jeudi 25 octobre 2012

Syrie : une trêve, oui, mais…

Le régime et les rebelles se réservent le droit de riposter en cas de violation de cette trêve.

S'il est effectivement mis en place, il s'agira du premier cessez-le-feu en Syrie depuis le début du conflit. Le régime de Bachar al-Assad et les rebelles ont accepté jeudi d'observer une trêve pour les quatre jours de la fête de l'Aïd al-Adha, à compter de vendredi. Avec une réserve : chaque partie se réserve le droit de riposter en cas de violations de ce répit âprement négocié par l'émissaire de l'ONU, Lakdhar Brahimi.

"Nous répondrons avec cent balles"

Dans la soirée, l'armée a annoncé qu'elle suspendrait ses opérations militaires. Mais elle répondra si les "terroristes", c'est-à-dire les rebelles, "continuent à tirer sur les civils et les forces gouvernementales […] ou à utiliser des voitures piégées et des bombes".

Du côté des insurgés, l'accord avait déjà été donné plus tôt. "Nous allons respecter le cessez-le-feu à partir de vendredi si l'armée syrienne en fait autant. Mais si elle tire une seule balle, nous répondrons avec cent balles", a prévenu le chef du commandement militaire de l'Armée syrienne libre, le général Moustapha al-Cheikh. Ce dernier a toutefois admis qu'il ne parlait pas au nom de l'ensemble des mouvements insurgés.

L'ONU prudente

Au vu de la "méfiance" entre les deux camps, l'ONU reste prudente et a dit espérer "de tout cœur" que le cessez-le-feu tienne. Le 12 avril dernier, une trêve négociée par Kofi Annan, le prédécesseur de Lakdhar Brahimi, avait volé en éclats au bout de quelques heures seulement. S'adressant aux membres du Conseil de sécurité, Lakdhar Brahimi a souligné que cette trêve, si elle est respectée, pourrait constituer un "petit pas" pouvant mener à l'ouverture d'un dialogue politique et à un meilleur accès humanitaire.

Même son de cloche à Washington, où la diplomatie américaine a, elle aussi, dit "espérer" que cet accord soit respecté. Victoria Nuland, la porte-parole du département d'État, s'est toutefois montrée sceptique, affirmant : "nous avons vu beaucoup de promesses du régime d'Assad. Nous n'en avons vu aucune appliquée".

Par Anne-Julie Contenay sur www.europe1.fr le 25/10/2012

 

L'attractivité économique du Kazakhstan se confirme

En attendant un éventuel défaut de la Grèce et l'effondrement de la zone euro, les investisseurs portent de plus en plus leur attention sur les économies en développement. Selon certains experts, il faut miser sur un certain nombre de pays du tiers monde, qui sont positionnés aujourd'hui comme des pays à «ressources», mais qui diversifient leurs économies. Sur le continent eurasien, le Kazakhstan occupe une place particulière parmi ces Etats.

La République du Kazakhstan, formée après l'effondrement de l'Union soviétique et souveraine depuis 20 ans, a réussi à se faire entendre. Tout d'abord, grâce à ses initiatives politiques, tels que le rejet des armes nucléaires, et en s'efforçant de changer le G20 en G-Mondial (qui représente le point de vue des pays en développement). Cependant, le Kazakhstan occupe une place particulière dans le système économique mondial, car il possède d'importantes réserves d'hydrocarbures (8ème place sur les réserves de pétrole dans le monde et des ressources prévisionnelles totales d'hydrocarbures estimées entre 12 à 17 milliards de tonnes) et de combustibles solides (les réserves de charbon du Kazakhstan sont parmi les dix premières dans le monde). En outre, le Kazakhstan concentre un cinquième des réserves mondiales d'uranium, c'est pour cela que le pays se classe à la 2ème place dans les réserves et la 1ère place pour sa production dans le monde. Le Kazakhstan est à la première place mondiale pour ses réserves de zinc, de tungstène et de bore, la seconde pour les réserves d'argent, de plomb, d'uranium, de chromites, la troisième place pour le cuivre et la fluorite, la quatrième pour le molybdène et la sixième pour l'or.

 
Ces dernières années, le pays accorde une grande attention à la diversification économique. Il a été adopté un programme de développement industriel innovant, où de nouvelles industries sont massivement ouvertes, y compris celles des hautes technologies.
 
Malgré l'impact considérable de la crise financière mondiale de 2007-2009, qui a causé le déclin de l'activité économique au Kazakhstan, le pays a réussi à retrouver rapidement le taux de croissance de son économie. En 2011, il était de 7,5%. En 2012, selon les prévisions de croissance du PIB, il sera d'au moins 7% (sur les 9 premiers mois de cette année, il a progressé de 5,6%). Le gouvernement du Kazakhstan estime que la croissance économique en 2013-2017 s'établira entre 6 à 7,6%. Ces prévisions coïncident avec l'évaluation internationale du potentiel économique du pays.
 
Un rôle important est attribué à la composante principale de la réussite économique du Kazakhstan, la stabilité macroéconomique.
 
Selon l'indice de compétitivité des économies globales faites par le Forum Economique Mondial, le Kazakhstan occupe aujourd'hui la 51ème place. En termes de «stabilité macroéconomique» le pays a atteint la 16ème place dans le classement au cours de cette année et la 55ème place de la maturité technologique. Notez que le plus proche voisin et principal partenaire économique du Kazakhstan, la Russie, s'est vu attribuer seulement la 67ème place.
 
Par ailleurs, selon les indicateurs économiques, principalement ceux des prévisions de la croissance économique, le Kazakhstan est bien en avance sur son voisin. Ainsi, Moscou s'attend à une croissance de l'économie russe de 3,5% dans l'année en cours et de 3,7% en 2013. (En cas d'aggravation de la dynamique de l'économie mondiale, la Russie prévoit de ralentir sa croissance économique à 0,5% en 2013).
 
Aujourd'hui, les investisseurs considèrent le Kazakhstan comme l'un des marchés les plus prometteurs. Les richesses naturelles du Kazakhstan jouent un rôle important dans le développement économique, mais le pays est en mouvement dans le sens de la diversification, réduisant ainsi sa dépendance des industries extractives. Selon les prévisions, le PIB par habitant en 2016 atteindra à 15.000 dollars américains, à comparer à la valeur actuelle de 11 300 dollars. En conséquence, selon la Banque Mondiale, le Kazakhstan peut rejoindre le groupe des pays ayant le plus haut revenu par habitant. Au cours de la dernière décennie, l'économie du Kazakhstan a été caractérisée par un indicateur de stabilité des flux d'IDE (Investissements Directs Etrangers).
 
Des résultats significatifs dans ce domaine ont été réalisés par plusieurs facteurs, notamment la disponibilité des ressources naturelles, la mise en œuvre de la politique du gouvernement visant à attirer les investisseurs étrangers, la communication sur le potentiel économique du pays, la définition d'un certain nombre de secteurs prioritaires pour le développement économique, dont l'agriculture, les transports et la logistique. Le pays met en œuvre un grand nombre de réformes majeures visant à accroître la productivité et la compétitivité, ainsi que d'assurer un développement socio-économique durable.
 
La création d'un climat favorable à l'investissement est l'une des priorités de la politique de l'Etat. Aujourd'hui, le Kazakhstan est le chef de file dans la CEI sur le montant des investissements étrangers par habitant. Les investissements directs étrangers par habitant au Kazakhstan sont d'environ 1300 dollars américains. Au cours de son indépendance, l'économie kazakhe a attiré plus de 122 milliards de dollars d'investissements directs étrangers.
 
La stabilité politique dans le pays a joué un rôle important pour attirer les investissements étrangers. Après le récent changement de gouvernement au Kazakhstan, Standard & Poors (S & P) n'a pas changé ses évaluations et ses perspectives sur le Kazakhstan (BBB + / Stable/A-2) et a publié le commentaire suivant : «À notre avis, un remaniement ministériel et un nouveaux rendez-vous n'aura pas un impact significatif sur l'efficacité, la stabilité et la prévisibilité des décisions politiques du gouvernement du Kazakhstan ainsi que sur les institutions politiques du pays ».
 
Parmi les facteurs qui influencent l'attractivité des investissements du Kazakhstan se trouve le bon climat des affaires dans le pays, soutenu par une législation favorable à l'investissement, des mesures intéressantes pour soutenir l'investissement et la stabilité économique et politique. Selon la note «Ease of Doing Business », compilée par la Banque Mondiale en 2012, le Kazakhstan est classé 47ème, par rapport à 58ème  en 2011.
 
Selon une étude menée par "Ernst & Young" en 2012, environ 40% des investisseurs interrogés considèrent le fardeau fiscal au Kazakhstan comme un obstacle en termes d'activité. Cela s'explique par l'introduction de tarifs avantageux pour certains types d'impôts il y a quelques années, (par exemple, le taux d'impôt sur les sociétés est de 20%, l'impôt sur le revenu des particuliers est de 10%). Actuellement, le gouvernement fait des efforts pour éliminer les obstacles administratifs dans le commerce, les douanes, le transport et la logistique.
 
En général, une croissance économique durable, combinée à l'intégration de l'élaboration des politiques au niveau régional et national, donne au pays un avantage concurrentiel. L'intérêt des investisseurs au Kazakhstan est mis en évidence par le fait que, parmi les participants au 7ème Forum eurasien KAZENERGY (qui s'est tenue à Astana début Octobre) il y avait des politiciens connus, des chefs des plus grandes entreprises énergétiques, des experts internationaux venant de plus de 50 pays. Dans le cadre de ce forum, il a été organisé une réunion du Comité national du Conseil mondial du pétrole, dont le Kazakhstan est représenté par le l'Association KAZENERGY. En outre, il a été décidé d'organiser le séminaire du Conseil mondial du pétrole à Astana. Renato Bertani, président de WPC, a déclaré que le Kazakhstan a toute les chances d'obtenir le droit de tenir le Congrès du Conseil mondial du pétrole en 2017.
 
