jeudi 30 juillet 2015

Les talibans confirment la mort du mollah Omar et nomment un nouveau chef

Les talibans afghans ont confirmé, jeudi 30 juillet dans un communiqué, la mort « de maladie » de leur chef suprême, le mollah Omar, annoncée la veille par la Direction nationale de la sécurité (DSN), les services de renseignement afghans. Le mouvement ne mentionne pas la date de la mort de son leader historique. La présidence afghane avait affirmé que le mollah Omar était mort depuis plus de deux ans, en avril 2013. Elle n'avait pas fait mention des doutes de la DSN sur les circonstances de sa mort, « dans un hôpital de Karachi », au Pakistan, que les services jugeaient « suspecte ».

Le mollah Akhtar Mohammed Mansour, chef de facto des talibans depuis que le mollah Omar avait disparu du paysage politique, a été élu nouveau chef du mouvement selon un communiqué des talibans diffusé vendredi. La place de numéro deux serait occupée par Sirajuddin Haqqani selon l'agence AP.
 
Si les militants n'avaient plus entendu sa voix depuis des années, la hiérarchie continuait de diffuser des textes signés du nom du mollah Omar, prétendant qu'il était encore vivant. Le dernier message datait de la mi-juillet, à la veille de l'Aïd el-Fitr, la fête de rupture du jeûne, à la fin du ramadan.
Dans ce message émaillé de citations du Coran, le mollah Omar appelait à soutenir les efforts de paix laborieusement engagés avec la présidence d'Ashraf Ghani, une amorce de discussion activement encouragée par le Pakistan voisin et une Chine à l'influence croissante sur le théâtre afghan. Une nouvelle session de négociations, prévue vendredi entre les insurgés et le gouvernement afghan, a été reportée. En annonçant ce report, le Pakistan a mis en avant le communiqué publié à Kaboul mercredi pour annoncer la mort du mollah Omar et les tensions qu'il pourrait engendrer autour de sa succession.
 
La rapidité avec laquelle la direction du mouvement a pu choisir un successeur surprend, comme la facilité apparente qu'elle aura eue à admettre implicitement avoir menti pour préserver vivant le mythe du mollah Omar.
 
La haute hiérarchie des talibans est politiquement fragilisée et divisée depuis plusieurs années. Akhtar Mohammed Mansour y faisait face à une vigoureuse opposition, dont l'une des têtes d'affiche est Mohammed Yakoub, le propre fils du mollah Omar.
 
Elle est par ailleurs de plus en plus concurrencée par l'Etat islamique (EI) dans certains de ses bastions, notamment dans les provinces de Nangahar (Est) et du Helmand (Sud). Les nouveaux supporteurs d'Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l'EI, tirent parti du désarroi d'une partie des combattants talibans face au vide politique apparent au sommet du mouvement.

Une aura unique

Ainsi, raviver cette direction s'annonce une tâche ardue pour le successeur du mollah Omar, tant ce dernier jouissait d'une aura unique. Né entre 1958 et 1960 – la date n'a jamais été clairement établie –, ce fils d'une famille pauvre de la province pachtoune méridionale de Kandahar n'avait joué qu'un rôle mineur dans la résistance antisoviétique des années 1980, où il perdit son œil.
 
Son destin va prendre un tour exceptionnel à la faveur de la guerre civile entre factions moudjahidine qui ravage le pays après l'effondrement du régime communiste en 1992. Une révolte éclate à Kandahar et aux confins de la frontière pakistanaise contre les petits chefs de guerre locaux rackettant et terrorisant la population.
 
Le mollah Omar est l'un des animateurs de cette fronde vite soutenue par la corporation des transporteurs vivant du commerce transfrontalier, handicapés dans leurs affaires par le chaos ambiant. Les troupes seront fournies par les étudiants (« taleb » en arabe, d'où le nom du mouvement) des écoles coraniques issues de l'école ultraconservatrice deobandi – proche du wahhabisme saoudien – dominante dans cette ceinture frontalière pachtoune. Le mouvement embryonnaire, qui rallie sans mal les populations sous le double mot d'ordre de « la paix » et du « Coran », enlève sans coup férir Kandahar en 1994.
 
Mais la légende du mollah Omar naît vraiment le 4 avril 1996. Ce jour-là, il se drape d'une cape, pieusement conservée dans une mosquée locale car elle aurait été jadis portée par le prophète Mahomet, et s'autoproclame devant une assemblée de fidèles Amir Al-Mominin (Commandeur des croyants). A la faveur du succès politico-militaire du mouvement taliban, qui conquiert Kaboul en septembre 1996, ce titre éminemment prestigieux sera reconnu par un nombre croissant de fidèles.

Hôte de Ben Laden

Le mollah Omar choisira de rester à Kandahar, dans un logement sans ostentation où il tenait cour et prêchait, vivant en compagnie de ses femmes et de ses enfants et passant, selon certaines sources, des heures à s'occuper d'une vache bien-aimée. Pendant ce temps, les talibans instauraient un régime rétrograde, violent, souvent absurde entre des frontières de plus en plus fermées au monde extérieur, massacrant les populations chiites hazara, maintenant les jeunes filles hors des écoles et privant de nombreuses femmes de leur travail, détruisant une partie du patrimoine préislamique du pays, comme les bouddhas de Bamiyan en 2001.
 
Dès 1996, Omar autorisa le Saoudien Oussama Ben Laden à revenir en Afghanistan – il s'y était déjà établi dans les années 1980, durant la guerre contre l'occupant russe – pour y ouvrir des camps d'entraînement et des bases pour une internationale djihadiste en construction. Il devra quitter Kaboul en 2001 à l'approche de l'armée américaine, qui envahit le pays en réponse aux attentats du 11-Septembre.
 
Depuis, Omar restait invisible. Mais il restait un personnage majeur, dirigeant d'une insurrection qui, à partir de 2005, infligea des pertes de plus en plus lourdes à la coalition internationale menée par les Etats-Unis qui s'était établie dans le pays pour aider le jeune Etat afghan à se reconstruire. Ce conflit a fait des dizaines de milliers de morts afghans et 3 393 parmi les soldats de la coalition, pour la plupart des Américains.
 
Aujourd'hui encore, malgré l'affaiblissement de leur direction, les talibans engrangent les succès militaires. Alors que l'OTAN a mis un terme début janvier à sa mission de combat en Afghanistan, laissant un dispositif résiduel d'environ 12 500 hommes (principalement américains) se cantonner à des opérations ponctuelles de « contre-terrorisme », la rébellion profite du vide stratégique. Ces dernières semaines, elle a surpris en réalisant des percées dans les provinces septentrionales de Kunduz, Faryab et Badakhchan, une zone où elle est pourtant traditionnellement moins bien implantée que dans le Sud pachtoune.
 
Sur www.lemonde.fr le 30/07/2015

L'Iran pays ouvert à la GPA

Aujourd'hui que la médecine a fait des progrès révolutionnaires, la gestation pour autrui (GPA), ou maternité de substitution, ne semble plus être un phénomène nouveau ou ambigu.

La GPA est interdite par la loi dans certains pays (Autriche, Allemagne, Italie, Suisse) et dans la plupart des pays islamiques, les représentants religieux aux opinions conservatrices estiment que la maternité de substitution est contre nature, immorale, et va à l'encontre des normes religieuses en vigueur. Ils pensent que recourir à un tiers pour concevoir un enfant est un péché, même si la fécondation a eu lieu sans contact direct entre les deux individus. Selon eux, l'islam interdit le recours à la GPA pour pallier les problèmes de stérilité.

En dépit de la sévérité des lois de la charia et du conservatisme des principes religieux en vigueur dans le pays, Téhéran a adopté une approche très progressiste et libérale vis-à-vis de cette question..

Depuis plusieurs années l'Iran pratique au niveau officiel la maternité de substitution pour résoudre les problèmes d'infécondité. Plusieurs villes (Téhéran, Ispahan, Machhad) disposent de centres médicaux spécialisés pratiquant uniquement la GPA pour permettre aux couples stériles d'avoir des enfants.

Pourquoi est-ce possible en Iran?

Des membres du Conseil iranien, composé d'experts de premier plan ayant le droit de décréter des fatwas concernant des questions importantes relatives à la religion et au droit musulman, ont examiné l'admissibilité d'une telle méthode en médecine et décidé qu'elle était légitime si certaines conditions étaient respectées. Ils attirent l'attention sur le fait que pour concevoir, porter et accoucher d'un enfant le couple doit faire appel à un tiers — la mère-porteuse. Les fonctions maternelles sont réparties entre les deux femmes: la mère biologique, dont les ovules participent à la conception de l'enfant et qui l'éduque après sa naissance, et la mère porteuse qui met au monde l'enfant et le nourrit éventuellement pendant un an ou plus.

