jeudi 24 mai 2012

Plusieurs morts dans l'attaque d'un drone au Pakistan

Au moins dix personnes ont été tuées, jeudi, dans l'attaque d'un drone américain visant des combattants islamistes présumés dans le nord-ouest du Pakistan, indiquent les services de renseignement pakistanais.

"Le drone a tiré deux missiles sur une maison de la ville de Hassokhel", à 25 kilomètres à l'est de Miranshah, la principale ville du Nord-Waziristan, connu pour être un bastion des talibans et des militants liés à Al-Qaida, a expliqué un responsable des services de sécurité.

Les bombardements de drones américains ciblant des extrémistes islamistes dans les régions tribales du Pakistan sont sources de tensions entre Washington et Islamabad.

Les Etats-Unis pressent le Pakistan de lancer une offensive d'ampleur contre le réseau islamiste Haqqani basé dans la province du Nord-Waziristan. Les relations entre les deux pays sont tendues depuis la mort de 24 soldats pakistanais en novembre dernier tués par erreur par l'OTAN le long de la frontère afghano-pakistanaise.

En représailles, les autorités pakistanaises ont fermé l'accès aux Etats-Unis des routes d'approvisionnement pakistanaises pour les troupes de l'OTAN en Afghanistan.

Le 24/05/2012 sur www.lemonde.fr

mercredi 23 mai 2012

La Banque mondiale réduit sa prévision de croissance pour la Chine en 2012


La Banque mondiale a publié ce mercredi son rapport consacré aux pays en développement d'Asie de l'Est et Pacifique. Elle réduit dans ce document sa prévision de croissance économique pour la Chine cette année, la ramenant de 8,4% à 8,2%. Elle encourage le pays à privilégier la relance par la consommation sur la relance par investissement et met par ailleurs Pékin en garde contre de nouvelles répercussions de la crise de la dette dans la zone euro sur la croissance chinoise.

La Banque mondiale note que les pays de la région ont enregistré une croissance de 8,2 % en 2011, et de 4,3 % en excluant la Chine. C'est donc un fort recul comparé aux près de 10 % de taux de croissance en 2010 (7,0 % sans la Chine). L'établissement table cette année sur un recul plus prononcé encore, pour s'établir à 7,6 % et estime qu'avec avec "une progression plus lente, la Chine tirera vers le bas le chiffre global de la région. "En excluant la Chine, la croissance régionale montera à 5,2 %, la Thaïlande renouant avec des volumes de production normaux", selon la BM.

"Les exportateurs de produits de base, qui ont connu un essor en 2011, pourraient devenir plus vulnérables si le ralentissement de l'économie chinoise intervient plus rapidement qu'anticipé, ce qui pourrait déclencher une chute inattendue des cours des produits de base", note l'établissement.

Bert Hofman, l'économiste en chef de la Banque mondiale pour la Région Asie de l'Est et Pacifique note que "la majorité des économies est-asiatiques sont à même de résister aux effets d'un regain de volatilité. La demande intérieure a fait montre de résilience aux chocs. La balance des opérations courantes de nombreux pays est excédentaire, sans compter qu'ils détiennent de larges volumes de réserves internationales. Les banques sont globalement bien capitalisées".

Pourtant selon lui, les risques venant d'Europe peuvent affecter la région par le biais des relations commerciales et financières". Il rappelle que l'Union européenne, les États-Unis et le Japon représentent plus de 40 % des exportations de la région, et les banques européennes fournissent un tiers des financements affectés au commerce et aux projets en Asie.

Sur www.boursier.com le 23 mai 2012

mardi 22 mai 2012

Fitch baisse la note du Japon


L'agence de notation financière Fitch a abaissé mardi 22 mai de deux crans, à "A+", la note de la dette à long terme du Japon, invoquant la dette publique massive du pays, qui équivaut à plus de deux fois son produit intérieur brut.