Selon la même étude de la société «Ernst & Young», 85% des investisseurs opérant au Kazakhstan, considèrent le pays comme le plus attractif des Etats membres de la CEI, pour les investissements. Les participants à cette étude ont noté la présence au Kazakhstan, d'importantes ressources y compris agricoles, ainsi qu'une situation géographique favorable entre les marchés de l'Europe, de la Russie, de la Chine et du Moyen-Orient. En outre, la mise en place de l'union douanière et de l'espace économique commun, dans lequel il y a environ 170 millions d'habitants, offre des possibilités supplémentaires pour le développement des affaires.
 
Les investisseurs sont pour la plupart satisfaits de leurs décisions d'investissement. Répondant à la question de savoir si elles pourraient reconsidérer leur décision d'investir au Kazakhstan si une telle possibilité leur était donnée, 92% ont répondu négativement.
 

mercredi 24 octobre 2012

La visite à Gaza de l'émir du Qatar renforce le Hamas

 
"Une visite historique et bénie" : c'est par ces mots qu'Ismaïl Haniyeh, premier ministre du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza, a accueilli, mardi 23 octobre, l'émir du Qatar, le cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani. "Aujourd'hui, vous annoncez officiellement la levée du blocus politique et économique imposé à la bande de Gaza", s'est réjoui M. Haniyeh. Le Mouvement de la résistance islamique n'a pas lésiné pour rendre cette première visite d'un chef d'Etat étranger dans le territoire – depuis qu'il y a pris le pouvoir en 2007 –, en tous points mémorable.
 
Tapis rouge, garde d'honneur, hymnes et drapeaux nationaux, rues pavoisées, chanson titrée Merci Qatar diffusée en boucle à la radio... Tout a été fait pour souligner que le Hamas n'est plus un mouvement pestiféré, au moins pour le chef de l'Etat de la très riche monarchie du Golfe, qu'il est même légitime. La démonstration ne pouvait que provoquer la colère de Mahmoud Abbas, qui dirige le Fatah et l'Autorité palestinienne, et d'Israël.

Car en décidant d'apporter sa caution au Hamas, dont les dirigeants sont soigneusement ignorés lors des très rares visites à Gaza de représentants de gouvernements étrangers, l'émir Hamad Al-Thani a choisi son camp entre les frères ennemis du mouvement palestinien, puisqu'il a de facto affaibli la légitimité de M. Abbas, lequel s'efforce de maintenir l'illusion que son autorité s'exerce non seulement en Cisjordanie, mais aussi à Gaza.

Crise financière

Ce faisant, il a pris le risque d'accentuer la séparation politique entre les deux entités supposées être réunies un jour dans un seul Etat palestinien, alors même qu'un accord de réconciliation entre les deux mouvements – il est vrai mort-né – avait été signé à Doha, en février 2012. Le président de l'Autorité palestinienne avait récemment accusé M. Haniyeh de vouloir instaurer un "émirat islamique" à Gaza, et c'est ce qui est en train de se passer. Le Fatah, le parti dominant de l'Autorité palestinienne, a stigmatisé cette attitude : "Rechercher un pouvoir politique dans la région au détriment des droits et de l'unité du peuple palestinien est inacceptable."

Le soupçon des dirigeants palestiniens de Cisjordanie est que le Qatar, grâce à sa force de frappe financière, cherche à étendre son influence régionale en privilégiant les partis issus du courant des Frères musulmans, comme le Hamas. De ce point de vue, le cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, a donné des gages de ses bonnes intentions.

Alors qu'il avait promis une aide financière de 254 millions de dollars (196 millions d'euros) pour la reconstruction de Gaza, il a porté mardi le montant de cette manne à 400 millions de dollars, ce qui, à l'échelle de Gaza, représente un investissement considérable.

Celui-ci servira à financer 3 000 logements ainsi que des infrastructures routières. De son côté, l'Autorité palestinienne se débat dans une grave crise financière, notamment faute d'avoir reçu l'aide promise par plusieurs pays arabes, au premier rang desquels l'Arabie saoudite et le Qatar : il lui manque quelque... 400 millions de dollars pour honorer ses échéances budgétaires en 2012 !

Par Laurent Zecchini sur www.lemonde.fr le 24/10/2012

La Syrie accepte la trêve proposée par Lakhdar Brahimi

Le médiateur Lakhdar Brahimi a annoncé ce mercredi 24 octobre au Caire avoir obtenu l'accord du régime de Damas et de responsables rebelles sur une trêve pour l'Aïd al-Adha, une des fêtes musulmanes les plus sacrées, à partir de vendredi en Syrie où bombardements et combats se poursuivaient sans répit.

Pour le moment, cette annonce ne vaut pas grand-chose. Il ne faut pas oublier que le prédécesseur de Lakhdar Brahimi, Kofi Annan, avait lui aussi obtenu une trêve en avril dernier.

Armée libre et armée loyaliste s'étaient déjà engagées à un cessez-le-feu, mais au final celà n'avait duré que quelques heures, avant que le commandement des forces du régime n'ordonne le redécollage de ses bombardiers et de ses hélicoptères. Les rebelles, eux aussi, s'étaient très rapidement redéployés sur les lignes de front et s'étaient engagés dans des batailles au sol.

Il faut attendre désormais le 26 octobre, vendredi prochain, 1er jour de l'Aïd al-Adha, pour savoir si réellement la trêve est respectée ou pas.

Lakhdar Brahimi affirme en tout cas faire de son mieux. Mais il le sait lui-même, sa mission est très compliquée. Il dit avoir obtenu du régime syrien qu'il arrête les combats. Il dit aussi avoir contacté les principaux chefs militaires de l'armée syrienne libre, eux aussi s'engagent à déposer les armes durant les deux jours de l'Aïd.

L'émissaire des Nations unies ne peut désormais qu'espérer que la trêve soit respectée. Ce sera une première étape, dit-il, vers un cessez-le-feu plus long.

Sur www.rfi.fr le 24/10/2012

mardi 23 octobre 2012

Syrie : les plans de l'ONU pour une force de maintien de la paix

Diplomatie. L'ONU prépare des plans pour une force de maintien de la paix en Syrie, en cas de cessez-le-feu, a annoncé lundi le chef des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous.

Selon nos informations, trois scénarios sont envisagés par l'ONU en cas de respect du cessez-le-feu par le régime et les rebelles, comme l'a préconisé le médiateur international, Lakhdar Brahimi, qui vient d'achever une visite à Damas.

Le premier est celui d'une reconduction de la mission des observateurs arabes, qui s'étaient déployés à travers la Syrie au début de cette année, avant de quitter le pays, sur insistance de certains pays du Golfe, qui avaient fait le constat de leur impuissance. 

Le deuxième viserait à envoyer sur le terrain une force similaire à la mission que l'ONU dépêcha en Bosnie durant le conflit dans les Balkans (Forpronu) au début de la décennie 90 ou celle qui prévalait au sud-Liban jusqu'en 2006 (Finul), c'est-à-dire des observateurs sans grands moyens de faire respecter une trêve des hostilités.

Le troisième scénario tourne autour de l'envoi d'une force du type Force des Nations unies au Liban, la Finul toujours, mais une Finul deuxième version d'après la guerre Israël-Hezbollah de 2006, qui dispose d'un mandat robuste, et dont les membres sur le terrain ont la capacité d'engager le feu pour faire appliquer le cessez-le-feu. Cette force agirait sous le chapitre VII des Nations unies, qui prévoit le recours à la force. Son déploiement impliquerait au Conseil de sécurité de l'ONU un vote favorable de la Russie, l'allié de Damas qui avec la Chine a toujours mis son veto à des résolutions condamnant la Syrie, depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar el-Assad, au printemps 2011.

A New York, où le nouveau directeur des affaires politiques de l'ONU, l'Américain Jeffrey Feltman, est très actif en coulisses, des contacts ont déjà été pris avec certains pays pour savoir s'ils accepteraient d'envoyer des hommes en Syrie. On évoque le chiffre de 3 000 hommes environ.

Pour que ces plans puissent être appliqués, un cessez-le-feu doit au préalable entrer en vigueur. On semble en être loin. A Damas, Lakhdar Brahimi a rencontré dimanche le président Bachar el-Assad. Il a eu également des contacts avec des représentants de l'opposition à l'intérieur et hors de Syrie. Les espoirs de voir un cessez-le-feu entrer en vigueur pour la fête musulmane de l'Aïd, qui commence jeudi, paraissent très minces.
 
Par Georges Malbrunot sur http://blog.lefigaro.fr/malbrunot le 23/10/2012

lundi 22 octobre 2012

BP-Rosneft : le Kremlin veut établir un champion national dans chaque secteur énergétique

C'est tout le paradoxe du Kremlin depuis le retour en mai de Vladimir Poutine. Moscou ne cesse de parler de privatisation. « En réalité, dans l'énergie notamment, le secteur est de plus en plus dans les mains du public. Les actifs changent de propriétaires mais, au bout du compte, l'Etat renforce sa présence... », ironise un observateur haut placé dans l'énergie à Moscou. Le groupe public Rosneft qui s'empare de la totalité de TNK-BP, cela équivaut à la plus importante nationalisation dans l'industrie russe des ressources depuis une décennie. Et ce rachat donne naissance à un géant totalisant une production de plus de quatre millions de barils équivalent pétrole par jour, soit environ 40% de la production russe.