C'est pourquoi la question primordiale consiste à déterminer qui est la véritable mère de l'enfant. Selon les théologiens iraniens, la mère de l'enfant sera la femme dont l'ovule a été utilisé pour la conception.

Les représentants religieux iraniens, y compris le guide suprême l'ayatollah Khamenei, ont décrété une fatwa proclamant l'admissibilité de la méthode de maternité de substitution dans la médecine pour pallier aux problèmes des familles stériles, car la procédure de fécondation artificielle se déroule hors de la proximité conjugale. Cependant, selon eux, en recourant à cette méthode il convient de respecter des normes éthiques et juridiques:

  1. La mère porteuse doit être mariée;
  2. L'accord obligatoire du mari de la femme qui a décidé de porter l'enfant d'un autre couple;
  3. Avant d'introduire l'embryon, la mère porteuse doit attendre 3 cycles menstruels (environ 3 mois) sans avoir de rapports sexuels avec son mari pour prévenir une grossesse intrafamiliale;
  4. Tous les frais (nourriture, médicaments, etc.) de la mère porteuse pendant sa grossesse (9 mois) et après l'accouchement (près de 40 jours) sont pris en charge par le père de l'enfant porté;
  5. L'enfant né et la mère porteuse font l'objet d'une interdiction canonique au mariage consanguin, de la même manière que les interdictions relatives à une mère et son enfant;
  6. La mère porteuse a le droit d'insister pour le nourrir avec son lait pour éviter des souffrances physiques et empêcher de nourrir l'enfant avec du lait artificiel.

La GPA est pratiquée en Iran au niveau de l'État depuis plus de 12 ans dans des centres médicaux spécialisés grâce aux technologies reproductives. Pratiquement tous les projets scientifiques dans ce secteur scientifique sont financés par le budget national.

Cependant, l'un des principaux problèmes pour les couples iraniens qui ont décidé de recourir à la maternité de substitution reste le coût élevé de la procédure — entre 50 000 et 100 000 dollars.

Contenu réalisé à partir d'informations émanant de sources ouverte

Sur http://fr.sputniknews.com le 26/07/2015

La Turquie en danger

 
Alors que la presse occidentale salue l’autorisation faite par la Turquie aux États-Unis d’utiliser ses bases militaires pour combattre Daesh, Thierry Meyssan observe les tensions internes de ce pays. Selon lui, le maintien de M. Erdoğan au pouvoir comme l’absence de nouvelle majorité lors des prochaines élections législatives conduiront sans délai à la guerre civile.
 
Depuis une quinzaine d’années, George Friedman, le fondateur de l’agence de renseignement privée Stratfor, persuade les dirigeants occidentaux que les BRICS ne joueront pas de rôle important au XXIe siècle, mais que la Turquie islamique y parviendra. Friedman est un ancien collaborateur d’Andrew Marshall, le stratège du Pentagone de 1973 à 2015.
 
La propagande en faveur de l’islamisme turc, comme modèle économique et politique, a été renforcée par le patronat islamique turc via certaines personnalités françaises qui se sont laissées corrompre (Anne Lauvergeon, Alexandre Adler, Joachim Bitterlich, Hélène Conway-Mouret, Jean-François Copé, Henri de Castries, Augustin de Romanet, Laurence Dumont, Claude Fischer, Stéphane Fouks, Bernard Guetta, Élisabeth Guigou, Hubert Haenel, Jean-Pierre Jouyet, Alain Juppé, Pierre Lellouche, Gérard Mestrallet, Thierry de Montbrial, Pierre Moscovici, Philippe Petitcolin, Alain Richard, Michel Rocard, Daniel Rondeau, Bernard Soulage, Catherine Tasca, Denis Verret, Wilfried Verstraete, pour ne citer qu’eux).
 
Pourtant, la Turquie est aujourd’hui au bord de l’implosion au point que sa survie, en tant qu’État, est directement menacée.
 
Le projet de démantèlement de la Turquie
 
En 2001, les stratèges straussiens du département de la Défense envisageaient un remodelage du « Moyen-Orient élargi » qui prévoyait la division de la Turquie au profit d’un Kurdistan indépendant, réunissant les Kurdes de l’actuelle Turquie, ceux d’Irak et d’Iran. Ce projet supposait la sortie de la Turquie de l’Otan, la réconciliation de tribus kurdes que tout sépare —y compris la langue— et des déplacements considérables de population. Le colonel Ralph Peters a évoqué ce plan dans un article de Parameters dès 2001, avant d’en publier la carte, en 2005. Peters est un élève de Robert Strausz-Hupé, l’ancien ambassadeur des États-Unis à Ankara et le théoricien du Novus orbis terranum (le « Nouvel ordre mondial »).
 
Ce projet insensé a refait surface, il y a un mois, avec l’accord israélo-saoudien négocié en marge des pourparlers 5+1 sur le nucléaire iranien. Tel-Aviv et Riyad comptaient sur la Turquie pour renverser la République arabe syrienne. En effet, Ankara s’était fermement engagé dans ce sens lorsque l’Otan avait terminé le transfert du LandCom (commandement joint des Forces terrestres) à Izmir, en juillet 2013. Désemparé par la passivité états-unienne, M. Erdoğan avait alors organisé sous faux drapeau le bombardement chimique de la Ghouta pour contraindre l’Otan à intervenir. Mais en vain. Il avait récidivé, un an plus tard, en promettant d’utiliser la Coalition internationale anti-Daesh pour prendre Damas. Israël et l’Arabie saoudite qui ont fait les frais de ces promesses non tenues n’auront aucune retenue à provoquer la guerre civile en Turquie.
 
Le changement de politique à Washington
 
Cependant, deux éléments semblent s’opposer au démantèlement de la Turquie.
 
Premièrement, le secrétariat à la Défense lui-même. Depuis le départ d’Andrew Marshall, le nouveau stratège, le colonel James H. Baker, n’est pas un straussien. Il raisonne dans le cadre des principes de la paix de Westphalie et oriente le Pentagone vers une confrontation de type Guerre froide. La vision de Baker correspond à celle de la nouvelle National Military Strategy. En outre, elle est partagée par le nouveau chef d’état-major interarmes, le général Joseph Dundord. En d’autres termes, le Pentagone aurait abandonné la « stratégie du chaos » et souhaiterait désormais s’appuyer à nouveau sur des États.

Deuxièmement, préoccupée par le possible déplacement de l’Émirat islamique (« Daesh ») du Levant vers le Caucase, la Russie a négocié (avec l’accord de Washington) un accord entre
- la Syrie (actuellement attaquée par Daesh), - l’Arabie saoudite (principal financier actuel de l’organisation terroriste) - et la Turquie (qui assure le commandement opérationnel de l’organisation).
Ce plan a été présenté le 29 juin par le président Vladimir Poutine au ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, et à la conseillère spéciale du président Bachar el-Assad, Bouthaina Shaaban. Il a immédiatement été suivi d’échanges entre les parties.
- Le 5 juillet, une délégation des services secrets syriens était reçue par le prince héritier saoudien, Mohamad ben Salman.
- La Turquie a reçu un émissaire officieux de Damas, puis a envoyé le sien à Damas. Après la signature de l’accord 5+1, elle a stoppé son soutien à Daesh et a arrêté 29 passeurs.