La nouvelle note attribuée au Japon correspond à la cinquième sur l'échelle de Fitch, qui en compte 22 au total. L'agence a assorti sa nouvelle estimation d'une perspective "négative", ce qui signifie qu'elle pourrait, au terme d'un à deux ans, la dégrader de nouveau.

Pour l'Organisation de coopération et de développement économiques, qui publiait mardi ses perspectives 2012, Etats-Unis et Japon se redressent plus vite que prévu de la crise économique.

LE JAPON PLUS ENDETTÉ QUE LA GRÈCE

Fitch a rappelé que l'endettement public allait s'élever "à 239 % du produit intérieur brut du pays d'ici à la fin 2012, le taux de loin le plus élevé de toutes les nations que nous notons". Ce ratio est pire que la proportion enregistrée dans les pays de la zone euro en difficulté financière, comme l'Espagne (80,9 %, d'après les derniers chiffres de la Commission européenne), l'Italie (123,5 %) et même la Grèce (160,6 %).

De plus, la proportion de la dette croît rapidement. Fitch relève qu'elle a bondi de 61 points de pourcentage depuis la crise financière internationale de 2008-2009. Aggravée par les impératifs de reconstruction après le séisme dévastateur du 11 mars 2011, cette tendance n'est pas près de s'inverser, le gouvernement nippon ayant prévu de financer plus de la moitié de son budget 2012-2013 par l'émission de nouvelles obligations.

LES JAPONAIS ÉPARGNANTS

Par ailleurs, un classement a montré mardi matin que les Japonais sont restés les principaux détenteurs d'actifs financiers dans le monde en 2011 malgré le renchérissement du portefeuille des Chinois. La position extérieure nette du Japon s'est élevée à 253 010 milliards de yens (près de 2 500 milliards d'euros au taux de change actuel) à la fin 2011, en hausse de 0,6 % sur un an.

Les Japonais sont arrivés premiers de ce classement pour la 21e année consécutive. Cette statistique correspond à l'ensemble des actifs financiers (obligations, prêts, parts de sociétés, titres divers, etc.) détenus à l'étranger par les entreprises, les autorités publiques et les particuliers japonais, moins l'ensemble des dettes contractées par les Nippons vis-à-vis de l'étranger.

Sur www.lemonde.fr le 22/05/2012

Nucléaire: discussions "très utiles" entre l'AIEA et l'Iran

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Yukiya Amano a entamé à Téhéran des entretiens pour obtenir plus de coopération des autorités sur le dossier nucléaire, avant une rencontre cruciale mercredi à Bagdad entre l'Iran et les grandes puissances.

Alors que le nucléaire iranien figure parmi les dossiers importants du G8, le chef de l'agence internationale de l'énergie atomique s'est rendu lundi à Téhéran en vue d'une nouvelle voie de coopération. 

L'Iran et l'Agence internationale de l'énergie atomique se sont félicités de leurs "très utiles" discussions lundi à Téhéran, à l'occasion d'une visite du chef de l'AIEA Yukiya Amano. Elles visaient à obtenir des Iraniens davantage de coopération en matière nucléaire. 

Aucune indication n'a été donnée néanmoins sur d'éventuelles décisions concrètes pour améliorer cette coopération, espérées par Yukiya Amano avant sa visite, sa première en Iran. Mais ces déclarations positives pourraient faciliter les négociations cruciales, prévues mercredi à Bagdad, entre l'Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien controversé.

Les discussions avec le négociateur nucléaire iranien Saïd Jalili ont été "très utiles", "intenses" et se sont déroulées dans une "bonne atmosphère", selon des commentaires attribués à Yukiya Amano par la télévision d'Etat iranienne. "Les progrès dans les discussions vont avoir un effet positif sur les négociations entre l'Iran et le groupe 5+1" (les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU: Etats-Unis, Russie, Chine, France, et Grande-Bretagne, plus l'Allemagne) à Bagdad, a-t-il ajouté. 