Cela s'inscrit bien dans la stratégie industrielle de Vladimir Poutine : établir un « champion » dans chaque secteur. Pour l'or noir, c'est Rosneft. Le groupe pétrolier est en fait au coeur de sa politique énergétique depuis l'affaire Ioukos, lorsqu'en 2006 la compagnie pétrolière privée de l'oligarque Mikhail Khodorkovski est passée dans les mains de Rosneft au terme d'une vente aux enchères jugée par les observateurs de « farce ». Groupe public peu réputé pour ses veilles méthodes de management, Rosneft avait alors d'un seul coup triplé sa production. Une opération que le Kremlin est largement soupçonné d'avoir orchestrée. Pour rétablir le contrôle de l'Etat sur le pétrole, pompe financière de toute l'économie russe. Et pour écarter un potentiel adversaire politique, Mikhail Khodorkovski étant en prison depuis 2003 et devant le rester jusqu'en 2016.

Toutes les décisions passent par Vladimir Poutine

Depuis, toutes les grandes décisions énégétiques passent par le bureau de Vladimir Poutine. Président depuis 2000, avec une parenthèse de quatre ans au poste de premier ministre, il connait les dossiers jusqu'aux moindres détails. Maîtrisant les données techniques. Mais surtout contrôlant les visions stratégiques. C'est lui qui, par exemple, a personnellement suivi la construction de Nord Stream, le gazoduc passant sous la Blaltique pour fournir directement l'Europe.

Autre exemple : lorsque fin mars Christophe de Margerie s'est retrouvé dans le bureau de Vladimir Poutine, il « en est sorti avec les idées plus claires qu'en entrant », confie un proche du pdg de Total. En jeu, le principal projet du groupe en Russie : Shtokman, méga gisement gazier offshore dans l'Arctique russe dont l'hypothétique mise en exploitation est désormais entièrement remise à plat. Alors que, chez Gazprom, le groupe public à la tête du projet, toutes les écoles de pensées se croisent et se contredisent, c'est le Kremlin qui aura le dernier mot. Il a déjà tranché sur un choix clef : priorité sera donnée au GNL.

Dans un pays à la structure décisionelle très verticale, la main mise sur les politiques énergétiques ne concerne pas seulement les groupes publics, Rosneft pour le pétrole, Gazprom pour le gaz. « Tout deal doit être béni par le grand chef ! », confirme un négociateur à Moscou pour l'un des principaux groupes français présents en Russie. C'est le cas notamment pour le développement de Novatek, la principale compagnie énergétique privée russe qui s'est associée à Total pour un autre grand projet de GNL en zone arctique. Or l'actionnaire clef de Novatek est Guennadi Tim-tchenko. Un homme d'affaires réputé proche de... Vladimir Poutine.

Sur www.lesechos.fr le 22/10/2012

Droits de l'Homme: un rapport russe accable les USA


Ministère russe des Affaires étrangères

Les mauvais traitements infligés aux enfants, les ingérences dans la vie privée, les violences policières, les prisons secrètes et les restrictions de la liberté d'expression constituent les principaux problèmes en matière de respect des droits de l'Homme aux Etats-Unis, indique un rapport du ministère russe des Affaires étrangères présenté à la Douma (chambre basse du parlement russe).

Il s'agit du deuxième rapport de ce genre préparé par le ministère. Le premier, publié en 2011, était consacré à la situation des droits de l'Homme aux Etats-Unis et dans les républiques Baltes.

Le document rédigé cette année constitue une réaction aux critiques adressées à Moscou par les gouvernements des pays occidentaux et les organisations internationales de protection des droits de l'Homme. Le rapport traite uniquement des problèmes qui se posent dans ce domaine aux Etats-Unis.

Selon une source au sein du parlement russe, des centaines de milliers d'enfants font l'objet de mauvais traitements aux Etats-Unis, ce qui entraîne la mort d'un grand nombre d'entre eux (1.600 personnes en 2010). Le rapport indique que la punition corporelle est officiellement autorisée dans 19 Etats et que dans certains établissements d'enseignement, les élèves sont "soignés" au moyen de décharges électriques.

"Les Etats-Unis demeurent le pays qui compte le plus grand nombre de détenus au monde: 2,2 millions de personnes. Le problème des prisons secrètes de la CIA n'est toujours pas réglé. Elles sont situées en Pologne, en Afghanistan, en Irak, en Thaïlande, au Maroc, à Djibouti, en Roumanie et en Lituanie", a affirmé l'interlocuteur de l'agence, citant le rapport de la diplomatie russe.

"Entre 2004 et 2007, le nombre de messages électroniques interceptés par les services spéciaux américains a augmenté de 3.000%", lit-on dans le rapport.

Les diplomates russes ont également dénoncé les mesures rigoureuses adoptées par la police à l'encontre des journalistes couvrant les actions de protestation dans les villes américaines. Sur http://fr.rian.ru le 19/10/2012

vendredi 19 octobre 2012

L’Otan plie bagage, la Turquie au bord de la crise de nerfs

L'Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) a débuté au Kazakhstan, le 8 octobre, des manœuvres intitulées « Fraternité inviolable » (« НЕРУШИМОЕ БРАТСТВО »). Le scénario est celui du déploiement d'une force de paix dans un pays imaginaire où œuvrent des jihadistes internationaux et des organisations terroristes sur fond de divisions ethno-confessionnelles. Le corps diplomatique accrédité, qui a été invité à assister à l'exercice, a écouté avec attention le discours d'ouverture du secrétaire général adjoint de l'Organisation. Il a clairement indiqué que l'OTSC se prépare à intervenir éventuellement au Grand Moyen-Orient. Et pour ceux qui font la sourde oreille, Nikolai Bordyuzha a précisé que son adjoint ne parlait pas de l'Afghanistan.

La Déclaration de Genève, négociée par Kofi Annan le 30 juin, prévoit le déploiement d'une force de paix si le gouvernement syrien et l'opposition en font l'un et l'autre la demande. L'Armée « syrienne libre » a rejeté cet accord. Le terme « opposition » désigne donc uniquement les partis politiques qui ont été réunis depuis, à Damas, sous la houlette des ambassadeurs russe et chinois. L'accord de Genève ayant été validé par le Conseil de sécurité, le déploiement de « chapkas bleues » peut être mis en œuvre sans résolution ad hoc. Valery Semerikov a précisé que 4 000 hommes sont d'ores et déjà affectés à cette force de paix, tandis que 46 000 autres sont formés et peuvent être mobilisés rapidement en renforts.

Dans ce contexte, les signes du retrait occidental de Syrie se multiplient. Le flux d'armes et de combattants occidentaux s'est interrompu, seuls continuent les transferts financés par l'Arabie saoudite et le Qatar.

Beaucoup plus surprenant : six fois de suite, le commandement Otan d'Incirlik a donné aux jihadistes des instructions de regroupement dans des zones particulières pour se préparer à de vastes offensives. Or, si l'Armée arabe syrienne, conçue pour affronter l'Armée israélienne, est inadaptée à la guérilla, elle est au contraire très efficace dans les combats classiques. Elle a donc, chaque fois, encerclé et anéanti les éléments rassemblés de l'Armée « syrienne libre ». On pouvait penser la première fois à une erreur tactique, la seconde à l'entêtement d'un général incompétent, mais à la sixième fois,  on doit envisager une autre hypothèse : l'Otan envoie volontairement ces combattants à la mort.

Contrairement à la perception commune, la motivation des jihadistes n'est pas à proprement parler idéologique ou religieuse, mais esthétique. Ils n'entendent pas mourir pour une cause et se désintéressent d'ailleurs du sort de Jérusalem. Ils épousent une posture romantique et cherchent à exacerber leurs sensations que ce soit par des drogues ou dans la mort. Leur comportement les rend facilement manipulables : ils cherchent des situations extrêmes, on les y place et on guide leur bras. Au cours des dernières années, le prince Bandar bin Sultan était devenu le grand architecte de ces groupuscules, incluant Al-Qaeda. Il les encadraient avec des prédicateurs leur promettant un paradis où 70 vierges leur offriraient des plaisirs paroxystiques, non pas s'ils atteignaient un objectif militaire particulier ou un but politique, mais uniquement s'ils mouraient en martyrs là où Bandar avait besoin d'eux.

Or, le prince Bandar a disparu de la scène depuis l'attentat dont il a été victime le 26 juillet. Il est probablement mort. Du Maroc au Xinjiang, les jihadistes sont livrés à eux-mêmes, sans aucune coordination véritable. Ils peuvent se mettre au service de n'importe qui, comme l'a montré la récente affaire de l'assassinat de l'ambassadeur états-unien en Libye. Par conséquent, Washington veut désormais se débarrasser de cette piétaille devenue encombrante et dangereuse, ou tout au moins en restreindre le nombre. L'Otan donne des ordres aux jihadistes pour les exposer au feu de l'Armée arabe syrienne qui les élimine en masse.

Par ailleurs, la police française a abattu le 6 octobre un salafiste français qui avait commis un attentat contre un commerce juif. Les perquisitions qui ont suivi ont montré qu'il appartenait à un réseau incluant des individus partis faire le jihad en Syrie. La police britannique a fait une découverte similaire quatre jours plus tard.

Le message de Paris et de Londres, c'est que les Français et les Britanniques morts en Syrie n'étaient pas des agents en mission secrète, mais des fanatiques agissant de leur propre initiative. C'est évidemment faux puisque certains de ces jihadistes disposaient de matériels de communication aux normes Otan, fournis par la France et le Royaume-Uni. Quoi qu'il en soit, ces mises en scène marquent la fin de l'implication franco-britannique aux côtés de l'Armée syrienne libre, tandis que Damas restitue discrètement des prisonniers. Une page est tournée.