Les deux évolutions sont donc actuellement possibles : soit un déplacement de la guerre de la Syrie vers la Turquie, soit une coordination régionale contre Daesh.
La situation en Turquie
Quoi qu’il en soit, la Turquie s’est transformée au cours des quatre dernières années.
Premièrement, son économie s’est effondrée. Son engagement dans la guerre contre la Libye l’a privée d’un de ses principaux clients et elle n’en a tiré aucun profit car ce client est devenu insolvable. Son engagement dans la guerre contre la Syrie a été moins dramatique, car le marché commun syro-irano-turc était encore embryonnaire. Mais l’effet cumulé de ces deux guerres a cassé la croissance du pays qui est sur le point de devenir négative. En outre, une partie de l’économie turque est actuellement basée sur la vente de produits fabriqués pour des grandes marques européennes qui sont détournés des circuits commerciaux légaux à l’insu de leurs commanditaires. Ce piratage massif porte désormais atteinte à l’économie de l’Union européenne.
Deuxièmement, pour conquérir le pouvoir Recep Tayyip Erdoğan s’est protégé d’un coup d’État militaire en arrêtant des officiers supérieurs et en les accusant de comploter contre l’État. Dans un premier temps, il s’en est prit aux réseaux Gladio de l’Otan (Ergenekon dans sa version turque). Puis, dans un deuxième temps, il fit arrêter les officiers qui envisageaient de changer d’alliance avec la fin de la Guerre froide et avaient pris contact avec l’Armée populaire chinoise en les accusant d’appartenir au même groupe Ergenekon, ce qui n’avait aucun sens. En définitive, à la suite de ces purges, la majorité des officiers supérieurs a été arrêtée et incarcérée. Du coup, les armées turques sont affaiblies et ont perdu leur attrait au sein de l’Otan.
Troisièmement, la politique islamiste de l’administration Erdoğan a profondément divisé le pays et a fait naître une haine d’abord entre les laïques et les religieux, puis entre les communautés sunnites, kurdes et alévies. De sorte que le parallèle avec le scénario égyptien, que j’évoquais il y a plus d’un an, devient aujourd’hui possible. La Turquie est devenue une poudrière. Il suffirait d’une étincelle pour faire éclater une véritable guerre civile que personne ne pourra arrêter et qui ravagera durablement le pays.
Quatrièmement, la rivalité entre le clan islamiste de M. Erdoğan, la Millî Görüş (créé dans les années 70 par l’ancien Premier ministre Necmettin Erbakan), et le Hizmet de Fethullah Gülen a détruit le parti au pouvoir, l’AKP. Les deux écoles partagent la même vision obscurantiste de l’islam, mais Fethullah Gülen (qui vit aujourd’hui aux États-Unis) avait été recruté à la CIA par Graham E. Fuller et prêche une alliance des croyants autour de l’Otan chrétien et d’Israël, tandis que la Millî Görüş défend le suprémacisme musulman. En outre, on ne voit pas comment les partisans de l’ancien président Turgut Özal (également islamistes et à ce titre membres de l’AKP, mais favorables à la reconnaissance du génocide arménien, à l’égalité en droit des Kurdes, et à une fédération des États turcophones d’Asie centrale) continueraient à lier leur sort à celui de M. Erdoğan.
Cinquièmement, en acceptant la proposition du président Vladimir Poutine de construire le gazoduc Turkish Stream, le président Erdoğan s’est directement attaqué à la stratégie globale des États-Unis. En effet, ce gazoduc, s’il doit voir le jour, ouvrira une voie de communication continentale et menacera la doctrine de « contrôle des espaces communs » par laquelle Washington maintient sa suprématie sur le reste du monde. Il permettra à la Russie de contourner le chaos ukrainien et de passer outre l’embargo européen.
L’Otan ne veut plus jouer
Si les liens personnels de M. Erdoğan avec al-Qaïda ont été établis par la Justice turque, il ne fait plus aucun doute qu’il dirige personnellement Daesh. En effet :- L’organisation terroriste est officiellement commandée par Abu Bakr el-Baghdadi. Mais cette personnalité n’est mise en avant que parce que c’est un membre de la tribu de Qurays et donc un descendant du Prophète. Le commandement exécutif est confié à Abu Alaa al-Afri et Fadel al-Hayali (dit Abu Muslim al-Turkmani), deux Turkmènes agents du MIT (services secrets turcs). Les autres membres de l’état-major sont issus de l’ancienne URSS.- Les exportations de pétrole brut, qui ont récemment repris en violation de la résolution 2701 du Conseil de sécurité, ne sont plus assurées par Palmali Shipping & Agency JSC, la compagnie du milliardaire turco-azéri Mubariz Gurbanoğlu, mais par BMZ Ltd, la société de Bilal Erdoğan, le fils du président.- Les soins importants aux jihadistes blessés de Daesh sont fournis par le MIT en Turquie, dans un hôpital clandestin situé à Şanlıurfa et placé sous la supervision de Sümeyye Erdoğan, la fille du président.
C’est pourquoi, le 22 juillet, le président Barack Obama a téléphoné à son homologue turc, Recep Tayyip Erdoğan, et l’a lourdement menacé. Selon nos informations, le président états-unien a déclaré s’être mis d’accord avec le Premier ministre britannique David Cameron pour exclure la Turquie de l’Otan —ce qui implique la guerre civile et la division en deux États— si la Turquie
1. ne rompt pas immédiatement l’accord gazier avec la Russie ;
2. ne participe pas immédiatement à la coalition internationale anti-Daesh.
Le président Erdoğan, qui a une formation islamique mais pas politique, a réagi à la fois en tentant d’apaiser Washington et en poursuivant ses lubies.
1. la Turquie a autorisé l’Otan à utiliser ses bases sur le territoire turc pour lutter contre Daesh, a arrêté des passeurs de Daesh, et a participé à des bombardements symboliques de Daesh en Syrie ;
2. en outre, M. Erdoğan a déployé des efforts bien plus importants contre son opposition kurde que contre Daesh en bombardant massivement des positions du PKK en Irak, en arrêtant des membres du PKK en Turquie et bloquant de nombreux sites internet kurdes. Le PKK a répondu par un communiqué laconique constatant que le gouvernement venait de rouvrir unilatéralement les hostilités ;
3. on ignore, pour le moment, les décisions relatives au gazoduc Turkish Stream.
Les États-Unis, par la voix du représentant spécial adjoint pour la lutte contre Daesh, Brett McGurk, et l’union européenne, par la voix de la Hautre représentante pour la politique extérieure, Federica Mogherini, ont vivement critiqué l’attaque contre le PKK et souligné l’absolue nécessité de maintenir le cessez-le-feu. De son côté, Massoud Barzani, le président du gouvernement régional kurde d’Irak, a publié un communiqué pour contredire le Premier ministre Davutoğlu qui avait prétendu avoir reçu son soutien.
Nous arrivons maintenant à l’issue du délai constitutionnel de 45 jours au terme duquel le chef du principal groupe parlementaire devait constituer un gouvernement. Les trois principaux partis d’opposition, conseillés par l’ambassade des États-Unis, ayant refusé de s’allier avec l’AKP, Ahmet Davutoğlu n’y est pas parvenu. De nouvelles élections législatives devraient être convoquées. Compte tenu d’une part de la division de l’AKP (islamistes) et d’autre part, de la haine entre le MHP (conservateurs) et le HPD (gauche et kurdes), il sera difficile de trouver une majorité. Si tel est le cas ou si l’AKP parvient à se maintenir, la Turquie entrera en guerre civile.
De Thierry Meyssan sur www.voltaire net.org le 27/07/2015

Affaire Aliyev : l'impartialité du juge pourrait être en cause

La justice autrichienne est embarrassée. L'inéluctabilité de la peine, l'impartialité, l'objectivité et d'autres fondements d'un procès équitable ont été balayés par un seul homme, le juge Andreas Boehm. Le parti pris sans précédent qu’il a manifesté dans la procédure relative à l'enlèvement et l’assassinat en 2007 au Kazakhstan des banquiers Joldas Timraliyev et Aybar Hosenov a atteint de manière significative l'image de la justice.

Tout d'abord, essayons de comprendre pourquoi cela a reçu un écho si puissant, et est apparu sur la scène judiciaire. En bref, l’éminence grise Rakhat Aliyev est un homme puissant  qui a vécu au Kazakhstan. Il n’était pas un opposant politique du régime au pouvoir dans le pays, il était un voyou ordinaire avec des capacités extraordinaires. Cet homme avait un grand nombre de connexions au sein du gouvernement et le temps de réaliser qui il est, il a réussi à commettre de nombreux délits. Prise de contrôle d’entreprises, enlèvement et assassinat est juste une petite liste des crimes qui ont été commis par le groupe criminel d’Aliyev. Deux autres personnes se trouvent sur la scène, Musayev et Koshlyak qui étaient juste des officiers qui ont soutenu ce patron mafieux.

Quoi qu'il en soit, le jour est venu où la carrière d’Aliyev est descendue en flèche. Le délinquant a improvisé une fuite en Autriche. De son coté, le Kazakhstan l’a condamné par contumace à des peines de prison importantes. Par ailleurs, l'assassinat des banquiers, n’est qu’un épisode mineur parmi les actes allégués.

Qu'est-il arrivé ensuite ? Ce qui est arrivé devient la norme en Europe. Comme c’est habituellement le cas avec les fugitifs qui rejoignent la communauté européenne, surtout quand ils ont de l'argent, ils obtiennent l'appui solide de juristes professionnels et de diverses organisations des droits de l'homme. Il a fallu sept ans pour que l’appareil judiciaire autrichien examine l’affaire Aliyev de près. Mais même après tout ce temps, cette affaire est restée au point mort.

