" démocrate et républicain. "Franchement, le contexte actuel n'est pas propice à ce genre de consultations sérieuses", a ajouté le président américain pour sa défense. 

Le 27/03 par Marie Simon sur http://www.lexpress.fr/

mercredi 21 mars 2012

Mieux payés à Schenzhen qu’à Sofia

La hausse spectaculaire des salaires actuellement en Asie fait ces jours-ci la Une de la presse économique, aux Etats-Unis avec le "Wall Street Journal", ou en France avec "Les Echos".
1 - D’abord, quelques éléments concrets. Le 1er avril, le salaire minimum va bondir de 40% en Thaïlande, malgré les protestations des industriels du textile qui menacent de délocaliser au Vietnam et au Cambodge. Au printemps, un SMIC sera mis en place à Kuala Lumpur et à Hong Kong. L’Indonésie et les Philippines polémiquent sur des hausses de salaire. En Chine, le salaire minimum à Shenzhen (à côté de Hong Kong) vient de grimper de 20% et tourne autour de 180 euros par mois. Le salaire moyen, lui, se rapprocherait de 400 euros mais certains cadres gagnent déjà autant qu’en Occident. C’est plus qu’un tournant, une révolution.

2 - Evidemment, on se demande si ces chiffres sont sérieux. Ils souvent officiels et il faut voir dans quelle mesure ces minima sont appliqués dans les entreprises. On sait par ailleurs que dans les provinces reculées de Chine, les rémunérations sont plus basses et que l’inflation peut « avaler » les gains de pouvoir d’achat. On sait enfin que le nombre d’heures de travail est extraordinairement élevé en Asie et que les conditions de travail peuvent être épouvantables. Tout cela relativise la photographie. Cela étant, la tendance, elle, est indiscutable : les revenus augmentent.

3 - Quel sens peut-on y voir ?

- Premier élément : on s’aperçoit que le salaire minimum dans le bassin industriel de Shenzhen (dont je parlais) est désormais plus élevé que celui de la Bulgarie et de la Roumanie, en Europe. Cela fait réfléchir !

- Second élément, l’Asie entre à son tour dans la phase de rattrapage économique classique. Aux Etats-Unis au début du XXe siècle, les industriels avaient, grâce aux gains de productivité dégagés grâce au fordisme (le travail à la chaîne), pu booster le salaire de leurs ouvriers pour augmenter le niveau de vie et la demande intérieure. Là, c’est le pouvoir chinois qui veut rééquilibrer sa croissance avec un Occident en crise : moins d’exportations, plus de consommation. C’est l’amorce de la fin du salarié low cost.

4 - Pour la France, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

- Si on prolonge la courbe salariale, on se dit que les consommateurs d’Occident ont mangé leur pain blanc (les écrans plats seront plus chers) et que les producteurs d’Occident auront bientôt fini de manger leur pain noir (on délocalisera moins). Mais c’est en réalité plus compliqué. L’Asie gagne en efficacité ce qu’elle perd en coût, et la Birmanie et le Bangladesh peuvent remplacer la Chine ou la Thaïlande.

- C’est pour cela que la leçon essentielle est que ces hausses de salaire, effet de la mondialisation, sont d’abord une bonne nouvelle pour l’Asie. C’est pour cela que l’on comprend mal parfois - si on prend un angle plus politique - comment les tiers-mondistes généreux d’hier ont pu devenir aujourd’hui les avocats radicaux de la démondialisation.
Dominique Seux sur http://www.lesechos.fr/ le 21/03/2012

Quand l'Asie devient fordiste

Le 1 er avril, le SMIC augmentera de 40 %. Et les constructeurs automobiles se frottent les mains : ils vont pouvoir vendre plus de modèles. Ce n'est pas une blague, mais ça ne se passe pas en France. Le salaire minimum va bondir le mois prochain en Thaïlande, après avoir déjà pris 20 % dans la région chinoise de Shenzhen le mois dernier. En Indonésie et aux Philippines, le gouvernement conseille vigoureusement aux entreprises d'augmenter leurs employés. La Malaisie et le pourtant très libéral Hong Kong vont à leur tour instituer un plancher aux salaires. Les rémunérations s'enflamment sur tout le continent. Comme de plus en plus souvent en Asie, c'est la Chine qui a lancé le mouvement, donnant une marge de manoeuvre précieuse aux gouvernants et aux chefs d'entreprise des pays voisins. Et comme toujours depuis trois décennies, elle va très vite. Ses employeurs ont quintuplé le salaire moyen en une décennie ! C'est toute notre représentation de la planète économique qu'il va falloir changer. Le gouffre des rémunérations entre l'Asie et l'Europe se comble à toute allure. Il n'est parfois plus qu'un petit fossé. Dans plusieurs régions chinoises, le salaire minimum est désormais au même niveau qu'en Roumanie et en Bulgarie.
Les Etats-Unis étaient entrés il y a près d'un siècle dans la boucle vertueuse où la hausse des salaires soutient la demande, quand Henry Ford décida en 1914 de doubler la paie de ses ouvriers. L'Europe avait suivi après la Seconde Guerre mondiale, il y a plus d'un demi-siècle. C'est désormais au tour de l'Asie. Avec la même condition de départ : une révolution industrielle, dégageant des gains de productivité colossaux. Et un circuit différent : les Etats jouent un rôle moteur, sans doute plus important que les mouvements sociaux. La hausse des salaires s'inscrit parfaitement dans leur politique de rééquilibrage de la croissance, où la consommation doit prendre le relais de l'exportation et de l'investissement.
Pour les Européens et les Américains, le basculement fordiste de l'Asie est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Une bonne nouvelle, car la pression sur les salaires, souvent ressentie douloureusement, va fatalement diminuer. Une mauvaise nouvelle, car une Asie fordiste tournera de plus en plus sur elle-même. Il est illusoire d'en attendre l'essentiel de la croissance sur le Vieux Continent et dans le Nouveau Monde. Ce qui nous renvoie à une question vitale : comment retrouver le chemin des gains de productivité sur une planète aux ressources naturelles en voie de raréfaction.