Amélioration dans les relations Téhéran/AIEA?

Saïd Jalili, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale qui représente l'Iran dans les négociations nucléaires avec les grandes puissances, a fait état de "très bonnes discussions", prometteuses d'une amélioration dans les relations souvent houleuses entre Téhéran et l'AIEA. 

La même tonalité positive a marqué une rencontre de Yukiya Amano avec le chef de la diplomatie Ali Akbar Salehi, qui a exprimé sa "satisfaction" devant la perspective d'une "nouvelle voie de coopération entre l'Iran et l'AIEA" placée sous le signe de "la confiance et la compréhension mutuelle". Yukiya Amano a également discuté avec le chef du programme nucléaire iranien, Fereydoun Abbassi Davani. 

Le site militaire de Parchin toujours controversé

Selon la télévision d'Etat, Amano a précisé avoir évoqué avec Saïd Jalili "un large éventail de sujets, notamment le désarmement nucléaire, l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, le renforcement de l'AIEA et le processus futur de nos actions". 

Mais aucune mention n'a été faite d'une éventuelle discussion sur l'accès au site militaire de Parchin, où l'AIEA soupçonne Téhéran d'avoir mené des tests d'explosions conventionnelles susceptibles d'être utilisés pour développer une arme atomique. L'Iran a refusé jusqu'à présent aux inspecteurs de l'Agence, malgré des demandes répétées, tout accès à ce site qui ne figure pas parmi les installations nucléaires soumises au contrôle de l'AIEA. 

Ces discussions doivent poser les bases concrètes d'un éventuel compromis qui permettrait de trouver une solution diplomatique à la crise créée par le programme nucléaire iranien, condamné par six résolutions de l'ONU dont quatre assorties de sanctions ensuite renforcées unilatéralement par les Occidentaux. 

Sur www.lexpress.fr le 22/05/2012

Barak ne veut pas céder face à l'Iran

Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a invité aujourd'hui les puissances mondiales à faire preuve de fermeté à l'égard de Téhéran quelques heures avant le début d'une importante réunion à Bagdad sur le programme nucléaire controversé de Téhéran.

"A Bagdad, il faut se méfier que grâce à des concessions partielles, l'Iran ne parvienne à éviter un renforcement des sanctions", a mis en garde Ehud Barak, estimant dans une interview à la radio publique que "sans un renforcement des sanctions actuelles l'Iran continuera son programme" nucléaire.

"Il ne faut pas céder au dernier moment, baisser les bras ou capituler", a-t-il ajouté.
Israël a accueilli avec beaucoup de scepticisme l'annonce mardi par le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Yukiya Amano qu'un accord visant à lever les incertitudes sur la nature du programme nucléaire iranien serait signé prochainement entre l'agence et l'Iran.

Ehud Barak a réitéré que les exigences de la communauté internationale à l'égard de l'Iran étaient "trop faibles". "Tout ce qui est inférieur à une demande d'arrêter l'enrichissement de l'uranium à 20% et 3,5%, de transférer hors d'Iran tout l'uranium enrichi et de fermer le site de Qom est insuffisant", a-t-il dit.

Les discussions de Bagdad doivent réunir l'Iran et le groupe "5+1" (les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU: États-Unis, Russie, Chine, France, et Grande-Bretagne, plus l'Allemagne).

Les deux parties doivent discuter du programme nucléaire iranien, dont Téhéran affirme qu'il est purement pacifique, mais qu'une bonne partie de la communauté internationale considère comme une tentative dissimulée de rejoindre le club fermé des puissances nucléaires.

Le ministre de la Défense israélien a affirmé que la position israélienne était "inchangée" après l'annonce de l'accord entre l'Iran et l'AIEA.

"Nous n'avons pas changé d'avis, le monde doit empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique et toutes les options sont sur la table", a-t-il dit, faisant allusion à la possibilité d'une frappe militaire israélienne contre les installations nucléaires iraniennes.