Il semble qu’après l'arrestation de l'accusé, de nombreux tribunaux ont été à contribution : un tribunal de première et de deuxième instance, la Cour suprême, la Cour Fédérale. L'affaire a été vue, comme à travers un microscope. En général, il a été donné une réponse claire à la question principale, Aliyev, Musayev et Koshlyak sont-ils soupçonnés d'avoir commis un double assassinat et ont-ils réellement un lien avec lui ? 13 décisions rendues par les tribunaux de toutes les instances possibles, ont confirmé qu'il en est ainsi.

La légalité de la détention de l'accusé a également été considérée très attentivement. Et à cet égard, 13 fois les tribunaux ont pris une décision positive, en disant que la mesure préventive est justifiée. Les tribunaux ont utilisé le terme de « présomption urgente », ce qui signifie un haut degré de probabilité de commettre un crime par lesdites personnes.

Mais qu’a fait M. Boehm ? Sans passer par quatre chemins, il a annulé tout ce qui a été fait plus tôt dans la procédure pénale. Sous sa présidence, le tribunal régional de Vienne a acquitté Musayev et condamné Koshlyak à deux ans de prison. Il n’a pas réussi à libérer Aliyev, le principal accusé, qui en février, a été retrouvé pendu dans sa cellule d'isolement de sa prison à Vienne.

En conséquence, personne n'a été condamné pour les assassinats. Koshlyak a reçu une condamnation par contumace, pas pour assassinat, mais pour avoir participé à un enlèvement. Ce qui est étrange, car cet enlèvement a conduit à un crime. Actuellement dans cette affaire, deux des principaux protagonistes, Musayev et Koshlyak, sont en liberté. Boehm, à son tour, est devenu un personnage central dans les pages de la presse autrichienne. Cependant, il reste beaucoup de questions en suspens sur ce représentant de la justice.

En particulier, la première chose sur laquelle il faut attirer l'attention est la manipulation qu’a potentiellement mené Andreas Böhm, en essayant d'influencer le jury.

Avant même d’avoir entendu la défense et l’accusation et la fin du procès, le juge avait déjà pris la décision de remettre en liberté Koshlyak et Musayev. Ce fait peut être considéré comme une estocade du juge à l’encontre  de l’accusation dans ce procès.

La réaction du juge dans cette affaire est une attitude partiale envers les témoins et les preuves recueillies, elle va au-delà du champ d'application de la logique juridique. Ainsi, le juge « n'a pas aimé » le verdict du tribunal militaire du Kazakhstan de 2008, qui n'a pourtant aucune relation avec les assassinats des banquiers. Ceci est une autre histoire, qui est en dehors de la compétence du représentant légal de la justice autrichienne. Il ne lui a pas été demandé de s’immiscer dans cette affaire, mais il l’a fait. Pourquoi cela ? Parce que le verdict du tribunal militaire a traité de la tentative de coup d’Etat par Aliyev. Cela a suffit au juge pour en tirer des  conclusions sur une hypothétique composante politique dans l'affaire pénale.

Un autre aspect important est que A. Boehm a ouvertement critiqué la fondation "Tagdyr", active sur le plan social, qui a aidé les veuves des banquiers à recruter des avocats afin de comprendre les rôles de Musayev et Koshlyak. Que fait ce juge ? Au lieu de juger l'accusé, il juge les victimes. Il a soupçonné que le fondation est financée par les autorités kazakhes, poussant la théories du complot à un niveau incroyable. Pour la même raison, le juge remet en question toutes les preuves de l’accusation. Mais quand la défense a parlé, il n’a rien contesté, même pas les petits détails. Inutile de dire quel peut être le verdict dans une telle atmosphère ?

Depuis le temps que M. Boehm a pris cette affaire entre ses mains, l'intérêt a augmenté de façon exponentielle. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir en Europe une telle absence de scrupules dans l'exécution de cette fonction. Personne ne sais quel est le problème ? un pot de vin ou une certaine forme perverse de racisme politique ou de haine voilée du Kazakhstan, mais le fait demeure que dans tous les cas, les accusés auraient du être condamné. Cependant, grâce aux efforts d’A. Boehm, ils ont été libérés. Il est très difficile de se convaincre que tout cela relève tout simplement de l'incompétence du juge. Il a délibérément donné la liberté aux suspects des assassinats.

Aujourd'hui, dans cette affaire, il est trop tôt pour conclure. La Cour a acquitté les accusés Musayev et Koshlyak, et immédiatement après, le bureau du procureur de la ville de Vienne et les avocats des victimes ont annoncé faire appel. Tenant compte du fait que cet acte juridique n'est pas entré en vigueur, il y a de l'espoir pour qu’un jugement raisonnable et équitable soit prononcé par la Cour d’appel autrichienne.

mercredi 29 juillet 2015

Les "Sentinelles", dernier peuple isolé du monde, devenues stars du web

 
L'histoire des "Sentinelles", peuple le plus isolé du monde et quasiment jamais rencontré en raison de son agressivité, redevient populaire à la faveur de blague sur Internet.
 
Ils sont l'un des derniers peuples réellement isolés des restes du monde. Habitant sur l'île de North Sentinel, dans l'Océan indien, les "Sentinelles" sont un peuple primitif, présent sur place depuis 60.000 ans vraisemblablement et vivant comme le reste des êtres humains, mais 15.000 ans en arrière. Il s'agit du dernier peuple pré-néolithique. Depuis plusieurs jours, ils ont quitté leur anonymat pour faire l'objet de plusieurs articles. Tout est venu de blagues sur le réseau social Google +. Des personnes se sont amusé à commenter la page de l'île de North Sentinel, dans l'Océan indien, comme s'ils y avaient été : "Il n'y a pas de touristes du tout. Pas de hipsters cyniques portant des jeans moulant qui roulent des yeux devant chaque chose (…) Il n'y a pas de parcs d'attraction (…). Les options pour se restaurer sont limitées. Mon ami a été kidnappé et cuisiné dans un chaudron géant par les locaux."
 
Des blagues car personne n'a jamais vraiment séjourné sur cette île reculée. Et très peu d'étrangers ont foulé le sol de ce bout de terre de 72 km2, situé à 40 km du premier territoire habité, dans l'archipel des îles Andaman et Nicobar. Pourquoi? Les "Sentinelles" ont le sang chaud et attaquent tout voyageur à coups de flèches et de lances, les empêchant de débarquer. Des anthropologues ont tenté de les approcher, en leur présentant des cadeaux pour les amadouer. Un cochon a été rapidement tué et enseveli sans jamais être mangé (un enregistrement de cette scène existe). A l'inverse, les noix de coco ont du succès (comme on peut le voir ici). Toutes les images représentant les "Sentinelles" sont de mauvaises qualités, car il est très difficile de les approcher en raison de leur agressivité. Deux pêcheurs ont été tués en 2006 à coups de machette.
 
Avant les canulars sur Google +, personne n'avait écrit sur les autochtones depuis 2006. Et encore avant, il faut remonter à 1993. Que sait-on d'eux? Ils sont peut-être 400, vivent nus, ne sont pas cannibales comme une légende tenace le faisait croire. Ils sont "pré-néolithiques", c’est-à-dire qu'ils vivent sans agriculture, sans élevage, ils sont "chasseurs-cueilleurs" et n'utilisent sûrement pas d'outils en pierre polie ou de poterie.
 
Ils sont les descendants des premiers hommes à avoir atteint ces zones du monde, 20.000 ans avant que Cro-Magnon ait choisi d'investir l'Europe occidentale (entre 30.000 et 10.000 ans). Ils seraient rattachés au peuple des Jarawa, qui sont présents sur les îles Andaman depuis longtemps, mais dont il ne reste que 300 individus.
 
Menacés par nos maladies
 
Depuis 1996, le gouvernement indien a interdit de nouvelles opérations auprès d'eux, en raison de décès au cours d'autres expéditions avec les Jarawa cette fois-ci. C'est seulement en 2004, après le tsunami, qu'un hélicoptère a été envoyé, pour vérifier que les "Sentinelles" avaient bien survécu au drame. Pas de drame, mais leur habitat a été profondément modifié. Les phénomènes naturels ne sont pas les seuls à menacer le petit peuple. Les braconniers, birmans notamment, menacent aussi et réduisent leurs ressources.
 
