La coalition d'opposition Rêve géorgien, du milliardaire Bidzina Ivanichvili, a remporté les élections législatives avec plus de 55 % des voix. Le nouveau Parlement doit commencer à travailler le 20 octobre et formera le gouvernement en vue d'une cohabitation "à la française" avec le président Saakachvili. Revue des réactions dans le pays et chez le voisin russe.
"Notre parti [Mouvement national uni] passe dans l'opposition pour préserver ce que nous avons bâti en huit ans", a annoncé le président de la Géorgie, Mikhéil Saakachvili, à l'issue des élections législatives du 1er octobre, remportées avec plus de 55 % des voix par la coalition d'opposition Rêve géorgien, du milliardaire Bidzina Ivanichvili.
Tout en qualifiant de "fondamentalement inacceptable la vision [de l'avenir de la Géorgie] de Rêve géorgien", il a assuré qu'il respecterait "la règle de la démocratie" et "le choix de la majorité du peuple géorgie", indique le site Civil Georgia. "Nous avons si bien travaillé que Saakachvili n'avait d'autre choix que de faire cette déclaration", a rétorqué le vainqueur, Ivanichvili, cité par Medianews. Il a toutefois appelé son rival "qui a commis beaucoup d'erreurs" à démissionner, pour "éviter un pouvoir bicéphale", en attendant l'élection présidentielle anticipée à l'automne 2013, date d'expiration du second mandat de Saakachvili.
Homme politique habile, ce dernier ne rendra certainement pas les armes de sitôt. Il a d'ailleurs déjà promis de "contribuer au travail du nouveau Parlement et du nouveau Premier ministre", poste que pourrait bien occuper Ivanichvili. Une cohabitation à la française, avec un tandem improbable, se profile, augurant une période transitoire d'autant plus tendue que, selon la nouvelle Constitution remodelée par Saakachvili en 2010, dans une Géorgie république parlementaire dès 2013 , la plénitude du pouvoir reviendra au chef du gouvernement. Néanmoins, depuis l'indépendance de la Géorgie, en 1991, c'est la première fois que l'alternance du pouvoir se produit par un vote démocratique (reconnu comme tel par les Etats-Unis, l'OCDE, le Parlement européen), et non par la force. "Le pays a mûri politiquement", constate le site Eurasianet.
Quel est le programme du nouveau pouvoir ? En politique intérieure, Ivanichvili promet la justice sociale, des médias et des tribunaux libres et indépendants, une agriculture à l'honneur, des emplois. "Nous nous devons de construire un Etat attrayant, ce qui facilitera nos relations avec le monde extérieur", a-t-il résumé. En matière de politique étrangère, Ivanichvili, accusé par Saakachvili d'être "l'envoyé du Kremlin", a reconfirmé le cap sur l'adhésion à l'OTAN et le rapprochement avec l'espace euro-atlantique. Cependant, il renoncera à "la stratégie erronée de Saakachvili, qui voulait faire de la Géorgie [pays de près de 4 millions d'habitants] un acteur global". La Géorgie d'Ivanichvili redeviendra donc "un acteur régional et aspirera à arranger ses relations avec ses voisins, dont la Russie [qui a reconnu et occupé en 2008 les régions géorgiennes séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, provoquant une rupture des relations diplomatiques avec Tbilissi]", cite le journal russe Vzgliad.
La classe politique russe réagit prudemment à la victoire de l'opposition géorgienne. "Le résultat de l'élection montre que les Géorgiens veulent des changements, que le paysage politique géorgien sera davantage pluriel et son Parlement mû par des forces plus constructives et plus responsables", a commenté le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, qui s'est dit "prêt au dialogue".
Si, comme le rapporte le site russe sur le Caucase Vestnik Kavkaza, la présidente du Sénat russe, Valentina Matvienko, espère "une amélioration dans les relations entre les deux pays", Victor Ozerov, président de la commission de la Défense et de la Sécurité du Sénat, est plus pessimiste. Selon lui, "bien que l'époque Saakachvili touche à sa fin, la victoire de l'opposition n'aurait pas d'impact radical sur les relations avec la Russie".