"Il est clair pour les dirigeants du monde entier qu'au bout du compte dans les domaines cruciaux pour sa sécurité ou son avenir, le gouvernement israélien est le seul à prendre ses décisions", a-t-il ajouté.

Les principaux responsables israéliens, Benyamin Netanyahu en tête, agitent la menace d'une opération militaire, exprimant leurs doutes sur l'efficacité des sanctions contre Téhéran.

Sur www.lefigaro.fr du 22 mai 2012

lundi 21 mai 2012

La contre-alliance russo-chinoise: l’Organisation de la Coopération de Shanghaï peut-elle émerger comme un contre-poids à l'OTAN


Il est impossible de ne pas remarquer que l'OCS est maintenant au-delà des problèmes régionaux. A la réunion de Pékin, le texte de la déclaration finale des états membres de l'OCS a été adopté. D'après les sources de Ria Novosti auprès de la délégation russe, le document condamne le programme du bouclier anti-missile américain. Une position consolidée de l'OCS sur les systèmes anti-missiles balistiques a le pouvoir potentiel de devenir un important contre-poids aux plans de l'OTAN dans ce domaine.

Bien que depuis des années l'OCS marchait sur des œufs en faisant certaines déclarations sur la politique étrangère, l'organisation change. L'OCS est pour des changements majeurs en jugeant par les résultats de la réunion des ministres des affaires étrangères de l'organisation dans la capitale chinoise avant le sommet de l'OCS programmé à Pékin les 6 et 7 Juin courant. L'OCS a été créée dans les années 1990 comme une institution devant servir à un regain de confiance entre la Russie, la Chine et quatre pays d'Asie centrale: le Kazakhstan, le Kyrgystan, le Tajikistan et l'Ouzebekhistan, ceci principalement dans le domaine de la coopération militaire.

Les états membres de l'OCS étaient unis par la menace commune que représentait le fondamentalisme islamique, représenté par la dominance des Talibans en Afghanistan. Mais aux début des années 2000, l'OCS a changé son objectif sur la lute contre le terrorisme international et contre le traffic de la drogue, ainsi que dans la coopération économique et humanitaire.

L'Organisation a tenu des positions équilibrées et raisonnables sur les évènements internationaux et a continué une politique très prudente, ne donnant jamais raison aux analystes de la considérer comme une alliance politique et militaire sérieuse. L'Inde, le Pakistan, l'Iran et la Mongolie rejoignirent l'organisation en tant qu'observateurs, tandis que la Biélorussie et le Sri Lanka devenaient des "interlocuteurs". Mais les temps ont changé et l'OCS a changé avec eux. Les crises au Moyen-Orient, incluant celles déclanchées par le "printemps arabe", le rôle des nations occidentales dans la situation et le retrait des troupes américaines de l'Irak et de manière plus importante d'Afghanistan, ont appelé à une révision de l'approche de l'organisation et de développer ses efforts de politique étrangère.

Comme l'indique le discours du ministre russe des affaires étrangères Sergeï Lavrov donné dans une réunion récente de l'OCS: à partir de dorénavant l'OCS formulera une politique commune pour tous ses participants si une crise doit apparaître dans la région. Il apparaît que le nouveau mécanisme de fonctionnement sera lancé dès le mois prochain, à la veille de la conférence internationale sur l'Afghanistan programmée pour le 14 Juin à Kaboul. "La situation en Afghanistan et ses alentours soulève des préoccupations majeures. Nous devrions participer activement à toutes les discussions internationales ayant trait à ces problèmes liés à l'Afghanistan en coordonnant nos positions", a dit Lavrov. L'OCS prendra évidemment en considération les décisions du sommet de l'OTAN qui se tiendra fin Mai à Chicago et qui adressera la situation dans ce pays.