Ce qui risque de faire disparaître les autochtones, ce sont bien les autres humains qui tentent de les rencontrer. Comme tout peuple isolé, ils sont susceptibles d'être dévasté par nos microbes. Une simple grippe pourrait les tuer tous. Quand les conquistadors européens ont rencontré les amérindiens, on estime que certaines populations ont perdu près de 90% de leurs effectifs en raison de la coqueluche, de la rougeole ou de la variole. Environ la moitié de la population d'Amérique du Sud a ainsi été dévastée, soit entre 5 et 40 millions de personnes.
 
Par Vivien Vergnaud le 29/07/2015 sur www.lejdd.fr

La nouvelle mégapole chinoise de Jing-Jin-Ji comptera ... 130 millions d'habitants

Le gouvernement chinois envisage de regrouper les provinces administratives de Pékin, Tianjin et Hebei pour former une super-métropole de près de 130 millions d’habitants (soit près de 10% de la population chinoise, et plus que la population du Japon), Jing-Ji-jin (‘Jing’ pour Beijing, Pékin, ‘Jin’ pour Tianjin, et ‘Ji’ pour la province de Hebei). Il espère de cette manière apporter une solution aux très longs navettages des résidents actuels des habitants de cette région, ainsi que réduire la pollution et les problèmes d’engorgement du trafic . Cette métropole géante permettrait également une revalorisation économique de la capitale Pékin.

Le président chinois Xi Jinping se rend compte qu'il est impossible d'arrêter l'émigration vers les villes. Plus de la moitié de la population de la Chine vit dans une zone urbaine. Le trafic incessant met une forte pression sur la côte chinoise entre Tianjin et à Hong Kong, qui attire les plus grands groupes.

Dans de nombreuses grandes métropoles chinoises, de plus en plus peuplées, l’infrastructure adéquate en termes d’hôpitaux, d’écoles et de théâtres peine à suivre. Dans le même temps, il devient de plus en plus difficile de créer des emplois pour les nouveaux arrivants. Ceci implique des navettages souvent plus longs, qui augmentent aussi la pression sur les transports publics.

Jing-Jin-Ji, qui devrait avoir une superficie plus de cinq fois plus vaste que celle des Pays-Bas, devrait pouvoir résoudre ces problèmes. Le coût de la réalisation de Jing-Jin-Ji est estimé à environ 860 milliards d'euros. Le projet englobe crucialement la création d’une ligne de train à grande vitesse entre Pékin et la ville portuaire de Tianjin, qui devrait permettre de faire passer le temps de voyage entre les deux villes de 3 heures à moins de 40 minutes.

Le PIB de cette nouvelle région pourrait atteindre 970 milliards de dollars, soit près de 11% du PIB de la Chine. Elle devrait pouvoir rattraper son retard économique sur les régions les plus prospères de la Chine, en particulier Shanghai ou Guangzhou.

Sur www.express.be le 27/07/2015

vendredi 24 juillet 2015

Israël: vers l'Asie, toute !

Israël se tourne vers l’Asie. Alors que ses relations avec son grand allié traditionnel, les Etats-Unis, et au-delà avec les pays européens, ont tendance à se refroidir, l’Etat hébreu a des échanges de plus en plus intenses avec le continent asiatique. A commencer par la Chine et l’Inde.
 
«La Chine considère que ses relations avec Israël sont d’une importance considérable», expliquait l’ambassadeur chinois à Tel Aviv en mai 2015, avant une visite de quatre jours du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans l’ex-Empire du Milieu, selon le magazine Forbes. En 2014, les échanges entre les deux pays ont atteint 8 milliards de dollars. Et ce, alors qu’ils n’ont installé des ambassades dans leurs capitales respectives que depuis 1992.

Les entreprises chinoises ont investi pour 4 millions de dollars dans l’Etat hébreu. Le groupe Bright Food a ainsi rachetée consortium laitier israélien Tnuva, comme l’ont été «une poignée de start-up de haute technologie», note The Economist.

L’Inde n’est pas en reste : en 2014, les échanges bilatéraux ont atteint 4 milliards de dollars. New Delhi a lancé en 2004 un satellite israélien de 300 kilos. Lequel a «considérablement augmenté les capacités israéliennes en matière de collecte d’informations sur le programme nucléaire iranien», explique Forbes. De son côté, Israël est devenu le second fournisseur en armes de son partenaire.

Il faut dire que l’Etat hébreu, super-puissance high-tech, qui disposait en 2011 «du plus fort indice d’investissement en recherche par tête d’habitant au monde» (Le Figaro) a beaucoup à offrir. Ce qu’ont bien compris de nombreux autres Etats asiatiques, à commencer par Singapour, la Corée du Sud et le Japon.

L’attitude de Tokyo est assez significative de l’évolution des relations entre Israël et l’Asie : «Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, est désireux de forger des liens plus étroits avec (Tel Aviv), ce qui entraînerait une prise de distance avec la politique pro-arabe de ce pays importateur de pétrole.» Une prise de distance qu’autorisent les actuelles difficultés des Etats du Golfe, Arabie Saoudite en tête.

Le rapprochement est aussi favorisé par les turbulences que connaissent les relations israélo-américaines. En clair, vue de Jérusalem, l’Asie apparaît comme un utile contrepoids face à des pays occidentaux où l’on parle beaucoup «boycott» et «désinvestissement», à travers la campagne BDS, en raison de la politique israélienne au Proche-Orient.
 
Rapprochement
 
Dans ce contexte, les pays asiatiques n’hésitent plus à s’afficher politiquement avec Israël. Le 3 juillet 2015, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté une résolution appelant à juger tous les responsables des crimes de guerre commis pendant le conflit à Gaza à l'été 2014. La résolution, présentée par le Pakistan a reçu l'appui de 45 pays, dont la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne. Seuls les Etats-Unis ont voté contre. Et cinq pays, dont l'Inde, se sont abstenus. «C’est la première fois que dans un vote majeur contre Israël, l’Inde n’a pas voté avec les Arabes», observe, étonné, un diplomate israélien cité par The Economist.

Ce rapprochement pouvait paraître impensable il y a quelques années. Côté israélien, il a été favorisé par le fait que «l’on ne trouve pas en Asie l’antisémitisme» traditionnel en Europe et au Moyen-Orient, constate Forbes. De leur côté, les pays asiatiques apprécient la politique de Tel Aviv contre la menace djihadiste.

Sur le plan militaire, le fait que l’Etat hébreu soit un leader mondial en matière de technologie anti-missiles et de drones est «un élément attractif pour les pays asiatiques qui entendent développer leurs armées nationales alors que leurs économies sont en pleine croissance». Des pays également attirés par les capacités israéliennes en matière de renseignement.

Mais ce qui est un avantage peut aussi être un inconvénient… En Israël, certains commencent à s’inquiéter de la présence chinoise. Dès 2013, l’ancien directeur du Mossad, Efraim Halevy, avait ainsi fait valoir les implications stratégiques que pourrait avoir l’engagement des entreprises de Pékin dans des projets d’infrastructures, notamment ferroviaires.

Il avait par ailleurs souligné les relations étroites entre la Chine et l’Iran, le grand ennemi d’Israël. De fait, lors des discussions sur le nucléaire de Téhéran, les autorités chinoises avaient conjointement demandé que soit levé l’embargo sur les ventes d’armes à l’Iran. Les renversements d’alliance de l’Etat hébreu ne sont peut-être pas encore tout à fait à l’ordre du jour…
 
Par Laurent Ribadeau Dumas le 24/07/2015 sur geopolis.francetvinfo.fr

mardi 21 juillet 2015

Le Japon dénonce les ambitions maritimes de la Chine

 
Tokyo s'est élevé mardi contre les ambitions de Pékin en mer de Chine méridionale, estimant que la Chine tentait de passer en force pour prendre le contrôle de zones disputées.
 
Le Japon dénonce les ambitions de Pékin en mer de Chine méridionale, estimant que ce dernier tente de passer en force pour prendre le contrôle de zones disputées. "La Chine, en particulier en ce qui concerne les questions maritimes, continue à agir de manière autoritaire (...)  unilatérale et sans place au compromis", souligne Tokyo dans son livre blanc annuel de la Défense publié mardi. Et de pointer des "tentatives coercitives pour changer le statu quo", en référence à la construction d'îles artificielles
 
Dans le rapport japonais, les Chinois sont accusés de mener d'énormes opérations de remblaiement en mer de Chine méridionale, transformant des récifs coralliens en ports et en infrastructures diverses, afin de gagner du terrain sur l'eau et d'étendre leur souveraineté au grand dam de leurs voisins. Cette zone est en effet un carrefour de routes maritimes vitales pour le commerce mondial , et recèle potentiellement des réserves d'hydrocarbures.
 
