jeudi 10 mai 2012

Un double attentat dévastateur frappe Damas, au moins 40 morts

Un double attentat a dévasté jeudi un quartier de Damas faisant au moins 40 morts et 170 blessés et poussant le chef des observateurs de l'ONU à lancer un appel à l'aide pour faire cesser les violences qui ensanglantent la Syrie depuis près de 14 mois.

Les attaques qui ont ravagé à une heure de pointe le matin la région de Qazzaz dans le sud de la capitale syrienne, sont l'une des plus meurtrières depuis le début en mars 2011 de la révolte populaire qui s'est militarisée au fil des mois face à la répression menée par le régime de Bachar al-Assad.

Elles sont survenues alors que les mises en garde internationales contre une guerre civile se font de plus en plus pressantes après les violations répétées du cessez-le-feu instauré le 12 avril, la communauté internationale restant pour le moment impuissante à résoudre la crise.

Comme à chaque attentat, le régime et la rébellion se sont accusé mutuellement de les avoir commises.
Selon la télévision d'Etat, "plus de 40 personnes sont tombées en martyrs et plus de 170 autres ont été blessées dans les attentats terroristes" devant un immeuble de 9 étages abritant un siège de la Sécurité dont la façade a été détruite, de même que d'autres bâtiments résidentiels proches.
En plus de ces victimes, "huit sacs ont été remplis de restes humains" par les secouristes sur place, a ajouté la chaîne.
Il s'agit des "attaques les plus violentes depuis le début de la révolte", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), en faisant état de "50 morts" dans les explosions dont l'une à la voiture piégée.
Les déflagrations ont eu lieu quasi-simultanément vers 08H00 locales (05H00 GMT), sur une voie rapide dans le sud de Damas, "au moment où les gens se rendaient à leur travail et les élèves à l'école", selon la télévision.
Des restes de corps humains étaient visibles, le sol était couvert de gravats, l'explosion provoquant un cratère de trois mètres de profondeur sur la chaussée, selon le photographe de l'AFP.
De nombreuses voitures civiles ont été détruites et les façades de nombreux bâtiments ont été soufflées. Les services de secours, aidés par des habitants retiraient les corps calcinés de carcasses de véhicules encore fumantes.
"C'est ça la liberté que vous voulez? Des élèves allant à leurs écoles et des employés à leur travail sont morts", a crié un homme au milieu des destructions, en allusion à la révolte contre le régime de Bachar al-Assad qui l'assimile à du "terrorisme".
Un membre du bureau exécutif du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a accusé le régime de mener ces attaques "pour dire aux observateurs de l'ONU qu'ils sont en danger et pour corroborer ses allégations selon lesquelles les groupes armés et Al-Qaïda agissent en Syrie".
"Si Al-Qaïda et les groupes terroristes menaient ces attaques, pourquoi n'en ont-ils pas perpétré le jour des élections pour empêcher les gens d'y participer?" a demandé Samir Nachar, en allusion aux législatives organisées lundi par les autorités et qualifiées de "farce" par l'opposition.
"Malheureusement, la lenteur de la communauté internationale sur le dossier syrien donne plus de temps au régime pour commettre ces actes", a-t-il déploré.
Après s'être rendu sur le lieu des attentats, le chef des observateurs de l'ONU en Syrie, le général Robert Mood, dont la mission n'a pas été jusque-là en mesure de faire respecter le cessez-le-feu, a lancé un appel à l'aide pour faire arrêter les violences.
"J'appelle tout le monde en Syrie et à l'extérieur à aider à stopper ces violences", a-t-il dit, au lendemain d'une attaque contre son convoi à Deraa (sud) dans laquelle 10 soldats de l'escorte syrienne ont été blessés.
Le dernier attentat meurtrier à Damas remonte au 27 avril (11 morts) et l'attaque le plus sanglante (44 morts) avait été commise en décembre 2011.
Ailleurs dans le pays, les troupes ont poursuivi leur répression, tuant trois civils dont un enfant dans plusieurs villes, selon l'OSDH.
La répression et les combats entre soldats et insurgés ont fait près de 12.000 morts depuis mars 2011, en grande majorité des civils tués par les troupes gouvernementales, et plus de 800 morts depuis le 12 avril, selon l'OSDH.
Les violations du plan de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan en application duquel une trêve avait été instaurée, ont fait dire mardi à ce dernier sa "profonde inquiétude" de voir la Syrie "s'enfoncer dans une guerre civile totale".
Et le lendemain, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a dit craindre qu'une "guerre civile de grande envergure aux effets catastrophiques pour la Syrie et la région" n'éclate si les violences ne s'arrêtent pas.
Les deux camps, le régime et les rebelles, "doivent réaliser qu'il ne reste plus beaucoup de temps pour cesser les violences" et permettre un règlement politique, a-t-il averti après avoir affirmé que l'attaque contre la mission de l'ONU pourrait la remettre en cause.
Le 10/05 sur www.lepoint.fr

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