Des déclarations antérieures du ministre russe des affaires étrangères ont clairifié que la nature de la présence militaire américaine et de l'OTAN en Afghanistan sera la priorité de l'agenda. Moscou et Pékin argumentent contre la présence continue de troupes étrangères en Afghanistan, présence qui va bien au-delà d'une question de sécurité et de police dans le pays. Moscou aimerait aussi entendre parler d'un rapport concernant l'application de la résolution de l'ONU qui a servi de base pour participer à cette campagne militaire en Afghanistan.

La position consolidée de l'OCS soutiendra de manière substantielle les efforts de la Russie et de la Chine dans ce domaine. Les demandes de Moscou et de Pékin seront même plus soutenues si le nombre d'états membres ou de pays associés augementent. Pendant la réunion récente, Lavrov a appelé à l'approbation des demandes d'intégration enregistrées pour l'Inde et la Pakistan. De plus, l'organisation est en faveur de donner à l'Afghanistan le statut d'observateur et de faire de la Turquie un interlocuteur. Il est donc impossible de ne pas noter que l'OCS est maintenant au delà de la portée des seuls problèmes régionaux.

A la réunion de Pékin, le texte définitif de la déclaration des états membres de l'OCS a été arrêté. D'après l'agence de presse Ria Novosti et de ses sources auprès de la délégation russe, le document condamne le programme de bouclier anti-missile des Etats-Unis. RIA Novosti cite une partie du document qui dit que l'expansion illimitée unilatérale du système anti-missile balistique pourrait endommager le sécurité et la stabilité stratégique internationales. Cette déclaration soutient clairement les efforts de Moscou à répudier les plans du système américain anti-missile, qui s'il est mis en application, pourrait dévaluer le potentiel stratégique russe. Quoi qu'il en soit, la Chine est également intéressée à désarmorcer le processus américain, alors que ses forces nucléaires sont même plus vulnérables (que les russes).

Une position renforcée de l'OCS sur les systèmes anti-missiles a le potentiel de devenir en l'occurence un sérieux contre-poids aux plans de l'OTAN dans ce domaine. Néanmoins, d'après les documents et les déclarations publiés, il n'y a aucune provision pour donner à l'OCS des fonctions militaires et de défense. Il est pourtant possible, comme le dit le journal Kommersant, que quelques instruments additionnels soient contenus dans la stratégie de développement futur de l'organisation, ce qui devra être approuvé par les chefs-d'état des membres de l'organisation. L'essence même de la stratégie demeure inconnue, puisqu'elle est toujours sujette à négociation.

Article original en anglais sur www.globalresearch.ca par  Andreï Ilyashenko le 21/05/2012Traduction : Résistance 71

Bush condamné pour crimes de guerre par contumace

Kuala Lumpur. – C'est officiel : George Bush est un criminel de guerre. Dans ce qui est la première condamnation de ce type dans l'histoire, l'ex-président des USA et sept membres de son administration ont été condamnés hier (vendredi) pour crimes de guerre. Bush, Dick Cheney, Donald Rumsfeld et leurs conseillers juridiques Alberto Gonzales, David Addington, William Haynes, Jay Bybee et John Yoo ont été jugés par contumace en Malaisie.

Le procès qui s'est tenu à Kuala Lumpur a permis d'entendre les témoignages poignants de victimes de tortures subies par ces personnes alors qu'elles étaient aux mains des troupes américaines ou de contractants en Irak et en Afghanistan.

L'un d'eux est le témoignage d'un Britannique, Moazzam Begg, ex-détenu de Guantanamo et aussi celui d'une femme irakienne, Jameelah Abbas Hameedi qui ont été torturés dans la tristement célèbre prison d'Abu Ghraib.

À la fin des audiences qui ont duré tout le week-end, les 5 membres de la Cour ont prononcé à l'unanimité le verdict de culpabilité à l'encontre de Bush, Cheney, Rumsfeld et de leurs principaux conseillers juridiques, les condamnant tous pour crime de guerre en raison de tortures et de traitements cruels, inhumains et dégradants.