Le livre blanc annuel de la Défense (500 pages), approuvé par le Premier ministre Shinzo Abe, contient pour la première fois des images satellites des îles artificielles que la Chine a construit dans un autre secteur contesté, près des îles Spratleys (voir la vidéo ci-dessous). Le ministère japonais de la Défense estime que ces îles constituent "une source d'inquiétude pour la communauté internationale, à commencer par les Etats-Unis" (voir ci-dessous).
Exploration pétrolière contestée
De fait, l'agressivité chinoise n'a fait que renforcer les liens entre Tokyo et Washington mais elle inquiète aussi d'autres pays (voir encadré). Au cours des 18 derniers mois, la Chine a construit dans cette zone davantage d'îles artificielles que toutes les autres nations (Vietnam, Taiwan, Les Philippines) jusqu'ici.
 
Le document aborde également un autre conflit territorial, celui qui oppose le Japon et la Chine au sujet d'îles inhabitées en mer de Chine orientale, appelées "Senkaku" par Tokyo qui les administre et "Diaoyu" par Pékin. Le nombre de navires chinois patrouillant dans ces eaux contestées "ne cesse d'augmenter, et en février 2015, trois bateaux gouvernementaux de 3.000 tonnes y ont fait incursion pour la première fois", déplore le document.
 
Le Japon a aussi exigé « l'arrêt des travaux » de forage et la construction par Pékin de plates formes pétrolières et gazières offshore dans une partie de la mer de Chine orientale proche d'un secteur revendiqué par les deux pays dans ces fonds potentiellement riches en gaz. Selon le rapport, Pékin a repris l'exploration pétrolière dans cette zone qui a déjà fait il y a deux ans l'objet d'une dispute territoriale entre les deux pays. "La construction de plusieurs plates formes a depuis débuté le long d'une ligne virtuelle séparant les zones économiques spéciales des deux pays", ajoute-t-il.
 
Mécanisme de communication d'urgence
 
Enfin, le livre blanc réitère ses critiques sur ce qu'il appelle l' "opacité" du budget militaire chinois.
 
Tokyo salue cependant la mise en place d'un mécanisme de communication d'urgence pour prévenir tout incident maritime entre les deux pays qui ont esquissé ces derniers mois un rapprochement, même si les tensions liées au contexte historique restent vives.
 
De son côté, la Chine a fustigé la semaine dernière les projets de loi de défense controversés du Premier ministre japonais Shinzo Abe, destinés à renforcer le rôle militaire du Japon sur la scène internationale , le qualifiant d' "acte sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale ".
 
Par Jean-Michel Gradt sur www.lesechos.fr le 21/07/2015

mercredi 15 juillet 2015

Astana, une capitale importante dans le monde

Astana est en train de devenir une véritable métropole à part entière. Ce fait objectif ne peut plus être nié, même les plus ardents adversaires du transfert de la capitale du Kazakhstan, du Sud vers le Nord. On y construit des logements et des immeubles de bureaux, on y améliore les infrastructures de la ville et la population est en croissance. L'estimation la plus conservatrice de la population vivant maintenant à Astana est de 900 mille personnes. Il n'y a pas encore 20 ans, cette ville de province Kazakhstanaise changeait de statut et de nom. Depuis la capitale pousse activement.
 
Astana s'appelait anciennement Akmola, et auparavant l'ancienne Tselinograd. En décembre 1997, a eu lieu le transfert solennel des symboles de l'Etat, et en juin 1998, la ville a été officiellement inaugurée. Par ailleurs, la solennité de la cérémonie  se faisait encore avec les couleurs provinciales. Cependant à cette époque, il n'y avait pas encore de bâtiment à inaugurer, et nul endroit où faire la fête non plus.
 
Ce n'est que les années suivantes que la capitale a gagné peu à peu son aspect architectural unique. Se trouvant au carrefour de l'Europe et de l'Asie et ayant intégré la culture de l'Occident et de l'Orient tout en maintenant un équilibre entre elles, Astana est devenue une ville unique, la seule en son genre.
 
« L'Occident a une grande technologie, sans laquelle notre vie d'aujourd'hui ne serait pas. Mais il y a aussi l'art et la culture. Ils faut les développer » a conseillé aux urbanistes kazakhes, un architecte malaisien connu, Hidzhas bin Kasturi. « Créer vos propres marques, votre mode. Essayez de trouver l'inspiration dans l'architecture et suivez la. »
 
Est – Ouest
 
Quelques années plus tard, après la construction de la rive gauche de l'Ichim à Astana, il y avait des complexes modernes de grande hauteur, des appartements, des places, des boulevards et des centres commerciaux. Bien sûr, le principal initiateur de la construction à grande échelle était le président du Kazakhstan, leader de la nation, Noursoultan Nazarbaïev. Il est personnellement à l'origine de l'idée du complexe du projet "Khan Shatyr", ainsi que la tour elle-même "Baiterek", à juste titre devenu le symbole officiel de la nouvelle capitale. Ce projet de l'architecte kazakhstanais Akmurza Rustembekov s'est enraciné dans la vie de la capitale. Pour cette œuvre, Rustembekov a remporté de nombreux prix lors de concours internationaux. Et l'Union Internationale des Architectes a décerné son Grand Prix 2002 au monument "Astana - Baiterek", comme la meilleure conception et construction au sein des pays de la Communauté des Etats indépendants.
 
L'architecte anglais Norman Foster, connu de presque tous les astanais, a créé sur la rive gauche le pyramide d'Astana, Palais de la Paix et de la Concorde et a dressé la tente "Khan Shatyr", œuvre qui est entré dans le top dix des bâtiments écologique du magazine Forbes Style.
 
Les réalisations de la nouvelle capitale du Kazakhstan sont pas passés inaperçues. En octobre de l'année dernière, Astana est même entrée dans la sélection de la compétition internationale pour le titre de la "ville intelligente", en prenant une place de 21ème sur les 300 candidats et en allant aux demi-finales. Dans les critères de sélection qui ont été définis se trouvent le transport, l'infrastructure logistique, la sécurité, l'environnement, l'accès aux soins médicaux et ainsi de suite. Parmi les rivaux d'Astana, il y avait des géants mondiaux comme Stockholm, Toronto et Taipei. Les experts prédisent que si tous les projets à venir d'ici deux ans à Astana pour l'EXPO-2017 sont construits à temps, Astana aura une chance d'entrer dans le 7ème meilleur dans ce classement.
 
Peu à peu, étape par étape, la capitale est convertie en un centre multi-vectorisé unique de la région et cela est reconnu même au niveau international. Presque chaque bâtiment d'origine de la Rive Gauche a une histoire inextricablement liée à l'histoire de la ville.
 
C'est dans le Palais de la Paix et de la Concorde qu'a vu le jour le Congrès des dirigeants de religions mondiales et traditionnelles, un événement unique en soi et en donnant une occasion de dialogue entre les représentants de différentes confessions. Les Jeux Asiatiques d'hiver en 2011 ont élargi l'inventaire installations sportives modernes et des stades d'Astana, dont la "star" est le Palais de la glace "Alau", un complexe sportif moderne et multifonctionnel conçu pour les compétitions de patinage de vitesse. Une autre puissante impulsion au développement de la ville devrait être la prochaine EXPO 2017 avec ses installations axées sur l'environnement, les parcs et les places.
 
A maintes fois, Astana s'est trouvée au centre de l'attention mondiale. La politique multi-vectorielle poursuivi par le leader de la nation, la coopération avec les organisations internationales du niveau de l'ONU et de l'OSCE et la position de l'État sur la scène mondiale concernant le maintien de la paix, permet à la capitale du Kazakhstan de devenir un lieu de négociations pour la conclusion d'accords, de règlements de différends et de la réconciliation des parties belligérantes. Après être devenu en 1992 membre de l'OSCE, le Kazakhstan a présidé cette organisation en 2010. Le dernier sommet, tenu en décembre au Palais de l'indépendance a pris fin avec la signature de la célèbre Déclaration d'Astana, réglant un certain nombre de questions et de problèmes importants.
 
A présent, Astana a l'intention de jouer un rôle pour des négociations et un rapprochement possible entre représentants des belligérants en Syrie. A l'avenir, ce sera peut-être dans la capitale kazakhe que les membres du processus de paix de Minsk se réuniront pour  résoudre le conflit en Ukraine.
 