Par Jean Marc Vittori sur http://www.lesechos.fr/ le 21/03/2012

mardi 13 mars 2012

Premier producteur de terres rares, la Chine réorganise son système de quotas d'exportation

Pékin va laisser ses quotas d'exportation de terres rares quasi inchangés en 2012. Mais l'administration chinoise va désormais distinguer les minéraux « lourds » et  les « légers ».
La Chine a revu son système de quotas pour les terres rares, ce panel de 17 minéraux absolument nécessaires à la fabrication de nombreux produits comme les iPod, les éoliennes, les radars militaires ou encore les batteries pour les voitures électriques. Pékin a décidé de distinguer dans les quotas prévus pour 2012 les minéraux « légers » et les «  lourds ». Les premiers représentent environ 85 % du marché des terres rares, contre 15 % pour les seconds.
Le régime chinois va également imposer aux entreprises exportatrices des conditions plus strictes en matière de respect de l'environnement. Celles-ci devront respecter ces règles pour pouvoir obtenir les autorisations d'exportation. L'extraction et le traitement des terres rares peuvent en effet s'avérer très polluants dans certaines régions du pays.
Par contre, Pékin a décidé de laisser ses quotas quasi inchangés par rapport à l'an dernier, avec un volume maximum de 30.130 tonnes pour l'année 2012, contre 30.181 tonnes en 2011. Cette décision a pris à contre-pied nombre d'observateurs, qui s'attendaient plutôt à une réduction des quotas d'exportation de terres rares. JP Morgan a pris acte de cette décision la semaine dernière, en réduisant les perspectives de bénéfices de l'américain Molycorp, le plus gros producteur de terres rares en dehors de Chine.
La limitation des exportations chinoises de terres rares fait partie des sujets de friction récurrents entre Pékin et ses partenaires commerciaux, compte tenu de la position monopolistique du pays. La Chine produit aujourd'hui plus de 90 % des terres rares utilisées dans le monde.
En 2010, Pékin avait suspendu la fourniture de terres rares à Tokyo à la suite d'une tension entre les deux pays. Voilà un an, Pékin avait également décidé de réduire de 35 % ses quotas d'exportation au premier semestre 2011 (comparés à ceux de 2010). Une décision très mal accueillie par les pays développés, Etats-Unis, Allemagne et Japon en tête.
Avec la crise économique et le ralentissement de la demande en Europe et en Amérique du Nord, cette situation devrait néanmoins s'apaiser un peu.

Baisse des prix depuis l'été

Après avoir atteint des sommets au premier semestre, les prix des minéraux ont chuté de 30 % à 40 % depuis l'été. Sur les onze premiers mois de l'année, les entreprises chinoises exportatrices n'ont utilisé leurs quotas qu'à hauteur de 49 %, a annoncé le ministère chinois du Commerce. «  Le quota a moins de sens si la demande de terres rares n'atteint pas le plafond fixé », souligne Wei Chishan, analyste chez SMM, cité par l'agence Bloomberg. En revanche, la mise en place d'un quota spécifique pour les minéraux lourds pourrait avoir un impact sur le long terme, en rendant ces éléments moins accessibles, estiment certains analystes.
Pour l'instant, la Chine a cherché à limiter la baisse des cours des terres rares, en arrêtant certaines mines qui polluaient trop ou qui étaient en exploitation de manière totalement illégale. Le chinois Baotou, premier producteur de terres rares, a aussi suspendu sa production sur ses sites de Mongolie à la suite d'opérations de maintenance.
Le 02/01, par Emmanuel Grasland sur http://www.lesechos.fr/