La transcription des accusations, les déclarations de témoins et d'autres documents du dossier seront transmis au Procureur général de la Cour Internationale de Justice, ainsi qu'aux Nations Unies et au Conseil de sécurité.

La Commission du Tribunal de guerre de Kuala Lumpur a également demandé à ce que les noms de Bush, Cheney, Rumsfeld, Gonzales, Yoo, Bybee, Addington et Haynes soient officiellement rajoutés au registre de la Commission pour les crimes de guerre.
Ce tribunal est né de l'initiative de l'ex-premier ministre malais, Mahathir Mohamad, qui s'est toujours opposé à l'invasion de l'Irak par les USA en 2003.

Il a assisté personnellement aux audiences où étaient évoquées les expériences personnelles de trois témoins, à savoir Abbas Abid, Moazzam Begg et Jameelah Hameedi. Le tribunal a aussi entendu deux autres déclarations statutaires de la part d'un citoyen irakien, Ali Shalal, et d'un Britannique, Rahul Ahmed.

Après que les cinq juges eurent prononcé la sentence de culpabilité, Mahathir Mohamad a déclaré : « Les États-Unis continuent impunément à commettre des meurtres. »

L'avocat et expert en crimes de guerre, Francis Boyle (ci-dessous), professeur en droit international à l'école de droit de l'université de l'Illinois, faisait partie de l'équipe de procureurs en charge de l'accusation.

Après le procès, il a déclaré : « C'est la toute première fois au monde que ces gens sont condamnés. »

Même si certains ne voient dans ce verdict qu'une mesure purement symbolique, le militant pour les droits de l'homme Francis Boyle a dit que Bush & Co allaient très certainement devoir faire face au même type de procès dans d'autres pays.

« Nous avons essayé par trois fois d'attraper Bush au Canada, mais le gouvernement canadien a fait échouer ces tentatives, puis nous l'avons dissuadé d'aller en Suisse. La démarche entreprise en Espagne a avorté à cause du gouvernement espagnol, et même résultat en Allemagne. »

Boyle a ensuite mentionné la Charte de Nuremberg qui a été utilisée comme support par le tribunal quand il s'est agi de justifier de la crédibilité de l'initiative malaise. Il rappelle que « les dirigeants, les organisateurs et les complices ayant participé à la formulation ou à l'exécution d'un plan commun ou d'un complot visant à commettre des crimes de guerre sont responsables de tous les actes perpétrés par quiconque met ces plans à exécution. »

Les USA sont sujets aux lois internationales communes et aux principes de la Charte de Nuremberg, a expliqué Boyle, qui pense également que le procès de ce week-end a été suivi de près par les responsables du Pentagone et de la Maison-Blanche.

Le professeur Gurdial Singh Nijar, qui présidait la Cour, a déclaré : « Le tribunal a porté une attention particulière au respect scrupuleux des principes dessinés par le tribunal de Nuremberg et les Cours internationales de justice. »

Il s'est aussi montré confiant sur le fait que le tribunal serait imité ailleurs dans le monde, « dans les pays qui ont le devoir de juger les criminels de guerre, » et il a cité le cas du dictateur chilien Augusto Pinochet, arrêté en Grande-Bretagne pour être extradé vers l'Espagne sur des accusations de crimes de guerre.

« Pinochet avait quitté son siège de Président depuis seulement 8 ans lorsque cela s'est produit. »

L'affaire Pinochet fut la première fois où plusieurs juges européens ont appliqué le principe de la juridiction universelle, se déclarant eux-mêmes compétents pour juger les crimes commis par l'ex-chef d'État, malgré les lois d'amnistie locales.

Tout au long de la semaine, la salle du tribunal était remplie d'experts juridiques et d'étudiants en droit écoutant les témoignages des témoins et les analyses croisées de la défense emmenée par l'avocat Jason Kay Kit Leon.