Dès lors, on comprend la frustration de la Turquie et des monarchies wahhabites qui, à la demande de l'Alliance, se sont investies sans réserve dans la guerre secrète, mais devront assumer seules l'échec de l'opération. Jouant le tout pour le tout, Ankara s'est lancé dans une série de provocations visant à empêcher l'Otan de se dérober. Tout y passe, depuis le positionnement de pièces d'artilleries turques en territoire syrien jusqu'à la piraterie d'un avion civil. Mais ces gesticulations sont contre-productives.

Ainsi, l'avion de Syrian Air en provenance de Moscou qui a été détourné par les chasseurs turcs ne contenait aucune arme, mais des engins électroniques de protection civile destinés à détecter la présence de fortes charges explosives. A vrai dire, la Turquie n'a pas voulu empêcher la Russie de livrer un matériel destiné à protéger les civils syriens du terrorisme, mais a tenté d'accroître la tension en maltraitant des passagers russes et en empêchant leur ambassadeur de leur porter assistance. Peine perdue : l'Otan n'a pas réagit aux accusations imaginaires proférées par Recep Tayyip Erdogan. Pour seule conséquence, le président Poutine a annulé sine die sa visite prévue à Ankara le 15 octobre.

Le chemin vers la paix est encore long. Mais, même si la Turquie aujourd'hui, ou les monarchies wahhabites demain, essayent de prolonger la guerre, le processus est enclenché. L'Otan plie bagage et les médias tournent progressivement leurs regards vers d'autres cieux.

Thierry Meyssan sur www.mondialisation.ca le 17/10/2012

jeudi 18 octobre 2012

Chine: le ralentissement de la croissance de l'économie se confirme

La croissance chinoise a ralenti pour le septième trimestre consécutif, tombant à 7,4 % sur la période courant de juillet à septembre, son plus bas niveau depuis début 2009, selon les données publiées, jeudi 18 octobre, par les statisticiens chinois.

Le premier ministre, Wen Jiabao, a estimé que la deuxième économie mondiale va "continuer à se stabiliser" à mesure que les politiques gouvernementales sont déroulées, quand bien même "la Chine serait confrontée à des difficultés considérables au dernier trimestre". La décélération se poursuit donc, mais le "rythme de déclin ralentit", relève le porte-parole du Bureau national des statistiques, Sheng Laiyun.

Les investissements fixes, mesure des dépenses étatiques dans les infrastructures, progressent de 20,5 % sur les neuf premiers mois de l'année par rapport à l'an dernier, signe que Pékin a effectivement accéléré les projets publics de construction en soutien à la croissance.

La production industrielle, en revanche, ne progresse que de 9,2 % en septembre. Il s'agit, certes, d'une amélioration par rapport au 8,9 % d'août, mais c'est un niveau toujours faible pour les usines locales.

DES CHIFFRES "FAITS PAR L'HOMME"

L'économie chinoise progresse de 7,7 % sur les neuf premiers mois de l'année, alors que le gouvernement s'est fixé un objectif de 7,5 % sur l'ensemble de 2012, une barre généralement placée assez bas pour être atteinte et s'en féliciter par la suite.

Reste la question de la crédibilité de ces chiffres. Le ralentissement en cours a relancé le débat sur leur fiabilité. Li Keqiang, qui succédera à M. Wen à la tête du gouvernement au printemps 2013, avait indiqué, en 2007, qu'il n'accordait que peu d'importance aux chiffres du produit intérieur brut (PIB). Il n'y voyait qu'une "référence" parmi d'autres.

Alors secrétaire du Parti communiste du Liaoning, M. Li avait confié à l'ambassadeur des Etats-Unis à Pékin ne se fier qu'à trois indicateurs pour se faire une idée de l'état économique réel de cette province du nord-est : la consommation d'électricité, le fret ferroviaire et les prêts bancaires.

Les chiffres du PIB sont "faits par l'homme", précisait-il au diplomate lors d'un dîner, selon un télégramme révélé par WikiLeaks en 2010.

CHACUN FAIT DONC SA PROPRE CUISINE

"La probabilité que les statistiques soient manipulées augmente lorsque la situation se détériore puisque ce ne sont pas de bonnes nouvelles pour les officiels locaux", appuie Yin Xingmin, directeur adjoint du Centre d'études économiques de l'université de Fudan.

"Lorsque l'économie n'est pas en forme, la réalité est pire qu'annoncé dans les chiffres, tandis que lorsqu'elle croît à vive allure dans les chiffres, c'est encore plus rapide en réalité, puisque les objectifs nationaux sont toujours autour de 8 % ou 9 %", poursuit le professeur Yin, qui estime la fiabilité des données sur le PIB à 85 %, car davantage de distorsion serait flagrant.

Chacun fait donc sa propre cuisine. "Nous suivons l'indice PMI de HSBC qui est fiable, plus que le gouvernemental qui est très axé sur les sociétés d'Etat", explique le patron pour l'Asie d'une grande entreprise française. Mais il juge aussi que les statistiques chinoises sont plus fiables qu'ailleurs dans la région, par exemple en Inde.

En complément, beaucoup, tel ce patron français, suivent la consommation d'électricité. Mais, là aussi, les chiffres peuvent jouer des tours. En 1998, puis fin 2008 en pleine crise, la production d'électricité avait plongé pendant des mois tandis que le PIB tenait encore la route...

Dans une note publiée cet été, la banque Standard Chartered relevait une dissonance similaire cette année : "La production d'électricité avait déjà ralenti en avril-mai, mais la production industrielle restait à 10 % de croissance d'une année sur l'autre."

ATTITUDE DU GOUVERNEMENT AMBIVALENTE

L'attitude du gouvernement est ambivalente. Il procède bien à des corrections. "Le Bureau national des statistiques a amélioré sa collecte des données. Il ne s'en remet plus uniquement aux chiffres rapportés mais fait aussi ses sondages nationaux pour s'assurer que les données sont correctes", relève Zhang Jun, économiste de la prestigieuse université de Fudan.

Reste que Pékin, focalisé sur la stabilité, n'aime pas les données anxiogènes. La moyenne nationale sur les prix de l'immobilier a disparu en février 2011. Le gouvernement jugeait qu'elle n'était pas représentative à l'échelle d'un pays si varié. Mais il s'est gardé de présenter un nouvel indice.

Les observateurs en sont réduits à suivre l'évolution de 70 villes, et à compter le nombre d'entre elles qui montent ou descendent : en septembre, 31 étaient en hausse, 24 stables, 15 en baisse, contre 36 en hausse en août.

De même, en février 2011, la révision de l'indice des prix à la consommation s'est faite à la faveur d'une baisse de 2,21 % du poids des produits alimentaires, dont le prix augmentait de manière inquiétante au cours d'une année marquée par l'inflation.

Li Wei, économiste de la Standard Chartered, en conclut : "Les statistiques de la Chine ont des problèmes mais demeurent toujours assez bonnes à titre indicatif et comme objet d'étude, si vous les connaissez bien."

Par Harold thibault sur www.lemonde.fr le 18/10/2012

mercredi 17 octobre 2012

Vente de l'or Turc : le déficit du pays chute de 30%

Le déficit commercial de la Turquie chutait de 30% en août, suite à la vente d'importantes quantités d'or à l'Iran, dans un effort du pays à améliorer ses bilans et diminuer ses taux d'intérêts.

Selon un rapport du Bureau des Statistiques Turc, le déficit commercial du pays a chuté jusqu'à atteindre 5,86 milliards de dollars, contre des prévisions de Reuters s'élevant à 8,10 milliards de dollars, et un déficit de 7,89 milliards de dollars enregistré en juillet dernier.

'La réduction du déficit du pays est due à ses exportations d'or qui ont atteint un record de 2,3 milliards de dollars en août', déclarait Mehmet Besimoglu, économiste chez Oyak Securities. 'Cet or a été acheté par l'Iran et la transaction a été établie par le biais des Emirats Arabes Unis'.

Les ventes de l'or Turc à l'Iran augmentent dans le même temps que de plus en plus d'Iraniens se tournent vers le métal jaune pour protéger leur capital et, à mesure que les sanctions imposées par l'Occident à la république Islamique se renforcent, pour protéger leur capacité à faire des affaires. Les exportations d'or Turques ont été multipliées par quatre pour atteindre 11,2 milliards de dollars au cours des huit premiers mois de 2012.

Sur www.24hgold.com le 17/10/2012

668 000 cadres du Parti communiste sanctionnés

Entre novembre 2007 et juin 2012, les commissions de discipline du Parti communiste chinois ont sanctionné 668 000 personnes, écrit le site officiel Xinhua Wang. Plus de 24 000 d'entre elles ont été déférées aux autorités judiciaires, a précisé He Guoqiang, directeur de la Commission centrale de la discipline.

Une attention particulière a été apportée "à l'examen des affaires impliquant de hauts dirigeants, aux cas de corruption des cadres, et aux affaires de prises frauduleuses d'intérêts ou d'atteinte aux intérêts des masses", précise le site de l'agence officielle, qui veut souligner ainsi l'importance accordée à cette question à l'approche du 18e Congrès du Parti, le 8 novembre prochain. D'ici à cette réunion, une décision sur le sort de l'ancien chef du Parti de Chongqing, Bo Xilai, accusé de corruption et d'abus de pouvoir, est très attendue.
 

lundi 15 octobre 2012

Pakistan : Malala, une icône de la paix

Le sort de cette adolescente attaquée par les talibans a ému dans son pays et à l'étranger.

Son histoire a fait le tour du monde. La jeune Pakistanaise Malala Yousufzai, 14 ans, victime d'une tentative d'assassinat par les talibans pour son combat en faveur de l'éducation des filles, est en passe de devenir une icône dans son pays et ailleurs. Grièvement blessée par balles à l'épaule et à la tête à Mingora, dans la vallée de Swat, mardi dernier, elle a été transférée lundi vers la Grande-Bretagne pour y recevoir des soins médicaux.