Si l'on parle des indicateurs socio-économiques existants dans la langue brute des chiffres, la dynamique du développement d'Astana ne peut pas ne pas impressionner. Pendant longtemps, le budget de la ville a dépassé le montant de 1,7 milliards d'euros, dont au moins un tiers de cet argent allant au secteur social. Le produit intérieur brut est en hausse, les indicateurs de la construction ont pris près de 20 pour cent, le nombre de chefs d'entreprises se multiplie et leur nombre est déjà de 64 000 personnes à Astana.
 
Cependant, mais personne ne compte s'arrêter de si tôt en chemin. Il n'y a pas longtemps, le leader de la nation kazakhstanaise a annoncé un nouveau programme de développement d'Astana et du Kazakhstan dans son ensemble. Sa mise en œuvre devrait conduire le pays dans les 30 pays les plus développés du monde.
« Le Plan prévoit des changements radicaux dans la société et l'Etat, dont l'objectif principal est de traiter la maladie systémique, et non pas de lisser ses symptômes » a déclaré M. Nazarbaïev.
 
Le plan a énuméré cinq réformes institutionnelles. Il fait appel à la formation d'un appareil professionnel de l'État, la primauté du droit, l'industrialisation et la croissance économique du pays, l'identité et l'unité de la nation, qui en fin de comptes, forme un Etat responsable devant la société.

jeudi 9 juillet 2015

M. Modi veut ouvrir la route de l'Asie centrale à l'Inde

 
Le sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui se tient pour deux jours à Oufa, dans la région russe de Bachkortostan (sud), offre à Narendra Modi une nouvelle occasion d’afficher sa prétention à s’imposer au premier plan sur la scène internationale. Le premier ministre indien a débuté lundi 6 juillet une grande tournée en Asie centrale, dont la seconde séquence s’achèvera en début de semaine prochaine.

C’est la première fois qu’un dirigeant de l’Inde se rend en Ouzbékistan, au Kazakhstan, au Turkménistan, au Kirghizistan et au Tadjikistan. Durant la guerre froide, l’Inde avait pour principal allié l’empire soviétique, mais quand celui-ci a éclaté, en 1991, elle était trop occupée par son propre virage économique libéral pour s’intéresser à la région. Et sa priorité diplomatique était ensuite allée à un rapprochement avec les Etats-Unis, notamment lorsque le Parti du peuple indien (BJP) auquel appartient M. Modi avait été une première fois au pouvoir, au début des années 2000.

Désormais, il s’agit de « rétablir un lien » avec ces anciennes républiques d’URSS « qui ont inspiré beaucoup de romantisme politique à New Delhi depuis un quart de siècle, mais peu d’actions concrètes », estime l’universitaire C. Raja Mohan, de l’Observer Research Foundation. A l’heure actuelle, les échanges commerciaux de l’Inde avec les cinq pays d’Asie centrale se limitent à 1,4 milliard de dollars par...
 
Le 09/07/2015 sur www.lemonde.fr

mercredi 8 juillet 2015

La panique sur les actions chinoises gagne l’Asie

La chute de la Bourse de Shanghai, -32 % en un mois, fait tâche d'huile. Les entreprises suspendent leur cotation pour se prémunir de la panique.
 
Si l'Europe ne pense qu'à la Grèce, une bonne partie du reste du monde a les yeux rivés sur la déroute des actions chinoises. L'indice CSI 300 qui regroupe les principales valeurs cotées à Shanghai et Shenzhen, a chuté mercredi de 6,75 %, portant son repli à 32 % depuis le 12 juin. Une chute qui commence à rendre nerveux les marchés voisins. Le Hang Seng de la Bourse de Hong Kong a plongé mercredi de 5,8 %, sa plus forte chute depuis novembre 2008, au début de la crise financière. Taiwan a perdu de son côté près de 3 %. Même la bourse japonaise a flanché de 3,14%, sa pire séance depuis mars 2014, dans le sillage des valeurs jugées sensibles à la croissance chinoise, comme Komatsu (-5,8%), Hitachi Construction Machinery (-4 %) ou Sumitomo (5,2 %) . Même l'Inde n'est pas épargnée. L'indice Sensex a cédé 1,72% et des valeurs comme Vedanda (cuivre) ou Tata Motors ont plongé de 9,2 % et 6,4 %. Ce dernier souffre des craintes de baisse des ventes de ses marques Jaguar et Land Rover. Il réalise plus de 50 % de son bénéfice d'exploitation en Chine selon Sanford C Bernstein.
 
Entreprises dépassées
 
La crainte est d'autant plus forte que rien ne semble devoir ralentir la correction du marché chinois, pas même les nombreuses mesures prises par les autorités. Conséquence, les entreprises, dépassées, n'ont plus d'autre choix que de demander au régulateur une suspension de leur cotation pour tenter d'échapper à la curée. «Une tentative désespérée de mettre un terme à la chute », constate Aurel BGC. Sur le CSI 300, 85 actions de grands groupes industriel, énergétique, de transport, de media, de santé, n'ont donné lieu à aucune cotation mercredi. Deux fois plus que mardi . Au total, selon Bloomberg, les échanges seraient impossibles sur 1.249 titres de sociétés chinoises, soit 43 % de la cote. Des valeurs qui pèsent près d'un tiers de la capitalisation boursière chinoise. Sur l'indice ChiNext des valeurs innovantes et de croissance, qui a plongé de 40 % depuis le 3 juin, seulement 23 valeurs ont été cotées... pour 76 suspendues ! Des valeurs dont les investisseurs locaux étaient très friands.
 
« Les gens vendent tout ce qu'ils peuvent sur le marché pour avoir du cash, car ils ont besoin de couvrir leurs pertes lors des appels de marge », explique à Bloomberg un gestionnaire d'actifs local. C'est ce qui explique un mouvement de baissé généralisée qui touche aussi les grandes entreprises de la cote. La chute de la bourse est en effet liée en grande partie à l'explosion du système du trading sur marge qui permettait à des millions de particuliers de spéculer en Bourse avec de l'argent emprunté… Quand aux autres investisseurs, « ils sont tétanisés par la peur que l'économie chinoise soit touchée par cette crise ».

Marché immature
 
Une crise qui montre bien l'immaturité de la bourse chinoise et le manque criant d'investisseurs institutionnels capables d'avoir une vision de plus long terme et de stabiliser le marché en cas de panique. «La suspension de cotation de la moitié des valeurs chinoises est un signal désastreux qui a renforcé le mouvement de baisse », estime Tangui Le Liboux chez Aurel BGC. S'en suit une panne de confiance qui trouve aussi sa source dans l'incapacité des autorités chinoises à inverser la tendance. « Les investisseurs sont déçus et effrayés par le fait que les pouvoirs publics chinois aient perdu le contrôle » explique Mari Oshidari, stratégiste chez Okasan Securities.
 
Selon NN Investment Partners, même après cette correction, le marché chinois « n'est pas donné. Le PER (rapport cours bénéfice) des actions A est encore de 60 fois, un niveau de bulle et doit être replacé dans une perspective de ralentissement économique. Nous craignons que la correction se poursuive, avec le risque que les marchés se concentrent plus sur les problèmes structurelles du pays ». D'autant que selon Citigroup, seulement un quart des positions de trading sur marge auraient été débouclées. Elles représentaient récemment 9,4 % du flottant, un doublement en un an.

Confiance
 
Dans ce concert très négatif, HSBC estime que le plus dur n'est pas loin d'être passé. Roger Xie, stratégiste de la banque, qui avait choisi en avril de diminuer son exposition aux grandes valeurs chinoises (A Shares) vient de relever son opinion à neutre. « Le montant du financement sur marge a chuté d'environ 22 % depuis le pic de juin, et le pire du désendettement des ménages sur ce sujet est derrière nous. Les ventes des « initiés », qui travaillent dans les grandes sociétés cotées ont aussi diminué drastiquement ces dernières semaines », selon lui. Surtout, Roger Xie maintient sa confiance dans le régulateur, « qui a encore des options à sa disposition pour stabiliser le marché et restaurer la confiance », même si c'est au prix d'une plus grande volatilité. Il remonte donc son objectif sur le CSI 300 à 4.200 points à la fin d'année, contre 3.800 points auparavant.
 
Par Pierrick Fay sur www.lesechos.fr le 08/07/2015

vendredi 3 juillet 2015

Qui bénéficie de l'Etat Islamique ?

Il y a une étrange guerre au Moyen-Orient. Les États qui crient contre la menace de l’organisation terroriste « Etat islamique » détruisent ceux qui peuvent se battre contre ces mercenaires. En outre, à coté de cela, ils gagnent des milliards de dollars grâce à la guerre.