Le vice-président de la commission des Relations internationales de la Douma russe, Viatchelsav Nikonov, est plus nuancé. "Ne soyons pas simplistes : dans la vie réelle, il n'y a pas le choix : ou bien la Russie ou bien l'Occident, mais bel et bien : et la Russie et l'Occident", cite Vzgliad
Tout en qualifiant de "fondamentalement inacceptable la vision [de l'avenir de la Géorgie] de Rêve géorgien", il a assuré qu'il respecterait "la règle de la démocratie" et "le choix de la majorité du peuple géorgie", indique le site Civil Georgia. "Nous avons si bien travaillé que Saakachvili n'avait d'autre choix que de faire cette déclaration", a rétorqué le vainqueur, Ivanichvili, cité par Medianews. Il a toutefois appelé son rival "qui a commis beaucoup d'erreurs" à démissionner, pour "éviter un pouvoir bicéphale", en attendant l'élection présidentielle anticipée à l'automne 2013, date d'expiration du second mandat de Saakachvili.
Homme politique habile, ce dernier ne rendra certainement pas les armes de sitôt. Il a d'ailleurs déjà promis de "contribuer au travail du nouveau Parlement et du nouveau Premier ministre", poste que pourrait bien occuper Ivanichvili. Une cohabitation à la française, avec un tandem improbable, se profile, augurant une période transitoire d'autant plus tendue que, selon la nouvelle Constitution remodelée par Saakachvili en 2010, dans une Géorgie république parlementaire dès 2013 , la plénitude du pouvoir reviendra au chef du gouvernement. Néanmoins, depuis l'indépendance de la Géorgie, en 1991, c'est la première fois que l'alternance du pouvoir se produit par un vote démocratique (reconnu comme tel par les Etats-Unis, l'OCDE, le Parlement européen), et non par la force. "Le pays a mûri politiquement", constate le site Eurasianet.
Quel est le programme du nouveau pouvoir ? En politique intérieure, Ivanichvili promet la justice sociale, des médias et des tribunaux libres et indépendants, une agriculture à l'honneur, des emplois. "Nous nous devons de construire un Etat attrayant, ce qui facilitera nos relations avec le monde extérieur", a-t-il résumé. En matière de politique étrangère, Ivanichvili, accusé par Saakachvili d'être "l'envoyé du Kremlin", a reconfirmé le cap sur l'adhésion à l'OTAN et le rapprochement avec l'espace euro-atlantique. Cependant, il renoncera à "la stratégie erronée de Saakachvili, qui voulait faire de la Géorgie [pays de près de 4 millions d'habitants] un acteur global". La Géorgie d'Ivanichvili redeviendra donc "un acteur régional et aspirera à arranger ses relations avec ses voisins, dont la Russie [qui a reconnu et occupé en 2008 les régions géorgiennes séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, provoquant une rupture des relations diplomatiques avec Tbilissi]", cite le journal russe Vzgliad.
La classe politique russe réagit prudemment à la victoire de l'opposition géorgienne. "Le résultat de l'élection montre que les Géorgiens veulent des changements, que le paysage politique géorgien sera davantage pluriel et son Parlement mû par des forces plus constructives et plus responsables", a commenté le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, qui s'est dit "prêt au dialogue".
Si, comme le rapporte le site russe sur le Caucase Vestnik Kavkaza, la présidente du Sénat russe, Valentina Matvienko, espère "une amélioration dans les relations entre les deux pays", Victor Ozerov, président de la commission de la Défense et de la Sécurité du Sénat, est plus pessimiste. Selon lui, "bien que l'époque Saakachvili touche à sa fin, la victoire de l'opposition n'aurait pas d'impact radical sur les relations avec la Russie".
Le vice-président de la commission des Relations internationales de la Douma russe, Viatchelsav Nikonov, est plus nuancé. "Ne soyons pas simplistes : dans la vie réelle, il n'y a pas le choix : ou bien la Russie ou bien l'Occident, mais bel et bien : et la Russie et l'Occident", cite Vzgliad
Par Alda Engoian sur www.courrierinternational.com le 03/10/2012
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