Le sort de l'adolescente, qui milite depuis l'âge de 11 ans, a ému le Pakistan et mobilisé sur les réseaux sociaux comme jamais auparavant dans le pays, note la journaliste du Figaro Marie-France Calle sur son blog. Même l'assassinat de l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, en 2007, n'avait pas suscité une telle réaction. Partout dans le pays, des veillées et des processions sont organisées pour Malala et plusieurs milliers de personnes se sont rassemblés à Karachi pendant le week-end.

"Cancer de l'extrémisme"

Dans les médias, la condamnation de cet attentat commis devant l'école de la jeune fille et revendiqué par le Mouvement des talibans du Pakistan, est unanime, ou presque. Pour The News, un journal basé à Islamabad, le Pakistan est aujourd'hui dans un état critique, comme Malala. "Nous sommes infectés par le cancer de l'extrémisme et à moins que la tumeur ne soit retirée, nous allons glisser encore plus loin dans la bestialité démontrée par cette dernière atrocité", peut-on lire dans le quotidien.

En revanche, le quotidien islamiste Ummat estime, selon la BBC, que "les médias internationaux donnent à cet incident une couverture excessive, visant à calomnier le Pakistan et l'islam".

Des soutiens de personnalités

A l'étranger aussi, le sort de Malala a ému et passionné. Samedi, un journaliste du New York Times a ainsi posté des nouvelles de l'adolescente sur Twitter, ce qui lui a valu plus de 500 retweets, observe le Jerusalem Post. L'ONU et les États-Unis, mais aussi de nombreuses célébrités ont pris fait et cause pour la jeune héroïne, comme les acteurs Ewan McGregor et Mia Farrow, ainsi que Laeticia Hallyday.

Par Anne-Julie Contenay sur www.europe1.fr

Norodom Sihanouk, ex-roi du Cambodge et figure du XXe siècle

L'ancien roi du Cambodge Norodom Sihanouk, qui a marqué l'histoire de la deuxième partie du XXe siècle et restait vénéré dans son pays après en avoir maintenu l'unité à travers des décennies de guerre, est mort lundi à Pékin à l'âge de 89 ans. 

Derrière l'image d'un autocrate à l'humeur velléitaire, Norodom Sihanouk est une des grandes figures politiques asiatiques du XXe siècle, qui n'a eu de cesse de préserver l'unité du Cambodge, déchiré par des décennies de guerre civile. 

Deux fois exilé, deux fois restauré, l'ex-roi avait abdiqué à 82 ans pour raison de santé, en s'assurant de la survie de la monarchie pour éviter le "chaos". Son fils préféré, Norodom Sihamoni, lui avait succédé en 2004. 

Pendant plus de 50 ans, le petit homme au caractère souvent déconcertant et à la voix haut perchée, grand amateur de champagne et de foie gras, cinéaste, poète et compositeur, s'est déployé inlassablement sur la scène diplomatique internationale en dépit d'une carrière à éclipses. 

Fier d'avoir côtoyé tous les grands de l'après-guerre, Tito, Mao et de Gaulle, qu'en francophone passionné il admirait profondément, Sihanouk a survécu aux manipulations de ses protecteurs français, à l'humiliation d'un coup d'Etat, à la captivité sous les Khmers rouges et à l'exil. Pour le petit peuple cambodgien, il était Samdech Euv, Monseigneur Papa. "Sihanouk est le Cambodge", résumait simplement son biographe officiel Julio Jeldres. 

Un royaume "neutre"

Installé sur le trône par les Français en 1941, il obtient douze ans plus tard l'indépendance du pays, sans effusion de sang. Après avoir choisi d'abdiquer une première fois pour embrasser la politique au milieu des années 1950, l'héritier des bâtisseurs d'Angkor, plusieurs fois Premier ministre, consacre toute son énergie à l'idée qu'il se fait du Cambodge, un petit royaume "neutre", au passé fabuleux. 

De cette première "ère Sihanouk", les Cambodgiens se souviendront d'une époque de paix et de relative prospérité, d'un certain "âge d'or" dont la vision nostalgique est renforcée par les terribles épreuves qui suivirent.  

Volte-face spectaculaires

Investi de la double légitimité dynastique et populaire, Sihanouk n'a jamais reculé devant les volte-face les plus spectaculaires et les alliances apparemment incongrues, avec la Chine et la Corée du Nord notamment. Mais sa décision la plus controversée restera son alliance avec le régime de Pol Pot. Après le putsch du maréchal Lon Nol qui le chasse du pouvoir en mars 1970 avec le soutien des Américains, Sihanouk soutient en effet depuis son exil chinois les Khmers rouges. 

A leur prise du pouvoir en 1975, il devient même le chef d'Etat du régime qui fera quelque deux millions de morts, avant d'être forcé à la démission l'année suivante et d'être placé en résidence surveillée jusqu'à la prise de Phnom Penh par les Vietnamiens en 1979. L'affront du coup d'Etat et de cette captivité ne sera lavé que bien plus tard, après plus de dix années d'exil à Pékin et Pyongyang. 

Il rentre triomphalement et remonte sur le trône en 1993

Juste après les accords de paix de Paris en 1991, dont il est l'un des artisans, Sihanouk rentre triomphalement chez lui et remonte sur le trône en 1993, comme monarque constitutionnel qui "règne mais ne gouverne pas". Il promet alors à des Cambodgiens traumatisés d'établir "le régime le plus démocratique et le plus libéral qui soit".  

Ce n'est qu'en 1998 que le royaume voit arriver la paix. Mais l'Etat de droit est encore loin de prévaloir dans un pays où le Premier ministre Hun Sen n'a de cesse de consolider un pouvoir qu'il détient depuis 1985. 

Après son abdication, Sihanouk a continué à donner son avis sur la vie politique, depuis Phnom Penh ou Pékin où il a régulièrement séjourné pour suivre des traitements contre le cancer. Mais les notes manuscrites postées sur son site internet se sont faites plus rares ces dernières années. En 2009, il avait estimé avoir vécu trop longtemps. "Cette trop longue longévité me pèse comme un poids insupportable", avait-il écrit. 

Norodom Sihanouk était un personnage haut en couleur. Playboy, bon vivant, il était aussi un artiste qui avait réalisé une douzaine de films, écrit des poèmes et composé des chansons. Marié à six reprises, il était le père de 14 enfants, dont cinq ont été tués par les Khmers rouges. 

Sur www.lexpress.fr le 15/10/2012

La banque centrale Indienne mise au défi de rapatrier son or

La banque centrale Indienne a reçu un préavis judiciaire lui demandant de justifier de ses dépôts d'or auprès de la banque d'Angleterre

Un technocrate devenu plaideur des intérêts publics, Raghunath Shankar Kelkar, a récemment remis en question la décision de la Banque fédérale d'Inde de placer 265,49 tonnes de sa réserve d'or totale de 557,75 tonnes à l'étranger, et ouvert un litige d'intérêt public auprès de la cour suprême de Bombay, demandant à ce que le métal précieux soit rapatrié dans son pays.

Kelkar, ancien fabricant d'ordinateurs, a lancé une pétition après avoir découvert que la décision de la banque centrale de son pays allait à l'encontre de la section 33(5) de l'Acte de la Banque Centrale d'Inde de 1934, qui stipule que 85% des réserves d'or de l'Inde doivent être conservées à l'intérieur des frontières du pays.

La Cour Suprême de Bombay, dont D.D. Sinha et V. K. Tahilramani comptent parmi les membres, s'est récemment penchée sur l'affaire. La Cour a constaté qu'aucun membre de la banque centrale ne s'était présenté à l'audience. Elle a demandé à ce que 'la banque centrale fasse appel à ses avocats et représentants afin qu'ils comparaissent devant la Cour aussitôt que possible pour discuter du litige'.

Kelkar a déposé sa plainte le 1er mars. Il dit avoir contacté la banque centrale à trois reprises à ce sujet, mais n'avoir encore obtenu aucune réponse de sa part. Il a depuis fait du gouvernement Indien un défendeur dans l'affaire. Kelkar est un observateur avisé des opérations de la banque centrale.

Il a entre autres étudié le 17eme rapport biannuel de la banque centrale sur la gestion des réserves de devises étrangères, qui stipule que 'la banque centrale d'Inde détient 557,75 tonnes d'or, soit 9,2% de ses réserves de devises totales. Une partie de ses réserves d'or, soit 265,49 tonnes de métal, sont placées à l'étranger dans des coffres sécurisés auprès de la banque d'Angleterre et de la BRI'.

Kelkar a donc pu constater que la banque centrale Indienne, en plaçant 46% de ses réserves d'or à l'étranger, a commis une entrave à la loi.

Pour justifier de sa décision, la banque a dit se soucier en premier lieu de la sécurité de son métal. 'Cela signifie-t-il que l'or de notre pays n'est pas en sécurité en Inde ? La banque centrale pense-t-elle que les forces armées Indiennes ne sont pas capables de protéger le trésor de leur pays ?', a demandé Kelkar.

Dans sa plainte, Kelkar soulève la question suivante : 'Si une guerre devait éclater entre l'Angleterre et l'Inde, l'or Indien placé auprès de la banque d'Angleterre serait-il toujours en sécurité ?'.

Sa plainte fait état de trois requêtes : que la banque centrale rapatrie les réserves d'or placées auprès de la banque d'Angleterre et de la BRI au sein de son propre pays ; que la banque ne soit pas autorisée, avant que la Cour ait présenté sa décision, à placer de l'or auprès de banques centrales étrangères ; et qu'un rapport présentant les noms des agents responsables pour la violation de la Section 33(5) de l'Acte de la Banque Centrale soit rédigé.