La Cour a entendu comment Abbas Abid, un ingénieur de 48 ans habitant Fallujah en Irak avait eu les ongles retournés à l'aide d'une pince.

•Ali Shalal était ligoté avec des fils électriques puis électrocuté alors qu'on le suspendait contre le mur. •Moazzam Begg a été battu, le visage encapuchonné, et maintenu en confinement. •Jameelah a été dénudé et humilié, et utilisé comme bouclier humain alors qu'il était transporté en hélicoptère. Les témoins ont également donné des détails sur les séquelles de leurs blessures qui perdurent encore aujourd'hui.

Moazzam Begg, qui travaille désormais comme directeur de l'association de défense des droits de l'homme basée à Londres, Cageprisoners, a dit être très satisfait du verdict, mais a ajouté : « quand les gens parlent de Nuremberg, il faut garder à l'esprit que les personnes jugées ont toutes été poursuivies après la guerre. »

« La prison de Guantanamo est toujours ouverte au jour d'aujourd'hui, des gens y sont toujours détenus et torturés. »

En réponse aux questions sur la différence entre les administrations Bush et Obama, il a ajouté : « Si le président Bush a été le président des tortures extrajudiciaires, alors le président américain Barack Obama est celui des assassinats extrajudiciaires, avec les frappes de drones. Notre travail ne fait que commencer. »

L'accusation s'est efforcée de montrer comment les décisionnaires au plus haut niveau, à savoir le président Bush, son vice-président Dick Cheney, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, aidés et secondés par leurs conseillers juridiques et d'autres hauts responsables, ainsi que des officiels de la CIA, avaient tous agi de concert. La torture était utilisée systématiquement et est devenue un standard de fait.

D'après l'accusation, les récits des témoins prouvent l'exercice continu contre eux de traitements brutaux, barbares et déshumanisants. Ces actes criminels ont été commis de façon cumulative afin d'infliger les peines et les souffrances maximales, ont expliqué les avocats.

Le président du tribunal, Tan Sri Dato Lamin bin Haji Mohd Yunus Lamin, (abrégé en « M. Lamin ») a statué que l'accusation avait établi au-delà de tout doute raisonnable que les personnes poursuivies, à savoir le Président George W. Bush et ses coaccusés, « avaient participé, à travers un ensemble d'instructions, de mémorandums, de directives, de recommandations et d'actions légales, à établir un plan d'ensemble et un objectif commun, ou encore une conspiration dans le but de commettre les crimes en relation avec la « Guerre contre la terreur » et avec les guerres lancées par les USA en Afghanistan et en Irak. »

Le président Lamin a précisé devant un parterre plein à craquer : « En tant que tribunal de conscience, la Cour n'a pas de pouvoir d'application de la loi (enforcement) ni celui d'imposer une sentence d'emprisonnement à l'une quelconque des 8 personnes condamnées. Ce que nous pouvons faire, au titre de l'article 31 du Chapitre IV de la 2e partie de la Charte, est de recommander à la Commission des Crimes de guerre de Kuala Lumpur qu'elle transmette le verdict d'accusation par le Tribunal, accompagné des documents attenants, au Procureur en chef de la Cour criminelle internationale, ainsi qu'aux Nations Unies et au Conseil de sécurité. »

« Le Tribunal recommande également à la Commission des crimes de guerre de Kuala Lumpur que les noms des personnes condamnées soient ajoutés au Registre des Criminels de guerre de la Commission, et que celui-ci soit communiqué au public. »

« Le Tribunal recommande également que la Commission des crimes de guerre de Kuala Lumpur diffuse le plus largement possible au niveau international l'information sur cette condamnation et sur les garanties de compensations, étant donné qu'il s'agit ici de crimes universels pour lesquels il est de la responsabilité de chaque nation de poursuivre juridiquement ces personnes si elles venaient à pénétrer sur le territoire où s'applique leur juridiction. »

Yvonne Ridley sur www.mondialisation.ca le 21/05/2012