L’Organisation EIIL (État Islamique en Irak et au Levant ou tout simplement État islamique), selon de nombreux experts, a été créé par le Koweït en opposition à Al-Qaïda qui a été fondée et secrètement soutenu par l'Arabie saoudite. Cependant, il semble qu'aujourd'hui, même Riyad est plutôt satisfait de l'existence de l'EIIL.

La raison en est que, sous les auspices de l’EIIL, les pays de la région peuvent promouvoir leurs propres intérêts géopolitiques et (surtout) économiques. Aujourd'hui, l'État islamique répond à une logique de contrôle des flux de pétrole (grâce à laquelle il a gagné des millions de dollars). Néanmoins aujourd'hui, ce que montre principalement les conflits du Moyen-Orient, c’est une redistribution des sphères d'influence dans le monde.

Alors, qui lutte contre les mercenaires de l'Etat islamique aujourd'hui? De jure, il y a beaucoup d'Etats : les États-Unis et l'Union européenne, la Russie et presque tous les pays du Moyen-Orient résistent à l'EIIL. Mais cela est seulement théorique. Barack Obama, par exemple, ne peut pas soutenir Damas dans la lutte contre EI, parce qu’il finance les opposants politiques à Assad. La France, effrayée par les explosions à Paris, préfère traiter uniquement le blocage du retour des mercenaires sur son propre territoire. La Grande-Bretagne préfère résoudre ses problèmes internes. Et l'Allemagne, est maintenant occupée avec seulement essayer d'établir des relations économiques avec Moscou. Moscou essaie de ne pas provoquer un conflit et préfère appeler à la paix.

En conséquence, il y a très peu de pays, qui tentent de résister aux mercenaires. La police chiites, les Iraniens et les Kurdes aident Bagdad à lutter contre l'EI. Le Hezbollah et l'Iran ont appuyé Damas en fournissant des armes et des combattants dans la guerre de Bachar al-Assad contre l’EIIL et "Al-Qaïda".

Mais certains pays qui sont théoriquement contre les mercenaires se tiennent de facto aux côtés des terroristes, en se battant contre leurs ennemis. En particulier, on peut parler de l'opération de l'Arabie saoudite contre les Huthis au Yémen. Officiellement, l'Arabie saoudite et de l'Etats-membres de la coalition ont décidé de punir les Huthis (chiites) pour le renversement du gouvernement sunnite du président Abd Rabbo Mansour Hadi. En plus de cela, Riyad accuse Téhéran de soutenir les Huthis avec des armes et de l'argent. Le Yémen s’avère être une plate-forme de la confrontation entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Cependant, en fait, le nombre de participants est beaucoup plus important.

Les pays occidentaux ont appuyé à l'unanimité Riyad. Le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond «a compris» les préoccupations de Riyad "au sujet d’un possible établissement d’un régime chiite au Yémen comme en Iran". Le président américain Barack Obama a appelé ouvertement l'Iran, «parrain du terrorisme d'Etat".

Il semble que sous le drapeau de l'Arabie Saoudite, l'Occident soutient l’EIIL en essayant de marginaliser l'Iran, qui lutte contre celui-ci. Cela signifie que l'Occident bloque les adversaires de l'État islamique, en dénouant les mains de ce dernier.

Et maintenant, voici la partie la plus intéressante. En plus des pays arabes de la région, la coalition, qui a bombardé le Yémen, a été ralliée par le Pakistan et la Turquie. Pourquoi ? Les frontières de ces pays sont assez loin du Yémen. Le Pakistan n’a aucune raison d'intervenir dans le conflit entre chiites et sunnites sachant qu’elle a déjà trop de problèmes avec les talibans sur son propre territoire.

Ayant les forces de l’EI à ses frontières, la Turquie ferait mieux de soutenir les Huthis et l'Iran, qui pourraient servir de force militaire contre l'Etat islamique.

Mais ...

Non seulement la Turquie n’empêche pas le développement de l'Etat islamique, mais elles prend également en charge ces terroristes. Officiellement, les autorités turques n’ont pas reconnu l'EI comme une organisation terroriste. Au lieu de cela, Ankara achète (bien sûr secrètement) du carburant à l'Etat islamique, qui est la principale source de revenus de l'EIIL. Le revenu mensuel du transit d'au moins 4.000 tonnes de carburant à partir de l'EI vers la Turquie est d'environ 15 millions de dollars.

Des centaines de partisans de l'Etat islamique pénètrent dans les territoires occupés de la Syrie à travers l'Irak. Beaucoup de combattants blessés de l'EIIL sont traités dans les hôpitaux publics turcs.

En outre, lors de l'agression du groupe terroriste de l'EI contre la ville Kobani peuplée de kurdes, les autorités turques ont par tous les moyens entravé la lutte des Kurdes contre l'EI et agi contre leurs intérêts nationaux.

On pourrait supposer que cette attitude d'Ankara envers les terroristes est le résultat de la corruption endémique dans le pays. Mais la Turquie est un membre de l'OTAN. En outre, la Turquie ne pouvait guère montrer cette fidélité aux terroristes sans le soutien des acteurs majeurs de l'Alliance. Ceci est démontré, par exemple, par les conseils que la coalition dirigée par l'Arabie saoudite selon lesquels la «situation» avec les Huthis aidera l'EIIL à renverser le gouvernement de Bachar al-Assad. C’est ce que la Maison Blanche n'a pas été capable de faire.

Néanmoins, Ankara a mené le jeu pendant très longtemps. Alors peut-être a-t’elle décidé de jouer avec ses cartes.

La Turquie a réclamé le leadership dans le monde turc depuis de nombreuses années. Comme il y a des dirigeants inamovibles très ambitieux dans un certain nombre d'autres pays turcophones (Islam Karimov en Ouzbékistan et Noursoultan Nazarbaïev au Kazakhstan), cela est encore assez difficile à faire. Mais l'expansion de l'EIIL en Afghanistan et en Asie centrale peut aider à renforcer l'influence de la Turquie. Même à présent, les mercenaires ont pris le contrôle d’une portion de frontière de 30 kilomètres entre l'Afghanistan et le Turkménistan, le long de la rivière Murgap. Il y a eu une attaque dans la province afghane de Kunduz près de la frontière avec le Tadjikistan. La principale organisation terroriste dans la région, le Mouvement islamique d'Ouzbékistan, a annoncé que l'organisation avait rejoint l’«Etat islamique» l'automne dernier. Un officiel de Tachkent a déjà informé ses voisins au sujet d'un début de flux massif de mercenaires à travers les frontières de la région.

Cette montée en pression se passe avec la participation directe de la Turquie. Les États d'Asie centrale ont accusé à plusieurs reprises Ankara de préparer des islamistes radicaux. En outre, certains des pays de la région ont été contraints d'interdire à leurs citoyens d’étudier dans certaines institutions religieuses de Turquie. Cela est arrivé parce que dans ces pays, il avait été vu l’émergence de sentiments islamiques radicaux après leur retour au pays.

Plusieurs milliards de revenus du transit de l'héroïne alimentent les intérêts d'Ankara. C’est peut-être pourquoi la Turquie a fait une offre à l'EIIL, qui commence une lutte active contre les talibans en capturant progressivement leurs territoires d'influence.

En fait, aujourd'hui, la Turquie est une forteresse cachée pour les terroristes. Même si Ankara travaille sous pression et comme un intermédiaire pour les intérêts occidentaux.

L’activation de l'EI en Asie centrale, avec l'appui indirect d'Ankara et de l'Arabie saoudite a un but direct qui est de saper l'arc d'instabilité dans la région de la Caspienne. Le client final de tout ceci peut être Washington, avec son aversion anti-russe. (La Turquie est un allié politique de Washington et elle a adopté une position pro-occidentale par rapport à la Crimée qui a rejoint la Fédération de Russie). Il y a sept ans, Washington a fait pression sur certaines révolutions de couleur dans cette zone. Cependant, avec le soutien de Moscou, la région pourrait y résister. Mais c’est une chose de s’opposer aux tentatives politiques d'influence, c’en est une autre chose de s’opposer aux mercenaires.

Il se trouve que par l'intermédiaire d'Ankara et de l'Arabie Saoudite, il a été créé une force qui est intéressée à la déstabilisation de la situation dans la région. En échange, il a peut-être été promis à la Turquie un soutien politique et l'adhésion attendue depuis longtemps dans l'UE, ainsi que l'expansion des limites de son influence politique et beaucoup d'avantages économiques.

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, dans le Moyen-Orient, quelque chose a commencé, que beaucoup de gens appellent la «troisième guerre mondiale». Elle implique directement ou indirectement la majorité des pays sur trois continents.