La valeur de l'or Indien placé auprès de banques étrangères est d'environ 80.000 roupies de crore. Kelkar a décidé de présenter lui-même son plaidoyer et n'a pas engagé d'avocat. En 2008, il avait déjà ouvert un litige d'intérêt public auprès de la Cour, après avoir constaté que la banque centrale de son pays aurait pu perdre jusqu'à 65.000 roupies de crore suite à ses opérations ratées de stabilisation des marchés.

Selon Kelkar, la banque aurait perdu près de 65.000 roupies de crore entre 2006 et 2007 du fait de la perte de valeur de ses investissements sur les marchés des changes. La banque centrale aurait manqué d'inclure ces pertes à ses bilans, et le gouvernement central ne les aurait pas non plus mentionnées dans ses comptes présentés au Parlement. Sa plainte fut rejetée en 2009 pour des raisons techniques.

Par Chris Powell (GATA) sur www.24hgold.com le 15/10/2012
Source : http://www.punemirror.in

jeudi 11 octobre 2012

La Chine ne vous fait plus d’ombre sur le marché du solaire

Vous savez ce qu'il se passe lorsque nos économies ralentissent ? On cherche des boucs émissaires. C'est tout l'objet de la multiplication des plaintes déposées à l'OMC ces deux dernières années. La multiplication des attaques permet d'espérer un changement de notre situation. Or actuellement un adversaire est tout désigné pour revêtir le costume de bouc émissaire numéro un, la Chine.

Après les pneus, les turbines éoliennes et les terres rares, c'est au tour des panneaux photovoltaïques d'être dans le viseur des fonctionnaires de l'institution suisse.

Les subventions de la Chine à son économie, on ne peut pas vraiment appeler ça un scoop. Mais cette politique a commencé sérieusement à inquiéter lorsque des manifestations se sont multipliées dans les pays développés pour les dénoncer. L'année dernière, une série de faillites retentissantes a servi de déclencheur. Solyndra, Evergreen, SpectraWatt, ECD aux Etats-Unis, Solon, Solar Millennium et Q-Cells en Europe, sont désormais présentées comme les victimes des manipulations chinoises. C'est pourquoi les Etats-Unis, en premier lieu, ont décidé de réagir.

Cette semaine, le Département du commerce américain a confirmé qu'après 11 mois d'enquête, les Etats-Unis étaient victimes d'un dumping chinois (vente à perte). Cette décision ouvre la porte, selon les règles de l'OMC, à la mise en place de droits anti-dumping et des droits compensateurs sur ces produits. Après les Américains, c'est l'Union européenne qui pourrait leur emboîter le pas. La mise en place de taxes aux importations pourrait gravement affecter les producteurs chinois.

Ces décisions vont probablement amorcer un véritable rééquilibrage du marché du solaire dans le monde. Alors que le secteur chinois devrait ralentir, c'est peut-être au tour des Occidentaux de récupérer le fruit de leurs investissements. Mais seules quelques compagnies en profiteront.

Suivez le guide !

Les Etats-Unis montrent les dents

L'attitude chinoise était tolérée jusqu'à ce que ses pratiques de subvention ne commencent à affecter la croissance américaine et surtout un des secteurs qui a longtemps été présenté comme un important vivier d'emplois.

En mars dernier, les Etats-Unis ont ainsi mis en place des taxes de 2,9% à 4,73% sur les importations des trois principaux fabricants chinois. Devant être confirmées par le ministère du Commerce en octobre, ces taxes avaient dans un premier temps été bien reçues par les constructeurs chinois visés. Estimaient-ils bien s'en sortir compte tenu de la situation ? Une étude de Bloomberg avait révélé que la China Development Bank versait pas moins de 43,2 milliards de dollars à 12 compagnies chinoises d'énergie solaire depuis 2010. Elles ne s'en sortaient pas si mal.

Mais cette semaine, la Chine a blêmi devant la confirmation du ministère. Pékin a exprimé son "vif mécontentement", alors que le ministère du Commerce a confirmé mercredi dernier la volonté de l'Etat d'imposer des taxes comprises désormais entre 14,78% et 15,97%, soit bien plus élevées que les premiers taux fixés en mars. L'US International Trade Commission devrait en novembre officialiser les taxes aux importations.

La Chine n'a pas de marge de manœuvre

On a rapidement parlé de guerre commerciale entre les deux partenaires. Le terme reste exagéré. Au mieux pourrait-on parler d'escarmouche, même si le climat électoraliste actuellement aux Etats-Unis a tendance à exacerber les tensions. A mon avis, il est peut probable de voir la Chine prendre des mesures sérieuses de représailles contre l'Amérique.

Car l'empire du Milieu a bien plus à perdre à réduire son commerce avec les Etats-Unis que ces derniers. Rappelez-vous, si la Chine représente 0,5% du PIB américain, les Etats-Unis représentent 8.3% du PIB chinois. Plutôt, je m'attends à une consolidation du secteur du solaire en Chine. Car sans l'effet des subventions, de nombreux acteurs chinois sont en mauvaises postures financières. Li Junfeng, ancien directeur de la section Energie et Politique Climatique au sein de la National Development and Reform Commission, avait révélé cette année que les deux-tiers des producteurs de panneaux solaires chinois doutaient pour le futur de leur activité.

D'ailleurs la consolidation du secteur chinois est d'autant plus probable que l'Europe est en train de réfléchir à la mise en place de mesures similaires.

L'Union européenne pourrait achever le travail

Comme aux Etats-Unis, ce sont les industriels qui ont tiré les premiers. Le groupe EU ProSun, qui regroupe les industriels du secteur du solaire en Europe, a saisi à deux reprises la Commission européenne pour dénoncer le dumping des firmes chinoises.

Des mesures similaires à celles prises aux Etats-Unis auraient un impact encore plus fort. Un tiers de la production de panneaux solaires en Chine va en direction de l'Europe. Surtout, Vieux Continent fait partie avec les Etats-Unis du plus grand marché solaire du monde. La perte d'un marché représentant 27 milliards de dollars (en 2011) serait catastrophique pour les producteurs chinois. Pourtant, c'est ce vers quoi se dirige la Commission européenne.

A quoi faut-il s'attendre ?

Une consolidation du secteur en Chine devrait permettre aux acteurs américains et européens d'accroître leurs mages à nouveaux. Pourtant, tous les acteurs américains et européens n'en profiteront pas, seuls ceux ne dépendant pas des importations chinoises de composants.

Une compagnie comme First Solar est donc en bonne position pour profiter de l'essor du marché américain. Sur le secteur européen, une compagnie française est en train de développer des technologies haut de gamme pour profiter de l'élan du marché du solaire. Une meilleure protection du marché profiterait à cette petite valeur que je surveille de près.

Par Florent Detroy sur http://edito-matieres-premieres.fr le 11/10/2012

Avion intercepté en Turquie : un avertissement à Moscou

La Russie demande des explications à Ankara après l'interception d'un avion de ligne en provenance de Moscou par des chasseurs turcs.

L'interception mercredi soir d'un Airbus syrien A-320 par deux avions F-4 de l'armée de l'air turque envenime les relations déjà tendues entre Moscou et Ankara. Qu'y avait-il dans les soutes de l'appareil, qui reliait Moscou à Damas? Du matériel de communication militaire et des pièces de missiles, avancent des officiels turcs. «Ni armes, ni composants pour des armements à bord de l'appareil», répond une source anonyme dans les services d'exportation d'armes russes. «S'il avait fallu livrer à la Syrie des équipements militaires ou des armes, cela aurait été fait en bonne et due forme, et non par voie illégale, d'autant plus avec des civils à bord de l'appareil», a ajouté ce responsable à l'agence Interfax.

En fait, l'appareil transportait une demi-douzaine de conteneurs sur lesquels avait été apposé un tampon diplomatique, selon la version livrée par la compagnie aérienne turque. Des médias turcs précisent que «des récepteurs radio, des antennes et des équipements pouvant servir à des missiles» se trouvaient dans ces conteneurs.

La Turquie a agi après avoir obtenu un renseignement sur une cargaison suspecte, mais on ignore qui a fourni cette information aux services turcs. L'interception aurait été menée en concertation avec la base de l'OTAN à Incirlink dans le sud de la Turquie. En riposte, Damas a accusé son voisin «de comportement hostile» et d'avoir commis «un acte de piraterie aérienne». Pour lever l'incertitude, les autorités turques devraient exposer leur prise de guerre. Le feront-elles?

Une visite de Poutine en Turquie annulée

Une chose est sûre: cette affaire va encore détériorer les relations entre Damas et Ankara. Depuis une semaine, l'aviation turque multiplie les raids contre des cibles militaires syriennes, en représailles à des tirs de mortier syrien, qui ont tué cinq civils dans un village frontalier turc. D'ores et déjà, la visite que le président russe Vladimir Poutine devait effectuer les 14 et 15 octobre a été annulée.

Moscou a-t-il été pris en flagrant délit d'aide à son allié syrien? Un piège lui a-t-il été tendu? Ou la Turquie et ses alliés occidentaux veulent-ils surtout adresser un nouvel avertissement à Damas?
La Russie souligne qu'elle n'a pas interrompu sa coopération militaire avec son allié, depuis le début de l'insurrection sévèrement réprimée par l'armée de Bachar el-Assad, il y a dix-huit mois. Mi-juin, un navire, battant pavillon des Antilles néerlandaises, avait déjà été intercepté au large de l'Ecosse, et avait dû retourner en Russie. Selon des experts russes, des systèmes de défense antiaérienne type SA-117 Grizzly, capables d'abattre simultanément 24 cibles, étaient inclus dans la cargaison controversée. Des hélicoptères d'attaque - rénovés en vertu d'un contrat de maintenance - auraient également été acheminés vers Damas au cours des ces derniers mois.

Depuis le début de la crise en Syrie, les Occidentaux dénoncent l'appui diplomatique que Moscou fournit à Damas, en empêchant le vote d'une résolution de l'ONU prévoyant un recours à la force contre le régime de Bachar el-Assad. En réponse, Moscou réaffirme régulièrement que les pressions occidentales ne les feront pas changer de position vis-à-vis de la Syrie.

Par Georges Malbrunot sur www.lepoint.fr le 11/10/2012
 

mercredi 10 octobre 2012

Hyperinflation en Iran : un signe de ce qui attend l'Occident ?

"Vous feriez mieux d'acheter maintenant", suggère le marchand de riz, à Téhéran.

Le gardien d'usine à la retraite suit son conseil et achète 450 kilos de riz pour nourrir sa famille pendant les douze prochains mois.

"Alors que je m'apprête à payer", raconte le retraité au New York Times, "il reçoit un appel téléphonique. Lorsqu'il raccroche, il me dit que les prix viennent d'augmenter de 10%. Bien sûr, j'ai payé. Dieu sait combien le riz coûtera demain".

La monnaie iranienne, le rial, s'est effondrée de 40% la semaine dernière du fait des sanctions occidentales et de la politique que s'obstine à suivre le pays. Si nous ne pouvons affirmer comme Steve Hanke, chercheur au Cato Institute, que l'Iran est en hyper-inflation, il est clair que le pays s'approche tout du moins de cet état.

Les économistes autrichiens ont décrit les trois étapes de l'inflation. A la première étape, les gens s'accrochent encore à leur argent, s'attendant à ce que les prix baissent. A la deuxième étape, ils acceptent de dépenser leur argent pour faire des provisions avant que les prix ne montent encore. Dans la dernière étape, hyperinflationniste, les gens achètent tout ce sur quoi ils peuvent mettre la main -- même s'ils n'en ont pas besoin -- parce que les biens ont plus de valeur que la monnaie.

Nous l'avons déjà dit, l'Iran actuel ressemble de plus en plus à l'Iran révolutionnaire des années 1978-1979. Nous en avons la confirmation de la part de Janet Tavakoli, qui a épousé un Iranien rencontré à l'université et qui a vécu cette période.

"Le nouveau gouvernement voulait empêcher la fuite des capitaux", se souvient la spécialiste des produits dérivés.

"Dans la panique pour quitter le pays avec une partie de leur richesse", écrit-elle dans son livre Credit Derivatives paru en 1998, "les Iraniens se sont rendu compte que même s'il y avait un taux de change officiel de 7 tomans (10 rials) par dollar américain, il n'y avait aucun moyen de convertir de l'argent. La plupart du temps, les banques étaient fermées. En outre, le gouvernement a ajouté une restriction supplémentaire à la conversion de monnaie. Les Iraniens ne pouvaient faire sortir du pays que 1 000 $ américains et ne pouvaient prendre avec eux qu'une valise de vêtements. L'idée était d'empêcher les gens de faire sortir du pays des tapis de valeur, considérés comme des oeuvres d'art nationales protégées".

"Avant qu'une monnaie ne soit en chute libre", écrivait-elle dans le Huffington Post il y a quelques jours, "sa valeur peut être réduite petit à petit tandis que la population, complètement égarée, ne remarque pas que la même somme d'argent permet d'acheter des vêtements de moins bonne qualité ou moins de nourriture... C'est ce que nous vivons actuellement avec le dollar américain".

Selon elle, l'Iran est bien au-delà de cette étape. Où cela conduira le pays, personne ne le sait... mais ce n'est certainement pas une bonne chose.

Par Addison Wiggin sur http://la-chronique-agora.com le 10/10/2012

Vers un retrait occidental de Syrie


Nikolay Bordyuzha met sur place une force de maintien de la paix de 50 000 hommes

La situation militaire en Syrie s'est retournée au détriment de ceux qui espéraient à Washington et à Bruxelles parvenir à changer le régime par la force. Les deux tentatives successives de prise de Damas ont échoué et il est désormais clair que cet objectif ne pourra pas être atteint.

Le 18 juillet, une explosion décapitait le Conseil de sécurité nationale et donnait le signal d'une vaste offensive de dizaines de milliers de mercenaires convergeant de Jordanie, du Liban, de Turquie et d'Irak sur la capitale. Après quelques jours de bataille acharnée, Damas était sauvée, la fraction de la population hostile au gouvernement choisissant par patriotisme d'aider l'Armée nationale plutôt que d'accueillir l'ASL.

Le 26 septembre, des jihadistes d'Al-Qaida pénétraient dans l'enceinte du ministère de la Défense, déguisés en soldats syriens et munis de faux papiers. Ils voulaient faire sauter leurs ceintures d'explosifs dans le bureau de l'état-major, mais ne parvinrent pas à proximité suffisante de leur cible et furent abattus. Une seconde équipe devait s'emparer de la télévision nationale et lancer un ultimatum au président, mais elle ne put s'approcher du bâtiment car son accès avait été bloqué dans les minutes suivant la première attaque. Une troisième équipe s'est dirigée vers le siège du gouvernement et une quatrième devait attaquer l'aéroport.

Dans les deux cas, l'OTAN, qui coordonnait les opérations depuis sa base turque d'Incirlik, espérait  provoquer une fracture au sein de l'Armée arabe syrienne et s'appuyer sur certains généraux pour renverser le régime. Mais les généraux en question avaient été identifiés comme traîtres depuis longtemps et privés de tout commandement effectif. Il ne s'est donc rien passé de significatif et le pouvoir syrien est sorti renforcé de ces deux coups ratés. Il a trouvé la légitimité intérieure nécessaire pour se permettre de passer à l'offensive et d'écraser rapidement l'ASL.

Ces échecs ont fait perdre leur superbe à ceux qui caracolaient par avance en affirmant que les jours de Bachar el-Assad étaient comptés. Par conséquent, à Washington, les partisans du retrait sont en train de l'emporter. La question n'est plus de savoir combien de temps le « régime de Bachar » tiendra encore, mais s'il est plus coûteux pour les États-Unis de continuer cette guerre ou de l'arrêter. La continuer, c'est provoquer l'effondrement économique de la Jordanie, c'est sacrifier ses alliés au Liban, c'est risquer la guerre civile en Turquie, et c'est devoir protéger Israël de ce chaos. L'arrêter, c'est laisser les Russes se réinstaller au Proche-Orient et c'est renforcer l'Axe de la Résistance au détriment des rêves expansionnistes du Likoud.

Or si la réponse de Washington tient compte du paramètre israélien, elle ne prend plus en considération l'avis du gouvernement Netanyahu. Celui-ci a fini par indisposer à la fois en raison de ses manipulations derrière l'assassinat de l'ambassadeur Chris Stevens et à cause de son ahurissante ingérence dans la campagne électorale US. En définitive, si l'on envisage la protection à long terme d'Israël et non pas les exigences extravagantes de Benjamin Netanyahu, la présence russe est la meilleure solution. Avec 1 million d'Israéliens russophones, jamais Moscou ne laissera mettre en péril la survie de cette colonie.

Un retour en arrière est ici nécessaire. La guerre contre la Syrie a été décidée par l'administration Bush, le 15 septembre 2001 lors d'une réunion à Camp David, comme l'a notamment attesté le général Wesley Clark. Après avoir été repoussée plusieurs fois, l'action de l'OTAN a dû être annulée en raison des vétos russe et chinois. Un « plan B » a alors été mis sur pied : recourir à des mercenaires et à l'action secrète puisque le déploiement de soldats en uniforme était devenu impossible. Cependant, l'ASL n'ayant pas marqué une seule victoire contre l'Armée arabe syrienne, beaucoup ont pronostiqué que le conflit serait interminable et minerait progressivement les États de la région, y compris Israël. Dans ce contexte, Washington a conclu le 30 juin un accord avec la Russie à Genève, sous la houlette de Kofi Annan.

Toutefois, le camp de la guerre a fait capoter cet accord en organisant des fuites dans la presse sur l'engagement occidental secret dans le conflit ; fuites qui ont contraint Kofi Annan à la démission immédiate. Le camp de la guerre a joué ses deux cartes maîtresses les 18 juillet et 26 septembre et a perdu. Dès lors, Lakhdar Brahimi, le successeur d'Annan, a été prié de ressusciter et de mettre en œuvre l'Accord de Genève.

Pendant ce temps, la Russie n'a pas chômé. Elle a obtenu la création d'un ministère syrien de la Réconciliation nationale, elle a supervisé et protégé la réunion à Damas des partis d'opposition nationale, elle a organisé des contacts entre les états-majors US et syrien, et elle a préparé le déploiement d'une force de paix. Les deux premières mesures ont été prises à la légère par la presse occidentale et les deux dernières ont été carrément ignorées.

Pourtant, comme l'a révélé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, la Russie a répondu aux craintes de l'état-major US relatives aux armes chimiques syriennes. Elle a pu vérifier que celles-ci étaient stockées dans des lieux suffisamment sécurisés pour ne pas tomber dans les mains de l'ASL, être détournées par des jihadistes et utilisées par eux aveuglément, sauf changement de régime. Elle a pu donner ainsi des garanties crédibles au Pentagone que le maintien au pouvoir d'un leader qui a prouvé son sang-froid comme Bachar el-Assad est une situation plus gérable, y compris pour Israël, que l'extension du chaos à la Syrie.

Surtout, Vladimir Poutine a accéléré les projets de l'Organisation du Traité de sécurité Collective (OTSC), l'Alliance défensive anti-OTAN réunissant l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et bien sûr la Russie. Les ministres des Affaires étrangères de l'OTSC ont adopté une position commune sur la Syrie [1]. La logistique a été installée pour un éventuel déploiement de 50 000 hommes [2]. Un accord a été signé entre l'OTSC et le département onusien de maintien de la paix pour que des « chapkas bleues » puissent être déployées dans les zones de conflit sous mandat du Conseil de sécurité [3]. Et des manœuvres communes ONU/OTSC auront lieu du 8 au 17 octobre au Kazakhstan sous le titre « Fraternité inviolable » pour finaliser la coordination entre les deux organisations intergouvernementales. La Croix-Rouge et l'OMI y participeront [4].

Aucune décision ne saurait être officialisée par les États-Unis durant leur campagne électorale présidentielle. Dès que celle-ci sera terminée, la paix sera envisageable.

Par Thierry Meyssan, Global Research sur www.mondialisation.ca le 10/10/2012

Source originale : Tichreen (Syrie)

[1] « Министры иностранных дел государств-членов ОДКБ одобрили заявления по Сирии и ситуации вокруг Ирана », Communiqué de l'OTSC, 28 septembre 2012.
[2] « Путину предлагают ввести войска в Сирию », Izvestia, 1er juin 2012.
[3] « ОДКБ и ООН подписали Меморандум по миротворческой деятельности », Communiqué de l'OTSC, 28 septembre 2012. « Conflits armés : l'ONU et l'OTSC signent un mémorandum », RIA Novosti, 29 septembre 2012.
[4] « Первое миротворческое учение государств-членов ОДКБ "НЕРУШИМОЕ БРАТСТВО-2012″ пройдет с 8 по 17 октября в Республике Казахстан на трех полигонах под Алматы », Communiqué de l'OTSC. 3 octobre 2012

lundi 8 octobre 2012

La Chine achète les réserves d'or de la Corée du Nord

Le FMI a récemment rapporté que de nombreux pays continuaient à diversifier leurs réserves de devises en acquérant de l'or au cours du mois de juillet, certains d'entre eux de manière significative.

Les réserves d'or de la Corée du Sud ont augmenté de 16 tonnes, soit de 30%.
La banque centrale du Paraguay est la dernière en date à avoir commencé à investir sur l'or. Ses réserves d'or ont augmenté, passant de quelques milliers d'onces à plus de 8 tonnes.

La Corée du Nord a exporté plus de 2 tonnes de son or vers la Chine afin d'en tirer quelques 100 millions de dollars. Même entre les régimes de Kim Il-sung et Kim Jong-il, le pays avait refusé de se débarrasser de ses précieuses réserves d'or.

Selon Chosun Media, 'un organisme mystérieux connu sous le nom de Room 39, qui serait chargé de la gestion de la fortune de Kim Jung-un, avec l'aide des forces armées du pays, se serait lancé dans des opérations d'exportation d'or'. La Corée du Nord vendrait non seulement l'or qu'elle a produit depuis décembre l'an dernier, lorsque Kim Jung-un monta au pouvoir, mais également l'or présent dans les réserves nationales du pays et l'or acheté à son peuple'.

C'est là une preuve de la situation désespérée dans laquelle se trouve le régime Nord-Coréen et une indication que la Chine continue encore d'élargir les réserves d'or de sa banque centrale.

Les données publiées sur le site internet du FMI montrent que les actifs en or du Kazakhstan ont augmenté de 1,4 tonne pour atteindre 104,4 tonnes le mois dernier, que les réserves d'or de la Turquie ont augmenté de 6,6 tonnes pour passer à 295,5 tonnes, et que celles de l'Ukraine ont augmenté de 1,9 tonne pour atteindre 34,8 tonnes.

Les réserves d'or de la République Tchèque auraient quant à elles chuté de 0,4 tonne pour atteindre 11,8 tonnes.

Au cours de la première moitié de 2012, les banques centrales du monde ont acheté 254,2 tonnes d'or, et leurs achats devraient dépasser les 500 tonnes sur l'année, selon le Conseil Mondial de l'Or basé à Londres.

Il semblerait donc que la tendance des banques centrales à diversifier leurs réserves de devises avec l'acquisition d'or suive son cours.

Cette tendance a de grandes chances de se poursuivre étant donné la très faible étendue des allocations que possèdent les banques des nations créditrices sur l'or.

Le Paraguay compte parmi les plus récents acheteurs d'or – et de nombreuses autres banques centrales devraient suivre son exemple au cours de ces prochains mois.
Mark O'Byrne / Goldcore le 8 octobre sur www.24hgold.com

vendredi 5 octobre 2012

La Russie appuie Islamabad contre les frappes de drones

"La Russie soutient le point de vue du Pakistan sur les drones", titre le quotidien The Nation. Le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré jeudi 4 octobre, lors d'une visite à Islamabad, qu'"il n'[était] pas acceptable de violer la souveraineté et l'intégrité d'un Etat" et que la Russie "[soutenait] totalement le point de vue pakistanais" sur les frappes américaines. Il a aussi appuyé Islamabad sur le dossier afghan en déclarant que la réconciliation devrait être menée par les Afghans eux-mêmes. Les présidents des deux pays doivent se rencontrer prochainement.
 
Sur www.courrierinternational.com le 05/10/2012

jeudi 4 octobre 2012

La Turquie continue de bombarder la Syrie


La Turquie a poursuivi jeudi ses bombardements sur la Syrie en riposte aux tirs syriens meurtriers sur le village frontalier d'Akçakale et a sollicité le feu vert de son Parlement pour les poursuivre, faisant ressurgir la menace d'une guerre entre les deux pays.

Au lendemain des premières salves de représailles qui ont frappé les environs du poste-frontière syrien de Tall al-Abyad, juste en face d'Akçakale, l'armée d'Ankara a repris au petit matin ses tirs d'artillerie vers le territoire syrien, a indiqué à l'AFP une source sécuritaire turque. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), la riposte militaire turque, qui a notamment visé une position de l'armée fidèle au président Bachar el-Assad dans la région de Rasm al-Ghazal, près de Tall al-Abyad, a tué "plusieurs soldats syriens".

Déterminé à ne pas laisser l'attaque syrienne impunie, le gouvernement turc a demandé au Parlement l'autorisation formelle de mener des opérations militaires en territoire syrien au nom de la "sécurité nationale", ainsi qu'il le demande pour bombarder les positions des rebelles séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak. La Constitution turque prévoit que toute opération militaire extérieure doit être autorisée au préalable par le Parlement. Le débat a débuté à huis clos à 10 heures locales (9 heures à Paris) devant l'Assemblée nationale à Ankara, où le parti du Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan dispose d'une confortable majorité.

Souveraineté turque

"La Turquie ne cherche pas à faire la guerre, mais elle est parfaitement capable de se défendre contre toute attaque menaçant sa souveraineté", a lancé à la presse, en marge des débats, l'un des vice-présidents du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, Ömer Celik. Dès mercredi soir, le chef du gouvernement turc a fait part de sa détermination à riposter après le bombardement qui, selon un dernier bilan, a tué cinq personnes et fait une dizaine de blessés à Akçakale, récent théâtre de combats entre les troupes fidèles au régime du président Assad et les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL).

"La Turquie ne laissera jamais impunies de telles provocations du régime syrien, qui menacent notre sécurité nationale, dans le respect du droit international et de ses règles d'intervention", a tonné Recep Tayyip Erdogan à l'issue d'une réunion d'urgence avec ses conseillers. Après plusieurs incidents de frontière ces dernières semaines autour d'Akçakale, le bombardement de mercredi a suscité une intense émotion en Turquie et a fait immédiatement remonter la tension avec son voisin.
En juin dernier, le ton était déjà monté entre les deux capitales après la destruction d'un avion de chasse turc par la défense antiaérienne syrienne. Mais les menaces de représailles d'Ankara, qui appelle depuis des mois au départ du président Assad, étaient restées sans suite. L'incident d'Akçakale a été fermement condamné par les États-Unis et par l'Otan, qui ont affiché une solidarité sans faille avec Ankara, un des 28 pays membres de l'Allliance atlantique.

Condamnation unanime

Un porte-parole du Pentagone a vu dans cet incident un "exemple du comportement dévoyé" du régime syrien et, dès mercredi soir, le Conseil de l'Otan s'est réuni en urgence à Bruxelles pour sommer la Syrie de "mettre un terme à ses violations flagrantes du droit international". Les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU, saisis par la Turquie, devaient, eux, publier jeudi une déclaration condamnant vigoureusement les tirs syriens et demandant à Damas de respecter le territoire de ses voisins. Cette déclaration devait être entérinée dès mercredi soir, mais à la dernière minute, la Russie, fidèle alliée du régime syrien, a demandé que son adoption soit reportée à 16 heures (à Paris). La Russie, qui s'est systématiquement opposée jusque-là à toute condamnation de Damas, pourrait entre-temps proposer des modifications au texte ou même lancer l'idée d'une enquête internationale sur cet incident, selon un diplomate.

Mercredi soir, le ministre syrien de l'Information, Omran Zoabi, a annoncé l'ouverture d'une enquête sur l'origine des tirs venus qui ont frappé le village d'Akçakale et a présenté les condoléances de son pays "aux familles des victimes et à (leurs) amis, le peuple turc". La détérioration de la situation entre Ankara et Damas le long de leur frontière commune a largement occulté le reste de la situation en Syrie.

Les combats que se livrent depuis fin juillet rebelles et forces gouvernementales pour le contrôle de la ville d'Alep (nord de la Syrie) se sont poursuivis jeudi, au lendemain d'un triple attentat à la voiture piégée qui a fait au moins 48 tués, en majorité des militaires, et une centaine de blessés. En outre, selon l'OSDH, dix-huit membres de la force d'élite de la garde républicaine ont été tués jeudi matin à Qoudsaya, une banlieue ouest de Damas, par une explosion suivie d'échanges de tirs.

Sur www.lepoint.fr le 04/10/2012